Triangle amoureux
Un triangle amoureux est une relation amoureuse impliquant trois personnes. Cette expression peut se référer à deux personnes indépendamment amoureuses d'une troisième ou impliquer que chacune de ces trois personnes ait une relation avec les deux autres. Les relations peuvent être amicales, amoureuses ou faire l'objet d'une haine entre les rivaux. Le terme « triangle amoureux » implique presque toujours que l'arrangement ne convient pas à une ou plusieurs personnes impliquées, ce qui le distingue du ménage à trois.
Pour Robin Skynner et John Cleese, auteurs de Families and How to Survive Them (1994), « on peut trouver un homme attiré par une femme mariée et n'arrivant pas à maintenir la relation si celle-ci risque de devenir plus qu'un flirt. Il a besoin du mari pour se protéger d'une relation complète... de la même façon qu'une femme intéressée par un homme marié peut l'aimer pour ça, et avoir donc besoin de la femme de celui-ci en tant que telle. »[1] Un accord tacite, voire non entièrement conscient, est parfois mobilisé par les protagonistes pour rendre le triangle durable. La situation peut prendre une forme comique : « Un homme à l'enterrement de la femme d'un ami, avec laquelle il a eu une liaison, fond en larmes et devient hystérique, alors que le mari reste impassible. « Ne t'en fais pas », lui répond ce dernier, « je me remarierai ». »[2]
Il semblerait que si des hommes « partagent une forme d'amour fraternel et autorisent la présence d'une femme dans leur relation, un triangle isocèle se forme automatiquement, comme dans le film de François Truffaut, Jules et Jim. »[3] L'anthropologue René Girard a exploré le rôle du désir mimétique dans de telles relations[4], et explique qu'il « serait injuste de rejeter la responsabilité d'une éventuelle querelle des jumeaux mimétiques sur la femme... Elle serait simplement leur bouc émissaire commun. »[5] Concernant la responsabilité selon le sexe des personnes impliquées, des preuves semblent indiquer que, contrairement à des idées reçues, les deux sexes sont enclins autant l'un que l'autre à aimer « avec la même passion, voire la même folie »[6], et qu'il n'y a rien qui puisse « suggérer qu'un homme est plus à même de se contrôler dans un triangle amoureux qu'une femme. »[7]
Dans de rares cas, un triangle amoureux peut pousser au suicide, ou au meurtre, une personne impliquée qui se perçoit comme rejetée. Un triangle amoureux peut aussi se résoudre de façon positive, une des personnes finissant par vouer ses sentiments à celle qu'elle ressent comme la plus vertueuse ou lui accordant le plus d'intérêt, et l'autre s'écartant pour laisser le couple vivre son histoire, arguant ne pouvoir aimer autant la même personne.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Robin Skynner/John Cleese, Families and How to Survive Them (1994) p. 268-9
- G. Legman, Rationale of the Dirty Joke Vol II (1973) p. 400
- Rebecca L. Copeland ed., Woman Critiqued (2006) p. 228
- René Girard, A Theatre of Envy (Oxford 1991) p. 4
- Girard[réf. à confirmer], p. 323-4
- A. Pam/J. Pearson, Splitting Up (1998), p. 166
- Copeland[réf. à confirmer], p. 47
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Gabrielle Gourdeau, La récurrence du triangle amoureux dans Les Rougon-Macquart : un produit de la perception tendancieuse d'Émile Zola, University of New Brunswick, 1983, 232 p.
- Dominique Luce-Dudemaine, "Flamenca" et les novas à triangle amoureux : contestation et renouveau de la fin'amor, Presses universitaires de la Méditerranée, Montpellier, 2007, 168 p. (ISBN 978-2-84269-800-3)
- Diane Morel, « Trois triangles amoureux en miroir », in Jean Renoir, "La Règle du jeu", Bréal, Rosny, 1998, p. 42-45 (ISBN 2-84291-161-X)