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Macrobiotique

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Le régime macrobiotique (zen macrobiotique ou macrobiotique) est une régime miracle basé sur des concepts tirés du bouddhisme zen et l'appel à la nature[1],[2]. Le régime tente d'équilibrer les éléments yin et yang supposés des aliments et des ustensiles de cuisine[1]. Les grands principes des régimes macrobiotiques sont de réduire les produits animaux, de manger des aliments locaux et de saison, et de consommer les repas avec modération[2].

Le régime a été popularisé par George Ohsawa dans les années 1930, puis développé par son disciple Michio Kushi[3]. L'historienne de la médecine Barbara Clow écrit que, comme beaucoup d'autres types de charlatanisme, la macrobiotique adopte une vision de la maladie et de la thérapie qui va à l'encontre de la médecine générale[4].

Il n'existe aucune preuve scientifique fiable de l'utilité d'un régime macrobiotique pour les personnes atteintes d'un cancer ou d'autres maladies, et ce régime peut être nocif[5],[6],[2].

Bases conceptuelles

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Le régime macrobiotique est associé au bouddhisme zen et repose sur l'idée de l'équilibre entre le yin et le yang. Le régime propose dix programmes à suivre pour atteindre un rapport yin:yang prétendument idéal de 5:1[7].

La philosophie macrobiotique repose sur la philosophie du "Principe Unique", qui décrit comment deux forces opposées, Yin et Yang, interagissent pour créer et équilibrer l'univers. Les aliments sont classés selon ces forces, où les aliments Yang recentrent et fortifient, tandis que les aliments Yin apportent légèreté et fraîcheur. Cette philosophie affirme que l'univers est une manifestation de l'Un divisé en Yin (force dilatatrice) et Yang (force constrictive), cherchant continuellement à se réunifier.

Georges Ohsawa, fondateur de cette philosophie, décrit un mécanisme de création en spirale où l'énergie se concentre et se dilate, créant ainsi toutes les formes de vie, de l'énergie aux particules atomiques jusqu'aux êtres vivants. L'homme, au centre de cette spirale, est capable de comprendre ce processus. Ohsawa propose également des lois et théorèmes pour expliquer l'ordre de l'univers, et met en avant l'importance de développer un jugement global, allant au-delà des perceptions dualistes, pour atteindre l'harmonie et l'équilibre avec l'univers[8].

La cuisine macrobiotique met l'accent sur l'utilisation d'aliments peu transformés, frais, de saison et locaux. On y retrouve des céréales complètes, les légumes secs (légumineuses), les légumes, les algues comestibles, les produits à base de soja fermenté et les fruits cultivés localement et combinés dans les repas selon le principe de yin et yang[9].

Elle prescrit l'utilisation d'ustensiles de cuisine fabriqués à partir de matériaux spécifiques tels que le bois ou le verre, tandis que certains matériaux tels que le plastique, le cuivre et les revêtements antiadhésifs sont à éviter. De même, les fours électriques sont proscrits.

Santé et danger

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La maladie selon la macrobiotique

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La définition que donne la macrobiotique de la maladie diffère aussi sensiblement de celle habituellement admise : l'arrogance serait la seule véritable maladie universelle, dont toutes les autres maladies ne sont que des manifestations. La maladie est perçue comme une réaction naturelle du corps pour se rééquilibrer et l'éliminer des excès nocifs. La macrobiotique recommande de faire confiance à ce processus de guérison naturel, en intervenant le moins possible et en suivant un régime équilibrant le Yin et le Yang pour faciliter le nettoyage de l'organisme. Les recommendations d’usage d’aliments spécifiques se basent sur les experimentations de Georges Ohsawa sur lui-même[1],[8].

Risques pour la santé

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Le régime macrobiotique est déconseillé aux enfants, aux adolescents, aux femmes enceintes, allaitantes, aux personnes en deficit immunitaire ou ayant une maladie chronique et aux seniors. Il associé a un certains nombre de risques pour la santé physique et mentale, parmi lesquels[10],[11],[12]:

  • Carences en fer, en zinc, en calcium, en magnesium, en acides gras essentiels, en protéines et en acides aminés essentiels, en iode et en vitamine B12, pouvant affaiblir le système immunitaire, déteriorer la santé osseuse, entrainer une fatigue chronique, provoquer des retards de croissance, de developpement et du rachitisme;
  • Déclenchement ou aggravation de troubles alimentaires, anxiété.

L'American Cancer Society recommande une « alimentation pauvre en graisses et riche en fibres, composée principalement de produits végétaux » ; cependant, elle recommande vivement aux personnes atteintes d'un cancer de ne pas considérer un programme alimentaire comme un moyen exclusif ou principal de traitement[3].

Cancer Research UK déclare que « certaines personnes pensent qu'un mode de vie macrobiotique peut les aider à lutter contre leur cancer et conduire à une guérison. Mais il n'existe aucune preuve scientifique de cette hypothèse »[13].

Controverse: mouvement sectaire

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En France, dans les années 1980, le fils de l'ecrivain Roger Ikor se suicide après avoir adhéré au mouvement macrobiotique. Roger Ikor fonde le Centre contre les manipulations mentales en 1981 pour informer sur le phénomène sectaire, faire de la prévention et aider les victimes[14],[15].

Notes et références

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  1. a b et c Marjolijn Bijlefeld et Sharon K. Zoumbaris, Encyclopedia of diet fads: understanding science and society, Greenwood, an imprint of ABC-CLIO, LLC, (ISBN 978-1-61069-759-0)
  2. a b et c (en) Robert H. Lerman, « The Macrobiotic Diet in Chronic Disease », Nutrition in Clinical Practice, vol. 25, no 6,‎ , p. 621–626 (ISSN 0884-5336 et 1941-2452, DOI 10.1177/0884533610385704, lire en ligne, consulté le )
  3. a et b American Cancer Society complete guide to complementary & alternative cancer therapies, American Cancer Society, (ISBN 978-0-944235-71-3, OCLC 150366165, lire en ligne), pp. 638–642
  4. Barbara Natalie Clow, Negotiating disease: power and cancer care, 1900-1950, McGill-Queen's University Press, coll. « McGill-Queen's/Hannah Institute Studies in the history of medicine, health and society », (ISBN 978-0-7735-2210-7 et 978-0-7735-2211-4, OCLC ocm46628742, lire en ligne) :

    « Avant d'étudier les réactions médicales aux innovations thérapeutiques de cette époque, il convient de s'arrêter sur la signification de la « médecine alternative » dans ce contexte. Souvent, les chercheurs utilisent ce terme pour désigner des systèmes de guérison qui sont philosophiquement et thérapeutiquement distincts de la médecine traditionnelle : l'homéopathie, la réflexologie, le rolfing, la macrobiotique et la guérison spirituelle, pour n'en citer que quelques-uns, incarnent des interprétations de la santé, de la maladie et de la guérison qui sont non seulement différentes, mais aussi en désaccord avec l'opinion médicale conventionnelle. »

  5. (de) J. Hübner, S. Marienfeld, C. Abbenhardt et C. Ulrich, « Wie sinnvoll sind „Krebsdiäten“? », DMW - Deutsche Medizinische Wochenschrift, vol. 137, no 47,‎ , p. 2417–2422 (ISSN 0012-0472 et 1439-4413, DOI 10.1055/s-0032-1327276, lire en ligne, consulté le )
  6. « Zen Macrobiotic Diet », CA: A Cancer Journal for Clinicians, vol. 22, no 6,‎ , p. 372–375 (ISSN 0007-9235, DOI 10.3322/canjclin.22.6.372, lire en ligne, consulté le )
  7. Ruth A. Roth et Kathy L. Wehrle, Nutrition & diet therapy, Cengage Learning, (ISBN 978-1-305-94582-1), chap. "Chapter 2: Planning a Healthy Diet"
  8. a et b La Philosophie de la médecine d’Extrême-Orient et L’Ère atomique et la Philosophie d’Extrême-Orient de Georges Ohsawa.
  9. William Emerson Hinchliff, « Abundant Good Books for an Affluent Society », Improving College and University Teaching, vol. 13, no 3,‎ , p. 181–182 (ISSN 0019-3089, DOI 10.1080/00193089.1965.10532444, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Rhona M. Hanning et Stanley H. Zlotkin, « Unconventional Eating Practices and Their Health Implications », Pediatric Clinics of North America, vol. 32, no 2,‎ , p. 429–445 (DOI 10.1016/S0031-3955(16)34796-4, lire en ligne, consulté le )
  11. « III. - Mort lente et zen macrobiotique », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. Canadian Cancer Society / Société canadienne du cancer, « Bien manger », sur Société canadienne du cancer (consulté le )
  13. « Zen Macrobiotic Diet », CA: A Cancer Journal for Clinicians, vol. 22, no 6,‎ , p. 372–375 (ISSN 0007-9235, DOI 10.3322/canjclin.22.6.372, lire en ligne, consulté le )
  14. Point de vue de Roger Ikor dans son interview dans le journal "L'unité" (1981) : "J'affirme que mon fils n'était pas un tempérament suicidaire et qu'il a été conduit au suicide par une secte : le zen macrobiotique (...) j'ai retrouvé les menus qu'il suivait (sans parler des périodes de jeûne) d'après les prescriptions du macrobiotique (...) C'était un régime gravement carencé et en particulier aprotéiné (...) Sur ce tract le macrobiotique prétend guérir toutes les maladies, mêmes les maladies incurables ! C'est du charlatanisme, de l'exercice illégal de la médecine.[1]
  15. Roger Ikor, je porte plainte !..., Albin Michel, , 35 p., Il a alors retrouvé ses frères, qui festoyaient dans la maison avec leurs amis . ... Et c'est alors qu’échappant à leur surveillance il s'est pendu.