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Dernière mise à jour : 13.12.2024
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4792 POURQUOI LE MAL? (3/3)

Publié le 10/12/2024 à 05:59 par cafenetphilosophie Tags : gratuit sur amour monde mode mort création dieu divers nature sourire pouvoir demain center vie

Rubrique "Foi et Raison". Suite du billet N°4785.

 

Extrait de La foi au défi de la Raison, A.MENDIRI, Amazon.

 

Prochain billet demain mercredi 11 décembre.

 

 

 

Mais au-delà, il renvoie selon nous à ce que les écrits bibliques appellent de manière mythologique et souvent personnifiée comme étant le démon. Ce démon, par la force du désir qu’il exprime détourne les êtres conscients de toutes les préoccupations autres que celles portant sur les satisfactions apportées par l’Etre de finitude. C’est le démon ainsi entendu qui amène à considérer comme illusoire toute autre perspective que celles offerte par la finitude et qui exacerbe d’autant plus le désir que celui-ci ne trouve d’issue apparente que dans les étroites limites de celle-ci et donc dans un cours du temps extrêmement limité.

Cette attitude, d’un point de vue religieux, et eu égard aux considérations développées à propos du rôle ontologique de l’Incarnation et des perspectives de plénitude qu’elle offre, est constitutive de ce qu’on appelle traditionnellement le péché. Le péché n’est donc pas la manifestation d’une déficience morale ou d’une désobéissance à des interdits supposés d’ordre divin, mais une déficience d’ordre ontologique. Car le péché ainsi entendu est refus de Dieu, de sa promesse à laquelle on accorde aucun crédit et cela peut conduire assez souvent à ignorer les manières d’être inspirées par l’amour, l’Amour-agapè, l’amour gratuit, engendrant par-là même tous les désordres individuels et collectifs dont est coutumier le monde humain.

Or un tel mode d’amour exprime la nature même de Dieu, du Dieu Trinitaire comme nous avons eu l’occasion de l’exposer. En conséquence, pour pouvoir accéder à la plénitude divine faut-il encore s’efforcer d’être à l’image de cette plénitude. Il s’agit là d’une exigence ontologique et non d’une banale et assez mièvre exigence morale.

Tels sont les différents aspects du Mal, tant naturels qu’humains. L’Incarnation de l’Etre infini au sein de la finitude est donc libératrice du Mal, tout au moins pour les êtres conscients qui ont librement choisi de faire Alliance avec Dieu. Mais alors, si l’Incarnation de l’Etre infini conduit à l’extinction du Mal, pourquoi celui-ci ne s’est-il pas incarné d’emblée au sein de la finitude afin d’éviter l’émergence du Mal ? Telle est la question que nous devons nous poser et qui répond à la préoccupation de tous ceux qui opposent la toute-puissance et l’infinie bonté supposée de Dieu et la présence du Mal au sein de la réalité.

D’un point de vue rationnel, la réponse à cette question est simple. Si la finitude se voyait investie d’emblée par l’Etre infini, elle ne constituerait plus un Etre distinct et différent de l’Etre infini mais une simple modalité de celui-ci. Il n’y aurait pas à vrai dire d’Etre de la finitude, porteur d’une liberté propre. Car n’oublions pas que l’Incarnation de l’Etre infini au sein de la finitude n’introduit que la possibilité d’accéder à cette plénitude, à cette nouvelle forme de plénitude, à savoir une plénitude accessible aux créatures, la plénitude sur le mode de la finitude. Il ne s’agit en rien de faire en sorte que la finitude soit d’emblée et donc actuellement plénitude.

Car pour que la finitude soit un Etre authentique et non une simple modalité d’Etre de l’Etre infini, il faut qu’elle soit de part en part finitude et rien que finitude. Sinon, nous aurions affaire à un Etre unique, l’Etre infini, un Etre tel que le conçoivent les panthéistes pour qui tout est Dieu. Mais l’Etre de finitude est marqué par essence par les limites qui lui sont propres. L’émergence à l’Etre de l’Etre de finitude s’accompagne donc par une « chute ontologique » inévitable. La toute-puissance de Dieu concerne le mode d’action envisageable de Dieu et reste étrangère à ce qui ne relève précisément pas de sa nature.

Certes, nous avions avancé l’hypothèse selon laquelle au sein même de la plénitude sur le mode de la finitude, les créatures demeuraient libres sans quoi elles ne seraient plus des manifestations d’un Etre véritable. En conséquence, certaines d’entre elles pouvaient décider d’être en rupture de ban avec Dieu. Si nous appelons « anges » les êtres conscients issus du vaste multivers et ayant librement accédé à la plénitude sur le mode de la finitude, il s’agirait alors « d’anges déchus ».

Dès lors, cela est-il la preuve que la plénitude sur le mode de la finitude est compatible avec la liberté et donc avec le statut d’Etre et qu’en conséquence le Dieu tout-puissant aurait pu d’emblée s’incarner au sein de l’Etre de finitude ? Ce serait là une erreur de raisonnement. Car il convient de ne pas oublier que les « anges déchus » sont des créatures dont les choix et le devenir relèvent entièrement de la liberté dont ils ont hérité en tant qu’êtres particuliers de la finitude. Sans ce statut d’Etre, ils n’auraient été que de simples modalités de l’unique Etre infini.

Au vu de ces analyses, il ressort que le Mal apparaît comme un phénomène ontologique inévitable dès lors que l’Etre infini, par Amour, décide de partager la valeur et le sens libres et gratuits liés à son Etre avec des Etres distincts de lui, à savoir les créations. Car l’Etre infini Trinitaire est Amour et Amour infini ou sans limite et à ce titre désire partager sa plénitude où se voit éradiquée toute forme de Mal avec les créations.

D’ailleurs, l’Etre infini partage de toute éternité et ce, sans fin, le Mal que les créations subissent en tant que finitude. D’abord parce que l’Etre infini incarné assume dès l’émergence d’une création quelconque le libre devenir de cette création et ce, en respectant absolument la liberté de celle-ci. Car si l’Etre infini agit au sein de la création par la médiation de ce qu’on appelle la Providence, faut-il encore que les créatures acceptent librement cette intervention de la Providence et que cette action ne vise qu’à faciliter, dans le respect du cours de la création, l’accès de ces créatures à la future plénitude divine, ce qui suppose que celles-ci soient fidèles à la nature divine, autrement dit à l’Amour-Agapè.

Mais il y a plus encore. Certes, l’Etre infini incarné est appelé à partager avec les créatures qui auront effectué ce libre choix la nouvelle forme de plénitude, à savoir la plénitude sur le mode de la finitude, puisqu’il en est la source et le fondement. Mais dans le même temps l’Etre infini enfermera en son sein, puisque rien ne saurait exister ou se concevoir en-dehors de lui, toutes les créatures restées sans le savoir fidèles à la finitude repliée sur ses seules forces et donc sur ses limites et imperfections ontologiques.

De plus, l’Etre infini dans son libre et gratuit processus de dépassement de sa plénitude vers des niveaux toujours plus élevés de plénitude, engendrant par là même la valeur et le sens de son Etre, fait émerger à l’Etre de nouvelles créations et ce, sans fin. Dès lors le destin de ces créations nouvelles sera le même que celui de toute création, de tout Etre de finitude. En conséquence les limites, les imperfections ontologiques, le Mal en un mot inévitablement attachés à la finitude sont appelés à perdurer pour l’éternité.

Ainsi, il découle rationnellement de l’ensemble des analyses qui précèdent que le Mal est paradoxalement le corollaire de la nature Trinitaire de l’Etre infini, qui, en tant qu’il se choisit Amour et même Amour Infini fait émerger à l’Etre les créations, partageant avec elles la valeur de son Etre et leur promettant de partager son sens attaché à la plénitude divine promise. Cela conduit également l’Etre infini à partager et à assumer le Mal qui affecte les Etres de finitude et ce, depuis et pour toute éternité.

En disant cela, nous mesurons combien nous heurterons nombre de sensibilités dont la révolte émotionnelle et réfléchie face à l’existence du Mal est on ne peut plus compréhensible. Cela sera d’autant plus incompréhensible et apparemment absurde pour tous ceux qui seront frappés par des aspects du Mal particulièrement injustes et douloureux. Mais comme nous l’avons déjà dit, l’émotion, le sentiment d’injustice ne sauraient être les instances qui soient susceptibles de trancher de manière pertinente et définitive concernant la question épineuse du Mal. La raison doit reprendre ses droits car elle possède seule le recul nécessaire et détient seule une expertise éventuelle en la matière.

Cependant, chacun aura pu observer que ces conclusions de la raison n’ont de sens que si, in fine, nous prêtons foi à l’Incarnation de l’Etre infini au sein de la finitude. De ce point de vue l’Incarnation ainsi conçue est bien la clef du sens. Mais la foi en la réalité de l’Incarnation n’a pas qu’une portée théorique mais également une portée pratique et existentielle. En effet, lorsque nous héritons des limites de notre finitude, et nous en connaissons tous à des degrés divers, lorsque nous sommes frappés par les déceptions multiples et parfois douloureuses de nos vie individuelles ou collectives, mais aussi par le malheur, par la souffrance physique ou morale, par l’approche de la mort, cela doit alors nous conduire à jeter un autre regard sur ces aspects parfois tragiques de l’existence et à se mettre en quête des éléments ténus de valeur et de sens qui s’offrent encore à nous et à les reconnaître et les accueillir avec le sourire de la vie. Il ne s’agit évidemment pas de sombrer dans le dolorisme, ce qui serait fort malvenu mais de sauver les moindres parcelles de sens, toutes celles qui peuvent encore l’être. Et surtout, n’oublions pas qu’aussi longtemps que l’Amour-agapè, l’amour gratuit, l’amour qui veut du Bien sans contrepartie peut se déployer par la médiation notamment de personnes certes éprouvées mais toujours ouvertes à l’espérance, l’absurde ne détient jamais le dernier mot.