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Juste-Aurèle Meissonnier

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Juste-Aurèle Meissonnier
Dessin pour une table par Meissonnier, Paris, v. 1730.
Naissance
Décès
Activités
Lieu de travail

Juste-Aurèle Meissonnier (ou Meissonier), né à Turin en 1695 et mort à Paris en 1750, est un dessinateur, peintre, sculpteur, architecte, ornemaniste[1] et orfèvre français.

Juste-Aurèle est le fils d'un orfèvre provençal travaillant en Italie[2] ; il s'installe à Paris vers 1715.

Considéré par ses contemporains comme l'un des chefs de file de la rocaille[3], il fait partie des artistes qui ont eu le plus d’influence sur le goût du XVIIIe siècle. Orfèvre du roi (1724), dessinateur de la chambre et du cabinet du roi (1726), il est aussi ordonnateur des fêtes et pompes funèbres royales, Meissonnier montra dans l'exercice de toutes ces charges un génie fécond.

Aujourd'hui, il doit surtout sa renommée à son œuvre gravé, publié de 1734[4] à 1742 par la veuve de François Chéreau puis par Gabriel Huquier. On ne connaît pas avec exactitude les dates de publication de ces planches qui n'étaient pas ordinairement vendues en livres, mais à la feuille ou au cahier[5]. C'était l'acheteur qui, après avoir fait un choix de gravures, les faisait éventuellement relier. Les planches gravées par Laureolly font partie de la première livraison de 1734 [6], celles plus tardives, et qui sont aussi les plus nombreuses, sont le plus souvent gravées par Huquier. Les datations que l'on trouve parfois au bas des gravures sont en fait des millésimes correspondant à l’œuvre dessinée ou réalisée et non pas à l'œuvre gravé [7].

Les modèles d’orfèvrerie de Meissonnier sont restés très célèbres, ils font preuve de la plus grande invention et de la plus grande originalité[8]. Le "Livre" de modèles le plus connu est le "Douzième Livre des Œuvres", il s'agit en fait d'un cahier de seulement cinq feuilles (vignettes 73 à 77) représentant des chandeliers d'argent ; parmi ces chandeliers se trouve le modèle du célèbre candélabre du duc de Kingston que l'on peut voir sur le site du musée des Arts décoratifs[9]. Bien qu'orfèvre lui-même, Meissonnier était surtout ornemaniste et il faisait le plus souvent exécuter ses projets par d'autres, en particulier par l'orfèvre Claude Duvivier.

Les planches gravées de Meissonnier[10], comme celle du magnifique frontispice in folio du graveur Pierre-Alexandre Aveline, ont contribué à la diffusion européenne du style rocaille, encore nommé rococo[11] : "Ce sont des Fontaines, des Cascades, des Ruines, des Rocailles, et Coquillages, des morceaux d'Architecture, qui font des effets bizarres, singuliers et pittoresques, par leurs formes piquantes et extraordinaires, dont souvent aucune partie ne répond à l'autre, sans que le sujet en paraisse moins riche et moins agréable."[12] Meissonnier est l'un des premiers ornemanistes, avec Nicolas Pineau[13], et Jacques de Lajoüe[14], à abandonner la symétrie pour adopter des modèles à faces inégales, des formes déjetées, basculées[15], enroulées ou torsadées, des motifs de coquillages et de végétaux exubérants.

Meissonnier dessina aussi de nombreux projets d'architecture pour Paris (église Saint-Sulpice, place royale...) dont aucun ne réussit à aboutir. Sa seule réalisation effective, en tant qu'architecte, est l'hôtel particulier de Léon de Brethous, financier, armateur et maire, à Bayonne (1729-1734)[16].

La diversité de ses créations

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Bibliographie

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  • Peter Fuhring, Juste-Aurèle Meissonnier : un génie du rococo 1695-1750, Turin, U. Allemandi, 1999 (ISBN 9788842207825)
  • François-Xavier de Feller, Biographie universelle, t. 6, Lyon ; Paris, J.B. Pélagaud, 1867, p. 9.

Liens externes

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Notes et références

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  1. Désiré Guilmard. Les maîtres ornemanistes. Dessinateurs, peintres, architectes, sculpteurs et graveurs. Paris. 1880. 2vol.Lire en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6122798r Meissonnier. Article 16. Page 155. Rechercher la page avec le déroulement mosaïque.
  2. Coll Célébrations nationales 2000, Juste-Aurèle Meissonnier Direction des archives de France, Ministère de la culture et de la communication Paris 1999 p. 150
  3. Dans son Offre de concours à MM. Les Orfèvres, François-Thomas Germain, faisant le bilan de l’œuvre de son père, souligne que ce dernier et J.A. Meissonnier avaient tous deux influencé profondément l'art décoratif de leur temps en inventant ce qu'on appelait alors "le genre pittoresque" ; c'est en effet par cette expression que les contemporains désignaient le "rocaille/rococo"
  4. Annonce d'une première publication par le Mercure de France en mars 1734, p.558
  5. Les gravures étaient vendues, d'une part, à la feuille pour les "grandes pièces" in folio ; d'autre part, au cahier pour les gravures de modèles regroupés par thème : "Les feuilles ne se détachent pas des Cahiers, il faut prendre le Cahier entier qui se vend ordinairement à raison du nombre des feuilles qui y sont comprises, in Supplément à l'Art du Peintre, Doreur, Vernisseur par le Sieur Watin, in-8°, seconde Edition, 1773, p.355.
  6. La chose est signifiée dans le Mercure de France de mars 1734, p.559 et de juin 1734, p.1405 .
  7. Cf. Exemple pris dans l'oeuvre gravé : gravure n°10 de Desplaces, "Chandeliers de scuplture (sic) en argent. Invanté (sic) par J. Maissonnier (sic) Architecte en 1728.
  8. Comte de Caylus. Mémoire sur M. Meissonier. Salon de 1750. "Il (Meissonnier) voulait trouver du nouveau, paraître singulier, produire du piquant, en un mot devenir original, et surtout ne ressembler à personne."
  9. Voir en ligne : https://madparis.fr/Juste-Aurele-Meissonnier-1695-1750-et-Claude-Duvivier-v-1688-1747-Candelabre.
  10. Voir en ligne : Œuvres de Juste-Aurèle Meissonnier-INHA/Bibliothèque numérique. https://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/item/10415-oeuvre-de-juste-aurele-meissonnier
  11. Le mot "rococo" ayant gardé une connotation péjorative en France, on y parle ordinairement de "la rocaille". Par contre, nos voisins européens ne connaissent que le mot "rococo" pour désigner le style que nous nommons "rocaille". A. Blunt : Neapolitan Baroque and Rococo Architecture, Londres, 1975. C. Gurlitt : Das Barock-und-Rokoko Ornament Deutschlands, Berlin, 1883. O. Kurz : Manierismo, barroco, rococo, concetti e termini, Rome, 1960.
  12. Article du Mercure de France de mars 1934.
  13. Guillaume Janneau, Les ateliers parisiens d'ébénistes et de menuisiers aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris 1975, chap. Du classicisme à la rocaille, p.15.
  14. Jacques de Lajoüe, Livres d'Architecture, Paisage et Perspectives, Paris, en feuilles et cahiers, c. 1740-50 ; et ; Cartouches de guerre, idem, c.1740-50 ; à voir sur /bibliothèque numérique.inha.fr/
  15. A la clef de l'arc décorée, il substitua de petits cartels enrichis de mille gentillesses et posés de travers"(...), Nicolas Cochin, Mercure de France, Février 1755, p.158.
  16. Peter Furhing. Opus cité en bibliographie. p.197. Maison de Léon Brethous à Bayonne, 1729.