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je pense et même je le souhaite au plus profond de moi, qu'un jour une école de france pays initiateur des dro
Par Anonyme, le 02.10.2024
mon dernier commentaire semble avoir été coupé. avec le smartphone c'est moins pratique. je disais que j'avais
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024
je m'avise de ce que vous êtes du même pays géographique que marie-hélène lafon et bergou. pierre bergounioux
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024
j'ai regardé, on est toujours curieux de la vie des écrivains qu'on aime, tant pis pour eux
Par Michèle PAMBRUN , le 15.08.2024
je vais l'acheter illico.
de séverine chevalier j'ai lu jeannette et le crocodile.
c'est une voix singulièr
Par Michèle PAMBRUN , le 15.08.2024
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Date de création : 08.07.2011
Dernière mise à jour :
31.01.2025
425 articles
Grand Maître
De Jim Harrison éditions J’ai lu
Aujourd’hui je vous présente ce qui restera comme l’avant-dernier livre de Jim Harrison publié de son vivant, il s’agit de Grand Maître, paru en 2012.
Nous sommes de nos jours en Amérique, du côté du Michigan, là où la frontière flirte avec les eaux froides et capricieuses du lac Supérieur. Ici c’est la péninsule nord. L’inspecteur Simon Sunderson, presque sosie de l’acteur Robert Duvall achève sa longue carrière dans la police.
Il est divorcé mais rien ne dit que sa séparation soit due à son métier. Il se peut qu’il y ait aussi un rapport avec sa surconsommation d’alcool et son hygiène de vie déplorable. Quoi qu’il en soit, Sunderson ne s’est jamais remis de son divorce d’avec Diane. C’est là le premier problème. Sunderson aime toujours sa femme, elle lui manque mais il est trop fier pour lui avouer et même se l’avouer.
Il voit arriver la ligne d’arrivée finale en rognant un gros os, une affaire de viol dans une secte hédoniste. Le gourou qui se fait humblement appeler Grand Maître est suspecté de pédophilie sur une enfant de douze ans. C’est le père de l’enfant qui a quitté la secte qui a déposé plainte. Il a ensuite déménagé et reste introuvable. Simon Sunderson sait très bien qu’il ne résoudra pas cette affaire avant que n’aient sauté les bouchons de champagne de sa retraite, mais cela ne veut pas dire qu’il doit renoncer pour autant. Le gars est du genre pugnace.
Comme tout gourou qui se respecte, le Grand Maître est obsédé par le sexe et l’argent. Mais l’enquête s’avère très compliquée. La mère de l’enfant, complètement embrigadée par les concepts du Grand Maître refuse de parler, idem pour sa fille. Par sécurité, le Grand Maître, qui possède une douzaine de pseudos a organisé avec panache sa fausse mort dans un bûcher pour tuer dans l’œuf, toute poursuite.
Mais les analyses de sang prélevées sur un morceau de bois à moitié calciné se révèlent provenir d’un raton-laveur alors que le Grand Maître tiendrait plutôt du Bonobo. L’inspecteur Sunderson ne renonce pas pour autant. Il traîne dans les environs de la base de la secte pour trouver des indices, des gens un peu plus bavards.
Avant la mise en scène de sa disparition dans les flammes, Sunderson avait même eu droit à un face à face avec Dwight, l’autre nom du Grand Maître, mais l’homme connaît ses droits et maintien sa petite communauté dans le creux de sa paume. La secte s’apprête, dans les jours suivants, à quitter le Michigan pour un autre endroit, probablement l’Arizona.
Mais il se murmure qu’un site aurait été acheté dans le Wyoming ou le Montana. Sunderson décide de ne pas lâcher l’affaire, quoi qu’il advienne. Mais la frontière de la retraite arrive, inéluctable, impitoyable. Après une fête d’adieu organisée par ses collègues, Sunderson s’entête à choper le gourou violeur, coûte que coûte.
Qu’importe, jouissant de cette nouvelle liberté un peu déstabilisante, notre tout frais retraité va poursuivre le Grand Maître dans son voyage, comme un morbac accroché à ses couilles un peu trop actives.
Sunderson a sympathisé avec sa jeune voisine de 16 ans, Mona. C’est une gamine gothique et une hackeuse en devenir. Cette ado au corps d’adulte est très en avance du point de vue mental et sexuel. Elle aime les filles mais aussi, pourquoi pas, les garçons. Chaque jour qui passe, notre inspecteur libidineux la mate par une fenêtre de sa maison, il fantasme sur ses fesses, ses courbes, mais s’interdit d’aller plus loin malgré les allusions provocantes de la jeune fille. Notre ex inspecteur qui a oublié de rendre sa plaque lui confie des missions de recherche et de renseignement sur le net, un univers qu’il ne maîtrise pas du tout. Et voilà notre équipe improbable lancée sur les traces du Grand Maître Dwight. Voilà Sunderson parti sur la route toute la sainte journée (De Palmas, si tu nous lis, bravo pour ton dernier album).
Evidemment chers auditeurs, vous vous doutez bien que ce roman, qui est un faux roman policier comme il est indiqué sur la première page, ne va pas se contenter de vous mener tranquillement jusqu’au Grand Maître. Ce ne sera pas un long fleuve tranquille, et la barque utilisée est en très mauvais état. Simon Sunderson va devoir risquer jusqu’à sa peau pour préserver une chance d’accrocher le scalp du salaud à sa collection. Tenaillé par sa soif de justice et sa libido qui s’enflamme, notre jeune retraité va alterner les phases d’enquête avec les moments de méditation, loin de tout et des hommes, il va camper en pleine nature pour faire le point et savoir où il en est, de l’enquête et d’un point de vue plus personnel. Il faut dire que cette retraite, même s’il savait bien qu’elle arriverait un jour, l’a bien déstabilisé, c’est un changement colossal dans sa vie, une modification qu’il avait sous-estimée.
Le Grand Maître, un individu avide d’argent et qui est incapable de conserver son sexe dans son slip plus de quelques heures. Il lui faut de la chair fraîche, il lui faut distribuer son fluide sous peine d’exploser. Ça lui fait un point commun avec l’inspecteur qui lui file le train, car Sunderson baigne dans un état quasi permanent de lubricité.
L’alcool et les femmes, voilà un duo bien redoutable ! Peut-être la pire des combinaisons, être imprégné et rêver de pénétrer des zones obscures peut s’avérer casse-gueule pour un homme sur la pente descendante. Taper dans la motte ou taper dans la gourde, that is the question !
Au fil de son périple, notre inspecteur en goguette va tirer quelques coups (et ce n’est pas sale, c’est la nature) avancer dans son enquête et surtout, beaucoup réfléchir sur lui-même, son avenir. Que peut attendre un homme qui déflore la soixantaine et qui vit seul, sans plus pouvoir s’accrocher à son travail, ce job qu’il a exercé pendant si longtemps. Comment se fait-il qu’à son âge bien mûr, il soit à ce point possédé par le démon de la braguette ?
Comme presque toujours avec le grand Jim Harrison, le personnage principal est en introspection. Parvenu en lisière de son existence, à bout de souffle et déstabilisé, il s’interroge, cherche le bon chemin. C’est flagrant dans cette tirade (et ce n’est pas sale) page 29 : La sexualité ressemble parfois à un sac à dos bourré de bouse de vache qu’on devrait trimballer toute la journée, surtout pour un sénior qui s’accrochait désespérément à ses pulsions déclinantes.
Comme le dit la chanson, « Pour un flirt, avec toi, je ferais n’importe quoi, pour un flirt, avec toi ». Sunderson lui aussi ferait n’importe quoi, mais dans les limites de la légalité.
Ce roman original est une belle excuse pour décrire une certaine Amérique, celle qui boite et qui traîne sa misère. Celle qui se désolidarise de la course effrénée vers le grand rien du tout qu’est l’accumulation de biens matériels qui emprisonnent plus qu’ils ne libèrent. Celle qui s’est construite sur les squelettes des indiens mais qui semble promise au même sort funeste. Un pays où chaque individu laissé sur le bord de la route est un indien en puissance.
Avec Big Jim, les paysages ne sont jamais loin, ils sont un personnage à part entière. C’est encore le cas dans ce roman qui montre le saccage d’un ancien paradis dans le Michigan tandis qu’à d’autres endroits subsistent tant de beautés. Dans ses phases de réclusion au milieu des bois et en bordure du monde, là où coule une rivière, l’inspecteur Sunderson est enclin à la réflexion la plus profonde, et la présence prégnante de ces décors sauvages est une incitation à la vérité, car les lieux, bien plus que les gens, façonnent et influent sur notre état d’esprit et notre moral.
Au travers des pages nous retrouvons les thèmes favoris de l’auteur, les racines, la vie intérieure, la famille et la lutte des hommes contre leurs pulsions violentes. Mais aussi la cupidité, les réflexes autodestructeurs des humains, la grande naïveté de quelques personnes effrayées par le vaste monde, et la vacuité de leur convoitise.
Vous allez savourer ce roman aux côtés sombres et burlesques, empreint d’un humour latent et dont on ne ressort néanmoins pas tout à fait indemne. Je reviendrai vous parler un de ces jours de la suite de ce roman, qui s’intitule « Péchés capitaux », un roman particulier puisque l’ultime œuvre du grand Big Jim avant sa disparition. L’ex inspecteur Sunderson n’a donc pas encore dit son dernier mot …