Terre-Neuve-et-Labrador (en anglais : Newfoundland and Labrador) est la province la plus orientale du Canada, située dans la région de l'Atlantique. Elle est constituée de l'île de Terre-Neuve et de la région continentale du Labrador au nord-ouest, combinant une superficie totale de 405 212 km2. En 2022, sa population est estimée à 522 875 habitants. Environ 94 % de la population de la province vit sur l'île de Terre-Neuve (et les petites îles voisines), dont plus de la moitié sur la péninsule d'Avalon.
Elle est la province la plus homogène du Canada sur le plan linguistique, avec 97 % d'habitants ayant l'anglais (avec sa variante locale) comme langue maternelle d'après le recensement de 2016[3]. Historiquement, Terre-Neuve abritait également des variétés uniques d'irlandais(en) et de français, ainsi que la langue éteinte béothuk. Au Labrador, les langues autochtones innu-aimun et inuktitut sont également parlées.
La capitale et la plus grande ville de Terre-Neuve-et-Labrador, Saint-Jean, est la 20e plus grande aire métropolitaine du Canada et abrite près de 40 % de la population de la province. Saint-Jean héberge le siège du gouvernement provincial, la Chambre d'assemblée, ainsi que le plus haut tribunal de la juridiction, la Cour d'appel(en).
Malgré diverses allégations sur la fréquentation des Grands Bancs par des pêcheurs européens au début du XVe siècle, et dont la source principale paraît être l'ouvrage de Charles Desmarquets[6], le premier récit historiquement documenté est celui de l'explorateur Jean Cabot, qui accosta à Bonavista en 1497 et prit possession de Terre-Neuve au nom de la couronne d'Angleterre. Humphrey Gilbert établit un poste de pêche en 1583 à Saint-Jean, entamant le processus de colonisation de l'ile. En 1610, John Guy fonda une colonie à Cuper's Cove, aujourd'hui connu sous le nom de Cupids, faisant de Terre-Neuve la deuxième colonie permanente anglaise en Amérique après Jamestown en Virginie[7]. Le fils de Nicholas Guy[Qui ?], né le , est le premier enfant anglais dont la naissance est connue sur le territoire de ce qui deviendra le Canada[8]. La colonie anglaise à l'Anse Cupid fut suivie par la colonie anglaise d'Avalon, établie par Sir George Calvert à Ferryland en 1621. Sir George Calvert s'était converti au catholicisme et tolérait donc les catholiques dans la colonie d'Avalon[9]. Malgré ses efforts, les plantations commerciales anglaises n'eurent pas beaucoup de succès à cause des conditions climatiques et naturelles difficiles de Terre-Neuve. Plus tard, il fondera la colonie anglaise du Maryland.
Au milieu du XVIIe siècle, les Basques, qui pêchaient les bancs de morue dès le début du XVIe siècle au large des côtes, fondèrent Plaisance (aujourd'hui Placentia), un havre fréquenté aussi par des pêcheurs d'autres régions françaises. En 1655, le royaume de France, déjà présent au Canada, installe un gouverneur à Plaisance, commençant une tentative de colonisation française de l'île[10]. Cette tentative entraîna des tensions avec la Grande-Bretagne et fut abandonnée à la suite des traités d'Utrecht de 1713 qui mettent fin à la guerre de Succession d'Espagne. Selon les termes des traités, la France renonce à ses revendications sur l'île de Terre-Neuve (ainsi que celles portant sur les côtes de la baie d'Hudson) et confirme la possession de celle-ci par la Grande-Bretagne. Des territoires français d'Acadie y sont aussi cédés aux Britanniques. La population française de Plaisance se transféra alors sur l'île Royale (aujourd'hui l'île du Cap-Breton), fraction d'Acadie restée française jusqu'à la guerre de Sept Ans, marquée par le tragique épisode de la déportation des Acadiens en 1755.
La colonie n'était pas une province canadienne jusqu'en 1949 et fut de 1907 à son entrée au sein de la Confédération un dominion indépendant membre de l'Empire britannique, ayant une existence juridique séparée du Canada[11].
Terre-Neuve fut dotée en 1832 d'une assemblée bicamérale, qui est actuellement connue sous le terme de la Chambre d'assemblée (House of Assembly)[12]. En 1855, Terre-Neuve reçut son propre gouvernement[12] et Philip Francois Little, natif de l'île du Prince-Édouard, forma la première administration de 1855 à 1858.
En 1941, en vertu d'une entente avec la Grande-Bretagne, les États-Unis y installèrent des bases aériennes en échange de leurs vieux destroyers[13].
Terre-Neuve rejeta une première fois l'union avec la confédération canadienne dans l'élection générale de 1869[12]. Elle demeura colonie britannique jusqu'à ce qu'elle reçût le statut de dominion semi autonome en 1907[12] en même temps que la Nouvelle-Zélande. Elle tenta de faire un accord de libre-échange avec les États-Unis mais cela échoua. Le Dominion de Terre-Neuve atteignit son âge d'or sous le premier ministre Robert Bond(en).
Terre-Neuve constitua son propre régiment : The Royal Newfoundland Regiment pour participer à la Première Guerre mondiale afin de soutenir le Royaume-Uni. Le , une grande partie de ce régiment fut massacrée au début de la Bataille de la Somme. La dette de guerre à la suite des dépenses dues à ce régiment conduisit à un endettement croissant lors des années 1920, car contrairement à tous les États souverains de l'époque (qui annulèrent ou étalèrent leurs remboursements de leur dette de guerre à leur avantage), Terre-Neuve fit face à ses engagements financiers sans les renier.
Les années 1920 furent aussi marquées par une atmosphère de scandale. En 1923, le premier ministre Richard Squires(en) fut arrêté et accusé de corruption. Il fut laissé en liberté sous caution peu de temps après, mais on nomma une commission britannique dirigée par Hollis Walker pour éclairer l'affaire. Peu de temps après, le gouvernement de Squires chuta. Il revint au pouvoir en 1928 pendant la grave crise infligée au pays par la Grande Dépression. Le , une émeute de dix mille personnes à l'Assemblée contraignit Squires à s'enfuir.
Le gouvernement suivant, mené par Frederick Alderdice(en), demanda au gouvernement britannique de prendre le contrôle direct du pays, jusqu'à ce que Terre-Neuve soit autosuffisante.
En 1946, une élection mit en place une convention nationale pour décider de l'avenir de Terre-Neuve. Après un débat acharné et un premier référendum à trois options en , un deuxième référendum en juillet 1948 décida par un vote de 52 % contre 48 % de s'unir avec le Canada[12].
Terre-Neuve devint membre de la Confédération canadienne le [12].
Brian Peckford devint premier ministre en 1979. Pendant cette période, la province lutta avec le gouvernement fédéral pour contrôler les importantes ressources pétrolières maritimes, dispute qui s'acheva par un compromis. En 1989, le Parti libéral de Clyde Wells prit le pouvoir.
Durant les années 1990, Terre-Neuve fit face à une crise écologique et environnementale sévère. L'activité de pêcherie de morue, dont les Terre-neuviens avaient vécu pendant cinq cents ans, chuta en raison de la quasi-disparition de l'espèce. Le gouvernement fédéral aida Terre-Neuve à hauteur d'un milliard de dollars.
En 1996, l'ancien homme politique fédéral Brian Tobin prit le pouvoir. Son but principal était de faire profiter la province des riches dépôts de nickel récemment découverts au Labrador. Il démissionna pour retourner à la politique fédérale en 2000. Le Parti libéral s'est trouvé dans une condition affaiblie depuis ce temps, situation ressentie par l'actuel premier ministre, Roger Grimes.
Un différend perdure avec la Nouvelle-Écosse au sujet de la frontière maritime au sud.
En 2003, le gouvernement fédéral imposa un moratoire complet sur la pêche de la morue, à cause de la population extrêmement basse de ce poisson. Ceci enflamma les esprits partout dans le Canada atlantique ; à Terre-Neuve-et-Labrador, le premier ministre Grimes ordonna une revue de l'Acte d'Union et de la place de la province au Canada.
Le sous-sol de la province regorge de ressources minières. Les gisements de fer les plus importants au monde ont été découverts au Labrador. Le sol renferme également d'énormes quantités de minerais d'or, d'argent, d'amiante, de fluor, de tungstène, de nickel (mine de Voisey's Bay), de cuivre, de plomb, de zinc et de charbon ainsi que de gypse, de calcaire et de cobalt. Ce dernier se trouve surtout dans l'île de Terre-Neuve. Beaucoup de pétrole off-shore a été découvert en mer à 300 km environ au sud-est de la capitale Saint-Jean de Terre-Neuve dans le secteur dénommé Bassin Jeanne d'Arc (Jeanne d'Arc Basin). L'exploitation se poursuit depuis plusieurs années à l'aide de plateformes en mer, sous l'égide de puissantes compagnies nord-américaines. Aux gisements d'Hibernia, White-Rose, Terra-Nova très productifs, viendra s'ajouter celui d'Hebron dans un futur proche.
Le , les résultats de la Commission royale sur la place de Terre-Neuve-et-Labrador dans la fédération furent révélés[14]. La commission fit état des éléments de tensions dans la relation entre Terre-Neuve-et-Labrador et l'État fédéral :
l'impact massif de la destruction de l'activité de pêcherie de la morue ;
le fait que les ressources d'hydroélectricité du Labrador aient principalement bénéficié au Québec ;
une action commune pour reconvertir l'activité de pêcherie ;
une collaboration entre l'État fédéral, le Québec, et Terre-Neuve-et-Labrador pour développer le site hydroélectrique de Gull Island : Projet du Bas-Churchill ;
une révision des accords atlantiques pour que les réserves pétrolières maritimes (Hibernia) bénéficient en priorité à Terre-Neuve-et-Labrador ;
des pourparlers immédiats et réalistes sur une gestion conjointe de la pêcherie.
La province incorpore l'île de Terre-Neuve et un territoire continental, le Labrador, correspondant à la partie nord-est de la péninsule du Labrador, totalisant ainsi une superficie de 405 212 km2.
En 2016, la population de la province recensée est de 519 716 habitants[3]. Environ 92 % de la population vit sur l'île de Terre-Neuve (en incluant ses petites îles associées), dont la moitié sur la péninsule d'Avalon. Du fait de sa position insulaire, elle possède sa propre variété d'anglais[16],[17].
Sa capitale et sa plus grande ville, Saint-Jean de Terre-Neuve (en anglais St. John's), est la vingtième plus grande aire métropolitaine du Canada, et abrite plus de 40 % de la population provinciale. Ancienne colonie britannique puis éphémère dominion indépendant, elle fut rattachée au Canada en 1949, devenant la 10e province de la Confédération sous le nom de Terre-Neuve.
Le , une modification constitutionnelle a été adoptée afin de changer officiellement le nom en Terre-Neuve-et-Labrador[18]. Cependant, bon nombre de Canadiens utilisent encore « Terre-Neuve » pour désigner la province.
Le premier lieutenant-gouverneur de Terre-Neuve-et-Labrador a été le capitaine Henry Osborn de 1729 à 1731[21]. Le lieutenant-gouverneur depuis 2018 est Judy Foote[22].
Municipalités Terre-Neuve-et-Labrador représente une association des 276 villes de Terre-Neuve-et-Labrador. Sans but lucratif elle vise à développer dans une vision unifiée un gouvernement local fort et efficace[28].
Timbre de Terre-Neuve datant de 1897, le premier au monde représentant une mine.
D'après le recensement des habitants du Canada en 2001[32], les habitants de Terre-Neuve-et-Labrador possèdent principalement des ancêtres canadiens (leur présence est trop lointaine pour connaitre l'ensemble de leurs ascendances, en conséquence, ils choisissent uniquement l'origine « canadienne » à 53,4 %), anglais (39,3 %), irlandais (19,7 %), écossais (5,9 %), français (5,4 %), amérindiens (3,1 %), inuits (1,4 %), allemands (1,2 %) et métis (1,2 %). Les répondants doivent préciser toutes les origines ethniques qui s'appliquent et jusqu'à six origines ethniques sont retenues lors du recensement.
Sur 505 469 habitants, 499 830 réponses individuelles ont été recensées concernant les langues parlées à travers la province.
Au total, il y a également eu 435 réponses référençant l'anglais et une langue non officielle, 30 réponses référençant le français et une langue non officielle, 295 réponses référençant l'anglais et le français, 30 réponses référençant l'anglais, le français et une langue non officielle et environ 14 305 personnes n'ayant donné aucune réponse durant le recensement des langues primaires[réf. souhaitée].
L'économie de Terre-Neuve-et-Labrador connaît depuis quelques années une croissance fulgurante, grâce aux développements de l'exploitation pétrolière maritime, grâce aussi aux projets miniers, dont celui de « Voisey's Bay » et au tourisme. En 2007, le PIB y a progressé de 9,1 %. Le PIB par habitant, longtemps au dernier rang des provinces, est passé à 48 739 $ en 2007, pour se situer au deuxième rang, derrière l'Alberta. Le Québec, en comparaison, avait un PIB par habitant de 37 138 $.
Les mises en chantiers résidentiels étaient de 3 261 en 2008[36].
Le taux de chômage reste élevé à cause de la proportion relativement importante de travailleurs saisonniers.
↑ ab et cTERMIUM Plus®, la banque de données terminologiques et linguistiques du gouvernement du Canada, « Gentilés du Canada », sur btb.termiumplus.gc.ca, (consulté le ).
↑Charles Desmarquets, Mémoires chronologiques pour servir à l'histoire de Dieppe et à celle des navigations françaises, Paris, Libr. Desauges, : une analyse du contenu de ce livre et du crédit qu'il faut y ajouter est donnée par exemple dans la préface de Ch.-A. Julien au volume Les Français en Amérique dans la première moitié du XVIe siècle, Presses universitaires de France, (réimpr. Voyages au Canada, 1989, éd. La Découverte).
↑Cf. Gillian T. Cell, Newfoundland Discovered, English Attempts at Colonization, 1610-1630, Toronto, Hakluyt Society, ; et du même auteur, Early European Settlement and Exploitation in Atlantic Canada (éd. par G. M. Story),, Saint-Jean, Memorial University of Newfoundland, , « The Cupids Cove Settlement: A Case Study of the Problems of Early Colonisation », p. 97-114.
↑Historique de Plaisance, Patrimoine de Terre-Neuve et du Labrador, Memorial University of Newfoundland [2].
↑(en) Alex Marland, Matthew Kerby, First among unequals: the premier, politics, and policy in Newfoundland and Labrador, Montréal, McGill-Queen's University Press, , 366 p. (ISBN9780773543454).
↑ abcde et fAlex Marland, « La Chambre d’assemblée de Terre-Neuve-et-Labrador », La Revue parlementaire canadienne, (lire en ligne).
↑Jenny Higgins, « Présence des États-Unis à Terre-Neuve et au Labrador », Heritage Newfoundland and Labrador, (lire en ligne).