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Ernest Constans

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Ernest Constans
Illustration.
Ernest Constans photographié par Eugène Pirou.
Fonctions
Député français

(13 ans, 10 mois et 14 jours)
Élection 5 mars 1876
Réélection 28 octobre 1877
4 septembre 1881
4 octobre 1885
6 octobre 1889
Circonscription Haute-Garonne
Législature Ire, IIe, IIIe, IVe et Ve (Troisième République)
Groupe politique Gauche (1876-1877)
Opportuniste (1877-1881)
Union républicaine (1881-1890)
Prédécesseur Circonscription créée
Successeur Raymond Leygues
Sénateur français

(19 ans et 8 jours)
Circonscription Haute-Garonne
Ambassadeur de France dans l'Empire ottoman

(11 ans)
Prédécesseur Paul Cambon
Successeur Maurice Bompard
Gouverneur de l'Indochine française

(5 mois)
Prédécesseur Georges Jules Piquet
Successeur Auguste Eugène Navelle
Ministre de l'Intérieur et des Cultes

(1 an, 11 mois et 10 jours)
Gouvernement De Freycinet IV
Prédécesseur Léon Bourgeois
Successeur Émile Loubet

(1 an et 7 jours)
Gouvernement Tirard II
Prédécesseur Charles Floquet
Successeur Léon Bourgeois

(4 mois et 2 jours)
Gouvernement De Freycinet I
Ferry I
Prédécesseur Charles Lepère
Successeur Pierre Waldeck-Rousseau
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Béziers
Date de décès (à 79 ans)
Lieu de décès 7e arrondissement de Paris

Jean Antoine Ernest Constans est un homme politique français né le à Béziers (Hérault) et mort le à Paris. Il repose au cimetière de Sainte-Croix (Aveyron).

Fils de Armand Constans, receveur de l'enregistrement, et de Marie Victoire Galtié, Ernest passe sa licence de droit à Toulouse en 1854[1], puis le doctorat en 1857. Le 19 février 1857, il épouse à Sainte-Croix dans l'Aveyron Magdeleine Masbou, fille d'un avocat[2].

En 1861, il exerce comme avocat à Toulouse. Son père étant décédé et ayant un petit héritage, il tente sa chance à Barcelone. D'abord associé à Cousinet, il est marchand de charbon anglais et c'est une première faillite. Il crée en 1862, sous le nom de Don Ernesto Constans y Galtié [3],[4], une entreprise de pompes locomobiles[Note 1] Ernesto Constans y compania associé en commandite avec Puig y Puig un banquier catalan. La société fait faillite et Ernest Constans rentre en France pour reprendre ses études de droit.

Ayant réussi son agrégation en 1867, Ernest Constans devient professeur de droit à la faculté de Douai et revient à Toulouse en 1870[5]. En 1874 après 16 ans d'absence, il réintègre la franc-maçonnerie et, en 1875, devient vénérable de la loge toulousaine « les Cœurs réunis » avant d'être élu député de la Haute-Garonne (circonscription de Toulouse) en 1876, siégeant dans la Gauche républicaine.

Lors de la crise du 16 mai 1877, il est l'un des signataires du manifeste des 363[6]. Réélu en octobre 1877, il est appelé comme ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Charles de Freycinet (du 17 mai 1880 au 14 novembre 1881).

En 1887, il est nommé chef de la légation française à Pékin. En tant que tel, il est l'un des signataires de la convention du 26 juin 1887 établie entre la France et la Chine pour délimiter la frontière entre la Chine et le Tonkin. Du 16 novembre 1887 à avril 1888, Constans est le premier gouverneur général de l'Indochine française, placée sous protectorat français.

Selon l'historien Charles-Robert Ageron, les conceptions d'Ernest Constans quant aux questions coloniales sont d'un « cynisme agressif », la colonisation ayant pour but principal l'enrichissement des colons[7].

Le 22 février 1889, il redevient ministre de l'Intérieur dans le gouvernement de Pierre Tirard qui cherche un républicain, homme à poigne, pour contrecarrer les entreprises du général Boulanger. Constans est en outre franc-maçon, ce qui, dans le contexte d'alors, est également une recommandation. Il se signale par sa répression du boulangisme, ordonnant la dissolution de la Ligue des patriotes (3 avril 1889). Il fait également courir la rumeur de l'arrestation imminente du général Boulanger et de son jugement en Haute Cour pour « attentat contre la sûreté de l'État », ce qui amène l'intéressé à s'enfuir en Belgique, en le discréditant auprès de l'opinion.

Constans démissionne le , entraînant la chute du gouvernement.

Il retrouve son portefeuille dans le gouvernement de Charles de Freycinet, le 17 mars 1890. Bien que violemment pris à partie par les députés boulangistes et par une partie de la presse[8],[Note 2], il reste en fonctions jusqu'à la chute du gouvernement, le 26 février 1892. Entre-temps, il est élu sénateur de la Haute-Garonne le 29 décembre 1889.

Le 10 avril 1895, par un amendement déposé au Sénat, il est à l'origine de la présence obligatoire de l'avocat dans le cabinet du juge d'instruction[10]. La loi du 8 décembre 1897[11] qui intègre l'amendement, est communément appelée « loi Constans ».

Le 27 décembre 1898, il est nommé ambassadeur à Constantinople, fonction qu'il occupe jusqu'en juin 1909. Il y mène une diplomatie personnelle largement indépendante de la politique étrangère française, peut-être guidée par l'appât du gain, ce qui expliquerait notamment son rôle très actif dans le développement du projet de chemin de fer reliant Constantinople à Bagdad.

  • Au pied de la fontaine de la place Plumancy à Périgueux, des plaques mentionnent les noms de personnalités de l'époque à laquelle le monument fut érigé : celui de Ernest Constans figure sur l'une d'elles[12].
  • Il est représenté dans le fragment subsistant du panorama L'Histoire du siècle (1789-1889) de Henri Gervex et Alfred Stevens[13], deux marches au-dessus du président Sadi Carnot, à gauche en faisant face au tableau.

Notes et références

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  1. Ernest Constant avait obtenu le monopole d'exploitation pour l'Espagne d'un brevet d'invention de pompes locomobiles (procédé Delpech) destinées à combattre l'incendie. Dans ses prospectus de 1862, Constant fait également la publicité sur le fait qu'elles peuvent être utilisées pour la vidange des fosses septiques. Ses adversaires politiques reprenant les termes de cette annonce le surnomment "le Vidangeur"
  2. Son plus féroce adversaire est alors Henri Rochefort dans L'Intransigeant qui fait article après article du 10 au 13 janvier 1892[9] des révélations sur son passé agité

Références

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  1. licence de droit sur Gallica
  2. Acte mariage AD12
  3. l'Étoile de la Vendée sur Gallica
  4. Tribunal civil de la Seine Journal du Loiret sur Pléade
  5. Bruce Fulton: Ernest Constans et la vie politique de Toulouse (1870-1876 sur Persée
  6. Fiche sycomore
  7. Charles-Robert Ageron, Jules Ferry et la question algérienne en 1892 (d'après quelques inédits), Revue d'histoire moderne et contemporaine, 1963, 10-2, p. 127-146.
  8. L'Express du Midi sur Gallica
  9. L'Intransigeant Le livre d'or de Constans sur Gallica
  10. Pierre-Charles Ranouil, « Ernest Constans, ami de l'inculpé », in : Figures de Justice. Études en l'honneur de Jean-pierre Royer,‎ (ISBN 2910114104)
  11. Loi du 8 décembre 1897 ayant pour objet de modifier certaines règles de l'instruction préalable en matière de crimes et de délits, JORF du 10 décembre 1897
  12. Guy Penaud, Le Grand Livre de Périgueux, Périgueux, éditions la Lauze, , 601 p. (ISBN 2-912032-50-4), p. 403.
  13. fragment L'Histoire du siècle Musée Carnavalet
  14. L'Histoire du siècle N°599, p.69

Bibliographie

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  • « Ernest Constans », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • « Ernest Constans », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • Bruce Fulton, "Ernest Constans and the struggle for power in the French Republic, 1892-93", The Australian Journal of Politics and History, 22 septembre 1997
  • Bruce Fulton, "France's Extraordinary Ambassador: Ernest Constans and the Ottoman Empire, 1898-1909", French Historical Studies, Volume 23, Number 4, 1 October 2000, p. 683-706(24)
  • Pierre-Charles Ranouil, « Ernest Constant, ami de l'inculpé », in : Figures de Justice, études en l'honneur de Jean-Pierre Royer,‎ , p. 359-374 (ISBN 2-910114-10-4)

Liens externes

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