Sept. C’est le nombre de destinations programmées, cet hiver, au départ de l’aéroport de Perpignan-Rivesaltes. Comme l’an passé, les voyageurs auront le choix entre Paris, Lille, Nantes, Bruxelles-Charleroi (Belgique), Oran (Algérie), Marrakech (Maroc) et Agadir (Maroc).

Pour les nouveautés, il va falloir attendre. « Comme toujours, nous discutons avec des compagnies. Mais aujourd’hui, il n’y a même pas une nouvelle destination dans les cartons. Il n’y a aucune piste », admet Denis Leluc, le directeur de l’aéroport de Perpignan-Rivesaltes.

Comme l’ensemble des aéroports français, la Llabanère fait face à plusieurs difficultés pour attirer de nouvelles liaisons. « C’est très compliqué en ce moment. Notamment au niveau de la fiscalité sur les aéroports français », avoue Denis Leluc.

Le directeur estime que la fiscalité est un « frein » pour attirer les compagnies aériennes en France. Pour illustrer son propos, il compare sa situation avec celle de son voisin catalan : « Un avion qui se pose à Gérone (Espagne) va coûter, en taxe à la compagnie, 20 euros de moins par passager. »

Certaines taxes et redevances, payées par le passager en France, sont prises en charge par l'État en Espagne. C'est notamment le cas sur tous les services régaliens : la sécurité, les pompiers…

Denis Leluc Directeur de l'aéroport Perpignan-Rivesaltes

Cette configuration permet aux compagnies d’adopter des prix plus compétitifs dans ces pays où la taxation est moins forte. Avec des tarifs abordables, l’entreprise peut espérer remplir ses avions au maximum. Et donc être rentable.

« Les compagnies recherchent cette rentabilité. Encore plus en ce moment avec la hausse du prix du pétrole. Elles subissent aussi les retards dans les livraisons d’avions, l’absence d’appareils d’occasion… Les entreprises ont peu d’avions. Elles les mettent sur les lignes les plus rentables. Et malheureusement, ce n’est pas forcément le cas de Perpignan, et même de la France ! », analyse le directeur de l’aéroport catalan.

En France, plusieurs compagnies low-cost ont décidé de fortement réduire la voilure. En Occitanie, EasyJet a annoncé la fermeture de sa base de Toulouse. Une décision qui pourrait laisser 125 salariés sur le carreau. Plus à l’ouest, Ryanair a quitté l’aéroport de Bordeaux, « en raison de l’augmentation des coûts ». Conséquence ? 39 lignes ont été supprimées.

La société irlandaise a également pris des mesures similaires en Allemagne. « C’est à cause des taxes », explique Denis Leluc. Il y a quelques jours, Ryanair a annoncé qu’elle allait arrêter de desservir des villes comme Dortmund, Dresde ou encore Leipzig. Les vols vont aussi être réduits vers Hambourg et Berlin.

Ce n’est pas demain la veille que la ville de Perpignan sera reliée à l’Allemagne. C’était pourtant une volonté de longue date du côté de la Llabanère.

« On avait fait un test en 2018 avec Francfort. Pour différentes raisons, ça n’avait pas fonctionné. Aujourd’hui, Ryanair ne veut plus entendre parler de vols entre l’Allemagne et la France. Il y a d’autres compagnies, mais elles n’ont pas forcément d’avions… Donc c’est compliqué », regrette le directeur de l’aéroport perpignanais.

Dans ce contexte particulier, Denis Leluc s’échine à maintenir les liaisons actuelles, avant d’en trouver de nouvelles. C’est notamment le cas du vol matinal (6h45) entre Perpignan et Paris Orly. « Ce vol doit être rempli. Sinon, on aura du mal à le maintenir l’hiver prochain », prévient-il.

Si le tableau semble bien sombre, l’aéroport peut se réjouir d’avoir déjà accueilli plus de 405 000 passagers (+ 6,9 % par rapport à la même période en 2023). D’après le directeur, le nombre des 478 600 passagers de l’an passé devrait être dépassé. À l’époque, c’était une fréquentation jamais-vu depuis plus de 20 ans.