Masque funéraire de Toutânkhamon
Masque funéraire de Toutânkhamon | |
Masque funéraire de Toutânkhamon, exposé au Musée égyptien du Caire. | |
Matériau | Or, pierres semi-précieuses |
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Fonction | Masque funéraire |
Période | XIVe siècle av. J.-C. |
Culture | Égypte antique |
Lieu de découverte | Tombeau de Toutânkhamon |
Conservation | Musée égyptien du Caire |
Fiche descriptive | The Gold Mask of Tutankhamun |
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Le masque funéraire de Toutânkhamon, appelé aussi masque d'or de Toutânkhamon, est le masque funéraire découvert le [1] dans le tombeau de Toutânkhamon lorsque l'archéologue britannique Howard Carter ouvre le sarcophage contenant la momie de ce pharaon. Cette sculpture est un véritable chef-d'œuvre de l'orfèvrerie égyptienne[2].
En 2001, la découverte d'un ancien cartouche en grande partie effacé, sous celui de Toutânkhamon, suggère une réappropriation du masque d'un autre souverain[3]. Lors d'une restauration du masque en 2015, une image plus précise de ce palimpseste est obtenue et l'égyptologue Carl Nicholas Reeves propose le nom de la pharaonne Ânkh-Khéperourê, la sœur de Toutânkhamon. Selon le Britannique, Toutankhamon mort prématurément à dix-neuf ans a dû être enterré à la va-vite dans une tombe qui ne lui était pas destinée, celle de sa belle-mère Néfertiti morte dix ans plus tôt, et a dû se réapproprier le mobilier funéraire (dont le masque) d'autres souverains[4].
Description
[modifier | modifier le code]Ce masque funéraire est fait de deux plaques d’or assemblées par martelage, soudées, rivetées, ciselées et brunies. D'une hauteur de 54 cm, d'une largeur de 39,3 cm et d'une profondeur de 49 cm, il est constitué de 10,32 kg d'or massif et de pierres semi-précieuses, ce qui équivaut sur le marché actuel à 500 000 $ de matériaux bruts[5].
Avec ses yeux rapprochés en amande, les lèvres charnues, la forme du nez et la courbe du menton, cette sculpture présenterait les caractéristiques physiques de Toutânkhamon mais il faut rappeler que souvent les représentations de ce pharaon témoignent d'un style visant à reproduire un même idéal physique, celui d'Akhenaton[6]. Le souverain porte le némès (coiffe rayée à bandes dorées et bleues, ces dernières à base de pâte de verre imitant le lapis-lazuli) dont deux pans retombent sur la poitrine et un troisième dans le dos, se terminant par une tresse annelée[7]. Il arbore un large collier ousekh composé de douze rangées de perles en quartz, lapis-lazuli, amazonite et en pâte de verre colorée. Ce collier est accroché au niveau des épaules par des fermoirs en forme de tête de faucon ornée d'obsidienne, rapace qui est l'image du dieu Horus[8].
Outre ce couvre-chef surmonté des deux animaux protecteurs du pharaon (le vautour Nekhbet pour la Haute-Égypte et le cobra Ouadjet pour la Basse-Égypte) en or avec des incrustations de cornaline, lapis-lazuli et pâte de verre, le souverain porte une barbe postiche tressée en or et en pâte de verre[9].
Le blanc des yeux est fait de quartz blanc, légèrement rougi aux coins, et la pupille d'obsidienne. Ils sont rehaussés d’un liséré de lapis-lazuli pour imiter le khôl. Les oreilles ont le lobe percé[10].
Les hiéroglyphes sur la face dorsale et les épaules du masque d'or reprennent sous forme abrégée une formule magique du chapitre 151 B du Livre des morts intitulé « Formule pour la tête mystérieuse »[11].
Exposition
[modifier | modifier le code]Le masque funéraire de Toutânkhamon est exposé dans le Musée égyptien du Caire.
Du au , l’exposition « Toutânkhamon et son temps » à Paris au Petit Palais présentait le masque funéraire[12] dans la dernière salle.
Polémiques
[modifier | modifier le code]Au Caire, le masque échappe au pillage lors de la révolution égyptienne de 2011[13].
En , la barbe postiche du masque est abîmée dans des circonstances non précisées, les conservateurs du musée interrogés par l'agence Associated Press donnant des versions différentes des faits : comme par le passé où elle s'était déjà détachée et tenait par une simple cheville, la barbe se serait détachée après qu'un employé maladroit a tenté de rattraper l'objet pour l'empêcher de tomber lors d'une opération de dépoussiérage ou de réparation de l'éclairage de la vitrine. Un autre conservateur affirme que la barbe a été volontairement retirée parce qu'elle commençait à se détacher[14]. Le musée égyptien, au lieu de l'envoyer dans le laboratoire de conservation pour procéder à une restauration dans les règles de l'art, décide de le réparer rapidement et recolle grossièrement la barbe avec une résine époxy désormais visible de tous les visiteurs[15]. De plus, un conservateur reproche à un collègue d'avoir davantage endommagé le masque en voulant gratter l'excédent de colle avec une spatule métallique[16]. Selon le ministre égyptien des Antiquités Mamdouh Mohamed Eldamaty, la barbe est rattachée correctement et les traces de colle ont été laissées par des restaurations précédentes[17]. Finalement, le musée entreprend des travaux de restauration en afin de masquer cette colle époxy[18].
Galerie
[modifier | modifier le code]-
Le masque funéraire dans la tombe, 1925
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Le collier et la barbe
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Le masque sans la barbe
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Christiane Desroches Noblecourt, Toutânkhamon : vie et mort d'un pharaon, Hachette, , p. 56
- (en) Mey Zaki, Legacy of Tutankhamun. Art and History, American University in Cairo Press, , p. 32
- La présence d'un trou à chaque oreille suggère la représentation d'une femme portant deux boucles d'oreille.
- (en) Nicholas Reeves, « The Burial of Nefertiti ? », Amarna Royal Tombs Project Occasional Paper, no 1, , p. 4
- (en) Rose-Marie Hagen, Rainer Hagen, Egyptian art, Taschen, , p. 74
- Bruno Halioua, La médecine au temps des pharaons, Liana Levi, , p. 127
- Jean-Pierre Corteggiani, L'Égypte des pharaons au Musée du Caire, A. Somogy, , p. 248
- (en) Alessandro Bongioanni, Maria Sole Croce, The Treasures of Ancient Egypt from the Egyptian Museum in Cairo, Rizzoli, , p. 310
- Christiane Ziegler, Jean-Luc Bovot, Art et archéologie : l'Égypte ancienne, école du Louvre, , p. 183
- Philippe Nessmann, Dans les pas de Toutânkhamon, Éditions Flammarion, , p. 77
- Martin Andreas Stadler, Studien Zum Altagyptischen Totenbuch, Otto Harrassowitz Verlag, , p. 54
- « En 1967, l’exposition « Toutânkhamon et son temps » au Petit Palais avait réuni plus de 1,2 million de visiteurs » (consulté le )
- Claire Courbet, « Le masque funéraire de Toutânkhamon réparé... avec de la colle », sur lefigaro.fr,
- « La barbe de Toutankhamon abîmée par une réparation « ratée » », sur lemonde.fr,
- Photographie de la réparation et de la « cicatrice » irréversible
- Alexis Ferenczi, « Le masque funéraire de Toutânkhamon endommagé », sur huffingtonpost.fr,
- « Le masque de Touthânkamon défiguré par une restauration? », sur bfmtv.com,
- « L'Égypte entame la restauration du masque de Toutânkhamon », sur 24heures.ch,