Aller au contenu

Adélaïde d'Anjou

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Adélaïde d'Anjou
Illustration.
Représentation imaginaire par François Delpech, début XIXe siècle.
Fonctions
Comtesse de Toulouse
v. 975 – v. 978
Comtesse de Provence
v. 982 –
Biographie
Date de naissance v. 947/950
Date de décès
Sépulture Abbaye de Montmajour
Père Foulque II d'Anjou
Mère Gerberge
Conjoint Étienne de Gévaudan
Raymond (V) de Toulouse
Louis V de France
Guillaume Ier de Provence
Enfants Avec Étienne de Gévaudan
Pons de Gévaudan
Étienne de Gévaudan
Avec Raymond (V) de Toulouse
Guillaume III de Toulouse
Avec Guillaume Ier de Provence
Guillaume II de Provence
Constance d'Arles

Adélaïde d'Anjou[1], surnommée Blanche, née vers 947/950 et morte en 1026, est une dame de la très haute aristocratie de Francie occidentale.

Elle est la fille d'un des puissants comtes d'Anjou, qui a joué un rôle politique de premier plan au tournant des Xe et XIe siècles en Aquitaine, en Provence et dans ce qui plus tard allait devenir le Languedoc, par ses mariages, ses alliances et sa politique matrimoniale.

Elle est la fille de Foulque II le Bon, comte d'Anjou, et de son épouse Gerberge, ainsi que la sœur du comte Geoffroy Grisegonelle.

Ses premières unions

[modifier | modifier le code]

Lorsqu'elle épouse en 982 le jeune Louis V (le futur roi des Francs) à Vieille-Brioude, elle est déjà deux fois veuve du seigneur Étienne de Gévaudan (mort vers 970) dont elle a eu des enfants, et du comte Raymond de Toulouse (mort en 978). La trop grande différence d’âge et les débauches du jeune époux vont être la cause de son divorce en 984[2]. D’après Raoul Glaber, les manœuvres d'Adélaïde, déçue des capacités de Louis, pour l’abandonner et s'enfuir chez les siens[3] « en Provence, fit dissoudre son mariage (en 983) avec le futur roi de France »[4].

Mariage avec le comte de Provence

[modifier | modifier le code]
Guillaume Ier de Provence, gravure de 1655.

Elle se rend ensuite à Arles et se remarie en 984 avec le comte de Provence, Guillaume dit le Libérateur[4]. Leur fille, Constance d'Arles (986-1032), sera reine de France par son mariage avec Robert II en 1003. Le couple aurait eu une seconde fille, Ermengarde d'Arles[5], qui épouse par la suite Robert Ier d'Auvergne.

Adélaïde avec ses fils, Pons et Etienne de Gévaudan soutiennent son frère Guy d'Anjou dans ses actions lors des plaids comme à laprade ou par exemple lors de la fondation de Saint Pierre le monastier en 993 au Puy en Velay[6], ce qui montre une certaine implication dans les affaires familiales

C'est par Adélaïde que les deux prénoms dynastiques de la famille comtale d'Anjou, Foulques et Geoffroi, passent dans le stock anthroponymique de la famille comtale provençale, étant portés par deux de ses petits-fils, les comtes Foulques (plus tard surnommé Bertrand) et Geoffroi Ier. Si le nom de Foulques disparaît rapidement, celui de Geoffroi se perpétue chez les comtes de Provence. Florian Mazel y voit la « perpétuation ... du souvenir de l'alliance angevine, certainement perçue comme la plus prestigieuse de celles que les comtes nouent au tournant de l'an mil »[7].

Régence du comté de Provence

[modifier | modifier le code]

À la mort de Guillaume en 993, elle assure une longue régence qui fournit à la nouvelle noblesse l'occasion de se soulever à plusieurs reprises contre la dynastie comtale. Il y a un premier soulèvement en 1008, celui des fils de Nivelon de Signes, vicomte de Guillaume, puis en 1009, c'est le tour d'Audibert et Rainaud de Châteaurenard. Cette nouvelle génération nobiliaire conteste avec violence les donations religieuses faites par le Marquis et les membres de son entourage[8]. Elle doit également intervenir après la mort du nouveau comte Guillaume II tué au siège du château de Fos en 1018. La situation devient en effet plus critique quand la famille des Fos se soulève dans une rébellion qui entraîne la mort de comte et qui oblige Adélaïde à solliciter une aide externe, notamment celle de son fils issu d'un mariage précédent, Guillaume III Taillefer, comte de Toulouse[9].

Un cinquième mariage ?

[modifier | modifier le code]

L'hypothèse d'une cinquième union d'Adélaïde d'Anjou, veuve du comte de Provence, avec Othon Guillaume, comte de Bourgogne et de Mâcon, a été proposée en 1907 par René Poupardin[10] et reprise par d'autres historiens à sa suite. Cette hypothèse repose uniquement sur trois chartes[11] attestant simplement l'existence d'une seconde épouse d'Othon Guillaume du nom d'Adélaïde et une bulle du pape Benoît VIII adressée, entre autres, aux dirigeants séculiers de Bourgogne et de Provence, parmi lesquels Othon Guillaume et Adélaïde, sans faire mention d'une union entre eux. Cette hypothèse, qui ne repose sur aucune preuve décisive, est donc à considérer avec prudence[12].

Mort et sépulture

[modifier | modifier le code]

Elle meurt en 1026, comme le note dans ses cahiers un moine de l'abbaye de Saint-André, près d'Avignon[13]. Cette dernière circonstance pourrait peut-être indiquer que la comtesse est morte dans cette dernière ville[13].

Adélaïde d'Anjou est inhumée à Montmajour[14], une abbaye proche d'Arles considérée à l'époque comme la nécropole de la famille comtale de Provence.

Liste de ses enfants connus

[modifier | modifier le code]

Dans la fiction

[modifier | modifier le code]
Scène de Blanche d'Aquitaine, ou Le dernier des Carolingiens, 1827.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
sur Adélaïde d'Anjou
  • Michel Bur, « À propos du nom d'Étienne: le mariage aquitain de Louis V et la dévolution des comtés champenois », Annales du Midi, vol. 102,‎ , p. 319-327 (ISSN 0003-4398, lire en ligne).
  • Martin de Framond, « La succession des comtes de Toulouse autour de l'an mil (940-1030) : reconsidérations », Annales du Midi, vol. 105,‎ , p. 461-488 (ISSN 0003-4398, lire en ligne).
  • Sylvie Joye et Emmanuelle Santinelli-Foltz, « Le couple : une définition difficile, des réalités multiples », Médiévales, vol. 65,‎ , p. 5-18 (ISSN 0751-2708, DOI 10.4000/medievales.7073, lire en ligne).
    Analyse du récit du mariage raté de Louis V de France et d'Adélaïde d'Anjou par Richer de Reims.
  • Ferdinand Lot, Les derniers Carolingiens : Lothaire, Louis V, Charles de Lorraine (954-991), Paris, Librairie Émile Bouillon, coll. « Bibliothèque de l'École des hautes études. Sciences philologiques et historiques » (no 87), (lire en ligne).
  • Christian Lauranson-Rosaz, « Autour de la prise du pouvoir par Hugues Capet : les manœuvres angevines au service des premiers Capétiens dans le Midi (956-1020) », dans Xavier Barral i Altet (dir.) et al., La Catalogne et la France méridionale autour de l'an mil / Catalunya i França méridional a l'entorn de l'any mil, Barcelone, Generalitat de Catalunya, Departament de Cultura, (ISBN 84-393-1690-9), p. 102-110.
  • Eliana Magnani Soares-Christen, « Les femmes et l’exercice du pouvoir comtal dans le Midi. Autour d’Adélaïde Blanche d’Anjou, comtesse de Provence († 1026) », dans Armel Nayt-Dubois et Emmanuelle Santinelli-Foltz, éd., Femmes de pouvoir, pouvoir des femmes dans l’Occident médiéval et moderne, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, (ISBN 978-2-905725-99-8), p. 273-289 [résumé].
  • Marius Bamelle, « Les comtes du Gévaudan et de Brioude : le mariage de Louis V, dernier roi carolingien, et d'Adélaîde de Gévaudan, à Vieil-Brioude en 979 », Almanach de Brioude, Brioude,‎
Adélaïde d'Anjou dans la fiction
  • Marie-Bernadette Bruguière, « La source oubliée d'un opéra de Donizetti : de Blanche d'Aquitaine à Ugo, conte di Parigi », Mémoires de l'Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, 16e série, vol. 151, t. 10,‎ , p. 209-234 (lire en ligne).
  • Marie-Bernadette Bruguière, « Ugo, conte di Parigi de Donizetti : un opéra légitimiste ? », dans État. Révolutions. Idéologies : Actes du colloque de l'Association française des historiens des idées politiques, 1988, , p. 95-111.
  • Marie-Bernadette Bruguière, « Blanche d'Aquitaine et Ugo conte di Parigi : d'un drame politique orléaniste à une tragédie passionnelle légitimiste ? », dans Marie-Bernadette Bruguière, Opéra, politique et droit : Mélanges Marie-Bernadette Bruguière, Toulouse, Presses de l'Université Toulouse 1 Capitole, coll. « Etudes d’histoire du droit et des idées politiques » (no 18), (ISBN 978-2-36170-046-1, lire en ligne), p. 407-434. Autre version en ligne.
  • Barbara T. Cooper, « Le régicide au théâtre sous la Restauration : l'exemple de Blanche d'Aquitaine d'Hippolyte Bis (1827) », dans Paul Mironneau et Gérard Lahouati, éd., Figures de l'histoire de France dans le théâtre au tournant des Lumières, 1760-1830, Oxford, Voltaire Foundation, coll. « Studies on Voltaire and the eighteenth century », (ISBN 978-0-7294-0909-4), p. 223-245.
Contexte général
  • Georges de Manteyer, La Provence du premier au douzième siècle : Études d'histoire et de géographie politique, Paris, Picard, coll. « Mémoires et documents publiés par la Société de l'École des Chartes » (no VIII), (lire en ligne).
  • Florian Mazel, « Noms propres, dévolution du nom et dévolution du pouvoir dans l'aristocratie provençale (milieu Xe - fin XIIe siècle) », Provence historique, vol. 53, no 212,‎ , p. 131-174 (lire en ligne).
Sources historiques
  • Richer, Historiarum libri quatuor, Académie impériale de Reims, Reims, 1855.
  • Raoul Glaber, Chronique, Collection des mémoires de France par M. Guizot, Paris, 1824.

Liens externes

[modifier | modifier le code]
  • (en) Charles Cawley, « Anjou », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2016.
  • (en) Stewart Baldwin, « Adelaide d'Anjou » [archive du ], sur The Henry Project, .

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Appelée Adélaïde du Gévaudan dans Revue du Gévaudan, des causses et des Cévennes, tome n°9, 1963, p. 105 à 111.
  2. RicherHistoriarum libri quatuor – Académie impériale de Reims – Reims,1855 p.339 (Liv. III) ici :

    « […] Ils ne connurent presque pas non plus l’amour conjugal ; car, Louis entrant à peine dans la puberté, tandis qu’Adélaïde était déjà vieille, il y avait entre eux incompatibilité d’humeur et désaccord. Point de chambre commune, ils n’en pouvaient souffrir ; s’arrêtaient-ils quelque part, ils prenaient chacun une hôtellerie séparée ; devaient-ils avoir un entretien, c’était en plein air ; pas de longues conversations d’ailleurs, quelques mots suffisaient. Ils vécurent ainsi pendant deux ans, tellement opposés de caractère, qu’il s’ensuivit un divorce. (XCV) Louis, qui n’avait point de gouverneur, se livrait en jeune homme à toutes sortes de frivolités. »

  3. Chronique de Raoul GlaberCollection des mémoires de France par M. Guizot – Paris, 1824 - L. Ier, ch. III, §180,181 ici

    « Quand ce jeune prince fut parvenu à l'adolescence, Lothaire l'établit roi et le désigna pour son successeur; il lui choisit aussi pour épouse une princesse d'Aquitaine, qui s'aperçut bientôt que le jeune homme n'hériterait pas des talens de son père. Dès lors elle résolut de se séparer de son époux; et comme elle était douée d'une grande finesse, elle lui fit entendre adroitement qu'ils feraient bien de revenir ensemble dans la province qu'elle avait quittée, supposant que ses droits héréditaires lui en assuraient la possession. Louis, sans soupçonner l'artifice, céda aux conseils de sa femme, et partit avec elle. Quand ils furent en Aquitaine, elle laissa son époux pour rejoindre les siens. »

  4. a et b « Reine Adélaïde d'Anjou ou Alix la Blanche, carolingienne. Naissance, mort, mariage, règne. (...) », sur france-pittoresque.com, La France pittoresque, (consulté le ).
  5. Ermengarde est parfois considérée comme la fille d'Adélaïde et d'Étienne de Gévaudan.
  6. Cartulaire de l'abbaye de Saint-Chaffre du Monastier, ordre de Saint-Benoît ; suivi de La Chronique de Saint-Pierre du Puy ; et d'un Appendice de chartes ... / publiés par le chanoine Ulysse Chevalier,..., (lire en ligne)
  7. Mazel 2003, p. 144.
  8. Aurell, Boyer et Coulet 2005, p. 22.
  9. Aurell, Boyer et Coulet 2005, p. 23.
  10. René Poupardin, Le Royaume de Bourgogne, 888-1038 : étude sur les origines du royaume d'Arles. Paris: Bibliothèque de l'École des hautes études, IVe section, Sciences historiques et philologiques ; fasc. 163, p. 418, note 6.
  11. Auguste Bernard et Alexandre Bruel, éditeurs. Recueil des chartes de l'abbaye de Cluny, Paris : Imprimerie nationale, t. 3, charte no 2694; C. Ragut, éditeur. Cartulaire de Saint-Vincent de Mâcon connu sous le nom de livre enchaîné. Mâcon, 1864, chartes no 471 et 490.
  12. Stasser 1997, p. 25.
  13. a et b Stasser 1997, p. 24.
  14. Stasser 1997, p. 24.
  15. Stasser 1997, p. 34-35, Framond 1993, p. 473-474.
  16. (en) Charles Cawley, « Provence », sur Medieval Lands, Foundation for Medieval Genealogy, 2006-2016 :

    « According to Europäische Stammtafeln, he was the son of Comte Guillaume by his first wife but the primary source on which this is based has not been identified. It is possible that it is speculative in light of his marriage date, which suggests that he was born earlier than the date of his father's second marriage. GUILLAUME [III] Comte de Provence 992, minor until 994. »

  17. Hippolyte Bis, Blanche d'Aquitaine ou Le dernier des Carlovingiens, tragédie en cinq actes, Paris, L. Tenré, 1827 [lire en ligne sur Gallica] [lire en ligne sur Google Livres].
  18. Blanche d'Aquitaine, notice de la base documentaire La Grange, sur le site de la Comédie-Française (page consultée les 13 novembre 2017 et 28 septembre 2018) Lien alternatif.
  19. (it) Luigi V. re di Francia. Opera seria in 3 atti, Milan, Luigi Brambilla, [1843] [lire en ligne].