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906 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

« Cambridgeman » et il a refusé de très importantes situa- tions pour pouvoir y conserver sa chaire), c'est-à-dire dans un milieu où les méthodes universitaires, la culture scienti- fique, les sympathies du corps enseignant n'étaient pas, avant la guerre, tournées vers la France. Il est conçu dans un esprit qui lui a valu la faveur de ce milieu d'intellectuels radicaux et socialisants que ceux qui vécurent à Londres au printemps 19 14 connaissent bien, où la guerre a fait moins de dégâts qu'ailleurs et qu'on a coutume de désigner sous le nom de « Bloomsbury ». Cet accueil favorable fut aussi celui d'une grande partie de la presse anglaise, d'Austin Harrison, d'H. N. Braiisford, de Norman Angell, de Seton Waston, que rien, depuis les révélations de M. BuUitt, n'avait réussi à passionner autant.

Dans son introduction, l'auteur explique comment, au cours des six mois qu'il passa à la Conférence de Paris, il dut dépouiller son insularité pour devenir Européen, « une expérience nouvelle » pour lui. Avec le Times, — qui, tout en reconnaissant le côté brillant du livre de M. Keynes en fait une sévère critique, — on peut déplorer que cette expé- rience soit si nouvelle et que l'auteur ait eu à la fois à apprendre l'Europe et à en régler le sort. Paris n'est pour lui qu'un « cauchemar », « un milieu morbide », qu'il juge avec parti-pris. (M. Keynes, dit-on, goûte l'art français et collectionne Cézanne, Vuillard et Seurat. C'est une bonne façon d'apprendre à aimer la France, mais il eût fallu pousser plus avant). Ces réserves faites, on lira avec un intérêt durable le chapitre le moins théorique du livre, intitulé : La « Conférence », qui contient de très éclatants portraits de M. Clemenceau, de M. Lloyd George et du Président Wilson. M. Keynes nous les montre ensuite à l'œuvre dans l'élaboration du traité. Ce traité est la résultante du conflit entre les principes wilsoniens et la « paix carthaginoise » de M. Clemenceau. Il est, a priori, entaché d'un vice orga-

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