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Jacques de Jésus

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Jacques de Jésus
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 45 ans)
Linz (Autriche)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Lucien Louis BunelVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Père Jacques de Jésus, Père Jacques, Lucien BunelVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Prêtre catholique (à partir du ), religieux catholique (à partir du ), principal ou principale, résistantVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Ordre religieux
Étape de canonisation
Membre de
Lieu de détention
Distinctions
Archives conservées par
Fête
Tombe du père Jacques,
cimetière du couvent des Carmes d'Avon.

Lucien Louis Bunel, dit Jacques de Jésus ou le père Jacques de Jésus, né à Barentin (Seine-Maritime) le et mort à Linz (Autriche) le , est un prêtre catholique, religieux carme et résistant français.

Il est Serviteur de Dieu de l'Église catholique. Il est honoré à Yad Vashem comme un Juste parmi les nations.

L'ancienne cour d'école du Petit Collège d'Avon.
De cette plate-forme le père Jacques salua les élèves du Petit Collège le 15 janvier 1944 : « Au revoir les enfants, continuez sans moi !»[3].

Très jeune, Lucien Bunel décide de devenir prêtre. Il entre au petit séminaire de Rouen où on le juge « forte tête » et où ses professeurs apprécient son ardeur au travail, mais nullement son caractère. Il fait son service militaire alors qu'il est séminariste, au fort de Montlignon près de Paris. « Militaire au fort Montlignon en 1920, Lucien Bunel – en religion père Jacques de Jésus – s'attacha à la commune et à ses habitants. Il y créa le premier patronage et y revint chaque été jusqu'en 1941[4] ». Il fait deux retraites à la Trappe de Notre-Dame de Port-du-Salut et se croit appelé à la vie cistercienne. L'influence de la prieure du carmel du Havre et une retraite au couvent des Carmes d'Avon l'orientent définitivement vers le Carmel.

Il est ordonné prêtre le . Il souhaite s'orienter vers l'ordre du Carmel, mais l'archevêque de Rouen lui refuse son consentement. Ce n'est qu'en 1931 que Lucien Bunel peut entrer au noviciat du couvent des Carmes déchaux de Lille, où il prend le nom de frère Jacques de Jésus. « C'est la vie du Prêtre, oublier tout, quitter tout, même la vie, pour les autres. N'exister que pour les autres, que pour leur faire connaître Jésus et Le leur faire aimer. »

Il cherche Dieu dans la solitude, la nature, la vie d'oraison, « le calme du bois, dans le murmure des arbres, dans la prière des oiseaux » ».

En 1934, il fonde et dirige le Petit Collège Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus à Avon (Seine-et-Marne) à la demande de son provincial, le père Louis de la Trinité (futur amiral d'Argenlieu), dans une partie du couvent des Carmes. Il y enseigne les lettres classiques. C'est un grand pédagogue, pas un théoricien mais un praticien. Sa manière d'éduquer est un succès[5]. Il y est professeur de lettres classiques et surveillant : les élèves l'appellent parfois « El Santo », le saint. Pour lui, éduquer c'est « e-ducere, mener hors de, faire sortir de, faire sortir l'homme total, l'homme épanoui dans l'enrichissement de toutes ses facultés ».

En 1936, il fait une retraite au carmel de Chaville, puis à Pontoise.

Engagement pendant la Seconde Guerre mondiale

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Le père Jacques de Jésus mobilisé avec d'autres soldats français en 1939

Durant la campagne de France de 1939-1940, il est mobilisé comme maréchal des logis-chef au 6e groupe autonome d'artillerie (6e GAA)[6],[7]. Fait prisonnier le 18 juin 1940 à Lunéville, il est ensuite libéré en novembre 1940 et rendu à la vie civile[7].

Tout en reprenant ses activités au collège d'Avon, il s'engage très vite dans la Résistance et participe à un groupe clandestin lié au réseau de résistance Vélite-Thermopyles[8],[9]. Il offre la protection du collège à des réfractaires du STO. Il permet à Lucien Weil, professeur de sciences naturelles interdit d'enseignement au lycée de Fontainebleau, parce qu'il est juif, de donner quelques cours au Petit Collège[9]. Le père Jacques accueille également trois enfants juifs, Hans-Helmut Michel, Jacques Halpern, et Maurice Schlosser, sous les identités de Bonnet, Dupré et Sabatier[9].

Arrestation et déportation dans les camps nazis

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L'arrestation du père Jacques et des trois enfants le a inspiré le film de Louis Malle Au revoir les enfants.

Si son arrestation du est directement liée à celle des trois enfants juifs à la suite d'une dénonciation[10], c'est surtout son implication dans la Résistance qui a motivé sa déportation finale au Gusen[11]. Il est tout d'abord interné à la prison de Fontainebleau puis au camp de Royallieu, près de Compiègne en France. Il est ensuite déporté dans le convoi parti de Paris le 27 mars 1944 (convoi I.193)[12] au camp de représailles de Neue Bremm, près de Sarrebruck en Allemagne, puis à Mauthausen et Gusen en Autriche[13].

Murs du camp de Mauthausen.
Vue du camp de Gusen.
Image de la libération du camp de concentration de Mauthausen le .

S'occupant des malades et de l'infirmerie, disant la messe dans le camp[14] et chaque jour, l'offrande de sainte Thérèse à l'amour miséricordieux avec les prisonniers ; durant ses promenades, il porte une poutre autour des murs du camp ; il est très aimé de ses camarades prisonniers, et même des Allemands. Il va s'appuyer sur des réseaux existants, même ceux des groupes de solidarité mis en place par les communistes, groupes qu'il étend et généralise : trois ou quatre déportés par groupe prélèvent une part de leur ration pour la donner à un plus faible. Dans le souci de l'autre, et du plus faible, c'est encore l'homme qui se tient debout. Tous les témoins le diront : le père Jacques était là, près d'eux, aidant ceux qui n'en pouvaient plus, relevant ceux qui tombaient, donnant même son pain à ceux qui avaient faim. Alors que les SS et les gardiens cherchaient à réduire l'homme, à l'anéantir, le père Jacques « réconciliait la guerre avec l'espèce humaine » :

« Quand on rencontrait le père Jacques, particulièrement dans un camp de concentration, on n'avait plus honte d'être un homme... C'était un homme qui vous réconciliait, dans la guerre, avec l'espèce humaine[15] ». Au camp, il encourage chaque prisonnier : « N'en doutez pas, le Christ est là, au milieu de nous, comme Il était sur sa Croix, et vous pouvez le contempler ».

À la fin, il tombe malade, mais il trouve encore la force, à la libération du camp, de représenter les Français aux réunions du Comité international de Mauthausen (CIM)[16].

Il meurt à Linz le , à l'hôpital Sainte-Élisabeth. Son corps est transféré à Avon et inhumé dans le cimetière du carmel.

Procès en béatification

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En France, sa cause en béatification est introduite à Rome le [17].

Hommages et postérité

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Jean Cayrol, son compagnon de déportation, a écrit sur lui quelques poèmes, en particulier Chant funèbre à la mémoire du révérend père Jacques (dans Larmes publiques, Poèmes de la nuit et du brouillard, Seghers, 1946) dont voici la dédicace : "Pour mon plus que frère le Révérend Père Jacques du Carmel d'Avon, directeur du collège de Fontainebleau, qui fit sourire le Christ dans le camp de Gusen, mort d'épuisement à Linz, le ."

Plaque commémorative à Avon.

Son supérieur provincial, le père Philippe de la Trinité, rassemble, dès 1947, de très nombreux témoignages dans un ouvrage intitulé Le père Jacques, martyr de la charité (collection Études carmélitaines, éditions Desclée de Brouwer, 510 pages).

En 1948, Henri Bouchard réalise une sculpture du père Jacques[18].

Distinctions

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Bibliographie

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  • Document utilisé pour la rédaction de l’article : Philippe de la Trinité, Père Jacques : martyr de la Charité, Desclée de Brouwer,
  • Michel Carrouges, Le père Jacques « Au revoir, les enfants » ..., Cerf, coll. « Épiphanie », , 320 p. (ISBN 978-2-204-07310-3). Préface de Michel de Goedt, carme - 10 photos en noir et blanc hors-texte.
  • Jacques Chégaray, Un carme héroïque. La vie du père Jacques, Nouvelle Cité, 1989, 344 p. (ISBN 978-2853131780)
  • Dominique Poirot, Par la croix vers la lumière : Le Père Jacques de Jésus (1900-1945), Cerf, , 165 p. (ISBN 978-2-204-06191-9). Textes des journées de rencontre organisées à la mémoire du père Jacques, les 9- et 22- Préface par Frère Philippe Hugelé, carme.
  • Christiane Meres, Petite vie du père Jacques de Jésus : Lucien Bunel, 29 janvier 1900-2 juin 1945, Desclée de Brouwer, , 158 p. (ISBN 978-2-220-05565-7)
  • Jacques de Jésus, Tenir haut l'esprit – Père Jacques de Jésus, Toulouse, Éditions du Carmel, , 255 p. (ISBN 978-2-84713-065-2)
  • Alexis Neviaski, Le père Jacques. Carme, éducateur, résistant. Taillandier, 2015, 408 pages.
  • Camille W. de Prévaux (scénario) et Jean Trolley (dessin), Au revoir les enfants. La véritable histoire du père Jacques. Prêtre, déporté, Juste parmi les Nations, Monaco/Paris, Éditions du Rocher, , 136 p. (ISBN 978-2-268-09666-7)[22].
  • Signalons aussi La Lettre du Comité Père Jacques de Jésus (39 numéros parus en mai 2021), publiée par le Comité Père Jacques de Jésus, 1, rue Père Jacques - 77210 Avon.

Filmographie

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  • Les Enfants du père Jacques, 1990, documentaire de 52 minutes, Éditeur : Frère Carmes[23]. Vidéo disponible au couvent d'Avon - 1 rue du Père-Jacques - 77210 Avon) avec le livret : Lucien Bunel 1900-1945
  • Au revoir les enfants, film français réalisé par Louis Malle, sorti en 1987.

Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. « https://www.calameo.com/read/005658319a911f89cf8ff?page=1 »
  2. « https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/base_resistants/detail_fiche.php?ref=2634171 »
  3. Province des Carmes Déchaux, Père Jacques de Jésus « Tenir haut l'esprit », Éditions du Carmel,
  4. Source : commune de Montlignon qui a donné son nom à l'école primaire et secondaire de Montlignon
  5. (de) Claude, « Lucien Bunel », sur martyretsaint.com, Martyrs et Saints, (consulté le ).
  6. « Lucien-Louis BUNEL (1900-1945) », sur artillerie.asso.fr (consulté le )
  7. a et b « Lucien Bunel, le Père Jacques, carme, résistant, « Juste parmi les nations » - [Cercle d'étude de la Déportation et de la Shoah] », sur www.cercleshoah.org (consulté le )
  8. « Bunel, Lucien Louis », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )
  9. a b et c sous le numéro de matricule R.X 3.280, témoignage de M. Ballen de Guzman, cité dans Philippe De la Trinité, Père Jacques 1947, p. 324-329.
  10. Philippe De la Trinité, Père Jacques 1947, p. 332-342
  11. Charles Molette, Prêtres, Religieux et Religieuses dans la résistance au Nazisme, Fayard, , 225 p. (ISBN 978-2-213-59446-0), p. 132-133
  12. Fondation pour la mémoire de la déportation, « Liste du convoi parti de Paris le 27 mars 1944 (I.193) » (consulté le )
  13. « 64109 - Monument Mauthausen III », sur monument-mauthausen.org (consulté le )
  14. Il y dira au moins trois fois la messe, à Noël 1944, le 1er janvier 1945 et à Pâques 1945, malgré l'interdiction des Allemands.
  15. « Témoignage de J. Gavard, déporté à Güsen », sur www.inxl6.org, (consulté le )
  16. « CIM – Mauthausen », sur campmathausen.org (consulté le )
  17. « Chronologie », sur perejacques.org, Père Jacques (consulté le ).
  18. « Henri Bouchard, sculpteur 1875 - 1960 - Les styles, les temps bien marqués », sur www.bouchard-sculpteur.com (consulté le )
  19. Province de Paris des Carmes Déchaux, « Le Père Jacques, résistant », Lettre du Comité Père Jacques de Jésus, no 41,‎ , p. 21 (lire en ligne)
  20. « Lucien Bunel », sur Comité Français pour Yad Vashem (consulté le )
  21. Dictionnaire des Justes de France, Fayard 2003, p. 129
  22. Géant Vert, « Au revoir les enfants : manuel du savoir-vivre en société », dBD, no 137,‎ , p. 74.
  23. « Comité Père Jacques de Jésus, Lettre no 32, 2014 » [PDF], sur carmes-paris.org, Province de Paris des Carmes Déchaux, (consulté le ), p. 11.