Les tomes se suivent et la choupitude reste. Avec trois nouvelles histoires, nos frères continuent de nous émouvoir et nous donner le sourire.
L’autricLes tomes se suivent et la choupitude reste. Avec trois nouvelles histoires, nos frères continuent de nous émouvoir et nous donner le sourire.
L’autrice a depuis longtemps trouvé son rythme et sa marque de fabrique. Quelques chapitres courts entre des histoires plus longues centrées sur l’un des personnages de la fratrie ou de leur entourage. Des épisodes dans le présent et d’autres dans le passé pour découvrir leurs parents. Cela fonctionne très bien.
Je n’ai pu que sourire lors du récit de la première fois de Hayato seul avec les garçons. Cette galère de devoir s’occuper des trois en même temps alors qu’ils sont si petits. L’autrice pointe du temps, le temps consacré à bien s’occuper d’enfants juste pour le quotidien : dodo, bain, repas… Elle montre combien c’est dur d’être toujours sur le qui vive, toujours à penser à tout. Non, s’occuper d’enfant non stop ce n’est pas simple, il ne faut pas croire.
Puis, c’est un épisode un peu plus long qui est consacré à Waka, le petit frère d’Uta, et camarade de classe de Gakuto. Un jour ce dernier se fait embêter et Waka regrette de ne pas avoir eu le courage d’intervenir. Petite réflexion donc sur le courage du coeur, la peur de blesser un ami en étant peureux, et l’amour qu’on a pour les autres peu importe qu’ils soient courageux ou non. C’était très mignon. Et en plus, on a ainsi découvert le petit frère d’Uka, on continue à faire le tour de cette famille haute en couleur comme celle des garçons. C’est sympa.
Enfin, la série se conclue sur un autre épisode qui se voudra un peu long et qui offre un cliffhanger bien stressant pour une fois : la visite de la grande maison familiale du grand-père des garçons. L’occasion pour en apprendre plus sur ce côté de la famille qu’ils méconnaissent puisque leur père est parti de chez lui à 18 ans. Un bon gros classique de famille de notable avec un patriarche sévère, des enfants sous sa coupe et un jeune rebelle. L’autrice n’innove en rien mais il est toujours intéressant de remettre en question cet ordre et d’interroger sur les parents qui voudraient trop dicter leur vie à leurs enfants. A suivre.
Même au bout de 10 tomes, cela reste agréable de suivre les aventures familiales et amicales de nos quatre frères et leurs amis. L’autrice a trouvé la bonne recette et offre des histoires amusantes et touchantes, qu’elles concernent les parents disparus des garçons, leur famille ou leurs amis. Le petit focus sur leur voisin Waka, le peureux, était mignon tout plein et l’histoire faisant la transition entre les tomes promet d’être remuante.
Avec sa douce couverture fleurie avec Ririko en son centre, l’autrice annonçait déjà la couleur de ce beau moment de lecture qui nous attendait.
Ce douAvec sa douce couverture fleurie avec Ririko en son centre, l’autrice annonçait déjà la couleur de ce beau moment de lecture qui nous attendait.
Ce doux tranche de vie continue de me toucher à chaque lecture, que ce soit les adorables moments de vie des garçons comme l’épisode sur les châtaigne qui ouvre le tome rendant hommage aux pérégrination de Taniguchi ou les chapitres plus fouillés ensuite sur la famille de Ririko. La finesse de l’autrice pour pénétrer dans ces quotidiens me plaît énormément.
En effet, dans la famille de Ririko, il y a un sujet un peu tabou : Ryûji, son oncle, et sa nouvelle compagne qui a déjà une fille, qui vivent ensemble sans être mariés. Ririko, bien qu’adolescente, est souvent témoin des conversations méprisantes de ses parents, oncles et tantes, adultes à ce sujet, et ça la touche car elle aime son oncle et ne sait pas trop se situer. Tout cela, l’autrice ne le dit pas, on le déduit juste des scènes auxquelles on assiste où elle dépeint ce quotidien familial avec finesse et surtout la rencontre de Ririko avec Arisu, la fillette de la compagne de Ryûji. C’est un moment trop mignon. On sent le malaise de Ririko mais on la voit fondre en direct. Elle comprend aussi peu à peu, au fil des rencontres, notamment lors d’une invitation au festival de son école, que son oncle est heureux comme ça et qu’il a une famille charmante, ce qui est le principal.
Et voilà le message de l’autrice, à bas les jugements, place au bonheur. Cela irrigue littéralement son oeuvre comme lors de cet instantané de vie au début du volume où les garçons se baladent le nez au vent, admirant la nature. Mais parfois cela les rattrape aussi et j’ai trouvé le dernier chapitre d’une profonde tristesse car malgré le fait qu’ils s’apprécient énormément et aiment leur vie ensemble, ils ne l’assument pas encore pleinement. Takeda panique à l’idée qu’on l’apprenne à son travail et cela blesse Arita qui a déjà du mal à trouver sa place dans la société. En quelques mots, tout semble à refaire. J’ai hâte de voir l’orientation du prochain tome en espérant que cela ne soit pas mis sous le tapis.
Très belle série sur l’art d’accepter chacun sa/ses différences et de vivre en harmonie avec soi et les autres si on en a envie, loin des jugements, les valeurs de l’autrice me font toujours chaud au coeur. Ici, j’ai été touchée par la rencontre de Ririko et Arisu et l’histoire de leurs familles avec cette narration toute en pudeur de l’autrice qui pourtant en dit long. Une série vraiment juste et émouvante.
Même si j’ai le sentiment que la série prend énormément de chemins de traverse pas toujours prévus, j’aime vraiment beaucoup ce que propose Nakaba SuzMême si j’ai le sentiment que la série prend énormément de chemins de traverse pas toujours prévus, j’aime vraiment beaucoup ce que propose Nakaba Suzuki dans son imaginaire et ses relations, ce nouveau tome centré sur la famille de King et Diane, me le démontre à nouveau.
En effet, Percival dort toujours du sommeil du juste et Nascient tente toujours de trouver la formule du remède qui pourra le réveiller sans y parvenir. Il est pour cela sur les terres de notre ancien duo de héros : Diane et King, qui ont eu de nombreux enfants tour à tour fées ou géant(e)s, sauf l’un d’eux qui détonne : Myrtle. Alors quand on se met à remarquer que les particularités de Nascient pourraient bien venir d’une ascendance fée, le couvercle qu’on avait mis sur un certain secret frémit.
Ayant eu une certaine tendresse pour ce duo autrefois, je n’ai pu que prendre grand plaisir à suivre leur nouvelle histoire ici. J’ai apprécié de voir l’autrice reprendre un trope des histoires de fées : celui de l’échange des enfants à la naissance. Cela n’a rien d’original mais l’émotion est au rendez-vous. On découvre le drame qui a surgit dans ce jeune couple et comment il a réagit autrefois, et dans le présent, les conséquences auprès des enfants échangés. Bien sûr, prisme du shonen d’aventure oblige, on nous sort un ennemi opportuniste judicieusement placé pour profiter de la faiblesse de Myrtle et mettre tout le monde en danger. L’autrice connaît bien ses classiques : on a droit à une bonne possession en mode dark Piccolo, un roi blessé à son tour qui retourne en enfance, une fratrie explosée au passage, une mère courage qui va tenter de prendre toute la charge, un jeune prodige pas si prodige qui va prendre cher et un jeune héros en puissance qui ne le savait pas qui va se révéler sous nos yeux. Tout cela est classique mais parfaitement orchestré, mélangeant action et sentiments sous ce beau prisme familial de l’abandon / adoption, avec les souffrances de chacun : parents, enfants et même frères et soeurs. C’est vraiment bien joué !
Alors certes, on s’éloigne encore d’Arthur et Percival, qui ne sont là qu’en décor, mais on monte ainsi petit à petit, j’ai l’impression, la future équipe de nouveau héros, car après les révélations sur Percival, celles sur Lance, ce sont celles sur Nascient qui nous occupent et promettent. Il est juste dommage que les schémas se suivent et se ressemblent un peu trop du côté des vilains qui sont clairement interchangeables et pas très marquants.
Nouveau riche tome d’action au coeur d’une tragédie familiale bien sentie où l’autrice revisite le trope de l’échange des fées bébés pour évoquer le drame de l’abandon d’enfants et les douleurs de l’adoption. J’ai adoré retrouver Diane et King, découvrir leur famille, et je suis plein d’ambitions pour les nouveaux talents de Nascient qui se retrouve pris au milieu de ce maelstrom. On peut avoir l’impression que l’intrigue part dans tous les sens mais au final la ligne est claire : l’importance des amis et de la famille qu’on se bâtit. Un joli message !
Après cette sombre et complexe plongée en elles, comment cela va-t-il se terminer pour ces deux soeurs rongées depuis si longtemps par la jalousie ?
BAprès cette sombre et complexe plongée en elles, comment cela va-t-il se terminer pour ces deux soeurs rongées depuis si longtemps par la jalousie ?
Battan nous a offert en 5 tomes une riche et intense réflexion sur la famille et la sororité, mais pas la version bisounours, la version concrète, réelle, avec ses disputes et ses jalousies. J’ai beaucoup aimé cette étude, et encore plus les dessins qui les accompagnent dont les compositions pleines de poésie rajoute une profondeur et un niveau de lecture supplémentaire au lecteur.
Ce dernier tome, en revanche, est clairement celui que j’aime le moins. J’ai eu un sentiment de rupture et d’enchaînement de péripéties accélérant trop le rythme lent et entêtant qu’on avait eu jusqu’à présent. Je n’ai pas aimé qu’on rajoute encore et encore des soucis à notre héroïne. Elle en avait déjà assez et j’ai trouvé certains ajouts longs, peu intéressants et peu utiles à l’histoire. J’aurais préféré que l’autrice fasse autrement.
Mais sans son propos, elle reste très juste. Elle a raison de militer pour des adultes qui agissent pour eux et non sans arrêt pour les autres. Il faut d’abord se trouver soi-même pour être bien avec les autres. Ainsi, j’ai apprécié que son ex-femme pousse Ritsu à retrouver ce qui le nourrissait autrefois. Cela lui a donné le courage d’avancer, d’avancer seul en plus et de se rebiffer. J’ai aussi apprécié que Jun, malgré les tentations, ne se laisse pas faire et ne replonge pas dans une autre relation toxique. L’exemple montré avec la mère et l’amie de cette dernière, de la copine de Jun, où ces deux femmes se rebellent contre un homme adultère, était assez fort lui aussi. Quant à Rin, effectivement, je l’ai trouvé lumineuse, c’est vraiment celle qui s’est réconciliée avec elle-même le plus vite. Elle est forte et indépendante. J’adore son intervention finale.
D’ailleurs ce dernier chapitre résume l’oeuvre à merveille. Tout n’est pas beau, tout n’est pas rose, les rancoeurs ne peuvent être effacées, il faut vivre avec son passé et avancer, trouver quand même des petits bonheurs. Un moment doux et âpre, en apesanteur et très représentatif également de la société japonaise. Une belle conclusion.
Avec Jalouses, Battan répond pour moi à ce désir de shojo-josei plus mature que j’éprouve avec des réflexions plus poussées autour de la psychologie des personnages, autour de la composition graphique aussi au service du propos et avec une maturité qui manque souvent, rendant ici le texte sensible et réaliste, là où on tombe facilement dans la caricature et la facilité à bien des endroits. Sans jamais rien lâcher, elle a porté à son terme le récit de cette jalousie entre soeurs qui ronge et j’ai adoré ! Hâte de lire son prochain titre et de vivre une nouvelle expérience à ses côtés.
Depuis le temps que j’entends parler de cette grande autrice américaine ! J’avais très envie de la découvrir mais ne savais pas trop par quel bout la Depuis le temps que j’entends parler de cette grande autrice américaine ! J’avais très envie de la découvrir mais ne savais pas trop par quel bout la prendre. Je remercie donc l’amie qui m’a prêté ce roman qu’elle avait en sa possession. Je ne sais pas si c’est la meilleure porte d’entrée, si c’est un texte représentatif, mais en tout cas cela m’a permis de mettre le pied à l’étrier.
Cependant qui dit auteur dont j’ai beaucoup entendu parler en bien, dit attentes. Et je dois avouer que je suis un peu restée sur ma faim les concernant. Quand on me vante les mérites d’un auteur, je m’attends à ce qu’il y ait une plume, ou une atmosphère, ou une narration, ou des thèmes, quelque chose qui sort du lot et vient lui permettre d’être tellement reconnu. Or, alors qu’elle officie au moins depuis les années 60, et que ce texte date des années 90, il m’a paru très simple, très passe-partout, agréable à lire mais sans force particulière non plus. C’était tranquille, une chronique comme on a pu en lire plein sur le déclin d’un rêve, ici le rêve américain, à travers une famille qui se délite lentement. Or, j’ai lu pour rédiger cette chronique, que c’était l’un de ses textes les plus connus. Je suis perplexe.
Je reconnais que le sujet est finement écrit, l’intrigue bien menée mais je suis restée sur ma faim en terme d’écriture de personnages et de narration. L’autrice se propose de suivre une famille américaine lambda dans la années 70 et de voir leur vie basculer suite à un drame touchant l’un d’entre eux à une époque où il est encore trop habituel de mettre ça sous le tapis. Joyce Carol se propose alors d’étudier les réactions de chacun et de nous montrer comment leur vie évolue suite à cela, mais pas mal de choses m’ont manqué et à l’inverse d’autres furent trop présentes. Je n’ai pas trouvé l’équilibre bon.
Sur plus de 700 pages, l’autrice essaie de faire le portrait de cette famille et ses dynamiques surtout à travers le regard du petit dernier de la fratrie. Or cela crée un angle mort, ou plutôt plusieurs. On n’a jamais un réel portrait de celui-ci n’ayant pas de regard extérieur, et les portraits de ses frères et soeurs manquent également d’intériorité et ne sont pas assez complets, donnant l’impression de les survoler et de s’en tenir à la caractéristique première qu’on leur a donnée : le bon grand frère sportif pour Mike, la grosse tête un peu brûlé pour Patrick, la gentille et douce soeur croyante pour Marianne, et Judd le petit frère qu’on oublie un peu trop. A la limite, ce sont les parents qui sont le mieux écrits et décrits ici, ces piliers de la famille qui vont prendre de plein fouet le drame qui aura lieu, tentant d’agir mais étant empêchés et voyant leur famille voler en éclats, partant eux-même à vau l’eau, perdant leur couple et eux-mêmes.
Il y a de nombreuses longueurs dans ce texte. On plonge réellement dans les petits riens de leur quotidien, l’autrice en propose un patchwork d’instants, parfois sans grand lien, avec une narration décousue à la chronologie à trou, avec de longues absences de certains, trop de détails sur d’autres. Si je les ai lus facilement, j’avais parfois envie de les sauter pour aller aux moments qui faisaient sens, car quand ceux-ci arrivaient, c’était une petite claque. La plume très sobre de l’autrice faisait alors des ravages. Elle décrit avec quelque chose de très fort et très humble le drame qui est en jeu ici et ses conséquences sur les proches de la victimes. Elle nous offre aussi des passages lumineux sur la vie de famille, les relations parents-enfants, l’amour des membres d’une fratrie, l’attachement aux lieux de notre enfance… Sur ces passages-là, j’ai eu un petit coup de coeur, mais ils étaient bien trop peu nombreux et trop noyés sous des monceaux de passages sans relief.
D’ailleurs si nombres de sujets m’ont intéressée : vie de petits entrepreneurs au milieu de la bourgeoise provinciale, vie d’une famille traditionnelle américaine dans les années 70 et sa chasse aux rouges, cellule familiale qui éclate, violences sexuelles, alcoolisme, désir maladroit de rendre justice face à l’injustice, solitude et fragilités des années fac, embrigadement des esprits fragiles… J’ai aussi eu beaucoup de mal avec la très grande présence de la religion dans ce texte. Je comprends qu’elle puisse être une béquille, elle est pour moi avant tout un outil pour mettre encore plus la tête des gens sous l’eau, les affaiblir et les rendre plus facilement manipulable par ceux ayant de mauvaises intentions. Et là, c’était trop présent pour moi.
C’est donc une découverte mitigée pour moi. Je trouve que l’autrice fait un joli travail, assez fin, sur les conséquences d’un drame qui touche de plein fouet une famille qui finit par éclater avant de se retrouver après bien des épreuves. Elle est juste dans l’émotion, ne tombant pas dans un pathos inutile. En même temps, je m’attendais à une autrice plus marquante car je n’ai pas eu l’impression qu’elle sortait du lot. Il n’y a nul relief ici, juste quelques beaux passages, comme l’épilogue où la famille est remise au centre d’une nouvelle façon, ayant évoluée, mais c’est noyé sous bien trop de digressions faciles sur le déclin du rêve américain. Alors je me demande, est-ce représentatif de son oeuvre, et dans ce cas elle n’est peut-être pas pour moi, ou est-ce une oeuvre à part ? Des lecteurs de l’autrice, ici ?
Après dix longues années d’attente pour les fans de la première heure, voici enfin la suite et fin, et quel tome des plus copieux pour conclure !
On seAprès dix longues années d’attente pour les fans de la première heure, voici enfin la suite et fin, et quel tome des plus copieux pour conclure !
On sent que l’auteur n’a voulu rien oublier et proposer tout ce qu’il pouvait autour de cet univers, du moins tout ce qu’il aimait, c’est-à-dire un bon gros conflit politique avec batailles, tensions et trahisons à la clé. Et si j’ai adoré suivre cela dans ses nombreuses ramifications et détails, j’ai aussi eu finalement le sentiment d’un gros manque de description, notamment des lieux et de certaines relations, qui restent telles qu’écrites dès le début sans beaucoup évoluer. C’est dommage, surtout après un si long voyage.
Mais le plaisir de l’auteur, c’est de faire vivre cet univers dans sa construction politique et son désir d’émancipation. Partout d’un royaume gouverné par un tyran, nous aboutissons à une vaste guerre où chaque pan du royaume tente de (re)gagner son indépendance et finit par l’affronter à nouveau après avoir cru s’en débarrasser. La désillusion. Et c’est justement ce que j’ai aimé ici, ce côté sérieux, ce côté désenchanté qui irrigue tout l’univers et les personnages. Cela m’a plu de les suivre dans ce méandre politique poisseux, dans leurs espoirs, dans leurs luttes, dans leurs batailles. Toutes les tensions que cela procure, les changements et revirements, sont très bien et richement décrits, ce qui explique la longueur imposante de ce tome, près de 900 pages !
Mais cela s’explique aussi par la place prise par les personnages, leurs questionnements, leurs ambitions personnelles, politiques et sociétales. L’auteur n’en oublie rien. Quand il met en scène un personnage qui navigue à travers le temps, il n’oublie pas de nous raconter ses égarements, ses passions, ses moments de profonde tristesse, ses hésitations aussi bien dans le passé que le présent. Quand il imagine des monarques ivres de pouvoirs ou terriblement désireux de faire le bien pour leur peuple, il nous montre par le menu tout ce qui va les animer et faire douter. Cela va vraiment rendre ses personnages attachants pour nous, nous donnant envie de les suivre et de nous battre à leurs côtés pour qu’enfin ils aient la liberté qu’ils méritent et que cet affreux tyran paye.
Enfin, cela s’explique également par la richesse et le nombre de scènes de batailles, de combats, de duels, de luttes. L’auteur, après un tome 2 un peu linéaire niveau rythme, met bien plus de vie dans celui-ci, et semble offrir aux lecteurs toutes les scènes qu’il attendait, dont certaines vraiment très marquantes, et toutes assurément très graphiques. J’ai été particulièrement fan de celles avec Silence, que ce soit quand il apparaît, sauve la ville, ou prend le pouvoir sur Irmine. Mais j’ai également beaucoup aimé celles du secret que ce dernier cachait avec sa fille et qui se révèle être une arme fabuleuse qui me met des étoiles dans les yeux. Il a vraiment eu de l’idée Oliver !
Pour terminer, je ne peux pas quitter la saga sans un mot sur la place de la famille dans ce récit, car au-delà d’un récit politique sur l’avenir d’un royaume cherchant à se défaire du joug d’un tyran, c’est également celui d’une famille se serrant les coudes envers et contre tout. J’ai adoré la relation entre les deux frères et encore plus avec les transformations de cet ultime volume. J’ai beaucoup aimé les mots sur la paternité qui nous tombe dessus et les relations de certains personnages avec leurs enfants biologiques mais aussi de coeur et ce besoin de veiller sur sa famille élargie, qu’on retrouve sur les Arserkers. Sans oublier l’émouvante romance entre Irmine et sa reine, avec Silence qui vient s’immiscer dans le duo. Pourtant, cela devient une romance avec différence d’âge, ce que je n’apprécie pas en général, mais ici, le départ est différent, ce qui fait que mes gênes ont été levées, et surtout j’ai adoré cet amour à travers les âges et sa maturité, l’auteur flirtant mais ne tombant pas dans les pièges d’une telle histoire.
Même si peu à peu au fil des chapitres de ces deux derniers tomes, j’ai trouvé l’histoire plus classique et moins surprenante qu’au début, nous avons une solide fantasy politique avec fantômes et dragons où les relations entre les personnages, le désir de liberté et la place de la figure familiale, m’ont énormément plu. Je ne m’attendais pas forcément à trouver ces derniers ici et en ça, ce fut une jolie surprise, différente de mes attentes premières, mais très agréable.
PS/ Petit bémol, la carte et la liste des personnages n’ont pas été remis non plus, ça manque T.T
J’ai depuis longtemps, peut-être depuis ma rencontre avec Théophile Gauthier, une certaine sensibilité et un goût certain pour le fantastique. Alors qJ’ai depuis longtemps, peut-être depuis ma rencontre avec Théophile Gauthier, une certaine sensibilité et un goût certain pour le fantastique. Alors quand un récit s’en teinte et qu’en prime nous avons une poignante histoire de famille, je succombe.
Yunbo que j’ai découvert il y a trois ans avec Seizième printemps est le genre d’autrice dont l’univers et l’imaginaire marqués me séduisent. J’aime quand on s’affirme et en plus ici, sa sensibilité me parle. Avec ce nouvel album, au format plus classique, on retrouve un trait et surtout une colorisation des plus entêtantes avec une palette nocturne qu’en amoureuse des belles ambiance j’ai adorée.
Il en va de même pour l’histoire. Elle reprend un peu ces tropes de secrets de famille que j’aimais tant lire adolescente, avec la jeune Diane, dont le père s’est remarié après le décès de sa mère, et qui peine à trouver sa place dans cette nouvelle famille. Quand en plus, elle tombe gravement malade et doit se rendre dans un sanatorium, quelque chose se brise. Cela aurait pu virer au drame, mais ce n’est absolument pas ce que souhaite nous raconter Yunbo. Non, derrière ce moment douloureux, elle prédessine plutôt la quête d’identité d’une jeune femme, douce et discrète, qui n’a jamais osé poser les questions qui la démangent et qui a grandi sans le modèle qu’elle aurait souhaité, coupée de cette mère qu’elle n’a pas connue.
J‘ai beaucoup aimé la lenteur, voire la langueur de la narration de l’autrice qui ainsi nous fait pénétrer peu à peu dans les inquiétudes et le mal être tu de cette jeune femme. On sent en elle beaucoup de souffrance et de tristesse surtout mais personne ne peut l’aider dans la maison où elle a grandi. Il lui faut la quitter pour faire son propre chemin. Et le choix de glisser subtilement vers la pente du fantastique quand elle arrive dans ce sanatorium inconnu, dirigé par un oncle qu’elle ne connaît pas, entourée de femmes avec qui elle a du mal à nouer une relation vu qu’elle a une chambre à part, m’a beaucoup plu. J’ai vraiment apprécié sa rencontre avec cette mystérieuse patiente comme elle, qu’elle ne rencontre qu’à la tombée de la nuit, mais avec qui le courant passe de suite, et qui va l’encourager à sortir de sa coquille à travers leurs conversations.
Yunbo réussit une fois de plus des portraits tout en nuances où l’important est caché, où les paroles ne font pas tout, et où le démonstratif est important. Venant, du courant shojo manga, j’aime ce genre de procédé où l’intériorité compte énormément. Je trouve que dans un cadre comme celui-ci, où le fantastique vient subtilement se glisser et faire douter, entraînant l’héroïne dans un autre monde, cela trouve toute sa place, voire même, cela appuie et souligne le propos. Je n’ai pu qu’être séduite. Bien sûr, on pourra aussi dire que le secret de Diane n’a en fait rien de surprenant, et ce n’est pas faux, mais ça ne me dérange absolument pas, au contraire. J’aime le fait que ça pourrait arriver à n’importe qui. J’aime le fait que ce qu’elle vit et la façon dont elle le vit retranscrivent à merveille une époque passée très bien restituée, notamment dans le cadre des maisons bourgeoises et des sanatoriums. J’ai trouvé cela fort réussi une fois de plus.
Tomber de la lune fut donc un titre qui m’a d’abord charmée par l’ambiance puis touchée par le sujet et conquise par la manière de faire et de raconter. Subtile, émouvant, touchant et sincère, il raconte une belle mais complexe histoire de famille, où la douleur du deuil peut rendre muet au point de mettre en danger des relations qu’on croit trop facilement évidente. L’autrice invite, avec beaucoup de charme, les parents à dialoguer avec leurs enfants, à ne rien leur cacher, à prendre le temps de leur expliquer les choses, car il n’y a rien de pire que le silence. Une très belle morale.
Après avoir découvert la plume sensible de Keigo Higashino sur les premiers polars que j’ai eu de lui, j’ai eu envie de remonter le fil. J’ai donc choAprès avoir découvert la plume sensible de Keigo Higashino sur les premiers polars que j’ai eu de lui, j’ai eu envie de remonter le fil. J’ai donc choisi sa saga faisant intervenir l’inspecteur Kaga Kyôichirô et les deux premiers romans que j’ai lus : Le Nouveau et Les doigts rouges, furent un succès. Ce fut un peu moins le cas ici avec ce 3e tome de la saga…
Il faut dire que je commence à être une habituée de l’auteur et je sais désormais comment il fonctionne, du moins sur cette saga, où à chaque fois son inspecteur est quelqu’un de méticuleux qui enquête non pas sur ce qui nous semble évident mais sur toute la périphérie de l’investigation, rendant celle-ci plus fine et subtile.
Or cette fois, le cadre de l’enquête lui-même ne m’a pas passionnée. C’était certes une histoire de famille comme les autres fois mais le sujet ne m’a pas intriguée plus que ça : un père retrouvé mort alors qu’il faisait secrètement le pèlerinage des temples du coin, avec pour potentiel suspect un homme qu’il avait licencié et dont la copine était enceinte. Alors oui, bien sûr ce n’est que le point de départ et l’enquête, comme toujours avec l’auteur, va nous emmener sur des pistes bien différentes mais j’ai trouvé celle-ci fort longue, un brin répétitive, tournant en rond au bout d’un moment, avant de finalement enfin toucher du doigt le sujet qui était intéressant. Je ne peux pas vous le révéler pour ne pas tout divulgâcher mais ce n’est que l’ultime quart de l’histoire qui s’est révélé intéressant pour moi par les mécanismes, bien connus en revanche, qu’il décrit sur les adolescents et le rôle du père de famille. Le reste fut trop long. Un comble pour un roman d’à peine 300 pages…
L’auteur a-t-il donc perdu sa touche ? Un peu. Certes, il conserve cette tonalité qui lui permet de plonger dans les affres des histoires de famille de chacun avec sensibilité et finesse. Mais du coup, il devient prévisible et se répète en le faisant, se contentant de balayer des sujets bien connus de la société japonaise, même pour nous occidentaux. Et il n’y a pas la même émotion que dans les volumes précédents dans le quotidien qu’il raconte ici, du moins comme je le disais jusqu’à la résolution où, là, ce père de famille prend une toute nouvelle dimension des plus touchantes mais tellement maladroite.
Je ressors donc un peu mi-figue mi-raisin de ce nouveau polar made in Higashino. Peut-être n’aurais-je pas dû enchaîner ceux de la même saga afin de ne pas avoir ce sentiment de répétition narrative, mais ça n’empêche que cette nouvelle histoire n’a pas la puissance émotionnelle et narrative des précédents. Elle pêche par un début trop mollasson, un milieu trop creux, et un intérêt qui tarde trop à venir, alors que le final est plein de potentiel. Dommage.
Je ne sais pas si c’est moi qui ai changé ou si le texte était déjà ainsi autrefois dans la version originelle mais j’ai eu bien plus de mal avec le vJe ne sais pas si c’est moi qui ai changé ou si le texte était déjà ainsi autrefois dans la version originelle mais j’ai eu bien plus de mal avec le virage pris à ce stade de l’histoire.
Pourtant tout avait bien commencé, mais le virage mélodramatique pris et surtout sa résolution bien rapide ne l’ont pas fait. J’ai apprécié de suivre l’évolution maladroite de Cath à la fac, ses difficultés à entrer en interaction, ses besoins de solitudes, son décalage avec les autres, de même que son besoin de se réfugier dans la littérature qu’elle aime. J’ai aimé voir Lévi entrer peu à peu dans son monde, révéler en douceur ses problèmes et surtout son intérêt pour elle. C’était touchant et assez réaliste.
Mais le virage mélodramatique, non, je ne l’ai pas aimé. Voir Levi, embrasser une fille lambda après avoir enfin montré ses sentiments à Cath. Voir celle-ci l’ignorer sans discussion à aucun moment avec lui, tout ça en plus sous le regard de sa coloc prise au milieu, avec en prime son père qui refait une chute dans sa dépression et qui finit à l’hosto. Ça faisait beaucoup. J’ai trouvé tout cela maladroit, écrit peut-être un peu à la va-vite, surtout quand Cath pardonne en deux temps trois mouvements à Levi pour se mettre avec lui ensuite. Je n’y ai pas cru…
Du coup, autant j’ai trouvé leurs débuts mignons, autant là, mon coeur n’a pas palpité. Cela m’a plutôt fait mal d’entendre les excuses bidons de Levi et de voir Cath accepter si facilement et pardonner. Peut-être ai-je aimé à l’époque, mais ça ne passe plus maintenant, j’ai envie de dire aux filles de s’aimer plus dans ces cas-là et de ne pas accepter de relations aussi fragiles.
Ainsi, je ne sais pas si c’est moi qui ai changé, ou si les mots de l’autrice passent différemment ici, mais je n’ai pas trop aimé ce tome par rapport aux précédents. Même les épisodes fictifs entre Simon et Baz m’ont moins plu et semblé plus artificiels. Je n’étais pas dedans comme je l’aurais aimé. Reste heureusement en positif la belle description de la difficulté à quitter le cocon familial et à s’adapter à une environnement aussi indépendant que la fac. Là, j’aime voir l’évolution et les vacillements de notre héroïne, sa difficulté à se construire, ses peurs, ses craintes, notamment en vis-à-vis à son histoire familiale. La romance, elle, m’a déçue à ce stade…
Jolie histoire entre un grand-père et sa petite fille qui donne une charmante image du Pékin d'autrefois. Un peu hors du temps, facétieux et plein d'éJolie histoire entre un grand-père et sa petite fille qui donne une charmante image du Pékin d'autrefois. Un peu hors du temps, facétieux et plein d'émotion, ces petites histoires m'ont conquise. Ça fleurait bon l'été et les dessins uniques de Nie Jun et leur colorisation à l'aquarelle avaient un charme unique....more
Quelle étrange sensation que la lecture de ce tome. C’est comme recommencer à zéro, repartir sur de nouvelles bases et démarrer un tout autre voyage. Quelle étrange sensation que la lecture de ce tome. C’est comme recommencer à zéro, repartir sur de nouvelles bases et démarrer un tout autre voyage. Il fallait de l’audace !
Et Aki Irie en a ! Avec en ouverture un premier chapitre totalement atypique mettant en scène Lilia, qui semble notre muse qui nous guide ici en refermant aussi poétique ce tome, il fallait oser ! C’est inattendu, surprenant, décalé et en même temps, cela correspond bien à l’ambiance un peu mystique que peut avoir le titre.
Mais c’est également dans la suite, dans le coeur de ce tome qu’il y a de l’audace. Aki Irie abandonne son guide touristique de l’Islande pour nous entraîner dans tout autre chose : une quête de sens à travers l’enquête de Kei afin de percer les mystères de son frère Michitaka. Et cela a fait mouche avec moi ! Pourtant c’est totalement différent. Cela n’a plus rien à voir. On plonge dans un monde bien plus urbain, celui du Tokyo et du Japon qu’on connaît bien, avec ces phénomènes de bandes, de harcèlement, d’histoires entre lycéens/collégiens, ces parents absents/défaillants. On n’a plus du tout l’apaisement et le détachement des grands espaces de l’Islande, on replonge dans cette étouffante vie urbaine trop rapide et faite de promiscuité. Et pourtant j’ai aimé.
Tout le talent de l’autrice est dans son séquençage. Elle joue des ambiances tranquille, cool des débuts, entre découvertes du quotidien de l’une, petites recettes entre potes des autres, pour ensuite nous plonger peu à peu dans le marasme de l’esprit chaotique de Michitaka, ce jeune perdu si tôt, qui a entraîné bien des gens dans son sillage dont son frère. Ses mystères interpellent. On a envie de les percer et de lui enlever sa carapace pour voir ce qu’elle cache, pour pénétrer son âme tourmentée et avoir des explications.
A travers lui, c’est un Kei qui ne parvient pas à faire son deuil, ou plutôt ses deuils devrais-je dire, ce qui rend la lecture d’autant plus touchante. Ce n’est pas qu’une quête pour découvrir ce qu’il a bien pu faire comme coups fourrés. C’est une quête pour se découvrir soi, découvrir l’autre et apprendre peut-être à tourner la page et à se renouveler.
En attendant, le portrait fourni est étrange, fascinant, inquiétant comme on pouvait s’y attendre et même plus encore. C’est totalement à la hauteur d’un tome d’enquête entre recherche de sens et tentative de deuil accompagné de son meilleur ami. Revenir au Japon est brutal mais l’autrice cherche à amortir cela avec une belle poésie du quotidien. Ainsi ce brusque virage continue-t-il de me séduire !
Je pense pourvoir désormais affirmer que mes craintes avant de commencer la série sont totalement levées. J’aime vraiment énormément la finesse qui seJe pense pourvoir désormais affirmer que mes craintes avant de commencer la série sont totalement levées. J’aime vraiment énormément la finesse qui se cache derrière l’humour de Yki Suenaga.
Avant de me lancer, j’avais en tête l’extrême finesse du Rakugo à la vie à la mort paru chez le Lézard noir. Je craignais que celui-ci ne soit que pitrerie. J’étais loin du compte et ce tome l’illustre merveilleusement, avec un duel de rakugoka exceptionnel où l’auteur montre avec finesse les variations d’interprétation de chacun en fonction de la pièce, de la salle et de sa visée ou son style. Passionnant !
Je ne suis pas du tout une fan d’humour. Je suis quelqu’un d’assez hermétique ou en tout cas je me bidonne rarement même si j’apprécie un bon mot. Or avec le rakugo, ce n’est que ça, des pièces censées faire rire. Je n’en suis pas là mais l’auteur parvient quand même à m’y intéresser, ce qui n’était pas chose aisée ou chose acquise. Je dois dire que l’ensemble du contexte qu’il met derrière y contribue grandement. J’aime voir l’habillage de la pièce s’y dépeindre que ce soit une pièce classique ou moderne. J’aime aussi, surtout, comprendre qui est l’interprète et ce qu’il fait. Je trouve que cela rend la pièce à la fois plus profonde et intéressante à suivre.
Ici, nous avons un festival avec le concours qui se joue. Il y a l’enjeu personnel d’Akane voulant rencontrer celui qui a fait tomber son père pour l’interroger. Mais il y a aussi sa propre carrière qui se joue et ses futurs rivaux qu’elle rencontre et confronte sur scène. L’auteur se joue superbement de nous ici. Il offre à chacun son grand moment, mettant en avant ses points forts et le rendant redoutable. Il ne met pas en avant un jeu au détriment d’un autre, chacun a ses qualités. Cependant, shonen oblige, on sent quand même une petite préférence pour l’héroïne, ce qu’il pose comme elle, faisant écho à son jeu, de manière très sobre et pourtant parfaitement impactante. J’ai beaucoup aimé.
Il semble reprendre tous les codes du shonen nekketsu : travail, dépassement de soi, amitié, passé familial compliqué, envie de se construire malgré tout, mais dans un cadre où on ne l’attend pas. C’est fort. Je me suis régalée avec ce nouveau tome en découvrant les jeux de chacun et en assistant aux performances très différentes d’Akane montrant déjà combien elle a écouté et grandi. C’est passionnant et très fin !
Charlotte Girard et Jean-Marie Omont, c’est un peu une institution désormais dans la bande dessinée jeunesse. Alors quand les scénaristes de la BaladeCharlotte Girard et Jean-Marie Omont, c’est un peu une institution désormais dans la bande dessinée jeunesse. Alors quand les scénaristes de la Balade de Yaya viennent proposer une nouvelle aventure dépaysante avec une couverture mystérieuse, moi je réponds présente !
Cette fois, c’est à Clémence Collignon qu’ils confient les dessins et on peu dire que la jeune illustratrice diplomée des Gobelins est douée pour rendre une atmosphère, avec la richesse de ses verts pour la nature et de ses bleus pour la nuit, elle m’a totalement séduite. En revanche, je ne suis pas toujours fan des cadrages, trop en gros plans pour moi, ni de ses plein pieds où les proportions ne sont pas bonnes, et encore moins de son sens de la narration, trop figé, trop BD classique pour moi ^^! On ne peut pas tout avoir !
L’histoire, elle, nous emmène en 2043, d’abord à Paris puis au Mexique, à une époque où l’eau est devenue une denrée très rare à cause du climat qui s’est détraqué à vitesse grand V, ce qui est particulièrement visible dans notre capitale, qui a des allures de futures Last of Us avec sa population qui la quitte en masse. L’héroïne, Lupi, est une jeune danseuse de ballet prometteuse dont la mère décide subitement de partir se réfugier au Mexique, le pays du père de Lupi. Mais le voyage ne se passe pas exactement comme prévu.
Nous retrouvons ici les ingrédients chers aux auteurs : une enfant obligée de voyager seule ou presque, confrontée à des questions de survie, mais cette fois avec une touche de fantastique grâce à l’atmosphère de la maison, l’hacienda de son père, où elle atterrit et de l’époque singulière où elle vie. Le mystère, la quête, de cette histoire sera de savoir ce qu’il est arrivé au père de Lupi, mais pour le moment nous n’avons que fort peu d’éléments car c’est un premier tome très très introductif malgré le nombre de pages. Les auteurs ont préféré prendre le temps de planter les personnages et le décor. Tiens, ça rappelle L’île aux crocodiles des mêmes auteurs qui se déroule à Cuba.
J’ai trouvé pour ma part le rythme un peu longuet. J’ai eu l’impression que le tome se coupait alors que l’histoire démarrait enfin. Avantage : j’ai envie de rapidement lire la suite. Désavantage : je n’ai pas appris grand-chose… Cela m’a laissé le temps de m’agacer de cette héroïne clichée de l’enfant débrouillarde quand les événements le demande mais en crise d’adolescence et d’identité face à ses parents, et je n’en suis pas fan. Je trouve, étrangement, la caractérisation des personnages trop rapide et trop facile, sans grande finesse : de l’amie de la mère, enceinte, qui va partir avec Lupi, en passant par le mafieux mexicain du coin qui fait semblant d’être gentil, ou le garçon beau gosse qui passe dans le coin et s’intéresse à sa maison… On a fait plus subtil.
En revanche, je suis assez fan des décors, bien que pourvu lui aussi de clichés… la danse classique à Paris, la drogue au Mexique… Cependant, je trouve l’ambiance de cette forêt quasi vierge où est posée l’hacienda du père de Lupi, laissée à l’abandon depuis longtemps et habitée par de merveilleux papillons, entêtante. Je trouve, à l’inverse, le Paris gris, en train d’être abandonné, lugubre et inquiétant. J’aime le travail de nuances entrepris ici.
Premier tome d’une nouvelle aventure jeunesse où une adolescence en quête d’identité va être confrontée aux mystères de sa famille dans un lieu aussi onirique que mystérieux et inquiétant, celui-ci est très classique dans sa construction, à la fois lent et trop rapide dans le peu qu’il raconte, mais déploie une singulière ambiance, qui donne envie de lire la suite pour avoir plus de grain à moudre et quelques réponses aussi.
Quelle surprise que de retrouver ce duo d’auteurs que je connaissais pour leurs documentaires historiques sur la façon dont les enfants vivaient autreQuelle surprise que de retrouver ce duo d’auteurs que je connaissais pour leurs documentaires historiques sur la façon dont les enfants vivaient autrefois (dans les années 80-90, les années 60, la seconde guerre mondiale, le moyen âge…) dans une aventure familiale animale qui tient tout du livre jeu ^^
C’est en voyant les auteurs que j’ai eu envie de faire partie de cette nouvelle aventure, pourtant je ne m’attendais vraiment pas à ça. Certes, il y a à nouveau un petit côté rétro et familial dans cette nouvelle expérience mais on est très loin des dessins »à l’ancienne » de leur série Quand j’étais petite et cela n’a rien d’un documentaire et tout d’une aventure jeunesse habituelle. Enfin, habituelle, pas tant que ça…
En effet, le couple nous invite à faire la rencontre des Picodon, une famille de souris réunie pour les vacances dans la maison familiale et qui se retrouve impliquée et partie prenante d’une véritable chasse au trésor grâce à un vieux parchemin découvert pour leur grand-père. D’habitude, quand les auteurs relatent se genre d’aventure, le lecteur est spectateur, mais pas avec eux. Les auteurs nous ont imaginé un récit participatif où sous forme de jeu, le lecteur participe à la chasse à l’aide de jeux et devinettes, donnant très envie de plonger dans les pages.
Les propositions sont variées, fouiller les pages à la recherche d’objets perdus, parcourir une cartes caviardée, jouer à mais où est Charlie version souris à la fête foraine, jouer à »Qui est-ce ? », remettre dans l’ordre les cases d’une BD pour avancer ou même traverser un labyrinthe façon »jeu vidéo ». C’est très ludique et on ne s’ennuie jamais. Cela permet de farfouiller dans les pages et les auteurs s’amusent à parsemer celles-ci de petites informations savoureuses et même historiques, ce qui est leur came.
Il y a aussi plein d’humour dans les aventures de toute cette petite famille. Humour dans les répliques, humour dans ce qu’ils cherchent, humour dans les situations cachées dans les pages, humour dans les références pour les lecteurs plus avertis. Je me suis vraiment régalée à participer à cette aventure.
Lecture d’un genre inédit pour moi, ce mélange d’aventure et de jeu auquel j’ai pu participer en construisant réellement une histoire m’a beaucoup plu. J’ai trouvé cela malin, ludique, varié, amusant, culotté. C’était à la fois simple et bien pensé. Les auteurs ont su me surprendre en sortant de ce que je pensais être leur zone de confort. J’espère que d’autres auteurs s’inspireront de cette belle et riche idée.
Découverte avec l’excellent Cocon, sur la guerre nippo-américaine dans les îles, qui avait été un grand coup de coeur et qui vient d’être adapté en fiDécouverte avec l’excellent Cocon, sur la guerre nippo-américaine dans les îles, qui avait été un grand coup de coeur et qui vient d’être adapté en film d’animation, je retrouve avec un grand bonheur la force toute en subtilité de Machiko Kyo pour continuer à évoquer cette période si sombre de notre histoire dans ce nouveau diptyque des plus surprenants !
Dans Cocon, c’était à l’aide d’un récit court et incisif mais subtile, relaté en suivant le parcours d’une jeune habitante qu’elle nous faisait plonger dans l’horreur des derniers instants des combats. Avec un procédé similaire mais bien plus poétique, c’est avec une subtile abstraction que, cette fois, dans Le journal de Hanako elle imagine un récit uchronique des horreurs nazies en Europe avec les camps de mise à mort et les rafles. Aussi beau que terrifiant !
Écrit il y a déjà plus de 10 ans, ce diptyque arrive enfin chez nous grâce aux éditions IMHO et on les en remercie. C’est une oeuvre vraiment singulière qui allie poésie, fiction, rêve et réalité terrible. S’inspirant du Journal d’Anne Frank, l’autrice imagine une jeune orientale vivant aux Pays-Bas où ceux-ci sont victimes de ségrégation à cause d’un suprême leader des plus racistes faisant d’eux les coupables de tous les maux. Et alors que sa soeur aîné devrait partir en camp de travail forcé, toute la famille décide de passer dans la clandestinité et de se cacher dans un logement dont la porte est cachée par une bibliothèque. Toute ressemblance avec des événements ayant existé est bien sûre volontaire !
Le récit dégage vraiment quelque chose d’à part grâce à sa narration. C’est en effet Hanako, le seconde fille du couple, celle un peu évaporée qui rêve de gloire et d’être actrice ou écrivaine, qui raconte cette histoire à travers des souvenirs entre rêve et réalité où elle tente d’enjoliver un quotidien des plus rudes pour y survivre. On a ainsi du mal à faire la part des choses entre ce qu’elle vit et rêve, ou en tout cas, on trouve étrange que dans le rêve se mélangent les siens et ceux d’un jeune garçon non-oriental qui se rêve artiste mais est brimé par son père et part totalement en vrille. Tiens, tiens.
Le lecteur se laisse ainsi totalement porter par ce récit étrange et singulier où se mélangent les moments où Hanako rêve de cet espace en dehors du temps où elle retrouve ce garçon et se confronte à sa violence et sa folie stoïquement, et le présent où elle doit vivre enfermée dans quelques mètres carrés avec sa famille et une autre. Nous retrouvons ici tout ce qui aura marqué le récit d’Anne Frank, les ségrégations préalables, la vie enfermée, l’envie de liberté, le besoin d’écrire. Rien d’original me direz vous, mais en même temps a-t-on besoin que cela le soit pour que cela nous touche ?
J’ai, en tout cas, malgré un trait et un ton qui seront clivant, été très touchée par ce que j’ai lu. J’ai aimé la candeur et la naïveté de cette jeune fille qui cherche à voir le monde avec les lunettes du bonheur pour survivre à ce terrible drame qui se joue. Cela rend encore plus terrible ce qu’ils vivent, de la peur, en passant par l’enfermement puis le convoi vers les camps. Sachant à quoi fait allusion l’autrice, forcément cela a encore plus de force pour nous. Comment ne pas être ravagé par ces atrocités dont ils sont victimes, être touchée par le regard toujours positifs qu’y pose Hanako malgré les difficultés et la réalité qui lui saute parfois au visage avec des femmes bien moins aveugles qu’elle. Elle ressemble en cela beaucoup à l’héroïne de Cocon et je cerne un peu mieux le final de ce titre qui m’avait semblé si étrange. C’était vraiment délibéré de la part de l’autrice.
C’est ainsi un nouveau coup de coeur que cette nouvelle incursion dans l’univers si rude mais subtil de Machiko Kyo qui sait vraiment s’y prendre pour faire le récit de cette terrible période à travers le regard d’héroïnes toujours positives qui permettent de survivre au milieu de ces horreurs, tout en les mettant subtilement en lumière pour le lecteur averti. Et quoi qu’on dise, peu importe à quoi cela ressemble, il est toujours nécessaire de revenir dessus. Cette fable onirique uchronique empruntant au Journal d’Anne Frank est une franche réussite pour moi et une très belle et singulière surprise. ❤
Que cette série se bonifie au fil des tomes ! Les bases sont pourtant classiques mais les variations sont inlassablement réussies.
Dans ce tome, l’autrQue cette série se bonifie au fil des tomes ! Les bases sont pourtant classiques mais les variations sont inlassablement réussies.
Dans ce tome, l’autrice réussit une nouvelle fois une alliance parfaite entre histoires de famille, romance et cuisine et c’est un régal. J’aime la voir prendre son temps pour approfondir chaque élément et lui donner le poids qu’il mérite. On a vraiment le sentiment d’être face à quelque chose de très réaliste et de justement pensé et pesé pour nous le transmettre.
J’apprécie ainsi aussi bien de suivre les avancées du projet professionnel d’Ichika, les implications de plus en plus importante d’Amané vraiment membre de la famille à part entière, mais aussi la petite famille qu’ils commencent à former avec leur fils d’adoption et les sentiments qui naissent entre eux. Tout cela est alimenté par de très belles et souvent poignantes histoires qui reviennent sur un Japon d’autrefois où la place de l’enfant et de la femme étaient différentes.
Ainsi, c’est un vrai plaisir de lire chaque chapitre. J’ai autant apprécié de suivre Ichika et ses aides en cuisine pour son concours où elle a su prouver son talent en toute simplicité, que d’aller avec elle et sa famille à Tokyo pour épauler son fils face un héritage inattendu. Tout est parfaitement dosé, la force et la fragilité d’Ichika, la place qu’elle souhaite redonner à sa soeur et son beau-frère, mais également son nouveau rôle de mère où elle sait trouver la juste distance avec Amané comme parents d’un garçon adopté. C’est bluffant de simplicité et justesse.
Puis quand Yuki Isoya décide de réveiller un peu ses héros et de les mettre face à leurs sentiments qu’ils ont tendance à engloutir sous les tracas du quotidien, elle n’hésite pas. Elle montre d’abord à travers des petits gestes puis avec une conversation sérieuse que les lignes sont en train d’évoluer, et elle provoque un petit électrochoc avec le retour d’une rivale. Alors certes, c’est lent, c’est subtil, mais ce n’est pas rien pour eux. On sent Ichika fléchir petit à petit. On voit Amané plus entreprend, façon homme des années 50. Et qu’est-ce qu’on a envie de les encourager à tourner la page ensemble.
Quant au portrait de ces années-là, il est toujours aussi réussi. L’autrice y montre combien c’était dur pour les femmes d’être autre chose que l’épouse voulue, choisie et souhaitée par les hommes et leur famille. Que ce soit la tante d’Ichika ou la belle-soeur d’Amané, on voit ces destins contrariés et le poids des hommes quand on souhaite devenir plus indépendante ou juste assumer un rôle de mère aimante et pas juste de pondeuse pour un jeu familial. Go go Girls !
Lecture douce et vivifiante à la fois qui offre un portrait doux et sensible de la société japonaise des années 50, c’est également un vrai moment de plaisir et pas que gustatif avec les recettes qu’on nous offre. On est touché par l’évolution des relations des hommes et femmes de cette série. Amane et Ichika prennent le temps mais avancent dans la même direction pour former une famille de plus en plus charmante et aimante autour de Michiya mais aussi avec un couple qui commence à poindre. Et que j’aime ces portraits subtiles de la société d’autrefois à travers leurs parents qu’on croise au fil des histoires.
Prenant un grand plaisir à lire les romans de Keigo Higashino depuis ma découverte des Miracles du bazar Namiya pour son versant fantastique et du NouPrenant un grand plaisir à lire les romans de Keigo Higashino depuis ma découverte des Miracles du bazar Namiya pour son versant fantastique et du Nouveau pour son côté polar, j’ai eu envie de remonter le fil de ce dernier qui met en scène un policier pas comme les autres.
Je ne suis pas une adepte des romans policiers, je suis même une novice, alors peut-être vais-je dire des énormités, et alors n’hésitez pas à me le dire, mais je trouve chez Keigo Higashino une grande force : celle de partir d’une enquête très classique, limite vue et revue, pour dresser un portrait saisissant de l’âme humaine avec son prisme bien à lui, un prisme très japonais, et ayant baigné depuis toujours dans cette culture, cela me parle totalement.
Dans Les doigts rouges, premier roman d’une saga de tomes indépendants mettant en scène des enquêtes menées par Kaga Kyôichirô, c’est ainsi une enquête où dès le départ on sait qui a commis le crime et où par une subtile double narration des enquêteurs d’un côté et de la famille du coupable de l’autre, nous allons arriver à une histoire pleine de finesse sur la culpabilité, la responsabilité et la détresse humaine sur fond de maladie et de sénilité. J’ai encore une fois adoré. J’ai été agréablement surprise dans un premier temps d’entrer dans une histoire qui commence par le récit de ce meurtre et de ce que la famille fait pour le camoufler. C’était inattendu de savoir d’emblée qui était le/la coupable. Puis j’ai adoré tout le travail d’orfèvre fait ensuite tout autour avec l’enquête des inspecteurs. C’était très fin et il y avait une enquête dans l’enquête avec les inspecteurs et leur histoire qui m’a beaucoup plu.
Ce meurtre est le prétexte pour entrer dans la vie de cette famille lambda avec un père qui travaille sûrement beaucoup et n’est pas très présent, une épouse qui a été obligée de déménager mais ne veut pas s’occuper de sa belle-mère malade, un fils adolescent qui vit enfermé dans sa chambre, une mamie donc qui perd la tête, et la fille de cette dernière qui passe quotidiennement pour s’en occuper. L’astuce de l’auteur d’utiliser cette enquête, sorte d’enquête de voisinage où il passe au peigne fin de la composition de la famille à son jardin, en passant par ses modes de transport et ses petites habitudes, est parfaite pour pénétrer dans le quotidien de cette famille et jouer les révélateurs. J’ai trouvé le mélange extrêmement bien fait.
En peu de pages, avec une narration très efficace, on s’attache d’une certaine façon à cette famille devant gérer un ado acariâtre, une grand-mère qui repart en enfance, une épouse rancunière, un père malheureux dans sa vie de famille ou encore une fille qui fait tout ce qu’elle peut. A travers le regard de la police et de leurs voisins, on découvre une famille que nous pourrions être, des problèmes que nous pourrions rencontrer. C’était très pénétrant et éclairant. Il y a bien sûr, du fait de ce meurtre, tout une mécanique qui se met en place pour le camoufler et se défaire de sa responsabilité, avec qu’un effet de balancier renvoie celle-ci et qu’elle soit prégnante, révélant des caractéristiques de la famille que nous ignorions, ce qui est très bien joué.
Ce fut donc passionnant de suivre cette nouvelle enquête malgré la connaissance d’entrée de jeu de la victime et du meurtrier. Cela a amené d’autres réflexions toujours aussi pénétrantes avec le regard de lynx de l’auteur qui aime ailler fouiller dans les âmes humaines. Ici, le regard posé sur cette famille lambda fut remuant évoquant les questions importantes comme la responsabilité, la culpabilité et la détresse humaine face à une perte ou la maladie. J’aime vraiment beaucoup ce que fait Higashino !
Sans faire exprès, j’ai enchaîné coup sur coup les polars SF et je ne peux en tirer qu’une conclusion : bon sang que c’est bon !
Avec Alfie, que sa répSans faire exprès, j’ai enchaîné coup sur coup les polars SF et je ne peux en tirer qu’une conclusion : bon sang que c’est bon !
Avec Alfie, que sa réputation précédait, je découvre encore un nouvel auteur à l’univers décidément très actuel et percutant : Christopher Bouix, un auteur français de ma génération, dont j’ai adoré la description si réaliste et proche de nous d’une maison commandée par une IA domotique : Alfie.
Dévoré sans m’en rendre compte, je me suis totalement immergée dans l’histoire de cette famille en pleine rupture contée à travers le regard de l’IA qu’ils viennent d’adopter et qui va grandir sous notre regard au fil des jours. C’était un vrai bonbon, grinçant et prenant puisque le regard naïf d’Alfie offre une perspective nouvelle dans laquelle s’engouffre allègrement l’auteur pour mettre en relief bien des aspects de la vie de cette petite famille.
Imaginez un nouveau né super intelligent qui pose son regard sur une adolescente qui cherche à attirer le regard du garçon dont elle est amoureuse, sur un mari adultère dont la situation professionnelle dégringole, ou sur une épouse trompée très intelligente qui se doute de quelque chose, comment cela n’aurait-il pas pu mal tourner ? Jouant de ce décalage, il pose en regard neuf et décalé sur tout, étant ainsi un narrateur non-fiable passionnant surtout à l’heure de la grande fascination tout azimut pour les IA. Le titre pose ainsi de nombreuses questions sur l’intimité, la vie privée, l’auto-apprentissage, les interprétations de séquence, la part de l’IA dans la vie de tous les jours et son intrusion. C’était très riche.
Raconté en plus avec un ton décalé mais sérieux tout en même temps, cela ne participe qu’à rendre la lecture addictive. Les chapitres sont courts, nommés d’après le jours et l’heure où l’IA en fait son rapport, toujours portés par le regard de celui-ci et ne se contentant pas d’être à la maison, Alfie suivant sa famille sur leur lieu de travail, dans leur véhicule ou à l’école grâce à sa super connexion, mais étant aussi parfois coupés volontairement ou non de ceux-ci, ce qui donne une vision partielle de la chose. Et quand un mystère se produit, forcément, on se met à vouloir le résoudre mais en n’ayant que le point de vue tronqué, naïf et maladroit d’Alfie forcément ça fait des étincelles !
Je n’en dévoilerai désormais pas plus, mais sachez que j’ai adoré découvrir cette famille à travers son regard, ce fut amusant et grinçant. C’était plein d’entrain. J’ai aimé découvrir leur quotidien et ce que chacun se cachait en mode Desperate Housewives. Les portraits étaient vraiment crédibles et l’enquête, certes déjà vue, mais non moins prenante et bien faite parce qu’il était intéressant de voir ce qui défaillait dans l’interprétation d’Alfie. C’était vraiment ludique dans un sens et instructif, donnant un bel avertissement également sur les IA, leur poids et leurs défaillances, grâce à la plume incisive de l’auteur qui se glisse à merveille dans la peau d’Alfie.
Quand polar et société se mélangent dans une addictive aventure sur fond d’IA domotique qui notre narrateur non-fiable naïf, que c’est efficace et piquant ! J’ai adoré cette lecture palpitante et éclairante, pleine de jeu et de réflexions avec une plume incisive jouant à merveille sur les regards. Voilà, ce que j’attends aussi de la SF de l’originalité et des palpitations, de l’imagination et de l’amusement sous couvert de critique grinçante.
Portée par l'originalité du concept, adapter en roman une série de podcast à suspense, j'étais curieuse d'aller à la rencontre de ce roman. Et je remePortée par l'originalité du concept, adapter en roman une série de podcast à suspense, j'étais curieuse d'aller à la rencontre de ce roman. Et je remercie Babelio et Seuil de me l'avoir fait parvenir.
Malheureusement, ce fut un flop pour moi. Si cela se lit très facilement et qu'il y a un effet page-turner grâce au rythme trépidant, la forme laisse de beaucoup à désirer, me donnant le sentiment d'un ''Black Mirror'' du pauvre malheureusement... Je m'attendais en effet à un thriller mâtiné de SF avec quelque chose d'un peu dense. Ce fut à l'inverse très léger et rempli de grosses ficelles pour faire avancer le scénario à un bon rythme. Pire, pour moi, l'auteur a préféré s'intéresser au pan plus sentimental de son récit, et comme j'en ai trouvé l'écriture très maladroite, j'ai vite levé les yeux au ciel...
Cela démarrait pourtant bien avec cette héroïne métisse et lesbienne (vive la diversité bien intégrée au récit) qui revivait de drôles de souvenirs d'événements n'ayant pas eu lieu dans sa vie. C'était très intrigant et stressant. J'ai vraiment aimé ce démarrage. La révélation des origines de ce mystère est également bien faite, bien trouvée, avec un hommage appuyé et réussi à Wells. J'ai à nouveau beaucoup aimé l'idée de l'anti-téléphone venant des recherches théoriques d'Einstein. L'auteur m'avait prise dans ses filets à ce stade-là.
C'est quand il a voulu écrire une thriller comme ceux dans lesquels joue Liam Nelson que tout a dérapé pour moi. Je peux comprendre son désir d'écrire sur la paternité, sur les ratés de nos vies et les ''et si'' pour se rattraper, mais ça n'a pas fonctionné sur moi. J'ai trouvé ses personnages et leurs relations creuses. Je n'y ai pas cru un instant. Pire, ils m'ont mise mal à l'aise, surtout celle avec Eve/Anabelle, que je trouve vraiment de trop. J'ai vraiment eu le sentiment de quelque chose d'écrit trop vite, trop superficiellement. Désolée.
Ainsi malgré son côté addictif et page-turner évident, malgré sa facilité à entrer dans l'intrigue et à se laisser prendre au jeu, malgré sa technologie-hommage intéressante et une idée qui aurait pu être poignante sur les relations parents-enfants, je suis passée à côté de cette lecture qui reste trop en surface de tout. ...more
Quand le duo qui a co-écrit La Balade de Yaya revient avec une nouvelle proposition d’enfant à la recherche de ses racines comment ne pas craquer ?!
C’Quand le duo qui a co-écrit La Balade de Yaya revient avec une nouvelle proposition d’enfant à la recherche de ses racines comment ne pas craquer ?!
C’est sur cette couverture pleine d’introspection signée Gregory Charlet et ce titre qui interpelle, que je me suis lancée et que je suis allée à la rencontre du jeune Ernesto, un enfant métisse avec un père américain et une mère haïtienne qui vit en Floride et semble avide de comprendre d’où il vient, subissant des moqueries qu’il ne parvient à gérer que par la violence. Tout ce bouillonnement doit trouver un exutoire.
Quel enfant différent n’a pas vécu cela ? Les auteurs rendent très réaliste la frustration d’Ernesto et c’est avec un énorme capital empathie pour lui qu’on démarre cette aventure. Une aventure surprenante car au lieu de nous rendre à Haïti comme on aurait pu le croire, c’est vers Cuba que se dirige l’auteur, emmenant son jeune héros dans un voyage étrange avec son père, sorte de colon américain à l’époque où Batista est le président de Cuba. Voyage prétexte pour le lecteur pour découvrir ce régime fort peu démocratique.
J’ai aimé cette surprise. J’ai aimé la double histoire qui se noue ici avec à la fois la quête d’identité et la colère non résolue d’Ernesto, et le tableau au plus proche des habitants faits de cette époque de l’Histoire cubaine, époque que je ne connaissais pas. Que ce soit les mots de Charlotte et Jean-Marie ou les dessins de Gregory, je les ai trouvés sobres et vibrants à la fois, parfaits pour représenter cette double quête de liberté et nous entraîner dans le sillon d’Ernesto, nous posant mille questions comme lui.
C’est classique ensuite. Passé des débuts un peu oniriques et fantastiques, avec la rencontre de l’esprit gardien d’Ernesto, qu’on ne recroise pas trop ensuite, dommage, on le retrouve à suivre son père qui est en mode conquérant tandis que lui est vite abandonné… Heureusement il fait la connaissance d’une jeune cubaine qui l’entraîner dans sa propre aventure vers une mystérieuse grotte et il va ainsi en apprendre plus à la fois sur son père et ce pays. C’est une narration un peu façon conte en randonnée pour moi puisque chaque élément en entraîne et en ajoute un nouveau, enrichissant le récit, ce que j’apprécie.
Je suis cependant restée un peu sur ma faim concernant Ernesto qui, j’ai l’impression, vient se fondre dans la quête d’une autre et en oublie un peu la sienne. Mais j’attends de voir le second et dernier tome à venir pour pleinement juger, car il a de belles promesses dans les petits éléments glissés discrètement par-ci par-là. Je suis prête à en faire la découverte.
Emouvante rencontre que celle de ce jeune métisse en quête d’une identité pour apaiser sa colère. J’ai été surprise du virage pris pour finalement s’intéresser à l’Histoire de Cuba, mais ne la connaissant que fort mal, je suis toute ouïe, surtout quand c’est écrit avec finesse et dessiné avec une émotion toute sobre dans un très beau camaïeu et un trait rendant hommage à l’île. Rendez-vous pris pour le tome 2 !