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Page:NRF 14.djvu/624

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6l8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et cependant, à y regarder de plus près, ce résultat est l'effet d'un artifice littéraire très voulu, recherché avec tout le soin que Flaubert lui-même pouvait mettre à obtenir le balancement et l'équilibre parfait de ses phrases. Le fonds. i)eut-être, vient de Whitman, non pas le fonds intellectuel, mais le thème rythmique. Mais quelle» modifications I

One's self I siny...

The modem man I siny,

dit Whitman, et comme cela paraît vraiment « antique et solennel » auprès de ce début du poème de N. Vachel Liadsay dans « The London Mercury ^ :

/ brag and chant of Bryan, Bryan, Bryan, Candidate for Président ivfio shetched a silver Zion...

(c'est moi qui souligne >■ brag >-.) Ce poème est. intitulé « Bryan ! Bryan t Bryaii ! Bryan ! ■, Poème en langue américaine (la campagne él ctorale de 1896 vue par " un de 16 ans ») et, à le relire, on s'aperçoit qu'il porte la marque distitictive de toute véritable œuvre d'art: il. est dans une tradition. On y retrouve, brochant sur le thème fondamental whitmanien, des rythmes et des mouvem 'uts et ce qu'on peut appeler des « situations » lyriques qui viennent de Longfellow, de Bret Harte, de James Whitcomb Riley, et de Bayard Taylor, — du Bayard Taylor de là. Quaker VVtcZow: un d s bons poèmes de l'anthologie américaine:

« Thou findst me in the garden, Hanna ; 'ticas hind of thee To tcait until the Friends were gone, icho came to comfort me..,»

écoutons comment Vachel Lindsay dégourdit ce rythme :

The long parade rolled on. — / s(ood by my best girl. She was a cool young citizen, with toise and laughing eyes. With my nehtie by my ear, I loas stepping on my dear, But she kept like a pattern, without a shaken curl.

mais que ce poème est donc plein de mots et d'allusions déroutantes pour le lecteur anglais! En effet il est écrit « en langue américaine » ! Souvent il faut deviner. Mais il y a des traits loc ux, que le lecteur qui n'a pas vécu aux Ftats-l'nis peut c pendant goûter, et qui produisent peut-êtr < ncore plus d'eff t sur lui que sur les lecteurs américains. Je veux parler de c • rui>proehement saisissani de Roosevelt, Bryan, « le pieu\ Ciomwell » et le « Roi Saul », k la fin du poème. Le poète demande : où sont à pi-éseiit Mac Kinley, Gleveland, Roosevelt, et d'autres politiciens américains...

Ils sont allés rejoindre les ornbres avec le pieux Cromwell, Et le haut Roi Saûi, jusqu'au jour du jugement.

Vraiment la conclusion d« ce morceau, qui est basée sur l'artifice

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