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pèle mèle

Retour à Oakpine de Ron Carlson

Publié le 18/08/2016 à 19:06 par sebastienvidal Tags : monde vie moi roman amis femme heureux musique nature amitié livre papier bande richesse revenu
Retour à Oakpine de Ron Carlson

 

 

                                             Retour à Oakpine

                                     Ron Carlson, éditions Gallmeister

 

On tombe parfois sur des pépites, un truc en nous qui tient de l’instinct ou du sixième sens nous a poussé vers un livre. Retour à Oakpine est de cette catégorie. Je me revois devant l’étagère de la librairie que je fréquente, je tiens l’ouvrage dans ma main, la couverture me parle, la 4ème encore plus, et puis il y a ce je ne sais quoi qui résonne en moi. Avant même d’avoir ouvert ce roman il me faisait déjà éprouver des émotions.

 

Nous sommes de nos jours dans la petite ville d’Oakpine dans le superbe état du Wyoming. Un endroit comme ceux que nous rêvons d’habiter. Nous allons croiser les trajectoires de quatre hommes, quatre potes dont l’amitié s’est scellée dans le terreau de l’enfance. Au lycée ils étaient inséparables, unis par le goût de la vie et de la jeunesse indomptable, par les émois d’adolescents et par la musique.

 

Depuis le temps a passé, les cheveux ont grisonné et les silhouettes se sont épaissies. Craig Ralston vit toujours à Oakpine, il tient le magasin de bricolage, la quincaillerie. Il fait aussi un peu dans le bâtiment. Franck lui, tient un bar qui marche bien tandis que Mason Kirby est parti faire l’avocat du côté de Denver. Reste Jimmy. Jimmy est parti brutalement après le lycée, poursuivi par un horrible drame. Un drame qui a éclaboussé toute la ville. Et Jimmy est devenu un écrivain à succès, il a vécu à New-York où il a pu vivre son homosexualité dans une insouciance rêvée. Mais Jimmy est malade, le sida. Il revient à Oakpine pour y mourir, épuisé et néanmoins plein d’espoir.

 

Dans une concomitance que seul la vie peut créer, Mason revient lui aussi au bercail. La maison de ses parents décédés, qu’il louait à une famille de hollandais est de nouveau vide, abandonnée. Il revient pour la retaper et la vendre, il revient pour boucler la boucle. Mais dès son retour il perçoit un souffle, une atmosphère qu’il avait oubliée, les souvenirs remontent, escortés par des images, des sons et des odeurs. Et puis il y a ces visages qu’il croise de nouveau, ces rues qu’il a arpentées tant de fois, il sent que la ville l’appelle, lui murmure à l’oreille. Parce que Mason a un peu fait le tour de la question à Denver. Il est devenu riche mais mène une vie de con. Il n’est pas heureux et ce retour est une régénération. Avec son vieux pote Craig il s’attelle à la rénovation de sa maison de famille. Au fil des travaux et du temps, happé par les souvenirs et les émotions qui y sont attachées, il comprend qu’il n’a pas envie de repartir, qu’il ne va peut-être pas vendre cette maison où se cachent finalement, tapis dans les moindres recoins, les plus beaux moments de sa vie. Et puis il y a Kathleen, elle est toujours en ville, et elle affole toujours son cœur.

 

Craig et Mason savent que Jimmy Brand est revenu. Ils connaissent son état de santé mais finissent par trouver le courage de le revoir. Et c’est un tourbillon de souvenirs et de joie qui les emporte. Puis Frank arrive lui aussi, et la bande des quatre est de nouveau au complet, 30 années après, 30 années durant lesquelles ils n’ont cessé de penser aux uns et aux autres, trois décennies qui leur ont donné le temps de panser la blessure énorme, peut-être ce qui a donné la direction de leurs vies. Mais le temps des secrets et des non-dits touche à sa fin. Ils subodorent aussi que leur amitié est en fin de compte leur unique richesse.

 

Sous le regard d’adolescent de Larry, le fils de Craig et de son meilleur ami Wade, les vieux amis vont faire un bout de chemin ensemble, parce que le temps presse, et qu’il ne reviendra pas. Il y a tant à faire, tant à rattraper, tant à se dire, et puis à pardonner aussi. Ils sentent bien qu’ils peuvent écrire une nouvelle et magnifique aventure, quelque chose d’inoubliable. Tout cela à l’aune de cette nature témoin de tout, maîtresse discrète qui surveille la vie des hommes sous l’éclairage du soleil ou de la lune.

 

Ron Carlson nous offre un récit d’une rare intensité émotionnelle, une ode magnifique à l’amitié et à la vie. On tourne les pages, drapé dans un bien-être soyeux et familier, l’impression d’être à la maison et ailleurs en même temps. Ce roman subtil et par moments élégiaque, nous rend tout de suite dépendant à la plume douce de l’auteur. Il faut dire qu’il n’a pas son pareil pour parler de l’amitié et sonder l’âme de ses personnages. Ils nous apparaissent nus dans toute leur complexité, et très vite nous nous y attachons comme si nous les avions vraiment connus. D’ailleurs nous les avons connus.

 

Et puis il y a l’écriture de Ron Carlson. Somptueuse. Responsable de mon coup de foudre. Comme page 159 : Le jour se leva, se maintint en équilibre sur le matin d’été tardif, puis bascula, sans la moindre brise ni le moindre nuage lourd, dans un après-midi d’automne, la lumière jaune désormais allégée, remplacée par des ombres sorties d’un vieux grimoire, incontestables ; la saison avait capitulé.

 

Ron Carlson détient ce talent rare de vous faire vivre ses histoires, vous n’êtes plus un lecteur absorbé par un récit, vous êtes en son cœur, vous êtes derrière Craig qui referme la caisse enregistreuse de son magasin dans ce tintement si particulier, vous êtes avec Mason sur le toit de sa baraque, des clous plein la bouche en train de remplacer les vieilles tuiles qui renoncent à vivre une autre saison, vous êtes avec Larry qui savoure sa jeunesse et vit son dernier été de lycéen et de joueur de football américain, Larry qui voit avec un peu de nostalgie sa vie changer pour s’ouvrir sur autre chose, l’inconnu. Vous êtes avec Jimmy, Jimmy allongé sur son lit, Jimmy qui noircit du papier et souffre, mais conserve l’espoir de renouer avec son père dans un pardon mutuel. Vous êtes avec Kathleen, la mystérieuse, la femme blessée qui recouvre l’espoir. Vous êtes partout et avec tout le monde, dans les senteurs de l’automne et sous le vent du Wyoming. Leurs souvenirs deviennent les vôtres, sans avoir rien vu venir, ce satané écrivain vous a embarqué dans son univers !

 

Page 167 il écrit ceci : Ils marchaient lentement comme s’ils attendaient que les mots les trouvent.

Bon sang, les mots m’ont trouvé, et depuis, ils m’habitent.

Foncez à Oakpine. Ça fait tellement de bien …