Le Koran (Traduction de Kazimirski)/26
Apparence
CHAPITRE XXVI.
LES POÈTES[1].
Donné à la Mecque. — 228 versets.
Au nom du Dieu clément et miséricordieux
- Ta. Sin. Min.[2]. Ce sont les signes du Livre évident.
- Tu te consumes d’affliction de ce qu’ils ne veulent pas croire.
- Si nous avions voulu, nous aurions envoyé du ciel (un prodige) devant lequel ils auraient humblement courbé leurs têtes.
- Il ne descend aucun nouvel avertissement du Miséricordieux qu’ils ne s’éloignent pour ne pas l’entendre.
- Ils le traitent de mensonge ; mais bientôt ils apprendront des nouvelles du châtiment dont ils se riaient.
- N’ont-ils pas jeté les yeux sur la terre ? N’ont-ils pas vu comment nous y avons produit un couple précieux en toutes choses ?
- Il y a des signes dans ceci, mais la plupart des hommes ne croient pas.
- Certes, ton Seigneur est puissant et sage.
- Souviens-toi qu’un jour Dieu appela Moïse, et lui dit : Rends-toi vers ce peuple pervers,
- Vers le peuple de Pharaon. Ne me craindront-ils pas ?
- Seigneur, dit-il, je crains qu’ils ne me traitent d’imposteur.
- Mon cœur est dans l’angoisse, et ma langue est embarrassée. Envoie chercher mon frère Aaron.
- Ils ont a me faire expier un péché[3], et je crains qu’ils ne me mettent à mort.
- — Nullement, répondit Dieu. Allez tous deux, accompagnés de mes signes ; nous serons avec vous, et nous écouterons.
- Allez donc tous deux auprès de Pharaon, et dites-lui : Je suis Moise, l’envoyé du maître de l’univers :
- Laisse partir avec nous les enfants d’Israël.
- Ils s’y rendirent, et Pharaon dit à Moïse : Ne t’avons-nous pas élevé parmi nous dans ton enfance ? Tu as passé plusieurs années de ta vie au milieu de nous.
- Tu as commis l’action que tu sais ; tu es un ingrat.
- — Oui, répondit Moïse, j’ai commis cette action ; mais alors j’étais dans l’égarement.
- J’ai fui du milieu de vous par crainte ; ensuite Dieu m’a investi du pouvoir et m’a constitué son envoyé.
- Le bienfait que tu me reproches, est-ce d’avoir réduit les enfants d’Israël en esclavage ?
- — Qu’est-ce donc, dit Pharaon, que le maître de l’univers ?
- — C’est le maître des cieux et de la terre, et de tout ce qui est entre eux, si vous croyez.
- — Entendez-vous ? dit Pharaon à ceux qui l’entouraient.
- — Votre maître est le maître de vos pères les anciens, continua Moïse.
- — Votre apôtre que l’on a envoyé vers vous est un possédé, dit Pharaon.
- — Moïse reprit : C’est le maître de l’Orient et de l’Occident, et de tout ce qui est entre les deux, si vous avez de l’intelligence.
- — Si tu prends pour dieu un autre que moi, dit Pharaon, je te ferai mettre en prison.
- — Alors même que je te ferais voir quelque preuve évidente de ma mission ? dit Moïse.
- — Fais-la voir, dit Pharaon, si tu es véridique.
- Moïse jeta son bâton, qui se changea en un véritable serpent.
- Puis il étendit la main, et elle parut blanche à tous les spectateurs.
- Pharaon dit aux grands qui l’entouraient : En vérité, c’est un magicien habile.
- Par ses sorcelleries il va vous chasser de votre pays ; quel est votre avis ?
- Les grands répondirent : Donnez-lui quelque espoir ainsi qu’à son frère, et envoyez, en attendant, dans les villes du royaume des hommes qui rassemblent.
- Et qui t’amènent tout ce qu’il y a d’habiles magiciens.
- Les magiciens furent appelés tous à un rendez-vous pour un jour convenu.
- On demanda au peuple : Y assisterez-vous ?
- — Oui, et nous suivrons les magiciens s’ils l’emportent, disait-on dans le peuple.
- Quand les magiciens furent assemblés, ils dirent à Pharaon : Pouvons-nous compter sur une récompense, si nous sommes vainqueurs ?
- — Oui sans doute, répondit Pharaon ; vous serez alors du nombre de ceux qui approchent de notre personne.
- Moïse leur dit alors : Jetez ce que vous avez à jeter.
- Ils jetèrent leurs cordes et leurs bâtons en prononçant ses paroles : Par la puissance de Pharaon nous sommes vainqueurs.
- Moïse jeta sa baguette, et la voici qui dévore leurs inventions mensongères.
- Et les magiciens se prosternèrent en signe d’adoration,
- Et s’écrièrent : Nous croyons au maître de l’univers,
- Le Dieu de Moïse et d’Aaron.
- — Vous avez donc cru en lui, dit Pharaon, avant que je vous l’aie permis ? Il est donc votre chef ? C’est lui qui vous a appris la magie. — Mais vous saurez ce qui vous en reviendra !
- Je vous ferai couper les mains et les pieds dans le sens alterne, et je vous ferai crucifier tous.
- — Nous n’y verrions aucun mal, car nous retournerions à notre Seigneur.
- Nous désirons que Dieu nous pardonne nos péchés, car nous avons cru des premiers.
- Nous révélâmes à Moïse cet ordre : Tu sortiras avec mes serviteurs pendant la nuit, mais vous serez poursuivis.
- Pharaon envoya dans les villes de son empire des hommes chargés de rassembler des troupes.
- Les Israélites, disait-on, ne sont qu’un ramas de gens de toute espèce, ils sont peu nombreux ;
- Ils sont irrités contre nous.
- Nous, au contraire, nous sommes nombreux et circonspects.
- C’est ainsi que nous les avons fait sortir (les Égyptiens) du milieu de leurs jardins et de leurs fontaines,
- De leurs trésors et de leur magnifique séjour.
- Oui, il en fut ainsi, et nous les donnâmes en héritage aux enfants d’Israël[4].
- Au lever du soleil, les Égyptiens les poursuivirent.
- Et lorsque les deux armées furent à une distance telle qu’elles pouvaient se voir, des compagnons de Moïse s’écrièrent : Nous sommes atteints.
- — Point du tout, dit Moïse. Dieu est avec moi, il me guidera.
- Nous révélâmes à Moïse cet ordre : Frappe la mer de ta baguette. La mer se fendit en deux, et chacune de ses parties se dressait comme une grande montagne.
- Puis nous fîmes approcher les autres (les Égyptiens).
- Nous sauvâmes Moïse et tous ceux qui le suivirent,
- Et nous submergeâmes les autres.
- Certes il y a dans cet événement un signe de la puissance de Dieu ; mais la plupart des hommes ne croient pas.
- Et cependant ton Seigneur est puissant et miséricordieux.
- Relis-leur l’histoire d’Abraham,
- Qui dit un jour à son père et à sa famille : Qu’est-ce que vous adorez ?
- — Nous adorons tes idoles, dirent-ils, et nous passons avec assiduité notre temps dans leurs temples.
- — Vous entendent-elles quand vous les appelez ? demanda Abraham.
- — Vous servent-elles à quelque chose ? peuvent-elles vous faire quelque mal ?
- — Non, dirent-ils ; mais c’est ainsi que nous avons vu faire à nos pères.
- — Que vous en semble ? dit Abraham. Ceux que vous adorez,
- Ceux qu’adoraient vos pères les anciens,,
- Sont mes ennemis. Il n’y a qu’un Dieu maître de l’univers,
- Qui m’a créé, qui me dirige dans la droite voile ; .
- Qui me nourrit et me donne à boire ;
- Qui me guérit quand je suis malade ;
- Qui me fera mourir, et qui me ressuscitera,
- Qui, j’espère, me pardonnera mes péchés au jour de la rétribution.
- Seigneur, donne-moi le pouvoir ; et place-moi au nombre des justes.
- Accorde-moi la langue de la véracité jusqu’aux temps les plus reculés[5].
- Mets-moi au nombre des héritiers du jardin des délices.
- Pardonne à mon père car il était égaré.
- Ne me déshonore pas au jour où les hommes seront ressuscités,
- Au jour où les richesses et les enfants ne seront d’aucune utilité,
- Si ce n’est pour celui qui viendra à Dieu avec un cœur sain ;
- Quand le paradis sera rapproché pour les hommes pieux,
- Et que l’enfer se dressera pour engloutir les égarés ;
- Quand on dira à ceux-ci : Où sont ceux que vous adoriez
- À côté de Dieu ? vous aideront-ils ? s’aideront-ils eux-mêmes ?
- Ils seront précipités tous dans l’enfer, eux les séduits et les séducteurs,
- Et toutes les armées d’Éblis.
- Ils y disputeront, et les séduits diront :
- Par le nom de Dieu, nous étions dans une erreur évidente,
- Quand nous vous mettions sur la même ligne avec le souverain de l’univers.
- Les coupables seuls nous ont séduits.
- Nous n’avons point d’intercesseurs,
- Ni un ami zélé.
- Ah ! si un retour sur la terre nous était accordé, nous serions des croyants !
- il y a des signes dans ceci, mais la plupart des hommes ne croient pas.
- Ton Seigneur est puissant et sage.
- Le peuple de Noé a aussi traité les apôtres d’imposteurs.
- Lorsque leur concitoyen Noé leur dit : Ne craindrez-vous pas Dieu ?
- Je viens vers vous comme un envoyé digne de confiance.
- Craignez donc Dieu, et obéissez-moi.
- Je ne vous demande pas de salaire, car mon salaire est à la charge de Dieu, souverain de l’univers.
- Craignez donc Dieu, et obéissez-moi.
- Ils répondirent : Croirons-nous eu toi, que les plus vils du peuple suivent seuls ?
- — Je n’ai aucune connaissance de leurs œuvres, répondit Noé.
- Ils ne doivent en rendre compte qu’à Dieu ; puissiez-vous le comprendre !
- Mais Je ne repousserai pas ceux qui croient.
- Je ne suis qu’un homme chargé d’avertir ouvertement
- — Si tu ne cesses d’agir de la sorte, ô Noé ! tu sera lapidé.
- Noé cria vers Dieu : Seigneur ! mon peuple m’accuse de mensonge.
- Décide entre eux et moi ; sauve-moi, et ceux qui me suivent et qui ont cru.
- Nous le sauvâmes, ainsi que ceux qui étaient avec lui dans un vaisseau tout rempli[6].
- Ensuite nous submergeâmes le reste des hommes.
- Certes, il y a dans ceci un signe d’avertissement ; mais la plupart des hommes ne croient pas.
- Certes, ton Seigneur est puissant et miséricordieux.
- Les Adites[7] accusèrent leurs apôtres d’imposture.
- Houd, leur concitoyen, leur criait : Ne craindrez-vous pas Dieu ?
- Je viens vers vous comme un envoyé digne de confiance.
- Craignez Dieu, et obéissez-moi.
- Je ne vous en demande aucun salaire, car mon salaire est à la charge de Dieu, souverain de l’univers.
- Bâtirez-vous sur chaque colline des monuments pour vos passe-temps frivoles ?
- Élèverez-vous des édifices, apparemment pour y vivre éternellement ?
- Quand vous exercez le pouvoir, vous l’exercez avec dureté.
- Craignez donc Dieu, et obéissez-moi.
- Craignez celui qui vous a donné en abondance ce que vous savez[8].
- Qui vous a donné en abondance des troupeaux et une nombreuse postérité ;
- Qui vous a pourvus de jardins et de fontaines.
- Je crains pour vous le châtiment du jour terrible.
- Ils répondirent : il nous est égal que tu nous exhortes ou non.
- Tes exhortations ne sont que des vieilleries des anciens.
- Nous ne serons jamais punis.
- Ils accusèrent Houd d’imposture, et nous les exterminâmes. Il y a dans cet événement un signe, mais la plupart ne croient pas.
- Et certes, votre Seigneur est puissant et miséricordieux.
- Les Thémoudites accusèrent aussi de mensonge leurs apôtres.
- Leur concitoyen Saleh leur dit : Ne craindrez-vous pas Dieu ?
- Je viens vers vous comme un envoyé digne de confiance.
- Craignez donc Dieu, et obéissez-moi.
- Je ne vous en demande pas de salaire, car mon salaire est à la charge de Dieu, souverain de l’univers.
- Pensez-vous qu’on tous laissera au milieu de tout cela éternellement en sûreté,
- Au milieu des jardins et des fontaines,
- Au milieu des champs ensemencés, des palmiers aux branches touffues ?
- Taillerez-vous toujours des maisons dans les rochers, insolents que vous êtes ?
- Craignez donc Dieu, et obéissez-moi,
- N’obéissez point aux ordres de ceux qui se livrent aux excès,
- Qui abîment la terre et ne l’améliorent pas[9].
- Ils lui répondirent : Tu es vraiment ensorcelé.
- Tu n’es qu’un homme comme nous : fais-nous voir un signe, si ce que tu dis est vrai.
- Que cette femelle de chameau soit un signe ; elle aura sa portion d’eau un jour, et vous la vôtre à un autre jour fixe[10].
- Ne lui faites aucun mal, car vous éprouveriez le châtiment du grand jour.
- ils la tuèrent ; ils s’en repentirent le lendemain.
- Le châtiment les a atteints. C’était un signe du ciel ; la plupart n’y croient pas.
- Mais ton Seigneur est puissant et miséricordieux.
- Et les gens du peuple de Loth traitèrent aussi les envoyés de Dieu d’imposteurs,
- Lorsque Loth leur concitoyen leur dit : Ne craindrez-vous pas Dieu ?
- Je viens vers vous comme un envoyé digne de confiance.
- Craignez donc Dieu, et obéissez-moi.
- Je ne vous en demande aucun salaire ; mon salaire est à la charge de Dieu, souverain de l’univers.
- Parmi toutes les créatures de l’univers, allez-vous avoir commerce avec des hommes,
- Abandonnant les femmes que Dieu a créées pour vous ? En vérité, vous êtes un peuple transgresseur.
- Ils lui répondirent : Si tu ne cesses pas tes exhortations, nous te chasserons de la ville.
- — J’ai en horreur ce que vous faites.
- Seigneur, délivrez-moi et ma famille de ce qu’ils font.
- Nous le sauvâmes ainsi que toute sa famille,
- Excepté une vieille qui était restée en arrière ;
- Puis nous exterminâmes les autres.
- Nous fîmes pleuvoir sur eux une pluie ; quelle terrible pluie que celle qui fondit sur ces hommes que nous exhortions !
- C’était un signe du ciel ; mais la plupart ne croient pas.
- Ton Seigneur, cependant, est puissant et miséricordieux.
- Les habitants de la forêt de Madian ont traité les envoyés de Dieu d’imposteurs,
- Choaïb leur criait : Craignez Dieu !
- Je viens vers vous comme un envoyé digne de confiance.
- Craignez donc Dieu, et obéissez-moi.
- Je ne vous en demande aucun salaire ; mon salaire est à la charge de Dieu, souverain de l’univers.
- Remplissez la mesure, et ne soyez pas des fraudeurs.
- Pesez avec une balance exacte.
- Ne fraudez pas les hommes dans leur avoir, et ne commettez pas d’excès dans ce pays que vous abîmez.
- Craignez celui qui vous a créés ainsi que les générations précédentes.
- Ils lui répondirent : En vérité, ô Choaïb ! tu es ensorcelé.
- Tu n’es qu’un homme comme nous, et nous pensons que tu n’es qu’un imposteur.
- Fais donc tomber sur nos têtes une portion du ciel, si tu es véridique.
- — Dieu connaît parfaitement vos actions, reprit Chmib.
- — Ils le traitaient de menteur ; le châtiment du nuage ténébreux les surprit : c’était le jour d’un châtiment terrible.
- C’était un signe du ciel ; mais la plupart des hommes ne croient pas.
- Ton Seigneur est puissant et miséricordieux.
- Et ceci (ce Koran) est une révélation du maître de l’univers.
- L’esprit fidèle[11] l’a apporté d’en haut,
- Et l’a déposé sur ton cœur, ô Mohammed ! afin que tu fusses apôtre.
- Il (le Koran) est en langue arabe claire.
- Il est prédit dans les Écritures des anciens.
- N’est-ce pas un signe qui parle en sa faveur, que les docteurs des enfants d’Israël en aient connaissance ?
- Si nous l’avions révélé à un homme d’une nation étrangère,
- Et qu’il l’eût récité aux infidèles, ils n’y auraient pas ajouté foi.
- C’est ainsi que nous avons gravé l’incrédulité dans les cœurs des coupables.
- Ils n’y croiront pas jusqu’à ce que le châtiment cruel frappe leurs yeux.
- Certes, ce châtiment fondra sur eux à l’improviste, quand ils ne s’y attendront pas.
- Ils s’écrieront alors : Nous accordera-t-on un délai ?
- Eh bien ! chercheront-ils aujourd’hui à hâter ce châtiment ?
- Que t’en semble ? Si, après les avoir laissés jouir des biens de ce monde pendant longues années,
- Le supplice dont on les menaçait les surprend à la fin,
- A quoi leur serviront leurs jouissances ?
- Nous n’avons point détruit de cité qui n’ait eu ses apôtres
- Chargés de l’avertir ; nous n’avons point agi injustement.
- Ce ne sont pas les démons qui ont apporté le Koran du ciel ;
- Cela ne leur convenait pas, et ils n’auraient pu le faire.
- Ils sont même privés du droit de l’entendre dans le ciel[12].
- N’invoque nul autre que Dieu, de peur que tu ne sois un jour au nombre des suppliciés.
- Prêche tes plus proches parents.
- Abaisse les ailes de ta protection sur les croyants qui t’ont suivi.
- S’ils te désobéissent, tu leur diras : Je suis innocent de vos œuvres.
- Mets ta confiance dans le Dieu puissant et miséricordieux,
- Qui te voit quand tu te lèves,
- Qui voit ta conduite quand tu te trouves au milieu de ses adorateurs :
- Car il entend et sait tout.
- Vous dirai-je quels sont les hommes sur lesquels descendent les démons et qu’ils inspirent ?
- Ils descendent sur tout menteur livré au péché,
- Et enseignent ce que leurs oreilles ont saisi[13] : or la plupart mentent.
- Ce sont les poëtes, que les hommes égarés suivent à leur tour.
- Ne vois-tu pas qu’ils suivent toutes les routes[14] comme des insensés ?
- Qu’ils disent ce qu’ils ne font pas ?
- Sauf ceux qui ont cru, qui pratiquent le bien, et répètent sans cesse le nom de Dieu[15].
- Qui se défendent quand ils sont attaqués ; car ceux qui · attaquent les premiers apprendront un jour quel sort leur est réservé.
- ↑ Il est parlé de poëtes au verset 224 de ce chapitre.
- ↑ Voy. chap. II, 1, note.
- ↑ Le meurtre d’un Égyptien Voy. chap. XXVIII, 15, sq.
- ↑ Voy. chap. II, 58, note.
- ↑ C’est-à-dire, que mes paroles soient citées dans la postérité la plus reculée, et qu’on y ajoute foi.
- ↑ C’est-à-dire rempli de tous les êtres qui devaient être sauvés.
- ↑ Les Adites ou peuple d’Ad. Voy. chap. VII et XI
- ↑ Locution arabe, dont on se sert pour ne pas répéter une chose connue.
- ↑ Abîmer la terre, le pays, veut dire : commettre des brigandages, des désordres. Nous ayons employé le mot abîmer pour conserver l’antithèse du texte formée par le mot améliorer.
- ↑ C’était une femelle de chameau qui buvait toute l’eau d’un jour de la fontaine, de sorte que les Thémoudites n’en avaient que le lendemain.
- ↑ C’est l’ange Gabriel.
- ↑ Voy. le chap. XXXVII, 7, 8, et chap. LXXII, 8, 9.
- ↑ Les paroles du Koran lues au ciel, que les démons ont saisies par hasard.
- ↑ C’est-à-dire, ils s’abandonnent à leur imagination, et abordent toute sorte de sujets.
De tout temps, les Arabes ont cultivé avec beaucoup de soin leur langue, aimé la poésie et honoré les poëtes. A Okadh, marché du Hedjaz, indépendamment des foires hebdomadaires, se tenait tous les ans une foire qui durait un mois. Là, au milieu des affaires de commerce, des poëtes accourus de tous les points de l’Arabie venaient réciter leurs poëmes (kasidah), chanter leurs exploits et leurs aventures, se provoquer à qui traiterait mieux tel sujet. C’était un tournoi poétique dont les nombreux auditeurs, citadins et bédouins, étaient les juges. Au plus digne était réservée la récompense de voir ses poëmes inscrits en lettres d’or et suspendus au temple vénéré de la Caaba. De là les sept poëmes le plus en vogue avant Mahomet sont appelés modhahhabat (dorés) et moallakat (suspendus). Les Arabes du désert excellaient surtout dans la poésie ; la langue s’est toujours conservée plus pure et plus correcte sous les tentes ; souvent une mère bédouine infligeait une correction douloureuse à son enfant coupable de quelque faute de grammaire. Mahomet devait à la vigueur de son langage, souvent poétique, une grande partie du succès qui couronna ses efforts ; il a même recommandé à ses compagnons de consulter les œuvres des poëtes arabes, et d’y chercher l’interprétation des mots ou expressions obscures du Koran. D’où vient donc que le prophète arabe a supprimé cette fameuse foire d’Okadh, et lancé un anathème contre les poëtes ? En voici la raison. Les Arabes du désert, en général, et parmi eux les poëtes, goûtaient fort peu le nouveau culte ; ils étaient attachés aux plaisirs de la vie nomade et accoutumés à ses peines ; indépendants, indociles à supporter un joug quelconque, braves, généreux, mais fiers et vindicatifs, toujours à la piste d’un ennemi pour venger quelque offense, ou sur les pas d’une beauté du désert, austères et sauvages comme Schanfara, aimant les plaisirs et la vie joyeuse comme Amrolkaïs, insouciants sur la vie future, sceptiques et épicuriens, ils n’étaient pas des premiers à suivre le nouveau prophète. Les poëtes cherchaient à perpétuer ces habitudes de la vie nomade ; Mahomet voyait dans ces instincts négatifs ou destructeurs un grand obstacle à l’établissement de sa doctrine morale et religieuse, et il les condamne. Si l’on ajoute à cela que la verve satirique de quelques-uns s’était exercée contre le nouveau prophète, on ne s’étonnera pas du jugement qu’il en a porté. Quelques historiens accusent Amrolkaïs d’avoir écrit des satires contre Mahomet, qui, à son tour, aurait chargé le poëte Lebid, nouveau converti, d’y répondre. M. de Slane, qui a publié les poésies d’Amrolkaïs, combat cette opinion, quant à Amrolkaïs et à Lebid ; il n’en est pas moins vrai que Mahomet avait à ses ordres quelques poëtes dévoués, et les versets 227 et 228 y font allusion. Il disait à Caab, l’un d’entre eux : « Combats les (les poëtes) avec tes satires, car, j’en jure par celui tient mon âme dans ses mains, les satires font plus de mal que les flèches. » - ↑ Cette exception s’adresse à quelques poëtes qui avaient embrassé l’islam, tels que Lebid, Hassan, Caab.