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je pense et même je le souhaite au plus profond de moi, qu'un jour une école de france pays initiateur des dro
Par Anonyme, le 02.10.2024
mon dernier commentaire semble avoir été coupé. avec le smartphone c'est moins pratique. je disais que j'avais
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024
je m'avise de ce que vous êtes du même pays géographique que marie-hélène lafon et bergou. pierre bergounioux
Par Michèle Pambrun , le 15.08.2024
j'ai regardé, on est toujours curieux de la vie des écrivains qu'on aime, tant pis pour eux
Par Michèle PAMBRUN , le 15.08.2024
je vais l'acheter illico.
de séverine chevalier j'ai lu jeannette et le crocodile.
c'est une voix singulièr
Par Michèle PAMBRUN , le 15.08.2024
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Date de création : 08.07.2011
Dernière mise à jour :
31.01.2025
425 articles
Billy Summers
De Stephen King
Editions Albin Michel
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch
« Il lit la première ligne - L’homme qui vivait avec ma mère est rentré à la maison avec le bras cassé- et ressent une sorte de découragement. C’est du bon travail, il en est convaincu, mais ce qui lui semblait spontané quand il a commencé lui semble pesant maintenant car il est obligé de faire aussi bien, et il n’est pas certain d’en être capable.
Il retourne devant le périscope pour contempler le néant, en se demandant s’il vient de découvrir la raison pour laquelle tant d’apprentis écrivains ne parviennent pas à terminer ce qu’ils ont commencé. Il pense au livre « À propos du courage », certainement un des meilleurs livres jamais écrits sur la guerre, peut-être même « le » meilleur. L’écriture, songe-t-il, est également une forme de guerre, qu’on livre contre soi-même. L’histoire, c’est ce qu’on porte, et chaque fois qu’on y ajoute quelque chose, elle devient plus lourde.
Je suis désolé pour cet exergue un peu long, mais il me paraît important. De quoi parle ce Billy Summers ? Billy est un tueur à gages, un tueur avec une forme d’éthique, il ne tue que les salauds. Billy a reçu une nouvelle mission, un type à dézinguer, un salaud qui va être jugé pour meurtre. Mais Billy a décidé d’arrêter ce métier, et il a décidé que cette mission était donc la dernière.
Comme je te le disais, chère visiteuse, cher visiteur du blog, il était primordial de ne pas couper l’exergue. Parce qu’il en dit long sur le thème de ce roman. Ouais, je sais, le Maître n’a pas besoin de pub, il n’a pas besoin de moi pour vendre ses livres, il est en orbite spatio-littéraire depuis longtemps. Mais il se trouve que j’avais envie de te causer malgré tout de son travail, parce qu’il a fait du rudement bon travail.
Vu comme ça, avec le résumé, tu te dis que ça sent le réchauffé, et vu d’ici, tu n’aurais pas tort. Sauf que. Sauf que tu as à faire avec le King, sans jeu de mot. 551 pages, c’est ce que fait ce roman. Et à la moitié, il prend une direction très surprenante. À la moitié, je me suis dit « mais comment va-t-il faire, comment va-t-il s’en tirer ? ».
Sois rassurée, ou rassuré, je ne vais point divulgâcher, ni même dévoilgâcher, c’est pas le genre de la maison. Je ne vais pas en faire des tonnes. Je veux simplement te dire que le Maître, avec ce roman, est à son meilleur. Comme il est très fort, d’une histoire vue et revue il fait un truc neuf et étonnant. Et passionnant. Parce que j’ai eu un mal de chien à le quitter pour me livrer aux foutues contingences de la vie courante. Ça c’est bon signe. Très bon signe.
Tout d’abord, le personnage de Billy Summers est très réussi. Nous sommes loin de la caricature du tueur à gages. Billy est ce qu’on pourrait appeler un chic type, sauf qu’il tue des gens, et même si ce sont des salauds, sûr que c’est pas bien de faire ça. Mais Billy a eu une enfance pas ordinaire, difficile, pour euphémiser. Et très vite, au fil de la lecture, en tournant les pages, tout envoûté que j’étais par le formidable conteur qu’est Stephen King, j’en avais plus grand-chose à foutre de savoir si Billy allait parvenir à flinguer l’autre salaud. Comme tu es curieuse tu veux savoir pourquoi. C’est bien.
Parce que pour réussir cette mission, Billy doit faire de l’immersion. Pour des raisons que tu découvriras en lisant ce livre, il ne saura quand la cible arrivera au tribunal que quelques heures avant. Alors voilà Billy perdu durant des mois dans cette petite ville de l’Arkansas, à se faire passer pour écrivain venu s’isoler pour écrire son nouveau roman. Il loue une maison dans un quartier typiquement américain, avec son jardinet, sa pelouse carrée à tondre toutes les semaines, son barbecue installé derrière la bâtisse, ses voisins sympas et un peu invasifs. Parce que tu penses, un écrivain dans le quartier, voilà un truc de dingue.
Au fil de l’eau, King nous peint une Amérique dont on sent bien qu’il éprouve de la sympathie pour elle, une forme de tendresse, sans doute parce qu’il vient de là. L’Amérique rurale, celle des états oubliés, loin des mégalopoles, où l’horizon donne le vertige. Celledes petits boulots, des salaires annuels au ras des pâquerettes. Une Amérique qui, par un cheminement tortueux et étonnant a viré trumpiste. Les cols bleus et les rednecks pris d’amour pour un milliardaire mégalo-mythomane. Mais l’auteur ne juge jamais ces gens, ces personnages qu’il aime pour de vrai. Il se contente de montrer les conditions du glissement, le mécanisme qui les a poussés dans cette direction. C’est subtil et ça marche.
L’autre partie passionnante du livre, et ce n’est pas la première fois qu’il y met les mains, on peut même dire que c’est une de ses obsessions, c’est la réflexion sur l’écriture. Parce que si Billy doit se faire passer pour un écrivain, il n’en est pas un. Il n’a pas été loin dans les études, et il ne s’est jamais autorisé à songer qu’il pourrait écrire pour de vrai. Mais Billy est un très gros lecteur, des classiques, de tous les pays. Il est amateur de Shakespeare et de Balzac, entre autres. D’ailleurs, page 378, le Maître glisse un clin d’œil à Shakespeare. Donc Billy décide de donner le change, d’écrire réellement un roman. Et c’est là que ça commence à devenir sacrément passionnant. D’où l’exergue. Avec une pédagogie fameuse, le Maître s’enfonce dans les gorges et les tunnels de l’écriture, tellement qu’on ne sait plus si c’est lui ou Billy qui s’exprime, un peu les deux sans doute. Avec tact, il nous montre ce que l’écriture fait à un être humain qui s’y adonne, son côté impératif, ce qu’elle ouvre, débloque, ce qu’elle libère et comment elle soigne. De quelle manière elle change un homme. Il pointe la force des mots, ce qu’il faut d’abnégation et de volonté pour poser un mot et puis un autre, avec à l’esprit, la pensée que ça va être long, très long, compliqué et bourré d’imprévus, d’impondérables et de belles surprises. Il parle de son immense pouvoir addictif.
Le Patron te parle de tout cela, et c’est un sacré voyage. Et il faut bien reconnaître que le guide connaît très bien le terrain.
Page 376, il y a un autre clin d’œil, plus perso, un truc à propos de Shining. Tu verras, c’est chouette et tendre. Enfin, tendre…à la sauce Kingienne.
Allez, je te laisse, si tu ne l’as pas encore lu, file le commander chez ton libraire, pas chez Jeff, il est déjà bien trop riche. Et le libraire, lui, elle, connaît son job, sans doute qu’il te fera une ordonnance pour un ou deux autres bouquins que tu ne connais pas et qui te raviront.
Allez, file je te dis.