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Baïssangour de Benoï

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Baïssangour de Benoï
Surnom Tash Adam
(en français : L'Homme de pierre)
Naissance
Benoï (en) (Dourdzouk'ethi (en))
Décès (à 67 ans)
Khassaviourt (Russie)
Origine Tchétchène (en tchétchène : Нохчи)
Allégeance Imamat de Tchétchénie (1817-1828)
Imamat du Caucase (1828-1859)
Imamat de Tchétchénie (1859-1861)
Grade Général
Années de service 18171861
Conflits Guerre du Caucase
Faits d'armes Bataille d'Itchkérie (en)
Bataille de Dargo
Autres fonctions Imam de Tchétchénie (1859-1861)

Baïssangour de Benoï (en tchétchène : Бенойн БойсгӀар ; en russe : Байсангур Беноевский), né en 1794 à Benoï (en) (Dourdzouk'ethi (en)) et mort le à Khassaviourt (Russie), est un militaire, résistant et homme d'État tchétchène.

Il joue un rôle clé dans la guerre du Caucase en tant qu'adjoint (naïb) de l'imam Chamil, puis comme imam de la Tchétchénie après sa reddition (en). À ce titre, il est l'un des organisateurs du soulèvement tchétchène de 1860-1861 (ru) au cours duquel il est capturé par l'envahisseur russe.

De nationalité tchétchène, il est issu du clan (taïp) Benoï (ru) de la confédération (toukkhoum) Nokhchmakhkakhoï (ru), dont sont également issus d'autres chefs militaires tchétchènes, comme Soultan-Mourad Benoïevski (ru), Dalkhan Khodjaïev, Ramzan Tsakaïev et d'autres.

Selon l'historien Dalkhan Khodjaïev, il est né en 1794 dans le village fortifié (aoul) de Benoï (en) au sein de la famille du paysan Barchka'i du genre Edi Nek'e[1],[2],[3],[4]. On dispose de peu d'informations sur sa vie avant les années 1830, mais on sait qu'il participe au soulèvement mené par Beïboulat Taïmiev (en) en 1825-1826[2],[5].

En 1828, lorsque Gazi-Mouhammad est proclamé imam du Daghestan, il rejoint son mouvement[2]. Benoï devient alors un des fiefs de Gazi-Mouhammad en Tchétchénie[1]. La journaliste russe Maria Tchitchagova (ru) écrit à ce sujet en 1889 : « Les habitants de ce village, entouré d'une jungle forestière, ont toujours été rebelles et n'ont pas caché leur haine envers les Russes. Ils accordèrent volontiers l'hospitalité à Chamil »[6].

Selon l'historien Boulatch Gadjiev (ru), il adhère en 1834 au mouvement de libération nationale des montagnards du Daghestan et de Tchétchénie et, en 1839, sa famille accueille les défenseurs d'Akhoulgo (en), à savoir Chamil et ses mourides[5].

Naïb de l'imam Chamil

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En 1845, lors de la bataille de Dargo, Baïssangour perd son bras gauche, et en 1847, il perd son œil gauche. Cette même année, lors de la défense de Guerguebil (en), sa jambe gauche est arrachée par un éclat de canon[7]. À la suite de cette grave blessure, il est capturé par les troupes tsaristes avant d'être délivré de ces dernières par les mourides de Chamil qui prennent d'assaut le convoi qui l'emmenait vers la forteresse russe de Grozny. Selon les légendes populaires, il était attaché à un cheval pour pouvoir rester en selle.

Le , après le siège de la forteresse de Gounib (en), l'imam Chamil décide de se rendre. Baïssangour s'oppose à cette décision qu'il juge déshonorante et tente de le persuader de la possibilité de rompre l'encerclement russe pour poursuivre la résistance en Tchétchénie, mais rien n'y fait. Alors que Chamil s'avance vers les troupes russes, Baïssangour pointe son pistolet vers lui et crie son nom populaire (Chemal) à trois reprises sans qu'il ne se retourne. Lorsque le général russe chargé de recevoir sa reddition lui demande pourquoi il ne s'est pas retourné à l'appel de son compagnon d'arme, il répond : « Si je m'étais retourné, il m'aurait tué ». Le général russe lui demande alors : « Pourquoi [...] ne t'a-t-il pas tué tout simplement ? », ce à quoi il répond : « Les Tchétchènes ne tirent pas dans le dos »[8]. Après cet évènement, Baïssangour et trois-cents assiégés parviennent à se frayer un chemin au travers des lignes ennemies et retournent à Benoï (en).

Imam de Tchétchénie

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Le , avec les anciens naïbs de Chamil, Ouma Douïev (en) et Atabi Ataïev (ru), il lance un nouveau soulèvement en Tchétchénie (ru). En de la même année, ses hommes défont le général de division musulman ossète russe Moussa Koundoukhov (ru) au combat près de la ville de Pkhatchou. De leur côté, les hommes d'Ataïev paralysent les envois de renforts du commandant russe Nikolaï Ievdokimov (ru), tandis que ceux de Douïev libèrent les villages des gorges d'Argoun (ru) du contrôle russe. À cette époque, l'effectif total des insurgés atteint 1 500 hommes. En , ils se battent contre 800 cosaques, 9 bataillons d'infanterie et 4 compagnies de fusiliers.

Capture et mort

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Alarmée par le soulèvement de Baïssangour (ru), l'armée russe décide d'agir immédiatement. Avec l'aide de Moussa Koundoukhov (ru), Nikolaï Golovatchev (en) et Artsou Tchermoïev (ru), l'armée russe commence à se rassembler autour du village de Belgatoï (en) grâce aux informations de renseignement antérieures sur l'emplacement de Baïssangour. Koundoukhov utilise la force brute et une brutalité extrême pour écraser tous les villages tchétchènes restants, détruisant 15 villages fortifiés (aoulov) au total. Perdant leur cachette, Baïssangour et ses hommes retournent à Benoï (en) et tentent d'y poursuivre la résistance, mais celle-ci est finalement écrasée et ils sont capturés le [9].

Baïssangour est incarcéré à la prison de Khassaviourt et traduit devant une cour martiale présidée par le général de division Pavel Kemfert (ru), qui le condamne à mort.

Le , il est emmené sur la place du village pour y être exécuté par pendaison avec courte chute. Alors qu'un bourreau volontaire est choisi au sein de la foule pour enlever le tabouret sous ses pieds contre de l'argent, Baïssangour décide de le pousser lui-même afin que sa mort ne serve pas de prétexte à une inimitié entre Tchétchènes et Daghestanais comme l'avaient espéré les Russes[3],[10].

Mémoire et image dans la culture populaire

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Références

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  1. a et b (ru) Chakhroudine Gapourov (ru), Charpoudine Akhmadov (ru), Moussa Bagaïev (ru) et Aslanbek Khasboulatov (ru), История Чечни с древнейших времен до наших дней, t. I : История Чечни с древнейших времен до конца XIX века, Grozny, ГУП «Книжное издательство»,‎ , 828 p. (ISBN 978-5-98896-103-1), p. 685-695
  2. a b et c (ru) Khizir Ramazanov, Эпоха Шамиля [« L'ère de Chamil »], Исламская тип. "Ихлас",‎ , 343 p., p. 77
  3. a et b (ru) Dalkhan Khodjaïev, Чеченцы в Русско-Кавказской войне [« Les Tchétchènes dans la guerre russo-caucasienne »], Grozny, Seda,‎ , 397 p. (ISBN 5-85973-012-8, lire en ligne)
  4. (ru) Ioussoup Dadaïev (ru), Наибы и мудиры Шамиля [« Naïbs et moudirs de Chamil »], Makhatchkala, ДИНЭМ,‎ , 621 p. (ISBN 978-5-91446-011-9)
  5. a et b (ru) Boulatch Gadjiev, Шамиль : от Гимр до Медины, Makhatchkala, Maison d'édition de livres du Daghestan,‎ , 175 p. (ISBN 5-297-00992-8), p. 70
  6. (ru) Maria Tchitchigova, Шамиль на Кавказе и в России : биографический очерк, Moscou, Тонар,‎ , 186 p. (ISBN 5-900450-03-1), p. 59
  7. Maïrbek Vatchagaev et Aude Merlin, L'aigle et le loup : la Tchétchénie dans la guerre du Caucase au XIXe siècle, Paris, Buchet-Chastel, , 264 p. (ISBN 978-2-283-02077-7), p. 250
  8. Mariel Tsaroïeva, Peuples et religions du Caucase du Nord, Paris, Éditions Karthala, , 390 p. (ISBN 978-2-8111-0489-4, lire en ligne), p. 212-213
  9. отв. ред. М. С. Тотоев]; Чечено-ингушский научно-исследовательский ин-т истории; языка и литературы при Совете министров Чечено-ингушской АССР, eds. (1967). "Очерки истории Чечено-Ингушской АССР: с древнейших времен до наших дней: в 2-х томах". 1.: С древнейших времен до марта 1917 года. Vol. 4000. Грозный: Чечено-Ингушское книжное изд-во. p. 126–127.
  10. (ru) Alla Doudaïeva (en), Миллион первый [« Le premier million »], Moscou, Ultra.Kultura (en), coll. « Жизнь запрещенных людей »,‎ , 555 p. (ISBN 9785980420130, OCLC 492529861), p. 73 :

    « Когда стоЯЛ под виселицей, сам, единственной ногой выбил из-под себя табурет, чтобы кровная месть не пала на род дагестанца , который за большие деньги согласился на этот позорный шаг. »