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Espèce panchronique

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Un exemple bien connu d'espèce panchronique : le nautile (ici Nautilus pompilius).

Une espèce est dite panchronique quand elle est présente actuellement et ressemble morphologiquement à des espèces éteintes, identifiées sous la forme de fossiles. On parle parfois aussi de « fossile vivant » ou, plus correctement, d'une espèce relique.

Des fossiles vivants ?

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Employée à deux reprises par Charles Darwin dans L'Origine des espèces (1859), l’expression « fossile vivant » a connu une grande popularité au XXe siècle, peut-être liée au fait que certains taxons, comme les cœlacanthes, furent d'abord connus par des formes apparentées fossiles avant qu’on ne découvre les espèces actuelles. Outre le fait qu’elle est un oxymore (puisqu’un fossile est le reste minéralisé d’un organisme mort), la notion qu’elle véhicule (une supposée absence d'évolution) est aujourd’hui considérée comme obsolète et trompeuse et il vaut mieux parler d'« espèce-relique »[1] car la similitude morphologique externe n’empêche pas les évolutions des organes internes, de la physiologie ou des comportements[2] - seule la forme est panchronique, pas l'espèce. Néanmoins la notion et l’expression « fossile vivant » peuvent encore être rencontrées dans la presse généraliste.

Pierre-Paul Grassé[3] tire argument des espèces panchroniques pour contester l’idée selon laquelle l’évolution des espèces serait le produit des mutations génétiques et de la sélection naturelle, puisque ces espèces, dont certaines sont fort anciennes, subissent aussi des mutations depuis des temps reculés et puisque leur environnement a également beaucoup été modifié sans pour autant qu’elles-mêmes changent de manière significative. Mais ce point de vue néglige l’anatomie interne et a fortiori le patrimoine génétique de ces espèces, qui varie et évolue au cours du temps, comme le notent Guillaume Lecointre et Hervé Le Guyader[2], qui soulignent que l’apparente stabilité morphologique des espèces panchroniques ne concerne que leur morphologie externe globale.

Même la stabilité morphologique des espèces panchroniques est à présent contestée[4] : pour les cœlacanthes par exemple, il n’existe aucun fossile des espèces actuelles ni même du genre Latimeria (seul genre actuel)[1]. Les espèces fossiles de Cœlacanthiformes les plus proches de Latimeria, telles celles du genre Macropoma éteint depuis environ 100 millions d’années, sont morphologiquement très différentes des cœlacanthes actuels. Non seulement les cœlacanthes actuels ont une taille très supérieure au mètre (contre 60cm maximum pour Macropoma) mais les os qui peuvent être comparés (notamment au niveau de la face et de la base des nageoires) sont extrêmement dissemblables[5].

Autre exemple : en 2007, le squelette interne fossile d’une nageoire de Sarcoptérygien du Dévonien a pu être observé pour la première fois[6]. Or si la nageoire ressemble, vaguement et de façon externe, à celle d'un cœlacanthe actuel, son squelette interne est asymétrique (comme celui des Actinoptérygiens actuels) et non pas symétrique comme celui des sarcoptérygiens actuels (cœlacanthes, dipneustes, tétrapodes). En d’autres termes, si l’aspect externe d’une nageoire de Cœlacanthe est proche des Sarcoptérygiens du Dévonien, son anatomie en revanche a subi des remaniements substantiels.

De même, chez les Limules, certaines études montrent qu'un grand nombre de caractères moléculaires distinguent les organismes actuels des espèces éteintes, même morphologiquement proches[7].

Enfin, un article paru en 2012 dans Current Biology met à bas l’idée que le cœlacanthe actuel n’évoluerait plus[8]: les populations actuelles de Latimeria chalumnae d'Afrique de l’Est présentent en effet des différences génétiques significatives avec leur population-mère située aux Comores.

En d’autres termes, loin d’être en stase évolutive, les cœlacanthes actuels continuent à s’adapter activement à leur environnement.

C'est pourquoi aucune espèce est « plus » ou « moins » évoluée : toutes les espèces qui vivent sur Terre sont toutes aussi évoluées. Les expressions de « fossiles vivants » ou d'espèces « panchroniques » sont trompeuses « car elles laissent penser que ces espèces n'auraient pas connu de modifications évolutives depuis des dizaines de millions d'années, ce qui n'est absolument pas le cas »[9].

Une liste d'espèces panchroniques

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Espèces animales

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Un triops.
Un requin-lézard.
Un requin-lutin.
Une chimère.

Espèces végétales

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Notes et références

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  1. a et b Frédéric Ducarme, « Nous sommes tous des poissons préhistoriques », sur The Conversation, .
  2. a et b Guillaume Lecointre et Hervé Le Guyader : Classification phylogénétique du vivant, Belin, troisième édition, augmentée et corrigée ; (ISBN 2-7011-4273-3).
  3. Pierre-Paul Grassé, L'évolution du vivant, éd. Albin Michel, 1973
  4. Why Cœlacanths are not "Living fossiles : a Review of Molecular and Morphological Data" Casane D, Laurenti P. (2013). Bioessays. 2013 Feb 4. doi: 10.1002/bies.201200145. [Epub ahead of print]
  5. Peter Forey, History of the Cœlacanths, éd. Springer, 1998
  6. First discovery of a primitive cœlacanth fin fills a major gap in the evolution of lobed fins and limbs Matt Friedman, Michael I. Coates, and Philip Anderson (2007). Evolution & Development, 9 (4), Pages 329 - 337
  7. A speciational history of "living fossils" : molecular evolutionnary patterns in Horseshoe crabsJOHN C.AVISE',WILLIAM S.NELSON', AND HIROAKI SUGITA, Department of Genetics, University of Georgia, Georgia, Institute of Biological Sciences, University of Tsukuba, Japan December 1994
  8. Population divergence in East African coelacanths Lampert KP, Fricke H, Hissmann K, Schauer J, Blassmann K, Ngatunga BP, Schartl M. (2012). Current Biology, 22(11), Pages 439-440
  9. Daniel Richard, Romain Nattier, Gaëlle Richard et Thierry Soubaya : Atlas de phylogénie. La classification du vivant en fiches et en images, édition Dunod, 2014, page 15.
  10. (en) Christopher Mah, « Echinothurioid Sea Urchins », sur Echinoblog, (consulté le )

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Articles connexes

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Liens externes

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