Zak Kostópoulos
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Ζαχαρίας "Ζακ" Κωστόπουλος |
Nom de naissance |
Zacharias Kostopoulos |
Surnom |
Zackie Oh |
Nationalité | |
Activités |
Zacharías "Zak" Kostópoulos, en grec moderne : Ζαχαρίας "Ζακ" Κωστόπουλος (né en 1985, mort le 21 septembre 2018), est un militant greco-américain, défendant les droits des personnes LGBT, des séropositifs, des travailleurs du sexe et des réfugiés et un drag performer connu sous le nom de Zackie Oh[1]. Il est tué le près de la place Omónia[2], au centre d'Athènes[3]. Le procès concernant sa mort s'est tenu du [1] au 3 mai 2022.
Biographie
[modifier | modifier le code]Zak Kostópoulos naît le aux États-Unis, d'un couple d'immigrés grecs. Il rentre en Grèce à l'âge de sept ans[4],[5].
Après des études de théâtre et de marketing[5], il travaille en tant qu'éducateur spécialisé en VIH et de santé sexuelle, au Check Point d'Athènes, un centre de prévention du VIH[5]. Il contribue également, bénévolement, à Positive Voice, l'association des personnes séropositives de Grèce, tout en écrivant des articles sur Internet et dans les journaux sur des sujets liées aux droits de l'homme, à la sexualité et au VIH[5]. Il lutte notamment contre la stigmatisation des personnes séropositives[6]. Il est également pendant un temps le président de l'association Communauté homosexuelle et lesbienne de Grèce (OLKE)[7]. Lors des élections municipales de 2014, il est candidat au poste de conseiller municipal d'Athènes avec la coalition P.N. OIKA[8]. Lors de ses dernières années, il participe à des spectacles de drag queens à Athènes sous le pseudonyme de Zackie Oh[9]. En 2017, il interprète Disco Inferno à la fin de la marche des fiertés d'Athènes[10]. Zak Kostópoulos explique avoir essuyé à plusieurs reprises des insultes et des tentatives de violence physique motivées par l'homophobie lorsqu'il marchait dans les rues d'Athènes en drag queen ou maquillé. Il dit se sentir davantage en sécurité dans les quartiers habités par des étrangers et des migrants, ses attaquants ayant toujours été des hommes grecs[6].
Décès
[modifier | modifier le code]Le 21 septembre 2018, dans l'après-midi, alors qu'il se rend dans une bijouterie située près de la place Omónia au centre d'Athènes, Zak Kostópoulos est enfermé dans la boutique de luxe par le propriétaire, qui le passe à tabac avec l'aide d'un complice[11]. Des passants portent eux aussi quelques coups. D'autres assistent à la scène ou la filment[6]. Un motocycliste dont le véhicule venait de tomber en panne d'essence dans les parages tente de s'interposer sans succès[12]. Huit policiers arrivés sur les lieux frappent Zak Kostópoulos à coups de matraque, lui écrasent la poitrine et le menottent[6]. Quatre le poursuivent hors de la boutique et le frappent[11]. Zak Kostópoulos est déclaré mort à son arrivée à l'hôpital, le [1]. Les autorités ne protègent pas l'accès à la scène du crime[12].
Procès des agresseurs
[modifier | modifier le code]Le propriétaire de la joaillerie, son complice et quatre des policiers intervenus sur les lieux sont inculpés. Les mis en cause décrivent une tentative de cambriolage qui a mal tourné, tandis que les proches de la victime invoquent un crime haineux et homophobe[1]. Dans les premiers temps, les médias grecs reprennent largement cette version, les médias de droite se réjouissant qu'il y ait « un toxicomane de moins, un malade de moins dans les rues d'Athènes »[6]. Le président du syndicat des policiers évoque sur une radio le « danger » représenté par les « drogués » et les « malades »[13]. Mais plusieurs vidéos anonymes mises en ligne sur la tombe numérique de la victime sur Youtube montrent le véritable déroulement des faits[6]. Zak Kostópoulos n'a aucun bijou sur lui en sortant de la boutique[11]. L'autopsie montre qu'il n'était pas sous l'emprise d'une drogue, ni d'un alcool[13], et qu'il est mort en raison de multiples blessures, la plupart portées à la tête[12]. Un couteau présent sur les lieux ne porte aucune empreinte digitale de Zak[12]. Le procès établit également qu'il n'a opposé aucune résistance aux policiers[12].
L'un des deux agresseurs ayant passé Zak à tabac dans la boutique appartient à un groupe d'extrême-droite[6].
La mort de Zak Kostópoulos suscite la colère parmi les associations de protection des droits de l'homme et parmi les minorités d'orientation sexuelle et d'identité de genre en Grèce. Les associations de défense des droits de l'homme s'indignent que la scène du crime n'ait pas été protégée, ce qui laissait toute liberté à n'importe qui pour en ôter des preuves compromettantes[12]. Des slogans et des portraits du militant tué sont régulièrement représentés sur des lieux publics d'Athènes avant et pendant le procès, en particulier dans la rue Gladstonos où l'agression a eu lieu. Des pancartes renommant la rue "rue Zackie Oh", en hommage à la victime, y sont affichées[12]. La mère de la victime publie une tribune réclamant justice dans le Huffington Post, tribune reprise par l'ONG Amnesty International[14],[15]. La famille de la victime embauche l'agence britannique Forensic Architecture, spécialisée dans les affaires de violations des droits de l'homme, en parallèle au procès. Forensic Architecture publie en avril 2019 un rapport accablant pour la justice grecque, qui n'a pas lancé une enquête digne de ce nom et a négligé des informations cruciales enregistrées notamment par les caméras de surveillance de la joaillerie[12],[16].
Des manifestations sont organisées à Athènes chaque année pour réclamer justice, avant et pendant le procès[17],[18].
Le procès, à peine commencé, est reporté en raison des mesures contre la pandémie de Covid-19[19]. Il s'ouvre finalement un an après, le [1]. La partie civile demande une inculpation pour homicide. L'une des avocates criminelles représentant la famille de la victime met en avant le fait qu'en dépit de l'état de Zak au moment de son interpellation, les policiers l'ont menotté par derrière, ce qui rendait toute tentative de réanimation impossible[12]. La famille de la victime réclame également que l'ensemble des policiers étant intervenus soient mis en cause, et non pas seulement les quatre qui ont poursuivi la victime dans la rue[12].
Le propriétaire de la boutique, son complice et quatre policiers sont finalement mis en cause, tous au motif d'« avoir infligé des blessures mortelles sans l’intention de donner la mort »[13],[20]. Magda Fyssas, mère de Pávlos Fýssas, assassiné par des membres du parti néo-nazi Aube Dorée en 2013, est présente lors du procès en signe de soutien à la famille de la victime ; elle est insultée et bousculée par des policiers pendant le procès[11]. Au fil du procès, des parallèles sont établis entre les deux affaires dans la presse[12].
Le verdict est rendu le [21]. Les deux hommes qui ont enfermé Zak dans la bijouterie sont reconnus coupables d'avoir infligés diverses coups et blessures à la victime ayant entraîné la mort[21]. Tous deux écopent d'une peine de 10 ans de prison, transformée en assignation à domicile pour l'un en raison de son âge (plus de 70 ans)[13]. Les policiers sont acquittés[21].
Le verdict soulève l'indignation. Plusieurs manifestations et protestations ont lieu dans le pays contre les peines jugées insuffisantes et contre l'acquittement des policiers[13],[22]. L'avocate de la famille de la victime apprécie la reconnaissance de la culpabilité des deux premiers agresseurs, mais déplore que la famille de la victime soit laissée « sans justice » en dépit des preuves de la culpabilité des policiers, ce qui perpétue selon elle une longue tradition de violence policière impunie en Grèce[20]. L'ONG Amnesty International s'inquiète du « message d'impunité » que renvoie l'acquittement des policiers[11]. Vangelis Skoufas, membre du parti de gauche SYRIZA, dénonce le fait que le caractère homophobe du meurtre n'a pas été reconnu et la « répression systémique » envers des minorités discriminées que perpétue l'acquittement des policiers[11]. Une manifestation réunit plusieurs milliers de personnes à Athènes pour réclamer justice le soir qui suit le verdict[20].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Zak Kostopoulos » (voir la liste des auteurs).
- « Grèce: procès des assassins présumés de «Zak», Zacharias Kostopoulos, militant LGBTQ », RFI, (lire en ligne, consulté le ).
- (el) « Ο ακτιβιστής Ζακ Κωστόπουλος ήταν ο άντρας που πέθανε στη ληστεία στο κοσμηματοπωλείο » [« L'activiste Zak Costopoulos était l'homme qui est mort dans le vol à la bijouterie »], kathimerini, (lire en ligne, consulté le ).
- « Grèce: la mystérieuse mort d'un militant homosexuel intrigue les réseaux sociaux », RFI, (lire en ligne, consulté le ).
- (el) « Ο ακτιβιστής-αντιφασίστας, Ζακ Κωστοπούλος, ήταν ο άντρας που πέθανε στη ληστεία στο κοσμηματοπωλείο » [« L'activiste antifasciste Zak Costopoulos était l'homme qui est mort dans le vol à la bijouterie »], kar.org, (lire en ligne, consulté le ).
- (el) Danae Nadia Loizou-Manske, « Συνέντευξη από τον Ζακ Κωστόπουλο! » [« Propos recueillis de Zak Kostopoulos ! »], frapress.gr, (lire en ligne, consulté le ).
- Zackie Oh d’Athènes sort de sa tombe numérique, article de Paul B. Preciado dans Libération le 12 octobre 2018. Page consultée le 23 août 2022.
- (el) « Η «Π.Ν.ΟΙΚ.Α» της Ιωάννα Κοντούλη για την Αθήνα » [« Le "P.N.OIK.A" de Ioanna Kontoulis pour Athènes »], sur le site neolaia.gr, (consulté le ).
- (el) Vasilis Thanopoulos, « Ζακ Κωστόπουλος : «Να συμμετέχουμε, να είμαστε ορατοί και ορατές» » [« Zak Kostópoulos : "Participer, être visible et se manifester" »], sur le site avmag.gr, (consulté le ).
- (el) « Ο ακτιβιστής Ζακ Κωστόπουλος ήταν ο άντρας που πέθανε στη ληστεία στο κοσμηματοπωλείο » [« Le militant Zac Kostopoulos est l'homme qui a trouvé la mort lors du braquage de la bijouterie »], sur le site lifo.gr, (consulté le ).
- (en) Moira Lavelle, « A year after an LGBTQ activist’s murder in Greece, his memory lives on in ‘our politics and our action,’ protesters say », sur le site pri.org, (consulté le ).
- A Athènes, le verdict des meurtriers d’un jeune gay, icône du mouvement LGBT, provoque l’indignation, article de Fabien Perrier dans Libération le 4 mai 2022. Page consultée le 23 août 2022.
- 'Zak's an icon': the long fight for justice over death of Greek LGBT activist, article d'Helena Smith dans The Guardian le 20 décembre 2020. Page consultée le 23 août 2022.
- Grèce : retour sur le parcours du militant assassiné Zacharías Kostópoulos, article d'Angélique Kourounis sur Komitid le 23 août 2022. Page consultée le 23 août 2022.
- My Gay Son Was Kicked To Death, And I'm Still Seeking Justice, article d'Eleni Kostopoulos dans le Huffington Post le 16 mai 2019. Page consultée le 23 août 2022.
- My son was kicked to death – this is why I am seeking justice, campagne sur Amnesty International en mai 2019. Page consultée le 23 août 2022.
- The Killing of Zak Kostópoulos, page sur le site de Forensic Architecture. Page consultée le 23 août 2022.
- A year after an LGBTQ activist’s murder in Greece, his memory lives on in ‘our politics and our action,’ protesters say, article de Moira Lavelle dans The World le 25 septembre 2019. Page consultée le 23 août 2022.
- Athens rally held to commemorate death of LGBTIQ activist Zak Kostopoulos, article de Kosta Papadopoulos dans Greek City Times le 22 septembre 2021. Page consultée le 23 août 2022.
- Le procès des responsables de la mort du militant LGBTI+ Zacharias Kostopoulos démarre demain à Athènes, article de la rédaction avec l'AFP sur Komitid le 19 octobre 2021. Page consultée le 23 août 2022.
- Greek court acquits four police officers over death of LGBT activist, article d'Helena Smith dans The Guardian le 3 mai 2022. Page consultée le 23 août 2022.
- (el) Ioanna Mandrou, « Δίκη Ζακ Κωστόπουλου: Ένοχοι κοσμηματοπώλης και μεσίτης, αθώοι οι αστυνομικοί » [« Procès de Zak Kostópoulos : Bijoutier et courtier coupables, policiers innocents »], I Kathimeriní, (lire en ligne, consulté le ).
- Greece: Letting police officers involved in brutal death of LGBTI activist off the hook sends chilling sign of impunity, article sur le site d'Amnesty International le 3 mai 2022. Page consultée le 23 août 2022.