Images du vernissage
Maison des Arts Plexus
rue du Bourg, 1071 Chexbres, Suisse
artplexus@bluewin.ch
Carte Google
www.thierry-vernet.org
Thierry Vernet
Édition L'âge d'homme
Du samedi 28 mars au mercredi 22 avril 2009
www.vdr.ch - Rue des Bains 50 - 1205 Genève - Tél. + 41 22 800 33 81
Du lundi au vendredi de 9h à 18h30 - samedi 9h à 17h
Cette librairie de voyage s'inspire du souffle à la fois littéraire et itinérant de l'écrivain genevois Nicolas Bouvier. Il était naturel que le café-librairie devienne l'escale de ce voyage artistique autour de l'oeuvre de Thierry Vernet et Floristella Stephani. Seront exposées des photos prises par leurs amis, Nicolas Bouvier, Jean Mohr ou Jean Bouvier, le peintre.
Vernissage le samedi 28 mars 2009 à 10h
Mercredi 22 avril dévernissage en présence de M. François Laut, auteur de «l'oeil qui écrit» biographie de Nicolas Bouvier et de Mme Eliane Bouvier, suivi d'une séance de signature.
Vernissage le mercredi 28 janvier 2009, dès 18h.
L'exposition, réalisée par Francis Renevey (l'Atelier Nomade), retrace le parcours de Floristella Stephani et Thierry Vernet au gré de leurs peintures, écrits, notes, rencontres et voyages. Elle propose une réflexion sur le métier de peintre avec ses joies et ses exigences. Cette exigence vis-à-vis de soi et des autres transparaît dans leurs oeuvres, souvent contemplatives,véhiculant à la fois la sérénité et l'effroi du monde.
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Vernissage le mercredi 14 janvier à 18h en présence de Mme Eliane Bouvier.
De l'usage du dessin à «l'Usage du Monde».
En constante observation des êtres et paysages rencontrés, Thierry Vernet s'est toujours senti «en voyage».
La Pinacothèque offre la possibilité exceptionnelle de voir pour la toute première fois les impressions des dessins de cette aventure qui donnera à la fois «L‘Usage du Monde», livre écrit par Nicolas Bouvier et illustré par Thierry Vernet et «Peindre, écrire, chemin faisant», lettres de Thierry Vernet à sa famille. Belgrade, Kaboul, Tabriz, Téhéran et jusqu'à Colombo, partout Thierry dessine, s'émerveille, apprend, travaille, prépare des expositions qui contribuent financièrement à les pousser plus loin.
Nicolas Bouvier «L'Usage du Monde» , dessins de Thierry Vernet, Payot 1992
Brunch de clôture à la pinacothèque : dimanche 15 février 2009 dès 11h.
Buvant un café ce matin à la terrasse de la Vielleuse, je réalisais combien la faculté de se livrer à une totale sensorialité contribuait au bonheur d'exister. La matité du journal que je lisais, le lisse-droit de la table de marbre, les variations thermiques, entre "le fond de l'air", la chaleur du café, la température intermédiaire du sucre que j'y trempais, l'odeur du café, celle des arbres mouillés ce matin, l'asphalte arrosé à la fois noir-brillant et odorant-frais. Après le poli de la poignée de la porte du métro, l'odeur composite des voyageurs jointe aux couleurs variées de leurs costumes, la remontée de la température, tous ces éléments dont je suis conscient, que je goûte, provoquent une heureuse ébriété. Je pourrais les énumérer sans fin.
Il va sans dire que toutes ces harmoniques sensorielles tournoient et enrichissent l'acte central de prise de possession du monde, qui est, pour un peintre, de le regarder. Pas de le voir mais de le regarder attentivement. Je ne pense pas que, par exemple, le lion dans sa savane ou le condor sur sa montagne soient de grands dépressifs. Parce que sous leur lourde paupière à demi soulevée on apercevrait la lentille brûlante de leur objectif grand-angle à quoi rien n'échappe, qui leur assure leur présence dans la présence du monde, leur densité, leur unité.
Les peintres jouissent d'un bien grand bonheur d'avoir pour vocation de regarder le monde. Et pourtant c'est offert à chacun. Il suffit de s'y mettre. Non pour réaliser de jolis tableaux et dessins à mettre sous verre dans la salle à manger, mais simplement pour augmenter de façon considérable le bonheur d'être né. Rien n'y aide plus que le dessin, ou le regard en vue du dessin. Cela demande de l'attention, mais guère de temps, ça peut se faire partout. Dessiner c'est braver les rapports qui existent entre les choses. Il s'établit alors une relation entre les choses et l'observateur qui, du coup, sort de lui-même. Tolstoï écrivait que "la psychose est le paroxysme de l'égoïsme". On comprend ce qu'il voulait dire par là, dans ce langage qui sent sa longitude. Le dessin n'est pas, ou pas seulement, un acte d'appropriation, mais surtout un acte d'adhésion, de reconnaissance de l'extérieur à soi-même. Je reconnais, dans la maladie, le danger d'enlever ses lunettes, d'adhérer au flou reposant, de perdre le monde.
Mais alors je regarde : la distance entre la cafetière et le sucrier. Combien de fois le sucrier rentrerait dans cette distance. Je regarde cette dame en veste rouge sur fond d'immeuble gris. L'autobus passe derrière elle : rapport nouveau du rouge et du vert, puis un véhicule de la poste jaune citron. Nouveau rapport de couleur. Cette dame se demande ce que je regarde, je change de sujet d'observation de crainte de me faire gifler. A regret parce que je n'avais pas épuisé cette mine. Pas encore observé l'aplomb du géranium sur la fenêtre d'au-dessus. Car le plaisir naît de l'observation des aplombs et des niveaux. Quand l'apprenti renâcle à l'usage du niveau et du fil à plomb que lui conseille son maître, il ne sait ce dont il se prive ! A quoi il faut ajouter le bonheur de la sélection des couleurs : s'exercer à ne voir que ce qui est rouge, ou bleu, ou jaune, etc... Vraiment pas de quoi s'ennuyer à une terrasse de bistrot (ni dans un lit d'hôpital). Regarder est un jeu hautement amusant, du plus utile, indispensable à qui ressent la nécessité de s'accrocher à la rambarde sur le pont du navire en perdition sur lequel nous sommes embarqués.»
Thierry Vernet - Paris, septembre 1993
Thierry Vernet: "Peindre, écrire, Chemin faisant" (correspondance envoyée au jour le jour à sa famille pendant son voyage avec Nicolas Bouvier en 1953-54, de la Yougoslavie à l'Afghanistan dans leur petite Fiat Topolino), illustré par Thierry Vernet, précédé de "Transcender le présent", par Richard Aeschlimann, et "Voyager en peignant" par Nicolas Bouvier. 710 pages. Editions L'Age d'homme, Lausanne, 2006
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