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École de Berlin (musique classique)

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Le concert de flûte de Frédéric le Grand à Sans-Souci, par Adolph von Menzel. Le roi de Prusse Frédéric II joue de la flûte au centre, face à Carl Philipp Emanuel Bach, assis au clavecin ; à droite, Franz Benda en costume noir et Johann Joachim Quantz adossé au mur; Carl Heinrich Graun est le quatrième homme en partant de la gauche.

L’École de Berlin (Berliner Schule, également appelée école de l'Allemagne du nord ou norddeutsche Schule) est l'école de musique préclassique (« Vorklassik » ou « Frühklassik » en allemand[1]) qui regroupe les musiciens, compositeurs et théoriciens qui, de 1732 à 1786 environ, furent attachés à la chapelle musicale du prince Frédéric à Ruppin et Rheinsberg puis à la Chapelle royale du roi de Prusse Frédéric II à Potsdam[2],[3].

Constitué par Frédéric le Grand, un adepte du style galant, l'orchestre est devenu le centre de la vie musicale dans le nord de l'Allemagne et a compté jusqu'à 50 musiciens[4].

Le terme d'école de Berlin fut utilisé dès 1773 par le musicologue et voyageur anglais Charles Burney, puis par le poète et compositeur allemand Christian Friedrich Daniel Schubart dans les années 1780[5]. Burney écrivait en 1772 dans son Journal d'un voyage musical : « Autrefois [1752], l'orchestre de Berlin fut le plus brillant des orchestres en Europe. Des hommes célèbres comme Bach, Benda, Czarth, Graun, Hesse, Quantz et Richter figuraient parmi ses musiciens »[6].

Par les échanges fructueux entre les meilleurs musiciens de ce temps qui eurent lieu à Ruppin et à Rheinsberg de 1732 à 1739, la Berliner Schule a fait apparaître un style nouveau appelé Vermischten Geschmack, précurseur des grandes écoles que sont l'École de Mannheim et le classicisme viennois[6],[7]. L'école de Berlin a contribué à construire le style classique à peu près en même temps que l'école symphonique de Milan et que l'école préclassique de Vienne, mais avant l'École de Mannheim[6], même si un goût prononcé pour le contrepoint apparente encore certaines œuvres de Quantz, des frères Graun et de Benda à la musique baroque[8]. Elle possède un style mi-galant, mi-sentimental[9] mais, selon Günter Birkner et Félix Raugel, « à Berlin, l'élément galant, si présent dans les écoles classiques de Vienne et de Mannheim, s'exprime moins qu'une certaine tendance sentimentale, qui au cours des années s'accentue de telle façon qu'elle aboutira finalement au style sentimental, mettant l'accent sur le mouvement lent des œuvres »[8].

Mais, contrastant avec ce rôle pionnier, l'école de Berlin fut aussi le dernier bastion de la viole de gambe, avec pas moins de sept compositeurs pour cet instrument[5].

Au XVIIe siècle, Frédéric-Guillaume Ier de Brandebourg, prince-électeur et margrave de Brandebourg consacre ses moyens financiers au redressement du Brandebourg, dévasté par la guerre de Trente Ans : les moyens restreints de l'État ne permettent donc à cette époque qu'une vie culturelle modeste, ce qui se traduit par les effectifs restreints de la chapelle de la Cour, qui ne compte alors que treize musiciens[10].

Son successeur, le prince-électeur Frédéric III de Brandebourg, prend en 1701 la dignité royale sous le titre de « roi en Prusse » et, devenu Frédéric Ier de Prusse, favorise le développement de la vie de cour[10].

Mais l'essor de la musique à la cour de Berlin est interrompu par l'avènement de son fils Frédéric-Guillaume Ier de Prusse, surnommé « le Roi-Sergent », qui ne donne guère de place aux arts[10] et renvoie l'ensemble de l'orchestre royal le jour de son arrivée au pouvoir, pour des questions d'assainissement du budget de l'état[6],[7].

Tout change cependant avec Frédéric II (roi de 1740 à 1786), très attaché à la poésie et à la musique[10]. Frédéric aborde la musique pour la première fois à l'âge de sept ans[11] mais l'intérêt pour la musique est renforcé en 1728 chez le jeune prince, alors âgé de 16 ans, par la visite d'état de son père Frédéric-Guillaume Ier à Dresde et par la visite à Berlin d'Auguste II, prince-électeur de Saxe et roi de Pologne[4],[6],[7],[12]. Ces visites lui font découvrir le théâtre, l'opéra, des instumentistes virtuoses comme Buffardin, Quantz, Pisendel et Sylvius Leopold Weiss, ainsi que ce qui sera « son » instrument, la flûte traversière[6],[7],[12],[11],[13]. Cette rencontre marque le début d'une longue relation entre Frédéric et les musiciens de la Chapelle de la Cour de Saxe à Dresde, une cour qui est la première en Allemagne à cultiver le goût pour la flûte traversière française comme instrument virtuose[12]. C'est lors de cette visite que Quantz aurait donné à Frédéric sa première leçon de flûte[6],[7]. Buffardin envoie ensuite sa première flûte à Frédéric, un cadeau du roi de Pologne[12]. Lors de la visite d'Auguste II à Berlin, la reine de Prusse Sophie-Dorothée de Hanovre offre à Quantz de l'engager pour un salaire de 800 thalers mais le roi de Pologne refuse de se séparer de lui : un accord est cependant trouvé pour permettre à Quantz de se rendre deux à trois fois par an en Prusse pour donner des cours de flûte au jeune prince Frédéric, à l'insu du roi Frédéric-Guillaume[6],[7],[12],[13].

Chapelle musicale princière de Ruppin et Rheinsberg

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Alors qu'il n'est encore que prince héritier, Frédéric constitue avec le soutien clandestin de sa mère[12] un orchestre privé à partir de 1732 à sa résidence de Ruppin, avec Johann Gottlieb Graun dès 1732, rejoint par Franz Benda, Georg Czarth et Christoph Schaffrath en 1733, Johann Georg Benda en 1734, Carl Heinrich Graun en 1735 puis Johann Gottlieb Janitsch en 1736[6],[12],[14],[15],[16]. On notera que les frères Graun, les frères Benda, Schaffrath et Quantz sont tous passés préalablement par Dresde, Franz Benda et Quantz ayant fait partie de la Chapelle de la Cour de Saxe à Dresde[10].

À la fin de la période de Ruppin, l'orchestre du prince Frédéric compte 17 musiciens[14]. Fréquemment invité à Ruppin, Johann Joachim Quantz dirige les premières compositions de Frédéric dès 1732[6],[7].

En 1736, le Kronprinz et ses musiciens déménagent vingt kilomètres plus au nord, au château de Rheinsberg acheté en 1734 par le roi Frédéric-Guillaume Ier pour le Kronprinz en signe de réconciliation[14],[16] après le mariage du prince avec Élisabeth-Christine de Brunswick-Wolfenbüttel-Bevern. Le théorbiste Ernst Gottlieb Baron rejoint l'orchestre du prince en 1737[12]. En 1738 Carl Philipp Emanuel Bach reçoit une invitation inattendue de la part de Frédéric et annule une tournée pour se rendre à l'invitation du prince, conscient qu'il ne peut infliger un refus au futur roi : il ne peut cependant pas recevoir des appointements officiels car Schaffrath est le claveciniste de la cour depuis 1734 et est donc payé jusqu'en 1740 par la bourse personnelle de Frédéric[4],[12]. Il restera au service de Frédéric pendant près de trente ans[4].

Durant toutes ces années à Ruppin et à Rheinsberg, Frédéric échange une importante correspondance avec sa sœur bien-aimée Wilhelmine de Bayreuth, qui partageait le même attachement à la musique et était elle-même compositrice[6].

La plupart des compositions de Frédéric datent de la période de Ruppin et Rheinsberg[7]. Malheureusement, une grande partie de la musique composée à Rheinsberg fut la proie des flammes lors du grand incendie de 1740[6].

Chapelle royale de Berlin (Potsdam)

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Début de règne

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Le , à l'âge de 28 ans, le Kronprinz monte sur le trône de Prusse sous le nom de Frédéric II et transporte sa cour à Potsdam près de Berlin[16],[17]. Dans l'année, l'orchestre perd Schaffrath, qui passe au service de la princesse Anne-Amélie de Prusse, la plus jeune des sœurs de Frédéric II, probablement parce qu'il n'aimait pas l'idée d'être en concurrence aux claviers avec Carl Philipp Emanuel Bach[18].

Grand joueur de flûte et compositeur lui-même, le roi s'attache enfin en 1741 les services du grand spécialiste de cet instrument, Johann Joachim Quantz[17] pour agrandir son orchestre et donner ainsi naissance à l'école de Berlin[19] : Quantz reçoit le titre de « compositeur de la cour » et en réfère directement au roi[13].

L'orchestre est complété en 1742 avec l'arrivée de Georg Anton Benda, le jeune frère de Franz et Johann Georg, et comptera jusqu'à 37 musiciens[12],[20],[21]. En 1747, Frédéric commence à résider au palais de Sanssouci[4].

Empfindsamer Stil

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À cette époque de transition musicale, Carl Philipp Emanuel Bach et son frère Wilhelm Friedemann Bach confient au musicologue Johann Nikolaus Forkel qu'ils « ont été poussés à adopter un style propre par le désir d'éviter la comparaison avec leur incomparable père »[4]. Carl Philipp Emanuel Bach réussit magistralement à mélanger des éléments stylistiques qu'il avait appris de son père avec les aspects du nouveau style musical pré-romantique appelé Empfindsamer Stil (style sensible) en Allemagne[4].

Dérive conservatrice du roi

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Mais, alors que les goûts artistiques de Frédéric étaient plutôt progressistes avant qu'il n'accède au trône, le roi « se révèle par la suite très rigide dans la poursuite de ses idéaux musicaux »[18]. Il cultive un goût ultra-conservateur, ne laissant aucun espace d'épanouissement à des esprits novateurs comme Carl Philipp Emanuel Bach et leur refusant même une véritable reconnaissance[22].

Face aux goûts musicaux conservateurs du monarque[23], les compositeurs de la chapelle de la cour qui cherchent une opportunité de développer leur passion pour le goût nouveau la trouvent dans les nombreux cercles musicaux des familles aristocratiques et bourgeoises de Berlin et Potsdam[18],[22]. De son côté, Carl Philipp Emanuel Bach effectue à cette époque plusieurs tentatives pour trouver un poste en dehors de Berlin : c'est ainsi qu'il postule, en 1753, un poste à Zittau et, en 1755, le poste de cantor de l'école Saint-Thomas de Leipzig[24]. Il est même possible que sa cantate de Pâques Gott hat den Herrn Auferweckt Wq 244 de 1756 ait été composée pour solliciter un tel poste[24].

Impacts et conséquences de la Guerre de Sept Ans

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La Guerre de Sept Ans, qui éclate en 1756, stoppe littéralement la vie musicale à Berlin[12],[4] : l'opéra est fermé, les grands concerts de la cour sont arrêtés et les musiciens doivent accepter un salaire réduit, voire aucun salaire à certains moments[12],[4].

Pendant la guerre, beaucoup de musiciens meurent, comme le bassoniste Alexander Lange, le violoniste Böhme, le théorbiste Baron, le kapellmeister Carl Heinrich Graun, le violoniste Koch et le hautboïste Pauly, ou quittent le service de la cour comme Georg Czarth qui quitte Berlin pour rejoindre l'orchestre de la cour de Mannheim en 1757[12]. En 1761, la Hofkapelle comptait 12 postes vacants[12].

Comme, après la fin de la guerre en 1763, Frédéric continue de perpétuer le style galant et de centrer le répertoire de la cour sur les œuvres de Graun et Hasse, sans montrer aucun intérêt pour des tendances plus progressistes[12],[4], Carl Philipp Emanuel Bach se sépare de l'école berlinoise à la mort de son parrain Georg Philipp Telemann en 1767 pour suivre son chemin propre[8],[25] : il succède à Telemann comme director musices et cantor de l'école Saint-Jean de Hambourg[26] et devient le directeur musical des cinq principales églises protestantes de cette ville[4],[27].

Compositeurs, musiciens et théoriciens

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La chapelle royale (Königliche Kapelle) de Frédéric II regroupe de nombreux compositeurs, musiciens et théoriciens de la musique allemands[2],[3],[10],[28],[29],[30], sans compter Frédéric lui-même, flûtiste remarquable et compositeur accompli[6] :

L'orchestre intègre également des musiciens tchèques provenant de Bohême, une région considérée au XVIIIe siècle comme le « conservatoire de l'Europe »[36],[37],[38],[39]:

Le roi musicien et son professeur de flûte

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Comme il a été dit plus haut, le roi Frédéric II était lui-même un flûtiste et un compositeur[28] auquel on doit des symphonies et des concertos et sonates pour flûte. Il composa, au cours de sa vie, plus de 120 œuvres pour cet instrument[11].

Son professeur de flûte était son musicien de chambre et compositeur de cour Johann Joachim Quantz[10] qui lui donnait des leçons à Dresde depuis 1728 et qu'il avait fait venir à Berlin en 1741[31],[43],[17].

Quantz, qui avait été l'élève du flutiste français Pierre-Gabriel Buffardin[9], écrivit pour le roi environ trois cents concertos et deux cents partitions de musique de chambre pour flûte[31],[43],[17].

Le roi organisait régulièrement des concerts afin de pratiquer la flûte, accompagné de Carl Philipp Emanuel Bach au clavecin et de Ludwig Christian Hesse à la viole de gambe[11] mais Quantz était le seul autorisé à féliciter le monarque à haute voix de ses prouesses musicales, et il percevait un salaire de 2.000 thalers, considérablement plus élevé que celui de Carl Philipp Emanuel Bach, qui ne percevait que 300 thalers[17] par an, soit moins encore que ses anciens élèves Nichelmann et Agricola qui étaient payés le double[14].

Genres musicaux

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Genre instrumental

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Symphonies, concertos et sonates

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Le genre instrumental est représenté à Berlin par de nombreux sous-genres[2] :

  • les symphonies (Carl Philipp Emanuel Bach et Frédéric II : symphonie Il Rè pastore) ;
  • les concertos et sonates pour clavier (Carl Philipp Emanuel Bach, Carl Friedrich Christian Fasch, Johann Philipp Kirnberger, Carl Heinrich Graun et Georg Benda) ;
  • les concertos et sonates pour violon (Johann Gottlieb Graun et Franz Benda) ;
  • les concertos et sonates pour flûte (Johann Joachim Quantz, Frédéric II, Carl Philipp Emanuel Bach et Franz Benda) ;
  • les concertos pour hautbois (Carl Philipp Emanuel Bach).

Berlin, dernier bastion de la viole de gambe

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En dehors de Karl Friedrich Abel, l'école de Berlin fut le dernier bastion de la viole de gambe avec pas moins de 47 œuvres pour cet instrument produites par sept compositeurs : Johann Gottlieb Graun, Carl Heinrich Graun, Johann Gottlieb Janitsch, Franz Benda, Christoph Schaffrath, Carl Philipp Emanuel Bach et Ludwig Christian Hesse[5]. Le Konzertmeister de la chapelle de la cour, Johann Gottlieb Graun, a laissé 22 œuvres pour et avec viole de gambe[11].

En 1767, Johann Adam Hiller note que Ludwig Christian Hesse est « incontestablement le plus grand joueur de viole de gambe de l'Europe » à son époque[11]. Hesse est issu d'une famille de musiciens : son père Ernst Christian Hesse était déjà au début du siècle un gambiste virtuose internationalement reconnu[11]. Ludwig Christian Hesse est engagé à la chapelle de la cour de Frédéric II en 1741 puis il passe en 1766 à la chapelle privée du prince héritier Frédéric-Guillaume II à qui il donne aussi des cours de viole[11].

Frédéric-Guillaume II, grand mélomane, est principalement intéressé par la viole de gambe qu'il apprend dès l'âge de 13 ans. Il entretient une correspondance avec le gambiste virtuose Jean-Baptiste Forqueray, qui lui fait envoyer des œuvres pour viole de compositeurs français[11]. Presque tous les virtuoses importants de la viole de gambe de la fin du XVIIIe siècle, parmi lesquels Karl Friedrich Abel, Franz Xaver Hammer et Joseph Fiala, viennent se produire à la cour de Berlin sous son règne[11].

Genre vocal

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Dans le domaine lyrique, Carl Heinrich Graun a composé 33 opéras, dont certains sur des livrets du roi[2].

Musique religieuse

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La musique religieuse, bien que rare à Berlin, y est cependant représentée par Der Tod Jesu, un oratorio composé en 1755 par Carl Heinrich Graun sur un texte de Karl Wilhelm Ramler, ainsi que par la cantate de Pâques (osterkantate) Gott hat den Herrn Auferweckt composée par Carl Philipp Emanuel Bach en 1756[24].

La première école de Lieder de Berlin
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À notre époque, le genre musical du lied avec piano est considéré comme un genre romantique par excellence[44]. Les lieder de Mozart et de Joseph Haydn sont tout au plus considérés comme leurs précurseurs, donnant ainsi l'impression que le XVIIIe siècle a été un siècle sans lieder[44]. Mais il en va tout autrement. Les premiers lieder (chansons sur des textes poétiques) apparaissent dès le XVIIe siècle avec Heinrich Albert, Andreas Hammerschmidt et Adam Krieger[26] et le goût pour ce genre musical se répand au début du XVIIIe siècle en Allemagne, surtout dans les régions protestantes du nord et du centre[44].

Le genre était bien représenté à Berlin, où Carl Philipp Emanuel Bach, Christoph Nichelman, Johann Friedrich Agricola, Johann Philipp Kirnberger et Christian Gottfried Krause s'illustrèrent au sein de ce que l'on appelle en allemand la Erste Berliner Liederschule[2],[45],[46]. Les compositeurs de la première école de Lieder de Berlin privilégiaient une mélodie simple et naturelle (sangbar) et un style populaire (volkstümlich)[28],[45].

En 1753 paraît le recueil fondateur du lied à Berlin, Oden Mit Melodien, avec des pages d'Agricola, Benda, Telemann, Nichelman, Krause, Quantz, Graun et Carl Philipp Emanuel Bach[26]. En 1756, le théoricien Friedrich Wilhelm Marpurg publie ses Neue Lieder zum singen beym Claviere (avec à nouveau Carl Philipp Emanuel Bach)[26], et on retrouve Bach la même année aux côtés de Marpurg, Agricola et Nichelmann dans les Berlinische Oden und Lieder[26].

Lorsque le poète Christian Fürchtegott Gellert, l'une des figures de proue de l'Aufklärung (période des Lumières en Allemagne)[26], fait imprimer en 1757, en pleine Guerre de Sept Ans, un recueil d'odes spirituelles, le second fils de Bach reconnaît immédiatement le potentiel que recèlent ces poèmes[44] : il publie en 1758 son recueil Herrn Professor Gellerts Geistliche Oden und Lieder mit Melodien[26] qui contient 54 arrangements de poèmes sacrés de Gellert[47]. Ce recueil, qui représente l'une des premières tentatives sérieuses par un compositeur de lieder de s'engager avec un poète spécifique, annonçant les volumes Schubert-Goethe, Schumann-Heine et Wolfe-Möricke du siècle suivant[47], sera réédité cinq fois jusqu'en 1784[44], exercera une influence sur les Gellert Lieder de Beethoven[47] et nombre des lieder spirituels de Bach seront repris dans des livres de chant jusqu'à la fin du 19e[44].

La seconde école de Lieder de Berlin
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Une seconde école de Lieder de Berlin regroupera plus tard les musiciens Johann Abraham Peter Schulz (1747-1800), élève de Kirnberger, Johann Friedrich Reichardt (1752-1814), beau-fils de Franz Benda, et Carl Friedrich Zelter (1758-1832), élève de Fasch[3],[28],[48],[49].

Contrairement aux compositeurs de la première école de Lieder de Berlin, partisans d'un style populaire (volkstümlich), ceux de la deuxième école optent pour une poésie plus élaborée, en particulier celle de Goethe[28],[45].

Théorie musicale

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Enfin, l'école de Berlin est riche en théoriciens de la musique : Carl Philipp Emanuel Bach, Nichelmann, Kirnberger, Agricola et Marpurg, tous élèves directs ou indirects de Johann Sebastian Bach[23],[2],[50].

Enregistrements

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Pour illustrer l'école préclassique de Berlin, on retiendra les enregistrements suivants :

Concertos et sonates

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Viole de gambe

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Musique religieuse

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  • Osterkantate Wq 244 de Carl Philipp Emanuel Bach, par la Rheinische Kantorei et Das Kleine Konzert, dir. Hermann Max
  • Te Deum de Carl Heinrich Graun, par L'Arpa Festante et les Basler Madrigalisten, dir. Fritz Näf
  • Große Passion de Carl Heinrich Graun, par la Rheinische Kantorei et Das Kleine Konzert, dir. Hermann Max
  • Christmas Oratorio de Carl Heinrich Graun, par la Rheinische Kantorei et Das Kleine Konzert, dir. Hermann Max
  • Osteroratorium de Carl Heinrich Graun, par la Kölner Akademie, dir. Michael Alexander Willens

Bibliographie

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Notes et références

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  1. a et b Michael Schneider (2005), notice du CD Georg Anton Benda - Harpsichord Concertos, La Stagione Frankfurt dir. Michael Schneider, cpo 777 088-2.
  2. a b c d e et f Encyclopédie Larousse : école de Berlin
  3. a b et c (en) Don Michael Randel, The Harvard Concise Dictionary of Music and Musicians, Harvard University Press, 1999, p. 67.
  4. a b c d e f g h i j et k (en) Kyle J. Dzapo, Notes for Flutists: A Guide to the Repertoire, Oxford University Press, 2016, p. 28-31.
  5. a b et c (en) Michael O'Loghlin, Frederick the Great and his Musicians: The Viola da Gamba Music of the Berlin School, Ashgate Publishing, 2008, p. 1.
  6. a b c d e f g h i j k l et m Christoph Huntgeburth (septembre 2008), notice du CD Friedrich II - Die Flötenkonzerte, Ensemble Sans Souci Berlin dir. Christoph Huntgeburth, Studios Berlin SC 100 326.
  7. a b c d e f g et h Gerhard Bauer (2009), notice du CD Friedrich II - Die Sinfonien, Ensemble Sans Souci Berlin dir. Christoph Huntgeburth, Studios Berlin SC 100 329.
  8. a b c et d Günter Birkner et Félix Raugel, op. cit., p. 314
  9. a et b François Lazarevitch, « Les Flûtistes du Roi de Prusse », Les Musiciens de Saint-Julien,
  10. a b c d e f et g Günter Birkner et Félix Raugel, La Musique - Les Hommes, les instruments, les œuvres - Chapitre II : La musique dans les pays germaniques, Librairie Larousse, 1965, p. 307-308
  11. a b c d e f g h i j et k Jane Achtman (2008), notice du CD Feuer und Bravour, ensemble Musicke & Mirth, Ramée RAM 0803.
  12. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r (en) Mary Oleskiewics, Music at German Courts, 1715-1760: Changing Artistic Priorities - The Court of Brandenburg-Prussia, The Boydell Press, 2015, p. 82-107.
  13. a b et c Peter Thalheimer (2012), notice du CD Johann Joachim Quantz - Flute Concertos, Les Buffardins, dir. Frank Theuns, Accent ACC 24258.
  14. a b c d e f g et h (en) Tim Blanning, Frederick the Great: King of Prussia, Random House, 2016.
  15. a et b (en) Bertil van Boer, Historical Dictionary of Music of the Classical Period, Scarecrow Press, 2012, p. 241 et 292.
  16. a b et c (en) Michael O'Loghlin, op. cit., p. 146.
  17. a b c d et e Marc Vignal, « Prusse et flûte », Musikzen,
  18. a b c d e et f (en) Ingelborg Allihn (1992), notice du CD Musik am Berliner Hof - Music at the Berlin Court, Akademie für Alte Musik Berlin, Berlin Classics, 0115132BC.
  19. RTBF Musiq'3 : La musique à la Cour de Frédéric II
  20. a et b (en) Bertil van Boer, op. cit., p. 70-71
  21. a et b Marc Vignal, « Benda Georg - (1722-1795) », Encyclopædia Universalis
  22. a b et c Bernhard Blattmann (2000), notice du CD Johann Gottlieb Janitsch - Berliner Quartette, Il Gardellino, Accent ACC 24262.
  23. a b c d et e Thomas Christensen, Nichelmann contra C.Ph.E. Bach - Harmonic Theory and Musical Politics at the Court of Frederick the Great, compilé par David Schulenberg dans The Late-Eighteenth-Century Composers - C.P.E. Bach, Ashgate Publishing, 2015, p. 413-415.
  24. a b et c (en) Peter Wollny (1988), notice du CD Die Auferstehung und Himmelfahrt Jesu Wq 240 - Osterkantate Wq 244 de Carl Philipp Emanuel Bach, Rheinische Kantorei et Das Kleine Konzert, Capriccio, 10 206/207.
  25. (en) Bertil van Boer, op. cit., p. 50
  26. a b c d e f et g Gilles Cantagrel, Guide de la mélodie et du lied - Carl Philipp Emanuel Bach, Arthème Fayard, 1994.
  27. a et b Duncan Clark, Classical Music: The Rough Guide, Penguin Group - The Rough Guides, 2001, p. 13.
  28. a b c d et e Nathalie Coronvaux, « Le lied germanique [II] », Pointculture.be,
  29. Édouard Bailly, « Christoph Schaffrath Musik « Unter Den Linden » », ResMusica,
  30. (en) Bertil van Boer, op. cit.
  31. a b et c Marc Vignal, « Quantz Johann Joachim - (1697-1773) », Encyclopædia Universalis
  32. (en) Bertil van Boer, op. cit., p. 240
  33. Marc Vignal, « Graun Carl Heinrich », Encyclopædia Universalis
  34. (en) Bertil van Boer, op. cit., p. 25
  35. (en) Bertil van Boer, op. cit., p. 188
  36. Chœur du Hainaut
  37. David Alon, « Le XVIIIème siècle tchèque ou le provincialisme relatif », Radio Praha,
  38. Présidence tchèque de l'Union Européenne - eu2009.cz
  39. Geo.fr
  40. (en) Bertil van Boer, op. cit., p. 69
  41. a et b Bernhard Blattmann (2005), notice du CD Franz et Georg Anton Benda - Concerti, Il Gardellino, Accent ACC 24215.
  42. (en) Bertil van Boer, op. cit., p. 71-72
  43. a et b Jean-Marc Warszawski, « Quantz Johann Joachim 1697 - 1773 », Musicologie.org, 1995-2002
  44. a b c d e et f Ulrich Leisinger (1992), notice du CD Geistliche und Weltliche Lieder - Carl Philipp Emanuel Bach - Johann Christoph Bach, Gotthold Schwarz et Sabine Bauer, Capriccio, 10 856.
  45. a b et c (en) Don Michael Randel, The Harvard Dictionary of Music, Belknap Press of Harvard University Press, 2003, p. 463.
  46. (en) Bertil van Boer, op. cit., p. 75
  47. a b et c (en) Richard Stokes, The Book of Lieder, Faber and Faber, 2005.
  48. (en) John Michael Cooper et Randy Kinnett, Historical Dictionary of Romantic Music, Scarecrow Press, 2013, p. 553.
  49. (en) Richard Taruskin, « The lied grows up », Oxford History of Western Music
  50. (en) Michael Marissen, Bach Perspectives, Volume 3, éditeur Michael Marissen, p. 23.

Articles connexes

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Liens externes

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