LA FRANCE ET SES BEAUX DÉTOURS

À Bergerac, deux statues honorent la mémoire du célèbre Cyrano… qui n’a pourtant jamais montré son nez ici ! La ville devrait plutôt ériger un monument à sa rivière nourricière, la Dordogne. C’est grâce à elle, aux bateliers et aux gabares que la cité s’est enrichie au fil des siècles.

Bergerac, capitale du Périgord rouge, a longtemps tiré profit de son intense activité fluviale. On y vivait dans une certaines opulence, les hôtels particuliers sont là pour en attester, l’esprit ouvert aux idées nouvelles, comme celles de la Réforme. C’est d’ailleurs sur la place Louis-de-Labardonnie qu’au XVI^e siècle se tenaient les conférences de « la Paix de Bergerac », qui annoncèrent l’édit de Nantes autorisant les protestants à célébrer leur culte.

Depuis le XI^e siècle, la ville de Bergerac prospère sur les rives de la Dordogne. L’édification d’un premier pont en bois dès le XIII^e siècle permit de favoriser le commerce, particulièrement du vin, et les échanges. Un autre fut inauguré en 1513 et emporté par une crue en 1783 ; ses pierres servirent à construire les maisons des notables. Celui qui relie aujourd’hui la vieille ville au quartier de la Madeleine date de 1825.

Gabares sur la Dordogne.

Bergerac fut jusqu’aux années 1920 un haut lieu de la batellerie. Les bateaux du Bordelais remontaient leurs cargaisons de sel et de produits coloniaux (bois tropicaux, épices, riz) le long de la Dordogne. Dans le sens inverse, des gabares éphémères, les courpets, descendaient des hauts plateaux de Corrèze le tabac, le bois, le cuir et les fromages d’Auvergne jusqu’à Libourne. Une fois arrivées, les embarcations étaient démontées pour servir de bois de chauffe. Quant aux vins de Bergerac, ils étaient chargés sur l’ancien port (le quai Salvette) ; destination : les îles britanniques notamment pendant la guerre de Cent Ans, puis la Hollande à partir du XVI^e siècle.

La ville est fière de ses maisons à colombages, garnies de petites briques, appelées bricous, qui ont bien résisté au temps, comme celles qu’on peut admirer rues Saint-Clar, des Rois-de-France ou du Colonel-de-Chadois, ou encore place de la Mirpe. Certains édifices sont de belle pierre blonde, qui peut évoquer la belle robe du montbazillac.Arcades et fenêtres à meneaux, tout droit sorties de l’époque Renaissance, côtoient des maisons à pans de bois.

Maisons de bricous (petites briques) de la rue du Colonel-de-Chadois.

Le cloître des Récollets (XII^e-XVII^e siècle). C’est là que se trouve la maison des Vins. Les vins de Bergerac ne se résument pas au monbazillac : on compte 13 appellations d’origine contrôlée, parmi lesquelles le pécharmant, le bergerac…

De jolies façades ont été taillées dans une pierre jaune comme du montbazillac.

Au pied de Notre-Dame, sur la place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, un marché de produits de la ferme et de vannerie s’installe les mercredis et samedis. La région défend sa réputation gastronomique et viticole avec  pugnacité et panache.

Place Pélissière,dominée par la statue de Cyrano.