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Maurice Dubourg

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Modèle:Archevêque catholique Maurice-Louis Dubourg (1878-1954) était un clerc franc-comtois de l'Église catholique, prêtre chanoine diocésain, puis évêque de Marseille de 1928 à 1936, et enfin archevêque de Besançon de 1936 à 1954. Sa position fut ambiguë face aux évènements de la Seconde Guerre mondiale ; cependant il fut après-guerre, à l'origine de la création du monument votif de Notre-Dame de la Libération sur la colline des Buis et a également soutenu les innovations d'art sacré au sein du diocèse bisontin.

Enfance, études et débuts

Besançon, le quartier Saint-Jean.

Maurice-Louis Dubourg est né le dans la ville de Besançon (Doubs)[1]. Son père est un riche industriel, président de la Chambre de Commerce et qui sera élu conseiller général de Besançon Sud en 1889, comme candidat républicain[2]. En 1883, le petit Dubourg entre à l'Institution Sainte-Marie située dans le quartier Saint-Jean de la capitale comtoise ; il est alors âgé de cinq ans[2]. En ce lieu devenu le Collège Saint-Jean, le futur archevêque fait ses études jusqu'au baccalauréat de Philosophie[3]. Le jeune Dubourg termine ses études de droit dans l'établissement de Saint-Sulpice à Paris[4] et commence une carrière d'avocat[2]. Parallèlement, il milite au Sillon, le mouvement politique et idéologique du journaliste et homme politique Marc Sangnier qui souhaite rapprocher les catholiques de la République et arracher les ouvriers à l'influence de la gauche anticléricale[2]. D'autre part, Dubourg est membre d'une conférence de Saint-Vincent-de-Paul où il secourt les familles pauvres de comtois exilés à Paris[2]. En 1906, Maître Dubourg entre au Séminaire, établissement d'enseignement supérieur destiné à former des prêtres catholiques[2]. Au bout de trois ans, il est ordonné prêtre le à moins de 31 ans[1] et commence sa carrière à Vesoul comme vicaire[4]. Pendant la Première Guerre mondiale, l'abbé Dubourg est officier, aumônier militaire et brancardier[4],[2]. Il est décoré de la Croix de guerre 1914-1918, bénéficie de cinq citations élogieuses évoquant une « bravoure légendaire »[2] et est commandeur de la Légion d'honneur[4]. En 1919, l'abbé Dubourg est nommé à la Direction des Œuvres de l'archidiocèse de Besançon, où il travaille alors seul avec l'abbé Gaillard[5]. Il sera également directeur de l'« Union des Catholiques du Diocèse »[4].

Les mouvements de jeunes reprennent dès 1919, la « Thom » et surtout l'Association catholique de la jeunesse française, avec le chanoine Dubourg, qui multiplie les groupes, forme les aumôniers et suscite des personnalités de jeunes[6]. Dans ce cadre, le Chanoine Dubourg fonde une petite feuille catholique, Vers l'Avenir, journal de jeunes[7]. Ce journal compte 3 500 abonnés[6]. Puis, en 1923 (le premier numéro date du mois de janvier), il fonde un nouveau journal, Dieu et Famille, afin, selon Mgr J. Panier, de « donner des consignes, créer, en dehors des partis, une action spécifiquement catholique[6] ». Le journal est mensuel, traite de questions familiales, scolaires, agricoles et sociales, et l'abonnement ne dépasse pas deux francs ce qui le met à la portée de tous[8]. Le , l'Institution Sainte-Marie reçoit son ancien élève Dubourg[3].

Évêque de Marseille puis archevêque de Besançon

Sainte-Marie-Majeure ou La Major, église cathédrale de l'archidiocèse de Marseille.

Le , le Chanoine Dubourg est nommé évêque de Marseille[1],[9]. Il est consacré évêque le par le Cardinal Charles-Henri-Joseph Binet, archevêque de Besançon et Mgr Paul Rémond[1] alors aumônier général de l'armée du Rhin, évêque titulaire de Clysma[1]. Le nouvel évêque s'installe officiellement le [1]. En partance pour Marseille, Mgr Dubourg, donne à l'archidiocèse de Besançon sa maison familiale sise à Gouille, en banlieue de Besançon, la villa Saint-Charles[10] dite plus tard « la villa épiscopale »[11] pour en faire un centre de retraites[12]. Grâce à NNSS Béjot et Pourchet (futur évêque de Saint-Flour) la villa accueillera des groupes de Jeunesse étudiante chrétienne, d'action catholique, des retraites sacerdotales, scolaires[11]... Mgr Dubourg nommé à Marseille, son successeur à la Direction des Œuvres de l'archidiocèse de Besançon est l'abbé Gaillard[13].

Saint-Jean, église cathédrale de l'archidiocèse de Besançon.

Mgr Dubourg est nommé archevêque de Besançon le et est intronisé dans la capitale comtoise le [1]. Sous son pontificat, la Maîtrise de la cathédrale Saint-Jean de Besançon est reconstruite, le futur Collège technique Saint-Joseph est mis en chantier à Besançon, une chapelle est fondée pour le camp du Valdahon, un centre catéchistique est ouvert, le journal l'Éclair Comtois est réorganisé, une enquête est réalisée sur le chant d'Église et la piété mariale, les « Journées liturgiques de malades » sont créées à Belfort[14]. Des centaines de jeunes participent au congrès du dixième anniversaire de la Jeunesse ouvrière chrétienne et de la Jeunesse agricole catholique à Paris (1937 et 1938)[14]. Un pèlerinage d'un millier d'hommes est conduit à Lourdes en 1938[14]. L'année mariale pour le troisième centenaire du vœu de Louis XIII trouve son point culminant au Congrès de Belfort[14]. En , on note le huitième centenaire de l'abbaye de la Grâce-Dieu, le centenaire du Refuge, une route Gray-Mattincourt inaugurée en l'honneur de saint Pierre Fourier, et l'inauguration d'une statue de saint Colomban dans la cour d'honneur du séminaire de Luxeuil-les-Bains[14]. Le , Mgr Dubourg bénit le Collège Saint-Joseph, créé par l'abbé Gaillard[15].

La Seconde Guerre mondiale

Dès janvier 1939, arrivent à Besançon 1 350 réfugiés espagnols qui fuient le régime autoritaire national-catholique du général Francisco Franco[2]. Pour contrer les réactions xénophobes voire racistes, Mgr Dubourg s'adresse à ces fidèles : « Pourquoi faut-il que certaines personnes semblent ne pas comprendre ces gestes de bonté qui unissent sur le terrain de la charité des personnes d’opinion et de milieux divers. On dit que ces réfugiés ne sont pas intéressants, qu’ils ne méritent pas notre pitié et que c’est faire une mauvaise action que de secourir les ennemis de l’ordre social. Est-il possible que des considérations aussi païennes trouvent crédit chez des catholiques. (...) En tant que représentant de notre divin Sauveur qui est venu sur terre nous prêcher la bonté, le pardon des offenses, Nous devons élever contre de tels propos la plus indignée des protestations et porter une sévère condamnation. (...) Ah, chers fidèles de Besançon, Nous vous en supplions, n‘endurcissez pas vos cœurs, ne vous laissez pas gagner par cet esprit païen qui tend à pénétrer partout et dont vous pourriez être un jour à votre tour les victimes douloureuses[16] »

Monseigneur Maurice-Louis Dubourg (au centre) en 1939.

La ville de Besançon est occupée par l'armée allemande national-socialiste le [17] ; Mgr Dubourg s'exprime dans deux notes : la première qu'il lit en l'église Saint-Pierre le dimanche , la seconde le  : « Disons-le bien haut, c'est trahir la patrie et l'honneur que d'accueillir comme des amis ceux qui viennent chez nous, si corrects soient-ils, avec le seul droit de la force. Donnons-leur ce que nous ne pouvons pas leur refuser : c'est la loi de la guerre. Soyons corrects, mais ne soyons pas serviles. À plus forte raison, ni sourires de complaisance, ni familiarité. Restons dignes... La guerre n'est pas finie. Et nul ne sait ce que nous réserve l'avenir[18],[19] ». Ces déclarations entraînent la saisie par les occupants allemands de la Semaine Religieuse qui publiait ces textes et une mise en garde à vue de dix jours, au siège de la Kommandantur, du vicaire général Galland, tenu pour responsable[18].

Quelques semaines plus tard, Mgr Dubourg expose à son clergé, lors des « Journées Sacerdotales » de septembre-octobre 1940, les difficultés de la pratique pastorale, au sein du nouveau régime : « Est-ce à dire que notre ministère ne se heurtera pas à d'énormes difficultés ? À supposer que les institutions soient notablement améliorées, les esprits ne seront pas changés de sitôt. Et certaines mesures de stricte justice, comme l'abrogation de la loi de 1904, loin d'apaiser les esprits, serviront de prétexte à de nouvelles campagnes anticléricales. Nous serons surveillés, épiés, combattus ? Que faire ? (...) Nous ne devons pas triompher comme si nous avions gagné une bataille[20] ». Mgr Dubourg juge que le gouvernement du maréchal Philippe Pétain est légitime, même après le débarquement de 1942[18]. Devant son chapitre, il déclare en  : « Soumis à l'autorité religieuse comme notre foi nous en fait un devoir, nous respectons, nous vénérons et nous aimons le chef de l'État. Nous ne sommes pas et nous ne serons jamais de ceux qui se permettent de juger ses décisions et de les condamner, alors qu'ils ne connaissent rien des raisons qui les motivent[21] ».

Le , il demande à ses curés de lire une lettre pastorale sur « Notre devoir présent » dans laquelle il rappelle à ses clercs et fidèles la doctrine de Léon XIII sur la soumission à l'autorité légitime[22]. Il souhaite « lever le trouble où se trouvent actuellement certains esprits, inquiets de la marche des événements et peu disposés à suivre le chef de l'État dans la voie où il s'est engagé... »[22]. Certains curés occultent la lettre, d'autres la marmonnent à leurs fidèles de manière inintelligible, d'autres encore pensent que le texte a été imposé à l'archevêque et, donc, qu'il n'oblige pas leur conscience[22]. Ces initiatives sont déplorées par Mgr Dubourg qui demande, d'ailleurs, que « l’effigie du glorieux soldat qui préside aux destinées de la France (...) symbole de vaillance, d’héroïsme, de dévouement et d’abnégation » soit affichée dans les locaux paroissiaux[2]. En effet, soucieux de rechristianiser le pays, le prélat comtois adhère aux valeurs du nouveau régime : travail, famille, patrie[18]. De formation juridique, il est sévère pour les pillages et les exécutions sommaires de quelques groupes de Résistance[18]. Il souhaite que le prêtre reste en dehors des questions politiques et maintient, pour les laïcs, l'incompatibilité entre direction de mouvements catholiques et militantisme politique[18]. Comme ses confrères évêques français, Mgr Dubourg s'oppose à la réalisation d'une jeunesse unique et insiste sur l'entrée résolue des prêtres dans l'Action catholique[18]. Concernant les crucifix qui avaient été replacés dans les écoles dans plus de 200 communes du Doubs, Mgr Dubourg affirmera ultérieurement, dans une lettre écrite en 1950 non rendue publique mais qui circule : « L’archevêché n’a jamais ordonné ni conseillé la pose du crucifix dans aucune école publique »[2]. Les mesures antisémites, ne sont pas publiquement condamnées par l'archevêque comtois. Mais il fait rédiger une note par le Supérieur du Grand Séminaire, en vue d'une instruction orale au clergé : « Tous les droits naturels de l’homme sont lésés par les mesures de proscription contre les juifs (...). Saisir des malades, séparer des familles, les parquer dans des locaux insuffisants, on ne ferait pas ça pour du bétail. Arracher les enfants aux familles, un tel déchaînement de violence est une humiliation pour l’humanité »[2]. Malheureusement, ces paroles restent confidentielles.

La colline des Buis et sa Chapelle dédiée à Notre-Dame des Buis, hauts lieux spirituels de la ville, attiraient un pèlerinage remontant au moins au XVIIe siècle.

En ce qui concerne le Service du travail obligatoire, Mgr Dubourg s'exprime ainsi dans une des ses Lettres au clergé : « Que faire qui soit efficace ? Nous ne saurions envisager des protestations verbales isolées qui risqueraient fort — si elles retenaient l'attention de ceux qu'elles voudraient atteindre — d'avoir pour effet sinon une augmentation du nombre des réquisitionnés — du moins une aggravation du sort qui leur est réservé ![18] ». Mgr Dubourg et trois autres évêques rappellent à leurs diocésains « que la guerre a des lois sévères et que le vaincu est dans la nécessité de subir le malheur qu'il n'a su éviter »[23]. Ils déplorent également « la dureté qui préside aux réquisitions mais ne doutent pas que des mesures sévères soient prises pour éviter semblables tristesses »[23]. Selon eux, « il ne serait pas concevable que ces départs massifs prennent le caractère d'une véritable déportation[23] ». À la mi-décembre 1942, Mgr Dubourg écrit au Cardinal Emmanuel Suhard : « Je sais que des réquisitions du même genre se font ailleurs : dans le Nord, dans le Cher, en Saône-et-Loire, etc. »[24] Il propose donc que l'Assemblée des Cardinaux et archevêques écrive aux fidèles, au début de 1943, une « lettre d'encouragement, cette lettre serait particulièrement bien accueillie[24]. Il serait facile d'y glisser un mot qui serait comme une protestation, ou tout du moins comme l'expression de notre douleur et de notre étonnement au sujet de ces départs[24]. »

Durant toute la Seconde Guerre mondiale, Mgr Dubourg multiplie les appels à la prière[25]. Il entraîne lui-même à la chapelle Notre-Dame des Buis les pèlerins gravissant pieds nus la colline bisontine[25]. En 1942, les missions reprennent[25] ; la paroisse de Sochaux (usines Peugeot) est créée[26]. Les pèlerinages locaux sont aussi nombreux et fervents[25]. Les mouvements continuent malgré la suppression de leur organe de liaison[25]. Le , Mgr Dubourg, fait cette prière : « Notre-Dame de tous les sanctuaires de Franche-Comté, je vous supplie de sauver notre cité ; je fais le vœu de vous élever une statue monumentale sur la colline de Notre-Dame des Buis, si nous sommes protégés, si notre ville échappe à la destruction »[27]. Et le  : « Je crois avec l' Église et avec tous ses fils, si nombreux en cette assemblée, qu'une nation ne peut vivre, prospérer et durer que si elle respecte Dieu et observe ses commandements. Dieu doit avoir sa place chez nous, la première place dans nos âmes, dans nos foyers, dans nos institutions. Il est le fondement irremplaçable de la morale. Je crois avec l'Église, que toute autorité vient de Dieu, l'autorité temporelle, comme l'autorité spirituelle. Nous devons aux chefs qui ont l'honneur et la charge de gouverner le pays, respect et soumission, et c'est un devoir de prier pour eux. Il plaît sans doute à beaucoup d'entendre rappeler ces vérités aujourd'hui. Je les ai affirmées en un temps où cela pouvait déplaire à certains. Ah ! c'est que, voyez-vous, les principes restent les principes. Et l'Église doit les enseigner à temps et à contre-temps, sans aucune recherche de popularité avec le seul souci de la vérité. (...) Bientôt, nous l'espérons, nous allons en finir avec la guerre, cette infernale broyeuse des corps. N'allons pas asservir les âmes, les étouffer dans la matière. (...)[28] ».

Après-guerre et fin de vie

En 1943, l'archevêque de Besançon renouvelle la Commission diocésaine d'art sacré, en collaboration avec François Mathey, qui sera conservateur en chef au musée des Arts décoratifs à Paris dans les années 1955 à 1986, et Mme Cornillor[29]. Il décide de poursuivre les processions publiques de la Fête-Dieu qui ont repris pendant la guerre[30]. Cette initiative est sanctionnée d'un procès qui sera annulé par le Conseil d'État[30]. À l'automne 1945, les ressentiments engendrés par les luttes électorales conduisent Mgr Dubourg à supprimer le rassemblement prévu pour la fête du Christ Roi[31]. Après l'ordination de l'abbé Florin Callerand le , Mgr Dubourg le choisit comme secrétaire, puis comme confesseur[32]. En , a lieu la rentrée du Collège Saint-Joseph, remis en état après l'occupation de l'armée allemande et inauguré par Mgr Dubourg[33]. À cette occasion, il est entouré d'un très grand nombre de notables du monde intellectuel et commerçant, du clergé de la ville de Besançon et des amis de l'enseignement libre, dont beaucoup viennent de loin[33].

Fichier:Notre dame de la libération.JPG
Esplanade du monument votif dédié à Notre-Dame de la Libération.

Mgr Dubourg aime voir les paroisses rassemblées en grandes manifestations[34]. C'est le cas lors de la bénédiction de la première pierre en 1945 et de l'inauguration du monument votif à Notre-Dame de la Libération le qui rassemble 50 000 personnes[27], ou pour le Congrès qui regroupe 15 000 jeunes à Chamars (Besançon) le lundi de Pâques 1947[34]. La grande mission de Besançon est prêchée en 1948 dans chaque paroisse de la ville[34]. Lorsque des quartiers neuf se créent, on y fonde une paroisse et on y construit une église[34]. La Direction des Œuvres est répartie sur trois maisons : Besançon, Belfort, et Vesoul et une vingtaine d'aumôniers y sont détachés[34]. Les doyennés du diocèse passent de 26 à 33 pour le Doubs, de 28 à 29 pour la Haute-Saône et de 4 à 6 pour le Territoire de Belfort[34]. Certains projets tournent court : le Manuel diocésain, mis en œuvre avant-guerre ne connaît qu'une édition restreinte en 1948[35]. Le scolasticat franciscain prévu auprès de Notre-Dame des Buis en 1945 ne peut se réaliser[35]. La construction du monument de la Libération est jugée par certains trop coûteuse ou inutile[35]. Les grandes réunions chères à Mgr Dubourg sont jugées trop extérieures et triomphales[35].

En , Mgr Dubourg prend auprès de lui, comme nouveau secrétaire particulier, l'abbé Jean Nappez (qui le restera jusqu'en 1952[36]). Il nomme alors son ancien secrétaire, l'abbé Florin Callerand, directeur de la villa Saint-Charles de Gouille et l'envoie à Châteauneuf-de-Galaure y rencontrer Marthe Robin[37]. L'année suivante, en 1951, l'abbé Callerand commence à prêcher des retraites de chrétienté au sein d'une communauté, née le et inspirée par les Foyers de Charité[37],[38]. Sous le pontificat de Mgr Dubourg, les organismes diocésains se montrent très actifs[34]. Un centre de musique religieuse a pour mission de promouvoir le chant collectif[34]. Le Secours catholique s'implante avec force dans les trois départements comtois[34]. La direction de l'Enseignement libre se développe[34]. Les Fédérations sportives et l'Union française des colonies de vacances exigent des permanents rendus nécessaires par leurs nombreuses filiales[34]. La Paroisse universitaire perce, particulièrement dans l'enseignement primaire[34]. Ainsi sa Lettre aux instituteurs catholiques du Doubs, de la Haute-Saône et du Territoire de Belfort, née clandestinement, présente un tirage de 1200 exemplaires en 1952[34]. Elle perce aussi dans le domaine œcuménique en prenant des initiatives dans le cadre de la Semaine de l'unité[34].

Le chanoine Lucien Ledeur (1911-1975) est alors secrétaire de la Commission Diocésaine d'Art Sacré[39]. La politique de restauration des églises anciennes et de construction d'églises nouvelles est remarquable au point que la revue L'Art Sacré leur consacre un numéro spécial en juillet-août 1952[40]. En 1947, l'appel au peintre non-figuratif Alfred Manessier pour les vitraux des Bréseux ; en 1950, l'appel au peintre cubiste Fernand Léger, pour les vitraux, et au peintre avant-gardiste Jean Bazaine pour la mosaïque de l'église du Sacré-Cœur d'Audincourt ; la même année, l'appel au peintre non-figuratif Jean Le Moal pour la mise en couleur de l'église de Maîche ; et toujours en 1950, l'appel à l'architecte Le Corbusier, pour la reconstruction de la Chapelle Notre-Dame-du-Haut de Ronchamp[41],[29]. Mgr Dubourg se montre solidaire des décisions prises et les assume, même s'il ne comprend pas toujours lui-même les œuvres novatrices : « Non pas que je fasse miennes toutes les conclusions de notre commission. Autre chose est autoriser l'exécution d'un travail, autre chose l'approuver comme œuvre parfaite, échappant à toute critique[40] ». Non seulement, il doit souvent faire écran entre la Commission et les vicaires généraux, tous hostiles à ces innovations artistiques, mais il doit également faire bouclier et paravent entre le Saint-Siège et la Commission, ce qui permet à cette dernière de poursuivre son œuvre[42]. En 1955, le Saint Office exige le retrait du chemin de croix réalisé par le sculpteur Gabriel Saury à l'église d'Orchamps-Vennes[2]. L'archevêque Dubourg avoue, dans une boutade, qu'il peut dire adieu à son chapeau de cardinal[2]... D'ailleurs l'importance de l'action de Mgr Dubourg se fera sentir après sa disparition[43]. La Commission n'aura plus la possibilité de réaliser d'œuvres majeures[43]. Dans une lettre qu'il adresse à Alfred Manessier, François Mathey, en présente, selon lui, les raisons : « Tout ce qui avait été plus ou moins possible au temps de Mgr Dubourg devint très difficile avec son successeur, Mgr Dubois, dont on sut qu'il avait été précisément nommé par Pie XII pour faire pièce au déviationnisme moderniste dont faisait preuve le Diocèse de Besançon, en proie aux fantaisies iconoclastes[43] ».

Fichier:Statue.Monument-de-la-Liberation-Besançon.JPG
Statue funéraire de Mgr Dubourg.

Concernant l'œcuménisme, il n'y pas encore de secrétariat particulier[34]. Mais à Belfort et Montbéliard, on peut parler d'œcuménisme populaire, né à la fois des personnalités de l'abbé Jean Flory et du pasteur Marchand, et des actions communes catholico-protestantes au temps de la Résistance[34]. Au niveau de la presse, l'Éclair Comtois n'est pas repris mais un hebdomadaire vraiment diocésain apparaît, Cité Fraternelle, qui atteint le tirage de 23 000 exemplaires[41],[44]. Entre 1956 et 1960, l'archidiocèse de Besançon ne comptera que 112 ordinations sacerdotales, ce qui conduira Mgr Dubourg à alerter les fidèles sur les risques que cette tendance pourrait engendrer si elle se confirmait[45]. Certes, les congrégations religieuses inaugurent les congrès diocésains annuels en 1952 qui comptent de 300 à 500 participantes[45]. Mais leurs noviciats ne comptent que 163 entrées de 1952 à 1956[45]. Cela représente la moitié moins que pour la période 1927-1935[45]. Cependant l'aide en prêtres donnée par le diocèse bisontin à l'Église catholique de France et aux Missions catholiques s'accroît considérablement : l'Ordo donne 150 en 1938, 340 en 1953[35]. L'abbé Roussel-Gall fonde les Travailleuses missionnaires de l'Immaculée Conception ; le frère Léon Taverdet devient prieur général des Frères missionnaires des campagnes ; l'abbé Morel est l'ami des plus grand artistes de l'époque et contribue à faire connaître Georges Rouault, artiste peintre, en France et ailleurs[35].

Mgr Dubourg vit ses derniers jours assisté de l'abbé Florin Callerand et lui conseille, afin de poursuivre l'œuvre commencée à la villa Saint-Charles de Gouille : « Va voir du côté de la Roche d'Or : là, il y a du soleil », faisant allusion à l'ensoleillement dont bénéficie la colline bisontine du même nom[37]. L'abbé Florin Callerand suit son conseil et rachète une maison de dix pièces sur cette même colline en 1954[37],[38]. Mgr Maurice-Louis Dubourg rend son dernier souffle le , quelques jours avant les fêtes prévues pour son jubilé épiscopal[46]. Son décès est salué par des « obsèques triomphales »[47]. Le Cardinal Maurice Feltin, archevêque de Paris, ancien curé de l'Église Sainte-Madeleine de Besançon, son compatriote comtois, prononce son oraison funèbre en la Cathédrale Saint-Jean de Besançon le [48]. Cette disparition marque la fin d'une période pour le catholicisme en Franche-Comté, comme pour l'Église catholique de France[30]. Le corps de Mgr Dubourg repose au sein du monument votif de Notre-Dame de la Libération. Au pied de sa statue funéraire, est lisible l'inscription : « 1878 - 1954. Ici repose s. Exc. Mgr Maurice Dubourg, Archevêque de Besançon ».

Notre-Dame de la Libération

Crypte du Monument de la Libération.

L'Église de Notre-Dame de la Libération est un lieu de culte catholique édifié sur le sommet de la colline des Buis surplombant à près de 500 mètres d'altitude la ville de Besançon (Doubs). Le monument fut consacré au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par Mgr Dubourg après que la capitale comtoise fut épargnée des bombardements[49]. Par la suite, des plaques commémoratives tapissant les murs de l'édifice et rendant hommage aux diocésains ainsi qu'à l'ensemble des bisontins morts pendant la Seconde Guerre mondiale furent ajoutées[49], de même qu'une statue monumentale de sept mètres de haut sculptée par Henri-Paul Rey[50].

Compléments

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Maurice Rey (sous la direction de), Histoire des diocèses de Besançon et de Saint-Claude, Paris, Beauchesne, 1977.
  • Mgr J. Panier, Mgr Paul Gaillard (1884-1947), Éditions de l'Imprimerie de l'Est, Besançon, 1948 * Chanoine Étienne Ledeur, Cent vingt ans de vie catholique dans le Diocèse de Besançon (1834-1954), Extrait de La société d'émulation du Doubs, 1965.
  • Jean Thiébaud, Témoins de l'Évangile : Quinze siècles d'écrits spirituels d'auteurs comtois, L'Harmattan, Paris, 1999.
  • Jean-Louis Clément, Les évêques au temps de Vichy : loyalisme sans inféodation : les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, Éditions Beauchesne, Paris, 1999.
  • Joseph Pinard, « Le Jean XXIII de Franche-Comté », in Besançon Votre Ville (B.V.V.), février 2004, n°277, pp. 42-43.
  • Chanoine Étienne Ledeur, Cent vingt ans de vie catholique dans le Diocèse de Besançon (1834-1954), Extrait de La société d'émulation du Doubs, 1965.

Notes et références

  1. a b c d e f et g Maurice-Louis Dubourg sur Catholic-hierarchy.org (consulté le ).
  2. a b c d e f g h i j k l m et n Joseph Pinard, « Le Jean XXIII de Franche-Comté », sur le journal de Besançon Votre Ville (B.V.V.), février 2004, n°277, pages 42 et 43 (consulté le ).
  3. a et b Institution Saint Jean, numéro spécial n°34, « Un Collège bisontin à travers Sainte-Marie-Saint-Jean, 1838-1968 », mars 1968, pages 60 et 61.
  4. a b c d et e Témoins de l'Évangile : Quinze siècles d'écrits spirituels d'auteurs comtois, page 281.
  5. Cent vingt ans de vie catholique dans le Diocèse de Besançon (1834-1954), page 47.
  6. a b et c Les Diocèses de Besançon et de Saint-Claude page 203.
  7. Mgr Paul Gaillard (1884-1947), page 98.
  8. Mgr Paul Gaillard (1884-1947), page 102.
  9. La chronologie des évêques de Marseille sur le site officiel du diocèse de la ville (consulté le ).
  10. Les Diocèses de Besançon et de Saint-Claude, page 205.
  11. a et b Témoins de l'Évangile : Quinze siècles d'écrits spirituels d'auteurs comtois, page 369.
  12. Cent vingt ans de vie catholique dans le Diocèse de Besançon (1834-1954), page 57.
  13. Mgr Paul Gaillard (1884-1947), page 113.
  14. a b c d et e Les Diocèses de Besançon et de Saint-Claude, page 208.
  15. Mgr Paul Gaillard (1884-1947), page 155.
  16. Joseph Pinard, « Les réfugiés espagnols à Besançon en 1939 : pas de ça chez nous », sur Migrations.Besançon.fr (consulté le ).
  17. C. Fohlen, Histoire de Besançon, tome II, pages 487 et 488.
  18. a b c d e f g et h Les Diocèses de Besançon et de Saint-Claude, page 209.
  19. Les évêques au temps de Vichy : loyalisme sans inféodation : les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, page 24.
  20. Les évêques au temps de Vichy : loyalisme sans inféodation : les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, pages 90 et 91.
  21. Les évêques au temps de Vichy : loyalisme sans inféodation : les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, pages 49 et 50.
  22. a b et c Les évêques au temps de Vichy : loyalisme sans inféodation : les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944, pages 68, 69 et 148.
  23. a b et c Henri Fabre, L'Église catholique face au fascisme et au nazisme. Les outrages à la vérité, Éditions EPO et éditions Espaces de Libertés, Bruxelles, 1995, page 217.
  24. a b et c Les évêques au temps de Vichy : loyalisme sans inféodation : les relations entre l'Église et l'État de 1940 à 1944 pages 68 et 69.
  25. a b c d et e Les Diocèses de Besançon et de Saint-Claude, page 211.
  26. La Maîtrise, Bulletin de liaison, printemps 2007, « Origine et évolution du diocèse de Besançon », page 5.
  27. a et b Note de Mgr André Lacrampe à propos du monument de la Libération sur le site officiel de l'Église catholique de Besançon (consulté le ).
  28. Témoins de l'Évangile : Quinze siècles d'écrits spirituels d'auteurs comtois, page 284.
  29. a et b Biographie de Lucien Ledeur sur le site de l'association des anciens élèves de la maîtrise de la cathédrale de Besançon (consulté le ).
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