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l’interprét ation de joan baez arrive encore à magnifier cette magnifique chanson
Par Anonyme, le 18.06.2025
merci pour cette analyse tellement juste de notre génie poète.
ce fût un plaisir de vous lire
Par Anonyme, le 06.06.2025
merci pour cette traduction.
j'écoute très souvent cette chanson riche de ce message qui exprime la bêtise h
Par Anonyme, le 24.05.2025
je pense et même je le souhaite au plus profond de moi, qu'un jour une école de france pays initiateur des dro
Par Anonyme, le 02.10.2024
mon dernier commentaire semble avoir été coupé. avec le smartphone c'est moins pratique. je disais que j'avais
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024
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Date de création : 08.07.2011
Dernière mise à jour :
10.08.2025
437 articles
La mule
De et avec Clint Eastwood
Nous sommes nombreux dans la salle numéro un du cinéma VEO de Tulle ce dimanche après-midi. Certes la salle n’est pas comble, mais il y a du monde. Je suis un peu excité et impatient, comme à chaque fois que je vais voir un film et en particulier quand il s’agit du grand Clint.
Toujours la même émotion quand apparaît le logo de la Warner et ensuite la ligne « Une production Malpaso ».
Ça commence avec un gros plan sur des fleurs superbes, puis le visage plus que buriné de Clint se dessine en arrière-plan. C’est parti pour presque deux heures.
Rassurez-vous, je ne vais rien détroncher, rien révéler, j’ai trop de respect pour vous et pour Clint. Je vais simplement donner mon impression, comment j’ai reçu ce film original. Parce que produire et réaliser un film sur un vieux type inconnu qui devient passeur de drogue, c’était un défi. Sur le papier il y a plus bandant. Mais c’est Clint Eastwood qui est aux manettes, et comme toujours il a apporté un soin spécial au scénario.
Dans La mule, le dernier des géants tient le rôle de Earl Stone, un homme de 80 ans dont l’affaire d’horticulture jadis florissante a été torpillée par internet et la vente en ligne. Le vieil homme, un type bien, généreux, passionné, affable, se retrouve du jour au lendemain avec ses biens saisis et la honte de l’échec. Tout une vie professionnelle qui finit dans une voie sans issue. Parce que Earl Stone n’a que ça dans sa vie. Il a bien une famille, mais une famille qu’il a négligé au profit de sa folle passion pour les fleurs. Comme il dira à un moment à leur sujet « Regarde ces fleurs, elles sont superbes, elles ne fleurissent qu’une seule journée, ça mérite bien qu’on s’en occupe de notre mieux ».
Earl Stone se retrouve sans le sou, avec pour seul bien son antique pick-up rouillé tout droit sorti des années 60. C’est alors qu’aux fiançailles de sa petite fille, parmi les invités, il est accosté par un jeune latino qui a bien vu que le vieil homme était dans la dèche. Il lui propose un boulot de chauffeur, sans risque, pas compliqué et bien payé. Très bien payé. Seules contraintes, se conformer aux consignes et ne jamais chercher à savoir ce qu’il transporte du point A au point B. Earl n’a pas trop le choix et il a le profil parfait. De toute sa vie, pas un PV, pas une amende, pas une réprimande alors qu’il a sillonné quarante et un états au volant de sa voiture. Le début d’une sacrée aventure…
La mule est un film qui ne fait pas de bruit, qui prend son temps, qui s’écoule sans qu’on s’en aperçoive, par la grâce de la caméra, toujours bien placée, par la narration linéaire (sauf pour l’entame). La musique, d’habitude assez présente chez Eastwood est cette fois en retrait (sauf pour la fin, le titre Don’t let the old man inde Toby Keith est somptueux). Comme si le cinéaste avait choisi de tout donner au récit et aux personnages. Je dois dire que produire, réaliser et jouer dans un même film est une sacrée performance à 88 ans !
Comme acteur, Clint fait le boulot, sans en rajouter, il transmet les émotions et joue pile dans le ton. Le personnage de Earl Stone est taillé pour lui, lisse en surface mais très complexe à l’intérieur. Un personnage qui a du vécu, la guerre de Corée, quarante années de labeur, un divorce.
Mais c’est la réalisation qui donne le plus. Clint prend un plaisir non dissimulé à se filmer dans sa vieillesse, il en joue, se régale des plans sur sa tronche plus que parcheminée, ses avant-bras maillés de veines sous une fine peau blanche, cette impression de fragilité, d’être toujours un peu essoufflé. Il en rajoute même en se déplaçant en faisant les petits pas typiques des personnes âgées et en endossant des fringues informes et banales, mais la démarche légendaire est là, et le regard convoque le passé, ce bleu un peu planqué derrière des sourcils qui semblent toujours faire des reproches, ce bleu qui de façon fugace saisit la lumière et vous transperce. Et ce profil, qu’on voit souvent à l’image parce qu’on est souvent avec Earl dans la voiture. Ce profil surgit du passé, qui vieillit beaucoup moins vite que son propriétaire.
On sent une sorte de jouissance chez Eastwood à incarner un personnage de son âge, comme si c’était sa manière d’assumer, de mettre en corrélation son art et lui-même. C’est sans doute ce qui l’avait déjà poussé à jouer le personnage de Walt Kowalski et celui du vieux recruteur dans Une nouvelle chance. Dans ce rôle-là il est parfait, sobre mais pas monolithique, subtil mais pas sibyllin, tout en pudeur mais générant de l’empathie.
Si vous cherchez un film qui envoie la sauce, qui gigote, qui trépigne, passez votre chemin. C’est le film d’un homme qui a vécu, un truc posé, qui vient de loin, qui dit des choses importantes. C’est un film tendre à bien des égards, dépourvu d’artifices et de jeux d’écriture. Fidèle à ses thèmes de prédilection, Clint Eastwood nous joue une énième partition sur les relations de famille, notamment père/fille, sur les possibilités de se trouver (même temporairement) une famille de substitution, ou même de se dégoter successivement plusieurs familles de substitution tout au long de la vie, l’une chassant l’autre, pour combler un vide ou masquer de mauvais choix.
C’est un film sur un homme qui d’une certaine manière à fui ses responsabilités toute sa vie, et qui prend conscience du gâchis. Par moments, on entrevoit le personnage de Red Stovall dans Honkytonk man. Evidemment, c’est un film qui parle de rédemption, mais sous un angle original. Quand vous verrez l’ultime scène vous comprendrez. Avec maîtrise, Clint nous raconte aussi une histoire sur le temps qui passe, inexorablement, un sujet de son âge. Il nous susurre à l’oreille que contrairement au croyances populaires « le temps perdu ne se rattrape jamais », mais qu’il est possible, peut-être, de parvenir à se refaire, d’une autre manière. La fin est sacrément bien fichue, elle nous prend par surprise. La moindre des choses me direz-vous ? Je répondrais qu’il y a une différence entre une fin surprenante et la fin qu’il fallait. C’était exactement la fin qu’il fallait.
La mule n’est pas le meilleur film d’Eastwood, il est en-dessous de Gran torino ou Million dollar baby par exemple. Il navigue plutôt quelque part entre American sniper (avec déjà Bradley Cooper) et Un monde parfait (film largement sous-estimé). Il est en tout cas au-dessus des trois derniers que le plus célèbre cowboy du monde nous a offerts. C’est un film qui se mérite un peu, dans lequel il faut fouiller, fouiner, sentir.
Clint Eastwood réussit à présenter un cartel de drogue sans tomber dans la caricature du narcotrafiquant abruti, violent et bas de plafond. C’est très bien joué. Et peut-être que sa plus grande performance est de réaliser un film dans lequel on croise beaucoup de latinos narcos et de finir avec seulement…deux morts !
Enfin Clint ne serait pas Clint s’il n’avait pas glissé deux ou trois allusions sur le mode de vie de la société actuelle, sur les obsessions des administrations (les stats, les chiffres, les résultats).
Je termine avec la distribution, juste, apaisée, au diapason. Laurence Fishburn, Bradley Cooper (avec qui le courant semble très bien passer), Alison Eastwood, Dianne Wiest (sublime interprétation de l’ex femme de Earl Stone).
Bref, allez-y, vous en aurez pour votre argent.