Scandale des cassettes
Scandale des cassettes | |
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Le scandale des cassettes — parfois appelé « affaire des aigles de Kravtchenko » ou « Kuchmagate » (par analogie avec le scandale du Watergate) — est le nom donné à la révélation de l'existence de cassettes audio qui auraient été enregistrées dans le bureau de l'ancien président de l'Ukraine, Leonid Koutchma, et selon lesquelles il aurait commandité à la fin de l'année 2000 l'assassinat du journaliste d'opposition Gueorgui Gongadzé.
Contenu des cassettes
[modifier | modifier le code]Les enregistrements sont joués pour la première fois lors d'une session parlementaire à la Rada, le parlement ukrainien, par un député socialiste, Oleksandr Moroz[1].
On entend sur les cassettes en cause le président Koutchma ordonner que l'on « éloigne » le journaliste d'opposition Gueorgui Gongadzé[2]. Or, celui-ci est retrouvé décapité quelque temps après[3],[4]. Il propose également sur ces cassettes de kidnapper Gongadzé et de l'envoyer « en Tchétchénie »[5],[6].
De plus, on entend également sur ces cassettes le ministre de l'Intérieur de l'époque, Youriy Kravtchenko, se vanter de disposer d'hommes de main, dont il déclare qu'ils forment « une équipe incroyable. Des aigles [...] qui n'ont pas de principes moraux, rien de ce genre[4] ».
Suites diplomatiques et judiciaires
[modifier | modifier le code]Les pays occidentaux, et notamment les États-Unis, critiquent Koutchma pour avoir entravé l'enquête sur l'assassinat de Gueorgui Gongadzé, mais également pour la vente d'armes conclue entre l'Ukraine et l'Irak[5],[7]. En signe de « bonne volonté », le président ukrainien décide de limoger Kravtchenko au mois de [4].
Le scandale est à l'origine du mouvement d'opposition « L'Ukraine sans Koutchma », qui a lieu entre 2000 et 2001[6].
L'exécutant du meurtre, un officier de police nommé Oleksy Poukatch, est arrêté en 2009 ; il avoue avoir étranglé Gongadzé avec une ceinture, avant de le décapiter à la hache[8].
Youriy Kravtchenko, qui se suicide en mars 2005, est finalement désigné comme le commanditaire de l'assassinat par le parquet ukrainien le [8], au terme d'un long procès, ouvert en 2006[5]. Le jugement suscite la polémique et est dénoncé par les membres de l'opposition, qui critiquent une « décision politique » visant à « épargner les commanditaires ». En 2011, la justice ukrainienne ouvre finalement une enquête contre Leonid Koutchma, à nouveau soupçonné d'avoir commandité l'assassinat[3].
Références
[modifier | modifier le code]- (en) « Ukraine without Kuchma », sur maidanmuseum.org, (consulté le )
- « L'Ukraine tourne le dos aux réformes et aux bailleurs de fonds occidentaux », sur Les Echos, (consulté le )
- « Ukraine : enquête contre l'ex-président Koutchma pour l'assassinat d'un journaliste d'opposition », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Un « Watergate » ukrainien
- « Gueorgui Gongadzé, martyr de la démocratie ukrainienne », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- Natalie Nougayrède, « Ukraine : appels à la démission contre Leonid Koutchma », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- (en-US) « The First Revolution: 10 years later | The Ukrainian Week » (consulté le )
- Marie Jégo, « Le président ukrainien pressé de clore l'affaire Gueorgui Gongadzé », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )