Décompensation
En médecine, la décompensation est la dégradation, souvent brutale, d'un organe ou d'un organisme qui était jusqu'alors maintenu en équilibre par des mécanismes de compensation qui empêchaient la survenue de ce dérèglement. Ce terme s'applique aussi bien dans un contexte physiologique que dans un contexte psychiatrique.
En médecine d'urgence
[modifier | modifier le code]Dans un contexte de crise (canicule, sécheresse, inondation grave, accident technologique, pandémie grippale, épidémie de choléra...), des personnes vulnérables sont souvent massivement victimes de décompensation[1] ; c'est en particulier le cas pour les personnes âgées, sans-domiciles fixes, réfugiés ou tous autres patients touchés par des :
- maladies chroniques respiratoires[1] ;
- maladies chroniques neurovasculaires ;
- maladies chroniques cardiovasculaires[1] ;
- maladies nécessitant une prise constante de médicaments[1].
En contexte de crise à grande échelle, ces patients peuvent affluer vers les services d'urgence qui manquent alors de moyens humains, médicamenteux ou simplement de lits d'hospitalisation et de réanimation[1].
Les pays riches ne sont pas épargnés, comme on l'a vu dans les cas de canicules (surmortalité estimée à 15 000 morts en France et 70 000 pour l'Europe en 2003) ou encore durant la pandémie de COVID, sur un plan respiratoire selon la Revue médicale suisse[2]. Dans ce cas les coups de chaleur, la déshydratation sont sources de décompensations respiratoires, neurovasculaires et cardiovasculaires[1]. L'Institut de veille sanitaire (InVS) a évalué les grands risques pour la France métropolitaine, et proposé des voies d'adaptation pour la veille sanitaire et la recherche[3] et a publié, fin 2010, une Note de position[4].
En psychiatrie
[modifier | modifier le code]Selon Jean Bergeret, la structure du psychisme est une organisation profonde et stable. Elle est établie par l'analyse psychopathologique dans une démarche clinique.
Il existe deux grands types de structures (névrotique, psychotique) et une « astructuration » (organisations limites) [5].
Cette structuration du psychisme permet une prédiction du risque de trouble psychique et de sa forme : elle détermine les modalités de réaction aux événements et situations vitales[6]. Elle détermine donc la nature des mécanismes de défense, qui seront les symptômes de la pathologie mentale.
Lorsqu'un événement déborde les capacités d'élaboration du sujet, on parle d'un événement « traumatique ». Le caractère « traumatique » vient de la nature de cet événement, combinée à l'organisation de la mémoire subjective et à la structure psychique du sujet. Si la combinaison de cet événement et de la structure du sujet entraîne un trouble psychique, on parle alors de décompensation.
La structure psychique du sujet détermine donc un potentiel de décompensation (vulnérabilité psychologique)[6].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Casalino, E., Choquet, C., Wargon, M., Curac, S., Duchateau, F. X., & Hellmann, R. (2017). Changement climatique: proposition d'une cartographie des risques pour la santé et la médecine d'urgence en France. Annales françaises de médecine d’urgence, 7(1), 22-29.
- Philippe Staeger, Pierre-Nicolas Carron, « COVID-19 et médecine ambulatoire - Urgences : patient·e·s à risque de décompensation » , sur Revue Médical Suisse, (consulté le )
- Impacts sanitaires du changement climatique en France. Quels enjeux pour l’InVS Synthèse.
- Impacts sanitaires du changement climatique : quels enjeux pour l'InVS ?.
- Jean Bergeret, La personnalité normale et pathologique : les structures mentales, le caractère, les symptômes, Paris, Dunod, , 330 p. (ISBN 2-10-003007-8)
- Psychologie pathologique : théorique et clinique, 1971
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean Bergeret, Psychologie pathologique : théorique et clinique, Paris, Elsevier Masson, , 370 p. (ISBN 978-2-294-70174-0)