Jacques Plumain
Jacques Plumain | ||
Tueur en série | ||
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Information | ||
Nom de naissance | Jacques Plumain | |
Naissance | en Guadeloupe |
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Nationalité | Française | |
Surnom | Le fantôme de Kehl | |
Condamnation | ||
Sentence | Réclusion criminelle à perpétuité | |
Actions criminelles | Meurtres | |
Victimes | 3 à 5 | |
Période | - | |
Pays | Allemagne, France | |
Régions | Bade-Wurtemberg, Alsace | |
Ville | Kehl, Strasbourg | |
Arrestation | ||
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Jacques Plumain (né le , également surnommé le Fantôme de Kehl) est un tueur en série français qui a sévi en Allemagne et en France entre et , où il aurait fait au moins 4 victimes (dont l'une a survécu)[1]. Il a également été soupçonné de deux autres meurtres, commis en janvier et , pour lesquels il a bénéficié d'une ordonnance de non-lieu.
Jacques Plumain a été condamné en France le à 30 ans de réclusion criminelle[2],[3] ; en appel il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 20 ans[4],[5].
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse
[modifier | modifier le code]Jacques Plumain est né le en Guadeloupe. Il naît dans une fratrie de six enfants et d'un père inconnu. Durant son enfance, il vit avec sa mère, qu'il décrit comme étant "autoritaire" et "invivable". Il réside en Guadeloupe, jusqu'à la fin des années 1980[6].
En 1989, à 16 ans, Jacques Plumain quitte la Guadeloupe pour s'installer à Strasbourg, début 1990. C'est au cours des années 1990, qu'il commence à fréquenter les boîtes de nuit et qu'il multiplie les conquêtes amoureuses. Il part servir en Yougoslavie, en 1994. Durant ses permissions pour revenir à Strasbourg, Plumain reprend ses «activités de séducteur», en 1996 et 1997[1],[6].
En 1998, cependant, Jacques Plumain semble perdre peu à peu de son charme, sans qu'il ne le comprenne réellement ; le jeune homme voyant se faire refuser plusieurs relations. Plumain semble alors affecté et relate le comportement de sa mère, vis-à-vis de ces femmes refusant ses avances.
Premiers meurtres attribuables à Plumain
[modifier | modifier le code]En , à Tuttligen, la police criminelle allemande est mobilisée sur un assassinat commis dans la région : celui d'une jeune femme de 23 ans. La victime est la première d'une longue série et l'assassinat pourrait également être lié à Jacques Plumain, bien qu'aucun élément à charges ne puisse l'incriminer à ce jour. Toujours militaire au moment des faits, Jacques Plumain achève son contrat en [6].
Le , Sylvia Hironimus, 30 ans, est découverte morte dans l'arrière-cour d'un immeuble strasbourgeois. Jacques Plumain n'est pas non plus inquiété pour ce meurtre. Au moment des premiers faits, Plumain n'a pas d'antécédent judiciaire et aucune premières affaires ne permettent d'aboutir à son arrestation[6].
Le , cependant, Jacques Plumain agresse une autre jeune femme, qui le reconnaît et entraîne son arrestation deux jours plus tard. Il part en prison. Bien qu'il nie les faits, il est condamné à un an de prison ferme mais fait appel de son jugement du tribunal correctionnel. En prison, Plumain demande une remise en liberté, qu'il obtient pour manque de preuves et d'éléments à charges. Jacques Plumain est remis en liberté le [7].
Le "Fantôme de Kehl"
[modifier | modifier le code]Le , Hatice Celik, une jeune femme turque de 22 ans, est agressée à Kehl dans la cour d'une maison de retraite vers 4 h du matin. Jacques Plumain l'assomme par derrière puis la traine à l'abri des regards indiscrets. Il l'aurait ensuite poignardée puis égorgée avant de baisser sa culotte, sans pour autant commettre de viol. Il niera toujours ce meurtre et n'en sera jamais reconnu coupable lors de ses deux procès.
Le , à 4h du matin, Barbel Zobel, une femme de 38 ans, est agressée à Kehl par Jacques Plumain, alors qu'elle sortait de chez elle pour aller travailler tôt. Plumain la frappe par derrière, mais Barbel Zobel parvient à appeler à l'aide ; c'est à ce moment-là que son mari intervient et Jacques Plumain s'enfuit. À la suite des deux affaires, la police judiciaire de Kehl décide d'effectuer des patrouilles de police.
Le , vers 3h du matin, Jacques Plumain cherche une boîte de nuit, mais se perd dans des petits chemins de Kehl. Plumain aperçoit Gisela Dallmann, une retraitée de 66 ans, en train de distribuer des journaux. Jacques Plumain s'approche d'elle par derrière, mais, Gisela Dallmann ayant pris peur, Jacques Plumain plaque sa main contre la bouche de la retraitée, mais celle-ci la mord. Agacé, Jacques Plumain la tue en la frappant puis traîne son corps dans un coin isolé où il lui tranche la carotide et baisse sa culotte. Plumain met également son doigt dans le vagin de sa victime, afin de faire croire à un viol. Le corps de Gisela Dallmann est retrouvé au petit matin, dans l'arrière-cour d'un immeuble. À la suite de cette troisième affaire, la police de Kehl décide de surveiller la ville de fond en combles, afin de retrouver l'auteur des faits, qu'ils surnomment désormais Le Fantôme de Kehl, mais l'enquête n'aboutit pas. Jacques Plumain rentre en France, à Strasbourg.
Le vers 21h, Jacques Plumain aborde Ursula Brelowski, 44 ans, dans la forêt de Wantzenau près de Strasbourg. Jacques Plumain croise la route de l'enseignante, alors qu'elle fait du vélo. Plumain se jette sur Ursula et décide de la tuer, en raison de l'indisponibilité des femmes qu'il fréquente. Jacques Plumain frappe la jeune femme jusqu'à ce qu'elle perde connaissance, puis la traîne dans la forêt où il la poignarde à une douzaine de reprises (au torse, aux bras et aux jambes) avant de l'égorger. Le corps de la victime est retrouvé le , soit vingt heures après l'assassinat d'Ursula Brelowsky. A ce stade de l'enquête, la police française est, à plusieurs reprises infructueuses, contactée par celle de Kehl, avant qu'elle ne fasse un rapprochement avec les affaires de Kehl.
Arrestation
[modifier | modifier le code]Le , Jacques Plumain est arrêté pour avoir agressé un automobiliste avec un sabre de samouraï. Il prétend qu'il avait un compte à régler avec cet automobiliste avec qui il s'était violemment disputé quelques mois plus tôt. À la suite de cela, Jacques Plumain est emprisonné pour tentative d'assassinat. Les enquêteurs, ayant d'énormes soupçons à l'égard de Plumain, ont également la conviction qu'il est le "Fantôme de Kehl".
Le , Jacques Plumain est interrogé. Lors de son interrogatoire sur les crimes commis, il avoue assez facilement et raconte par la même occasion que le soir du meurtre de Ursula Brelowski, il a cru reconnaître en la jeune femme une de ses connaissances. Ursula Brelowski dit à Plumain qu'il s'est manifestement trompé et selon Plumain, Brelowski lui aurait dit « Je n'ai pas de nègres dans mes relations ». Jacques Plumain aurait vu "rouge" et a frappé la femme jusqu'à ce qu'elle perde connaissance, puis l'a traînée dans la forêt où il l'a poignardée à une douzaine de reprises (au torse, aux bras et aux jambes) avant de l'égorger. Comme pour les précédentes victimes, il a baissé la culotte de Ursula Brelowski pour faire croire à un viol. Devant l'insistance de la famille de la victime, soucieuse de réhabiliter la mémoire de Brelowski, Jacques Plumain finira par avouer que sa victime n'avait en réalité jamais tenu les propos racistes qu'il prétendait être à l'origine de l'agression. Par ailleurs il avoue n'avoir jamais voulu tuer Barbel Zobel mais qu'il l'a agressée car il était en train de voler des pneus de vélo et qu'elle l'a surpris. En revanche, il nie toute implication dans le meurtre de la jeune turque Hatice Celik. Jacques Plumain est ainsi mis en examen pour les trois meurtres (bien qu'il nie farouchement celui de Hatice Célik) et la tentative de meurtre sur Barbel Zobel.
En , alors que Jacques Plumain est en prison depuis 17 mois, il est de nouveau inculpé de meurtre : Il est mis en examen pour le meurtre de Sylvia Hironimus, commis en . Il est mis en examen, mais sans aveux de sa part. L'assassinat en Allemagne, de , ne lui permet aucune inculpation ; faute de preuves et d'éléments à charges[8].
Procès et condamnations
[modifier | modifier le code]Le , le procès de Jacques Plumain débute à la cour d'assises du Bas-Rhin à Strasbourg, pour la tentative de meurtre à coups de sabre sur l'automobiliste en janvier 2001. Il est condamné à 12 ans de réclusion criminelle.
Le , le procès de Jacques Plumain pour les assassinats, débute à la cour d'assises du Bas-Rhin. La défense de Plumain est assurée par Emmanuel Karm et Jean Guibert. Gioia Zirone est l'avocate de Barbel Zobel. Thomas Mutter est l'avocat de Marc Fisher, l'ex-compagnon d'Ursula Brelowski. Brice Raymondeau-Castanet est l'avocat général.
Jacques Plumain se montre froid, détaché et ne parle quasiment pas. Il est établi également que Plumain s'était inventé un personnage qu'il prénomme « Maïve » et que c'est ce Maïve (selon les termes de Plumain) qui aurait tué toutes ces femmes. Jacques Plumain déclare aussi qu'il a agressé Barbel Zobel en partie parce qu'elle ressemblait à sa propre mère. Les avocats de la famille d'Ursula Brelowski affirment que cette dernière n'aurait jamais traité Plumain de « nègre » et qu'il a tué Ursula Brelowski uniquement par pulsion et non pour racisme. Les experts psychiatres notent que Plumain est un mythomane, qu'il a une sexualité normale mais que le fait d'avoir agressé (sexuellement) ces femmes montre un désir d'avilissement pour ces victimes.
Le , Jacques Plumain est condamné à 30 ans de réclusion criminelle assortie d'une peine de sûreté de 20 ans. Il est acquitté du meurtre d'Hatice Celik. Le parquet fait appel de la décision.
Le , le procès en appel de Jacques Plumain débute à la cour d'assises du Haut-Rhin à Colmar.
Le , Plumain est à nouveau condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 20 ans.
En , Jacques Plumain bénéficie d'une ordonnance de non-lieu pour le meurtre de Sylvia Hironimus[9]. Jacques Plumain purge toujours sa peine de réclusion criminelle à perpétuité, à ce jour. Jacques Plumain est libérable depuis .
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Strasbourg: un tueur en série passe aux aveux » Article publié le 24 juin 2001 dans Le Nouvel observateur
- « Je suis coupable et les victimes sont en face » Article de Thomas Calinon publié le 19 mai 2005 dans Libération
- « Le "Fantôme de Kehl" avoue ses crimes » Article de Geoffroy Tomasovitch publié le 19 mai 2005 dans Le Parisien
- « Le tueur de Kehl rejugé à Colmar » Article publié le 27 mars 2006 dans La Dépêche du Midi
- « Plumain condamné à la perpétuité » Article publié le 12 avril 2006 dans Le Nouvel observateur
- « Jacques Plumain | Murderpedia, the encyclopedia of murderers », sur murderpedia.org (consulté le )
- « Jacques Plumain, le fantôme de Kehl - Faites entrer l'accusé », sur Télé 2 semaines (consulté le )
- Par Geoffroy Tomasovitch Le 20 juin 2002 à 00h00, « Une quatrième victime pour le « tueur de Kehl » », sur leparisien.fr, (consulté le )
- « Strasbourg / Non-lieu pour Jacques Plumain - Les DNA Archives », sur sitemap.dna.fr (consulté le )
Documentaires télévisés
[modifier | modifier le code]- « Jacques Plumain, le fantôme de Kehl » en et janvier 2010 dans Faites entrer l'accusé présenté par Christophe Hondelatte sur France 2.
- « Le tueur des frontières » (premier reportage) dans « ... en Alsace-Lorraine » le 21 et et dans Crimes sur NRJ 12.
Articles de presse
[modifier | modifier le code]- « L'ombre d'un tueur en série sur Strasbourg » Article de Philippe Marchegay publié le dans Le Parisien.