Escapade poétique et musicale

Image et texte : Herker Hermelin

Photographie de Jean-Claude Alexandre Jugan

BERTHE MORISOT

SUR LA VERANDA, 1884

Huile sur toile - 81,2 X 100,2 cms

Collection privée

Edouard Manet

Le bateau goudronné, 1873

Huile sur toile - 59 X 60 cms

Barnes Foundation

Anna de Noailles évoque

COLETTE

 Plus tard fit irruption un écrivain longtemps voilé, qui, de son beau visage aigu de renard déchiré à tous les buissons aromatiques, troua la trompeuse dentelle appliquée sur tant de force acérée. Et l’on vit apparaître, lasse de dissimulation, provocante, effrontée, sûre de soi, paisible aussi comme Cybèle, énigmatique comme la déesse africaine, chatte et tigre, Colette, aux yeux de puissante naïade avisée. Ce nom délicat, naïf, jusqu’alors porté par des jeunes filles qui suggéraient la vision de leur pensionnat distingué, de leurs fiançailles élégantes ou contraintes, devint, dans sa brièveté, sa solitude dominatrice, un cabochon démesuré et sans fêlures, auprès de quoi pâlirent toutes les pierres taillées, lui dédiant spontanément leurs faisceaux de lueurs.

Je ne décrirai pas ici le génie de Colette ; autorisez-la à faire usage d’un dictionnaire entier, elle y creusera son gîte, produira par jaillissement et avec labeur, dit-elle, une œuvre succulente, sanguine, végétale, où tous les vocables sembleront avoir été raflés et distribués sans pourtant que nulle adjonction vienne alourdir un récit qui se réclame de la vie et de la nécessité. Ne lui accordez plus que l’emploi de quelques adjectifs. Colette les disposera d’une main si habile à construire, que le monde viendra se refléter en eux, y installer avec une loyale astuce ses opulents bagages immenses et réduits. Colette, dès qu’elle écrit, penchant sur son travail la masse légère et brève de ses cheveux d’un blond mauve, pareils à un plant de violettes de Parme, sait fonder une contrée, élever des villes, susciter la mer et le ciel variés. A l’égal du Nil déifié, elle rend fertile et vivace le feuillet aride, fait croître des récits envahissants, tentateurs et redoutables pour leur active présence. Mais deux lignes d’elle dans un journal éphémère ont le pouvoir de décrire une représentation d’Hamlet ou la pyramide de stoïques et anxieux équilibristes, dont les muscles domptés peinent sous les projecteurs aveuglants du cirque, comme dans les tableaux fameux d’un Toulouse-Lautrec et d’un Degas.

Marie de Heredia (Gérard d’Houville), dont le trio d’étoiles se posait, comme les étincelles d’une nonchalante fusée au bas des stances les plus harmonieuses, exalta mon esprit dès notre extrême jeunesse. Colette, univers concentré, scène du monde que piétinent les passions, « l’une portant son masque et l’autre son couteau », voilà les deux dryades pensives dont j’eusse voulu découvrir les secrets et les dérober. Dès que je connus l’une, et puis l’autre, je cessai d’être curieuse du laboratoire de leur génie et, sans réfléchir à ce que nous avions de pareil ou de dissemblable, je choisis de les aimer.

Anna de Noailles

                                                                                                Le livre de ma vie

Photographie : Gaston Batistini - Bruxelles, Grand-Place

 https://www.flickr.com/photos/gbatistini/

 BRUXELLES

à la mémoire des nombreuses victimes
des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016

 Le soleil se levait doucement sur Bruxelles.
Des amoureux s’embrassaient place de Brouckère ;
Au Mont des Arts chantaient des pinsons et des merles ;
Un vieillard somnolait sur un banc, solitaire.

  
Le soleil brillait et Bruxelles était si belle !
L’hôtel de ville scintillait sous la lumière,
Et l’on apercevait l’archange Saint-Michel
Terrassant le dragon de son épée de fer.

Mais des nuages noirs ont brusquement paru,
Obscurcissant le ciel et voilant le soleil.
Les amoureux ont fui, les oiseaux se sont tus…

 Sur la Grand-Place s’écoule un ruisseau vermeil.
Saint-Michel, là-haut, verse des larmes amères
Qui tombent doucement sur les statues de pierre.

24 mars 2016

Jean-Paul

COMPOSITION MUSICALE ET INTERPRETATION :

JEAN-MARIE DJIBEDJIAN

POUR NOTRE MAMAN

 En ce jour il fait froid en mon âme solitaire,

Mais ce n'est pas la bise, ni la pluie traversière,

Qui me laisse transi mais l'ombre familière

De celle qui est partie... je parle de ma mère.

L'automne suit son cours, l'été s'en est allé,

Et les jours se font courts, sur la pointe des pieds

Ils suivent les chemins près des murs de pierres

Blanchis comme un matin... au cœur de nos hivers.

Maman,

Tes yeux se sont fermés sur nos livres d'images,

Où tes mots les plus doux me parlaient de voyages,

Je n'avais pas prévu le mot fin sur la page,

Non... je ne voyais pas que tu prenais de l'âge.

Nous n'avons guère su en profiter vraiment,

Tu vivais en hiver, je vivais mes printemps,

Et je ne voyais pas les rides sur ton front,

Ni l'allure de tes pas qui se faisaient plus lents.

Et puis survint ton jour de fermer la maison,

Là-bas dans la campagne finissaient les moissons,

Quand tu posas la clé au mur du souvenir

Qui résonne toujours... de ta voix, de tes rires.

Maman,

Tes yeux se sont fermés sur nos livres d'images,

Où tes mots les plus doux me parlaient de voyages,

Je n'avais pas prévu le mot fin sur la page,

Non... je ne voyais pas que tu prenais de l'âge.

Jean-Louis Lucas

COMPOSITION MUSICALE ET INTERPRETATION :

JEAN-MARIE DJIBEDJIAN

LE PAPILLON

 Il s'enroule

Coule

Vers des jours heureux

Le temps est si radieux

Il se fond

Vagabond

Avec le ciel bleu

Pur bonheur pour les amoureux

Il plane

Flâne

Sur des tapis de fleurs

Pendant de nombreuses heures

Il est heureux

Comme nous deux !

Domino

COMPOSITION MUSICALE ET INTERPRETATION :

JEAN-MARIE DJIBEDJIAN

Edouard Manet - Gitane avec une cigarette, 1862

The Art Museum, Princeton University, New-Jersey (USA)

GITANES ET RUBANS

Mais où vas-tu gitane... dans la nuit et le vent ?

Je te vois repartir... vers Nîmes ou bien Lorient.

 Faut-il que votre vie soit un chemin sans fin…

 Vos lundis et mardis sont un but incertain.

 Vous êtes sans patrie et changez de régions.

 Vous cherchez un pays... à l'ouest ou au levant,

 Une place ou un pré, et vous formez le camp.

 Autour d'un feu de bois, s'élèvent vos chansons.

  Lalala, lalala, lalala…

Et sous vos doigts agiles, de l'âme des guitares

 Vous faites ressurgir vos notes dans le soir.

 Et se mettent à danser, gitanes et gitans

 Pieds nus sur la chaussée, ou sur l'herbe d'un champ.

Sous vos cheveux d'ébène, je vois vos grands yeux noirs,

 Et vos anneaux d’argent qui brillent dans le soir.

 Je me mets à rêver que je vous accompagne

 De Brest à Roubaix, et de Niort à Aubagne…

 Lalala, lalala, lalala…

Je me mets à rêver que je vous accompagne

 De Brest à Roubaix, et de Niort à Aubagne…

 De Brest à Roubaix, et de Niort à Aubagne…

 Lalala, lalala, lalala…

Jean-Louis Lucas

COMPOSITION MUSICALE ET INTERPRETATION

JEAN-MARIE DJIBEDJIAN

MON MARIN PREFERE ET MOI-MEME SOUHAITONS

UNE EXCELLENTE ANNEE 2016

A TOUS LES AMIS DES ESCAPADES !

SI VOUS VOULEZ UN  PEU DE BONHEUR TOUT AU LONG DE CETTE NOUVELLE ANNEE,

IL VOUS SUFFIT, VOUS LE SAVEZ, DE TOUCHER LE POMPON

OU, SI VOUS PREFEREZ, DE CLIQUER DESSUS... N'HESITEZ PAS ! SUCCES GARANTIS...