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Forces spéciales de la direction principale de l'état-major général des forces armées russes

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Forces spéciales de la direction principale de l'état-major général des forces armées russes
Части и подразделения специального назначения (спецназ) Главного управления Генерального штаба Вооружённых сил Российской Федерации
Image illustrative de l’article Forces spéciales de la direction principale de l'état-major général des forces armées russes
Emblème des Spetsnaz du GRU

Création
Pays Drapeau de l'URSS Union soviétique
Drapeau de la Russie Russie
Branche GRU
FOS
Type Forces spéciales
Rôle Opérations spéciales
Antiterrorisme
Reconnaissance spéciale
Action directe
Sabotage
Effectif « Secret Défense »
Fait partie de Forces armées soviétiques
Forces armées russes
Garnison Aérodrome Khodynka, Moscou
Devise Seules les étoiles sont au-dessus de nous (« Выше нас только звёзды »)
Mascotte Chiroptera
Guerres Guerre froide
Guerre du Viêt Nam
Opération Danube
Guerre d'Afghanistan
Guerre civile du Tadjikistan
Conflit en Ossétie du Nord
Guerre d'Abkhazie
Première guerre de Tchétchénie
Invasion du Daghestan
Seconde guerre de Tchétchénie
Guérilla en Ciscaucasie
Deuxième guerre d'Ossétie du Sud
Guerre russo-ukrainienne
Intervention russe en Syrie

Les Forces spéciales de la direction principale de l'état-major général des forces armées russes (russe : Части и подразделения специального назначения (спецназ) Главного управления Генерального штаба Вооружённых сил Российской Федерации (СпН ГУ ГШ ВС РФ)), communément appelée Spetsnaz GU ou Spetsnaz du GRU, sont les forces spéciales (spetsnaz) du GRU, le service de renseignement militaire des forces armées de la fédération de Russie.

Ces forces sont distinctes des forces d'opérations spéciales (SSO).

Pendant la guerre froide, les installations des brigades spetsnaz avaient des maquettes grandeur nature de systèmes d'armes occidentaux, tels que les missiles nucléaires Pershing et Lance, pour former les soldats à leur sabotage[1].

L'expérience de l'armée soviétique en matière d'unités de reconnaissance et de sabotages derrière les lignes adverses remonte au groupe d'Ilya Starinov (surnommé le grand-père des spetsnaz) durant la guerre d'Espagne. Des unités similaires sont ensuite utilisées pendant la guerre d'Hiver puis la Seconde Guerre mondiale[2].

Mais l'utilisation du terme spetsnaz nait au début de la guerre froide. Dans les années 1950, les forces américaines mettent en service des armes nucléaires tactiques comme les missiles sol-sol Honest John et Little John. N'ayant pas alors d'équivalent, l'armée soviétique crée des forces spéciales, les compagnies spetsnaz, chargées de rechercher et détruire ces armes jusqu'à 200 km de profondeur dans le dispositif adverse.

En raison de l'augmentation de portée des armes américaines, des bataillons spetsnaz sont ensuite créés, puis, à la suite de l'arrivée des missiles Lance, Sergeant et Pershing, des brigades spetsnaz sont établies en 1962, qui gardent comme missions secondaires les tâches de reconnaissance et sabotage contre d'autres objectifs[3].

Le terme spetsnaz n'est cependant pas alors sans ambigüité car il est utilisé pour désigner diverses formations, y compris des unités expérimentales ou de nature temporaire, ou des unités spécialisées[4],[note 1].

Dans les années 1980, les médias occidentaux ont publié une vision souvent sensationnaliste des spetsnaz, les imaginant par exemple infiltrés à l'Ouest sous couverture pour reconnaître leurs cibles. En réalité, les unités spetsnaz étaient essentiellement formées de conscrits faisant leur service militaire et n'ayant guère le niveau nécessaire en langues étrangères pour un tel scénario[5].

En 1974, un manuel de l'armée soviétique stipule qu'un district militaire frontalier, un groupe de forces ou un front a une brigade spetsnaz, et que chaque armée interarmes ou de chars a une compagnie spetsnaz[6].

Selon des cours de l'académie de l'état-major soviétique de 1985, les districts militaires et fronts ont toujours, sous les ordres du 3e département de leur direction du renseignement, une brigade spetsnaz qui peut s'infiltrer dans la profondeur d'opération d'un front, soit 1000km. Ces brigades spetsnaz n'ont cependant pas de moyens d'infiltration organiques, et l'aviation de transport militaire n'a pas les moyens d'infiltrer tous les agents et groupes spetsnaz désirés. Les spetsnaz maîtrisent la chute opérationnelle avec dérive sous voile[7]. Les flottes ont également une brigade spetsnaz[8]. Les armées ont désormais un bataillon spetsnaz devant agir jusqu'à 400 km derrière les lignes ennemies, tandis que les corps d'armée ont une compagnie spetsnaz[9].

La guerre d'Afghanistan

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En 1979, un bataillon spetsnaz constitué de recrues originaires des républiques de l'URSS d'Asie Centrale est créé spécifiquement pour servir en Afghanistan, c'est le 154e bataillon spetsnaz, dit « bataillon musulman ». Ce bataillon est déployé à Kaboul en uniformes afghans et renforce la protection du palais du président afghan Hafizullah Amin. Mais le pouvoir soviétique a décidé de renverser Amin, et le le bataillon appuie les unités spéciales Zenit et Grom du KGB lors de l'opération Chtorm-333 qui voit la prise du palais et l'assassinat d'Amin[10].

Spetsnaz soviétiques en Afghanistan en 1988.

En 1981, deux bataillons spetsnaz sont à nouveau déployés dans la guerre d'Afghanistan, en plus de la compagnie spetsnaz de la 40e armée. Comme pour les autres unités soviétiques, l'Armée rouge ne sait pas bien les employer contre l'insurrection et les spetsnaz apprennent de manière empirique. Vers 1984, la stratégie soviétique en Afghanistan est révisée et huit bataillons spetsnaz sont déployés dans des garnisons de Lashkar Gah à Assadâbâd, avec pour mission d'interdire les caravanes logistiques des moudjahidines venant du Pakistan. Les spetsnaz montent des embuscades, des patrouilles et des raids sur des bases logistiques. Ils obtiennent des résultats, mais l'état-major soviétique estime n'intercepter que 15% des caravanes qui passent la frontière. Les bataillons spetsnaz sont retirés du pays avec le repli de l'armée soviétique en 1989[11].

Recrutement et entraînement

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La sélection des Spetsnaz est extrêmement rude et difficile. Un grand accent est porté sur l'aguerrissement et la rusticité des troupes, à savoir leur capacité d'adaptation en milieu hostile. Néanmoins, les matières enseignées aux Spetsnaz sont globalement communes avec celles de leurs homologues d'Europe de l'Ouest, à savoir :

  • manipulation d'armes, y compris l'utilisation d'armes étrangères et l'adresse au tir ;
  • santé physique avec un accent sur la résistance et la force ;
  • cheminement, patrouilles, camouflage, et techniques de surveillance, y compris la survie dans une grande variété d'environnements hostiles ;
  • combat au corps à corps, à mains nues et avec des couteaux ou des pelles de tranchée (en arme de poing ou au lancé). Voir Sambo et Systema ;
  • sabotage et démolition d'objectifs stratégiques vitaux pour l'ennemi ;
  • techniques d'interrogatoire : cette formation est fortement décriée car elle comporte également l'apprentissage de techniques de torture ;
  • formation aux langues étrangères : donnée à l'Université de Moscou, elle a pour but d'apprendre aux Spetsnaz les bases de certaines langues étrangères comme l'anglais, le français, mais également certaines langues d'Asie Mineure et du Moyen-Orient.

Armements et équipements

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  • L'armement des Spetsnaz est toujours fondé sur le système Kalachnikov : Le fusil d'assaut AK-74 et ses variantes modernisées à crosse pliable AK-74M, et compacte AKS-74U mais on trouve également les fusils d'assaut SR-3, 9A-91 ou le fusil d'assaut silencieux AS Val chambrant les cartouches SP-5, SP-6 et PAB-9 de calibre 9 × 39 mm. Est également disponible le AN-94 Abakan destiné à l'origine à remplacer un jour les AK-47 mais aussi les AK-10x.
  • On trouve également les mitrailleuses légères RPK, PKM et Petcheneg, le lance-grenades monocoup pour fusil d'assaut est le BG-15 tandis que les modèles automatiques restent les très connus RG-6, AGS 17 et AGS-30.
  • Les Spetsnaz des unités maritimes possèdent deux armes : le fusil d'assaut aquatique APS et le pistolet aquatique SPP-1 underwater pistol (en). Le premier tire des fléchettes en acier de 5,66 millimètres de calibre et longues de 120 mm. Cette arme peut tirer au coup par coup ou par rafales. Le chargeur contient 26 fléchettes. Le SSP-1 est un pistolet tirant également des fléchettes.

Grandes unités

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Notes et références

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Note :

  1. Par exemple dans la traduction par la CIA d'un cours de l'académie de l'état-major soviétique, on trouve à la même page des informations sur les unités spetsnaz [de brouillage] radio et radiotechniques, les unités osnaz [d'interception] radio et radiotechniques, et les unités spetsnaz au sens forces spéciales (traduites par « special-purpose »).
    ((en) Général-Major S. I. Stemasov, The Organization of Radioelectronic Warfare in an Offensive Operation of an Army and a Front, Moscou, 1re direction (opérations) de l'état-major, , 28 p. (lire en ligne), p. 21, Intelligence Information Special Report de la CIA/DO daté du 3 décembre 1976, publié comme document VII-212 dans la collection « CIA Analysis of the Warsaw Pact Forces ».)

Références :

  1. (en) Département de la Défense, Soviet Military Power, Washington, DC, US Government Printing Office, , 3e éd., 136 p. (lire en ligne), p. 69-70. Des journalistes allemands ont pu le vérifier, après la chute du mur de Berlin, dans le cas de la brigade spetsnaz du groupe de forces soviétiques en Allemagne basée à Neu-Thymen près de Fürstenberg ((en) Matthias Plügge, « Stay-behind Spetsnaz: Soviet forces in Germany », International Defense Review, vol. 23,‎ , p. 1216-1217 (lire en ligne Inscription nécessaire, consulté le )).
  2. (en) Lester W. Grau et Charles K. Bartles, The Russian Way of War : Force Structure, Tactics, and Modernization of the Russian Ground Forces, Fort Leavenworth, Kansas, Foreign Military Studies Office, , 402 p. (lire en ligne), p. 279.
  3. Grau et Bartles 2016, p. 279-280.
  4. (en) David M. Glantz, Soviet Military Operational Art : In Pursuit of Deep Battle, New York, Frank Cass, , 295 p. (ISBN 0-7146-4077-8), p. 214-215.
  5. William H. Burgess III 1990, p. 17-27.
  6. (en) Principles of the Organization and Conduct of Operational Reconnaissance in a Front Offensive Operation, Moscou, direction générale du renseignement de l'état-major, , 216 p. (lire en ligne), p. 40, Intelligence Information Special Report de la CIA/DO daté du 19 mai 1978, publié comme document Document VII-101 dans la collection « CIA Analysis of the Warsaw Pact Forces ».
  7. (en) Général-Lieutenant Kolodyazhnyy, Spetsnaz Forces and Means in a Front Offensive Operation, , 11 p. (lire en ligne), p. 4, 8-10, Intelligence Information Special Report de la CIA/DO daté du 12 juin 1987.
  8. (en) Operational Reconnaissance, , 16 p. (lire en ligne), p. 12, Intelligence Information Special Report de la CIA/DO daté du 11 mars 1988.
  9. Général-Lieutenant Kolodyazhnyy 1985, p. 6.
  10. (en) Lester W. Grau, « The Takedown of Kabul : An Effective Coup de Main », dans William G. Robertson et Lawrence A. Yates, Block by Block : The Challenges of Urban Operations, Fort Leavenworth, Kansas, US Army Command and General Staff College Press, (lire en ligne), p. 291-324 ; (en) Aleksandr Antonovich Lyakhovskiy (trad. Gary Goldberg et Artemy Kalinovsky), Inside the Soviet Invasion of Afghanistan and the Seizure of Kabul, December 1979, Washington, D.C., Cold War International History Project, coll. « Working Papers » (no 51), , 81 p. (lire en ligne)
  11. Tchikichev 1994, passim. En anglais, voir (en) Lester W. Grau et Ali Ahmad Jalali, Forbidden Cross-Border Vendetta: Spetsnaz Strike into Pakistan During the Soviet-Afghan War, Fort Leavenworth, Foreign Military Studies Office, (lire en ligne) ; les mentions dans (en) Lester W. Grau (dir.), The Bear Went Over the Mountain : Soviet Combat Tactics in Afghanistan, Washington DC, National Defense University Press, , 223 p. (lire en ligne), p. 56-59, 115-117 ; (en) Jiayi Zhou, « The Muslim Battalions: Soviet Central Asians in the Soviet-Afghan War », The Journal of Slavic Military Studies, vol. 25, no 3,‎ , p. 302-328 (DOI 10.1080/13518046.2012.705567) ; et les témoignages (en) Timothy Gusinov, « Soviet Special Forces (Spetsnaz): Experience in Afghanistan (Gusinov) », Military Review,‎ , p. 105-107 (lire en ligne, consulté le ) et (en) Eero Kinnunen et Lester W. Grau, « Two Tours in Afghanistan: Twenty Years and Two Armies Apart », Military Review,‎ , p. 40-45 (lire en ligne, consulté le ).
  12. (es) Gonzalo de Martorell, « La extraña moto del ejército ruso que ha invadido Ucrania », La Vanguardia,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. (ru) « 10 ОБрСпН ГРУ ГШ МО ( В/ч:65564) », sur spec-naz.org.
  14. La 10e brigade des forces spéciales est créé en 1962, puis passe aux forces armées ukrainiennes, devenant leur 1er régiment des forces spéciales en 1998, puis leur 3e régiment des forces spéciales en 2000. Côté russe, la 10e brigade aurait été reformée en 2003[13].

Bibliographie

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  • (en) William H. Burgess III (dir.), Inside Spetsnaz : Soviet Special Operations: A Critical Analysis, Novato, Californie, Presidio Press, , 30 p. (ISBN 0-89141-339-1).
  • Carey Schofield, The Russian Elite: Inside Spetsnaz and the Airborne Forces, Greenhill, London, 1993
  • Alexéï V. Tchikichev (trad. Philippe Frison), Spetsnaz en Afghanistan, Paris, Centre d'études et de recherches documentaires sur l'Afghanistan (CEREDAF), , 95 p. (ISBN 2-906657-22-0, présentation en ligne).
  • Jacques Baud, Les forces spéciales de l'organisation du traité de Varsovie: 1917-2000, coll. « Histoire de la défense », L'Harmattan, Paris, 2002 (ISBN 2-7475-2266-0).

Articles connexes

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