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János Sylvester

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János Sylvester
Naissance autour de 1504
Szinyérváralja, Royaume de Hongrie
Décès après 1551
Activité principale
Écrivain, traducteur
Auteur
Langue d’écriture hongrois
Mouvement Humanisme
Genres

János Sylvester ([ˈjaːnoʃ], [ˈsilvɛstɛɾ]), né à Szinyérváralja (aujourd'hui Seini/Szinérváralja en Roumanie) autour de 1504 et mort après 1551, est un écrivain et traducteur hongrois, auteur de la première grammaire de la langue hongroise.

Son nom de famille pourrait être Erdősi, dont le sens « du (lieu) boisé » aurait été latinisé en Sylvester selon les habitudes d'alors de l'humanisme et de la Renaissance, et il serait alors issu d'une famille de très petite noblesse (kurta/bocskoros nemes)[1].

En 1526-1527, il étudie à Cracovie, où il fait connaissance avec les idées humanistes d'Érasme, puis en 1529 à l'université de Wittemberg. En 1534, il entre au service de Tamás Nádasdy et s'installe à Sárvár-Újsziget, où il enseigne à l'école de Sárvár et dirige l'imprimerie fondée par Nádasdy à Újsziget près de Sárvár, tout en continuant à étudier à Wittemberg de l'automne 1534 jusqu'en 1536. À la fin de 1543 ou au début de 1544, il quitte Újsziget pour Vienne où il enseigne d'abord l'hébreu, puis le grec[2].

S'efforçant d'adapter aux idées de l'humanisme européen son projet de développement culturel de la langue et la littérature hongroises, il ouvre par ses travaux un nouveau chapitre dans le développement de la traduction littéraire hongroise, ainsi que dans l'histoire de la stylistique et de la philologie hongroises[2].

Lettres « ii̢ ij l’ ń oͤ ſ ß » de Sylvester[3].

(la + hu) Ioannes Sylvester, Grammatica Hungarolatina, Neanesi =Sárvár-Újsziget, (lire en ligne)

Réédition avec préface et notes en anglais : (en) István Bartók (dir.), Grammatica Hungarolatina, Budapest, Akadémiai, Argumentum, coll. « Bibliotheca Scriptorum Medii Recentisque Aevorum, Series Nova » (no 15), , 142 p. (ISBN 963-446-392-4, lire en ligne)

Avec cette grammaire, Sylvester est le premier à avoir fait de la langue hongroise un objet d'étude scientifique[2].

Il est également le premier à avoir tenté de créer une orthographe hongroise homogène[1]. Les différences entre l'orthographe décrite et utilisée par Sylvester et l'orthographe hongroise moderne sont les suivantes[4],[5] :

Sylvester ā ćz (cz) (c[α]) cz ę ê (é) ǵ (g[α]) g (gh[α]) i i[β] y[γ] ii̢ ij l’ ń o ſ s ſ[δ] ß t’ u[6] u[β] w[γ]
Moderne á c[7] dz[8] cs é[9] gy g i í j ij[10] ji[11] ly ny o ó ö ő s zs[12] sz ty u ú v[13] ü ű
Phonétique aː t͡s d͡z t͡ʃ eː ɟ ɡ i iː j ij ji ʎ (j) ɲ o oː ø øː ʃ ʒ s c u uː v y yː
  1. a b et c avant e ou i
  2. a et b avant voyelle
  3. a et b après voyelle
  4. « ſ » combiné à la partie basse du « ʒ » de la ligature « ß »

Les voyelles longues ne sont pas notées, sauf celles dont l'articulation diffère de la voyelle courte (á et é modernes)[14] ; et les consonnes longues sont notées comme en hongrois moderne, par redoublement de la lettre[15], ou redoublement sans diacritique de la première lettre en cas de digraphe : par exemple iecćziſit (correspondant au latin significationem eius « sa signification ») = en orthographe moderne jeddzísít ~ en hongrois moderne jegyzését[8].

Ce dernier exemple et de nombreux exemples analogues, comme ßotiuoͤk (vocales « voyelles ») = szótivök ~ szótövëk[4], feijr (albus « blanc ») = fejír ~ fejér/fehér[11], illustrent bien le fait que Sylvester décrit et utilise systématiquement dans l'ensemble de ses écrits une langue au fort caractère dialectal « à tendance au i » (i-ző en hongrois), qui est la variante linguistique de son enfance, alors même qu'il mène ses travaux dans un environnement linguistique hongrois bien différent[1] : il ne cherche pas à unifier la langue hongroise.

Traduction du Nouveau Testament

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(hu) Új Testamentum [« Nouveau Testament »] (trad. János Sylvester), Újsziget, Benedek Abádi,

Édition fac-similé : Béla Varjas (dir.), Új Testamentum, Budapest, Akadémiai kiadó, coll. « Bibliotheca Hungarica Antiqua » (no 1), (lire en ligne)

Cette traduction du Nouveau Testament est le premier texte en hongrois imprimé en Hongrie.

Il s'agit de l'œuvre la plus importante de Sylvester, inspirée de la traduction d'Érasme, et vérifiée à l'aide d'un appareil critique philologique en s'efforçant de rendre précisément les idées d'origine. Elle est basée sur le texte grec original, même si Sylvester utilise aussi l'ancienne traduction hongroise du Nouveau Testament[2].

Le résumé de chaque évangile, ainsi que la dédicace au peuple hongrois, sont écrits en distiques formés d'un hexamètre et d'un pentamètre, et représentent la première utilisation en hongrois de la versification métrique, basée sur les syllabes longues et courtes à l'exemple de la versification grecque et latine[2]. Cette versification « de type latin » (deákos), rendue possible par l'existence de voyelles longues et courtes en hongrois, ne sera à la mode chez les poètes hongrois que bien plus tard, à la fin du XVIIIe siècle[1].

Début de la dédicace, en orthographe d'origine[16] En orthographe moderne, avec la scansion[17]
Profetāk āltal ßolt righeñ nêked az iſten, Próféták által szólt rígen néked az Isten,
— — ǀ — — ǀ — — ǁ — — ǀ — ∪ ∪ ǀ — ∪
Az kit ighirt imę vigre meg atta fiāt. Akkit igírt, ímé, vígre megadta fiát.
— ∪ ∪ ǀ — — ǀ — ǁ — ∪ ∪ ǀ — ∪ ∪ ǀ —
Buzgo lilekuel ßol moſt ęs nêked ez āltal, Buzgó lílekvel szól most és néked ezáltal,
— — ǀ — — ǀ — — ǁ — — ǀ — ∪ ∪ ǀ — ∪
Kit haǵa hoǵ halgaſſ, kit haǵa hoǵ te koͤueſſ.[18] Kit hagy(j)a, hogy hallgass, kit hagy(j)a, hogy te kövess.
— ∪ ∪ ǀ — — ǀ — ǁ — ∪ ∪ ǀ — ∪ ∪ ǀ —

C'est également avec Sylvester que commence la présentation de réflexions personnelles en prose en hongrois : on peut dire qu'il est le premier à avoir écrit en hongrois des essais, avant même que Montaigne ne nomme ainsi ce genre littéraire. Parmi ses œuvres de ce genre, écrites après ses années passées à Sárvár, l'une des plus intéressantes, sur le « discours en images » (képes beszéd) c'est-à-dire les images et analogies poétiques, porte en haute estime la poésie populaire hongroise à sujets amoureux (virágénekek « chants fleuris »), méprisée par les savants à l'époque, en prenant certes la précaution d'en rejeter le sujet pour se concentrer sur leur mode d'expression poétique[1],[19].

Notes et références

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  1. a b c d et e (hu) Géza Hegedüs, A magyar irodalom arcképcsarnoka [« Galerie de portraits de la littérature hongroise »], Budapest, Trezor, (ISBN 963-7685-55-3, lire en ligne), « Sylvester János »
  2. a b c d et e (hu) Ágnes Kenyeres (dir.), Magyar életrajzi lexikon II. (L–Z) [« Encyclopédie biographique hongroise »], Budapest, Akadémiai kiadó, , 956 p. (ISBN 978-963-05-2497-1, lire en ligne), « Sylvester János (Erdősi Sylvester) »
  3. Sylvester 1539, p. fac-similé 6.
  4. a et b Bartók 2006, p. 30-34 = Sylvester 1539, p. fac-similé 6-10.
  5. Varjas 1960, Kísérő tanulmány (préface), p. 22-23.
  6. u prend le plus souvent la forme v en début de mot.
  7. Bartók 2006, p. 68 = Sylvester 1539, p. fac-similé 32-33 : halgaccz, ßereccz ; Bartók 2006, p. 92 = Sylvester 1539, p. fac-similé 45 : halgacćz, ßerecćz (= en orthographe moderne : hal(l)gatsz, szeretsz).
  8. a et b Bartók 2006, p. 112 et 117-118 = Sylvester 1539, p. fac-similé 48 et 51 : iecćziſit, iecćzi (= jeddzísít, jeddzi).
  9. Les avis sont partagés quant à la différence éventuelle entre ę et ê (ou è) : tous sont devenus en hongrois moderne é [eː] fermé, mais certains estiment que ę, décrit par Sylvester comme voyelle différente de e, est fermé (en orthographe moderne ë dialectal [] ou é [eː()]) et que ê marque comme l'accent circonflexe sur d'autres voyelles la longueur de e ouvert ([ɛː]), tandis que d'autres pensent au contraire que c'est ę qui est ouvert long : Varjas 1960, p. 22-24.
  10. Bartók 2006, p. 91, 94, 97-98 = Sylvester 1539, p. fac-similé 44-46 : tanii̢t (= taníjt).
  11. a et b Bartók 2006, p. 36 = Sylvester 1539, p. fac-similé 12 : feijrb, feijr (= fejírb, fejír).
  12. Bartók 2006, p. 45 = Sylvester 1539, p. fac-similé 18 : Elſebet (= Elzse(é)bet).
  13. Bartók 2006, p. 36, 113 = Sylvester 1539, p. fac-similé 11, 48 : new, Newtuͤl (= ne(é)v, ne(é)vtűl).
  14. Macron ou accent circonflexe sont de temps en temps utilisés sur d'autres lettres pour indiquer la longueur : î (ī) pour í moderne [iː], aussi parfois ô pour ó [oː] ou pour nn : Varjas 1960, p. 22-24.
  15. Sauf après l'article défini qui est toujours noté az, alors qu'à l'époque par exemple az farkas était prononcé af farkas (« le loup », aujourd'hui écrit et prononcé a farkas) : Varjas 1960, p. 21, et Bartók 2006, p. 54 = Sylvester 1539, p. fac-similé 24.
  16. (hu) István Prusinszki, « Sylvester János és a sárvári nyomda », [« János Sylvester et l'imprimerie de Sárvár »]
  17. Syllabe courte « ∪ » = voyelle courte non suivie de deux consonnes, syllabe longue « — » = autre cas (incluant éventuellement a(’) = az « le/la » avant consonne) : (hu) Szabolcs Osztovits (dir.), « Az időmértékes verselés », sur Encyclopédie du lycée Fazekas Mihály (Budapest) [« La versification métrique »].
  18. Traduction littérale : « Dieu s'est autrefois adressé à toi par les prophètes, / celui qu'il a promis, son fils, voilà qu'il l'a enfin donné. / D'une âme enthousiaste, il s'adresse maintenant aussi à toi, par lui / qu'il te laisse écouter, qu'il te laisse suivre. »
  19. Varjas 1960, p. 16.

Liens externes

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