Guillaume X d'Aquitaine
Guillaume X d'Aquitaine | |
Guillaume d'Aquitaine au sein du tableau Saint-Bernard et le duc d'Aquitaine réalisé par Marten Pepijn vers 1643. Musée des Beaux-Arts de Valenciennes. | |
Titre | |
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Duc d'Aquitaine | |
– (11 ans) |
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Prédécesseur | Guillaume IX) |
Successeur | Aliénor |
Comte de Poitiers (Guillaume VIII) | |
– (11 ans) |
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Prédécesseur | Guillaume VII |
Successeur | Aliénor |
Biographie | |
Dynastie | Ramnulfides (Maison de Poitiers-Aquitaine) |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Toulouse |
Date de décès | |
Lieu de décès | Saint-Jacques-de-Compostelle, Espagne |
Père | Guillaume IX d'Aquitaine |
Mère | Philippa de Toulouse |
Conjoint | Aénor de Châtellerault |
Enfants | Aliénor d’Aquitaine Pétronille d’Aquitaine Guillaume Aigret d'Aquitaine |
Ducs d’Aquitaine Comtes de Poitiers |
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Guillaume X d'Aquitaine, ou Guillaume VIII de Poitou[1], dit le Toulousain ou le Saint, né en 1099 à Toulouse et mort le à Saint-Jacques-de-Compostelle, en Espagne, est le dernier des comtes de Poitiers de la dynastie des Ramnulfides. Il est duc d'Aquitaine et comte de Poitiers de 1126 à 1137. Il est le père d'Aliénor d'Aquitaine.
Biographie
[modifier | modifier le code]Il est le fils de Guillaume IX d'Aquitaine, dit le Troubadour, auquel il succède, et de Philippa, fille du comte de Toulouse Guillaume IV.
Guillaume est longtemps brouillé avec son père en raison de la conduite scandaleuse de ce dernier et de sa liaison affichée avec Dangereuse de Châtellerault. Il se réconcilie avec lui en 1120, et surtout à l'occasion de son propre mariage en 1121 avec la fille de Dangereuse, Aénor de Châtellerault[2]. Mais ces rumeurs de brouille entre le père et le fils, basées sur les écrits de Raoul de Diceto, sont réfutées par Alfred Richard[3].
Le père d'Aliénor n'a pas le génie, la stature ni la démesure du prince-troubadour[4], mais, s'il n'est pas fin stratège, il a néanmoins le goût des armes. Parfait chevalier il fait preuve de magnanimité et gère ses états avec bonté. Son manque de fermeté est toutefois perçu comme de la faiblesse et son autorité sera parfois contestée par ses turbulents vassaux[3].
Son père lui avait laissé une situation compliquée du côté de l'Auvergne. En 1126, un conflit s'élève entre le comte d'Auvergne, vassal du duc d'Aquitaine, et l'évêque de Clermont. Le roi de France, soutenant l'évêque, essaie de résoudre ce conflit et pénètre les états du duc, brûlant au passage Montferrand. Guillaume doit intervenir, et cherche à faire reconnaître ses droits de suzerain, que le roi avait ouvertement violés. Le duc négocie habilement. Il arrête les hostilités et porte le débat sur le terrain juridique, donnant à ce conflit une issue heureuse. Le roi l'admet à lui prêter serment de fidélité, ce dont Guillaume ne s'était pas encore acquitté[5].
En 1127, Guillaume de Lezay, en vassal félon, capture plusieurs barons poitevins, dont Hugues VII de Lusignan, à la suite d'une visite du duc, et exige de celui-ci une rançon exorbitante[5]. Plus tard, au cours de son principat, Guillaume doit faire face à une alliance des Lusignan et des Partenay contre lui[6]. En paix sur sa frontière nord, il doit par contre mener la guerre au sud pour contenir son vassal d’Aunis, Isembert IV de Châtelaillon, entre 1130 et 1131[6].
Comme son père, bien que moins provocateur, Guillaume aura souvent maille à partir avec les autorités ecclésiastiques et se montre parfois emporté[7]. Mal inspiré, il est considéré comme trop influençable[6]. Il soutient avec le légat Girard d’Angoulême l’antipape Anaclet II, pendant cinq ans, à partir de 1130, ce qui lui vaut l'excommunication et même l'interdit jeté sur ses terres[7]. Jusqu’à une entrevue avec Bernard de Clairvaux au château de Parthenay, en 1135[8], où il tombe dit-on « comme frappé par la justice céleste, aux pieds du saint moine, face contre terre, bavant et gémissant ». Le duc fait peut-être à ce moment vœu de pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, pour obtenir le pardon de ses offenses envers Dieu et l'Église[9]. Guillaume se réconcilie avec le pape Innocent II en 1136[10].
En septembre de la même année, il part en campagne en Normandie avec le comte d'Anjou, Geoffroy V, dont il est l'allié depuis 1130[6]. Le but de cette campagne est de défendre les droits de l'épouse du comte d'Anjou, Mathilde l'Emperesse, contre l'usurpateur Étienne de Blois[11]. Mais cette campagne tourne court, l'armée étant atteinte par la dysenterie. De retour en Aquitaine Guillaume doit affronter le comte d'Angoulême, chef d'une ligue de barons rebelles[12].
Vers 1136 également, Guillaume entreprend des démarches en vue de contracter un second mariage, conscient des dangers qui pèseraient sur son duché s'il venait à mourir sans héritier mâle. Mais ses projets n'aboutissent pas[13].
Au début de l'année 1137 il part en pèlerinage à Saint Jacques-de-Compostelle et confie ses filles à l'archevêque de Bordeaux, Geoffroi du Lauroux[14]. Quelques chroniqueurs suggèrent que Guillaume veut aller demander en Galice l'aide de saint Jacques dans un conflit qui l'oppose à Guillaume Taillefer, et à plusieurs autres vassaux aquitains rebelles, qu'il entend mater. Mais en cours de route le duc tombe soudainement malade, probablement d'une intoxication alimentaire. Il meurt à trente-huit ans[9], le , un Vendredi saint[15], peu avant d'atteindre Saint-Jacques-de-Compostelle. Peut-être, comme le rapporte Ordéric Vital, a-t-il également entrepris ce pèlerinage afin d'expier les actes barbares auxquels il a dû prendre part lors de l'expédition de Normandie[16]. Il est enterré dans la cathédrale, au pied de l'autel du saint[9].
Guillaume prie dans ses dernières volontés son ami le roi de France, Louis VI le Gros, à qui il remet ses États[17], de bien vouloir consentir à marier son fils Louis à sa fille aînée, Aliénor[18]. Suger précise : «...mais qu'avant son départ et même en cours de route, à l'approche de la mort, il avait pris le parti de lui confier, pour qu'il la marie, sa fille, une très noble demoiselle nommée Aliénor, et de lui remettre toute sa terre pour la tenir en sa garde »[19].
Guillaume protège jongleurs et troubadours à sa cour. Parmi eux Marcabru et Cercamon lui rendent hommage après sa mort. Cercamon compose un planh (une complainte funèbre)[20]:
Du comte de Poitiers me plains, Qui fut de Prouesse compain, Quand Prix et Largesse ont pris fin, Ici bas à regret me tiens. Seigneur, d’Enfer menez le loin Car moult fut noble son trépas[21],[22].
Marcabru, quant à lui, déplore ainsi la mort du comte, montrant sa connaissance du mythe arthurien[23] :
Puisque le Poitevin me fait défaut, je suis désormais perdu comme Arthur pour les Bretons[22].
Il devient, à la fin du Moyen Âge, un personnage de légende, en partie confondu avec Guillaume de Gellone et saint Guillaume de Maleval, à l’origine de l’ordre des Guillemites[24].
Unions et descendance
[modifier | modifier le code]Il épouse en 1121[25], Aénor de Châtellerault (1103-), fille d'Aymeric Ier de Châtellerault et de Dangereuse, maîtresse de son père. De cette union, naissent trois enfants :
- Aliénor d’Aquitaine (1122 ou 1124[26]-1204) ;
- Pétronille d’Aquitaine (1125-env 1152) ;
- Guillaume Aigret (mort à 4 ans à peu près au moment du décès de sa mère Aénor ; 1126-1130)[27].
En 1136, selon Geoffroy de Vigeois, il envisage de se remarier avec Emma de Limoges, veuve de Bardon de Cognac, fille du vicomte Adémar III dit le Barbu (mort en 1139) et de Marie des Cars, mais ses démarches se soldent par un échec[14],[28].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean Flori, Aliénor d'Aquitaine, La reine insoumise, Paris, Payot, coll. « Biographie Payot », , 544 p. (ISBN 2-228-89829-5).
- Anaïs Lancelot, L'exercice du pouvoir dans le Nord du duché d'Aquitaine au XIIe siècle, les "règnes" de Guillaume X d'Aquitaine, d'Aliénor d'Aquitaine et de Louis VII ( 1126-1152 ), Paris, Complicités, , 174 p. (ISBN 978-2-35120-428-3).
- Régine Pernoud, Aliénor d'Aquitaine, Paris, Albin Michel, .
- Alfred Richard, Histoire des comtes de Poitou, 778-1204, t. 1 et 2, Paris, Alphonse Picard et fils, (lire en ligne).
- Michel Dillange, Les comtes de Poitou, Ducs d'Aquitaine (778-1204), Mougon, Gestes éditions/ histoire, , 303 p. (ISBN 2-910919-09-9).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Sa généalogie sur le site Medieval Lands.
- Pernoud 1965, p. 25.
- Richard 1903, t.1, p. 478.
- Flori 2004, p. 39.
- Richard 1903, t.2, p. 4.
- Lancelot 2022.
- Flori 2004, p. 40.
- Vita Bernardi secunda, PL 185 col. 505, dans Flori 2004, p. 41.
- Flori 2004, p. 41.
- Jean-Hervé Foulon, « l'anticléricalisme dans la prédication de Geoffroy de Loroux dit Babion, archevêque de Bordeaux(1136-1158) », Cahiers de Fanjeaux, no 38, , p.41-75 (DOI 10.3406/cafan.2003.1805, lire en ligne).
- Richard 1903, t.2, p. 49-50.
- Dillange 1995, p. 194.
- Ralph V. Turner, Aliénor d'Aquitaine, Paris, Fayard, , 485 p. (ISBN 978-2-213-66286-2), p.46
- Turner 2011, p. 46.
- Chronique de Saint-Maixent (751-1140), ed.et trad. J. Verdon, Paris, 1979, p. 195, dans Flori 2004, p. 447.
- Ordéric Vital cité par Richard 1903, t.2, p. 51.
- Richard 1903, t.2, p. 54.
- Le supposé "testament de Guillaume ": Anonyme, Ex Fragmentis Chronicorum Comitum Pictaviae, Ducum Aquitaniae, HF 12 p. 409-410. Son authenticité est contestée, voir Flori 2004, p. 42 et Dillange 1995, p. 206-207.
- Suger, Vita Ludovici Grossi Regis, Waquet, Paris, 1964p. 281. Cité dans Jean Flori, op.cit., p. 42.
- Jean-Marie-Lucien Dejeanne: Le troubadour Cercamon, Annales du Midi, revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. 17, no 65, 1905, p. 55-59. Dans Lancelot 2022.
- Jacques Chailley: Histoire musicale du Moyen Âge, ed. PUF, Paris, 1985, 344 p, p. 118.
- Gérard Lomenec'h, Aliénor d'Aquitaine et les Troubadours, Editions Sud Ouest, , P30, P33.
- Ces éléments du mythe arthurien ont pu être fournis par le conteur Bléhéri, qui fréquenta quelques années plus tôt la cour de Poitiers: Flori 2004, p. 40.
- Dillange 1995, p. 206.
- Flori 2004, p. 38.
- Jean Flori retient la date de 1124 (Flori 2004, p. 32). Un document, " Fragmentum genealogicum ducum Normanniae et Angliae regum "(XIIIe siècle) HF 18, p. 241, stipule qu'Aliénor avait treize ans en 1137.
- Flori 2004.
- Selon Richard 1903, p. 51 et Lancelot 2022 , il s'agirait d'une promesse de mariage ou de simples fiançailles, car Emma est ensuite enlevée et épousée par Guillaume VI Taillefer, fils de Vulgrin II Taillefer, en l'absence du duc d'Aquitaine, parti en pèlerinage.
Lins externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :