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21 February 2020

Petite découverte personnelle en lien avec Miramichi

Comme historien, on se doit d'être objectif en étudiant son sujet. Mais cela ne veut pas dire que de temps en temps on ne peut pas être ému. Ceci dit, j'aimerais vous partager un petit moment de vulnérabilité personnelle alors que fouillais les archives récemment.

Pendant mes recherches pour ma thèse de doctorat, je commençais à garder l’œil ouvert pour Miramichi, ayant identifié son importance dans le cadre du renseignement militaire. Voici un extrait de ma thèse:
En 1755, une lettre de Vaudreuil au ministre propose que les messagers empruntant la Saint-Jean doivent rejoindre Shédiac ou Cogagne[1]. Dans les faits, une vérification des reçus pour services de courrier contenus parmi les billets de l’Acadie[2] démontre que les messages passent plutôt par Miramichi, plus au nord. En effet, depuis la perte du fort Beauséjour en 1755[3], le courrier pour l’Acadie provenant tant par la terre que par le fleuve transite par cette rivière, plus précisément sur l’île Beaubears où, en 1757, Boishébert fonde son nouveau quartier général qui sert de refuge à environ 1 500 d’Acadiens[4].
En même temps que je rédigeais ces lignes, je me plaisais à imaginer ce à quoi pouvait ressembler ce quartier général et le petit village de réfugiés.  Compte tenu de l'histoire du Grand dérangement, j'admirais cette bande d'Acadiens en train de résister l'ennemi malgré tout, tout en travaillant ardemment à maintenir les liens de communication entre l'état-major à Québec et Versailles. Toutefois, j'en suis venu à découvrir à quel point je m'étais attaché à ces gens lorsque j'ai eu un léger pincement au cœur et presque la larme à l’œil en découvrant leur sort, imaginant leur consternation à la vue de la flotte britannique: 
Néanmoins, après avoir conquis Louisbourg, les Britanniques remontent le long de la côte et détruisent les établissements français. À son arrivée à Miramichi, James Murray ne peut que constater que l’endroit fut évacué avant son approche à la vue de leurs navires. L’importance de la rivière en matière de communication n’échappe pas à l’officier qui note « That there is a Communication from the head of the Miramichi River to Québeck by River & Lakes a few portages excepted[5] ».
Bien que le courrier ne cessera pas totalement de circuler par Miramichi, il devient pressant de trouver des voies alternatives où le faire passer.
L'histoire de ma relation avec Miramichi dans les archives s'était arrêté là, puisque je devais bien sûr passer à d'autres sujets abordés dans ma thèse. Néanmoins, je continuais à maintenir un certaine curiosité: mon imagination était encore obsédée par l'idée de savoir ce à quoi ressemblait ce poste. Malheureusement, comme dans la majorité des cas, l'imagination doit suffire, faute d'iconographie dans les sources. Du moins, c'est ce que je croyais jusqu'à cette semaine alors que je m'amusais à fureter BAnQ Numérique. Imaginez ma surprise en tombant sur une gravure... de Miramichi! Ainsi, après vous avoir expliqué ma relation avec cette image, j'ai le grand plaisir de vous partager cette gravure tirée de Hervey Smyth[6]:




[1] « En conservant la rivière Saint-Jean, je pourrai avoir en tout temps des nouvelles de Louisbourg, il ne s’agira que de traverser de l’isle Saint-Jean à Chedaïk, ou en suivant les terres, après avoir passé le passage de Fronsac, aller à Chedaïk ou à Cocagne. » Vaudreuil. À Montréal, le 18 octobre 1755, dans Casgrain (dir.), Extraits des archives des Ministères de la Marine et de la Guerre à Paris : Canada, correspondance générale, MM. Duquesne et Vaudreuil, gouverneurs-généraux (1755-1760), Québec, L.-J. Demers & Frères, 1890, p. 66.
[2] Ces billets font parti du fonds de la Série V7, Commissions extraordinaires du Conseil aux ANOM.
[3] Avant la prise du poste, le courrier transitait sur le Saint-Laurent pour rejoindre la baie Verte, pour ensuite suivre un portage de trois lieues jusqu’au fort Beauséjour. Lévis à Mirepoix. Au camp de Carillon, le 4 septembre 1757, dans Casgrain (dir.), Lettres du chevalier de Lévis concernant la guerre du Canada (1756-1760), Montréal, C. O. Beauchemin & Fils, 1889, p. 148.
[4] Aujourd’hui il s’y trouve le lieu historique national Boishébert. Johnston, 1758 la finale : promesses, splendeur et désolation de la dernière décennie de Louisbourg, Québec, Presses de l’Université Laval, 2011, p. 117-118; Phyllis E. LeBlanc, « Charles Deschamps de Boishébert et de Raffetot », dans Dictionnaire biographique du Canada, Volume IV de 1771 à 1800, Québec, Presses de l’Université Laval, 1980, p. 230-232 et Montcalm, Le journal du Marquis de Montcalm, Montréal, Éditions Michel Brûlé, 2007, p. 147.
[5] « Purport of Coll. Murray’s Report of his Proceedings at Miramichi » dans McLennan, Louisbourg: From its Foundation to its Fall 1713-1758, Londres, Macmillan and Co., Ltd., 1918, p. 421-422.
[6] « A view of Miramichi, a French settlement in the Gulf of St. Laurence, destroyed by Brigadier Murray detached by General Wolfe for that purpose, from the Bay of Gaspe = Vue de Miramichi, établissement françois dans le golfe de St. Laurent, détruit par le Brigadier Murray, détaché à cet effet de la baye de Gaspé, par le Général Wolfe / drawn on the spot by Capt. Hervey Smyth ; etch'd by Paul Sandby ; retouch'd by P. Benazech » Londre, publish'd according to Act of Parliament Nov. 5. 1760 by T. Jefferys, the corner of St. Martins Lane, [1760] En ligne: http://collections.banq.qc.ca/ark:/52327/2448572



16 December 2019

Joyeux Noël et Bonne Année 2020!


C'est la fin de l'année qui s'approche et avec, le temps des Fêtes! J’ai de la famille qui arrive cette semaine pour Noël, donc je risque d'être un peu trop occupé pour vous écrire de nouveaux billets d’ici janvier. Entre temps, je tiens à vous remercier tous et toutes pour votre fidèle soutien. Ce blog n'existerait pas sans votre intérêt! C’est un plaisir d’écrire pour un lectorat aussi assidu.

Quelle belle année occupée : d’abord, je me suis mérité deux petites bourses qui m’ont payé mes plus récents frais universitaires. J’ai également remporté un concours d’affiche organisé par l’Institut d’histoire de l’Amérique française. J’ai donné trois communications portant sur ma recherche à Ottawa, à Montréal et dans l’état de New York. J’ai également animé et participé à trois conférences publiques. À l’occasion de ces activités, j’ai eu le grand plaisir de rencontrer de nouveaux collègues et j’ai fait la connaissance de plusieurs lecteurs de mon blogue. Et enfin, j’ai foncé dans l’écriture de ma thèse de doctorat.

À ce sujet, je tiens à remercier tout particulièrement ceux et celles qui ont bien voulu m'appuyer en contribuant à mon GoFundMe. Votre générosité me permettra de passer un dernier semestre sur ma thèse qui achève. J’espère faire le dépôt d’ici avril. Même si j’avais promis de terminer ma rédaction pour décembre, elle a pris plus longtemps que prévu avec mes contrats de recherche et d’autres imprévus dans ma famille. Néanmoins, ce maigre revenu et vos dons m’ont permis de me consacrer à 100% sur ma thèse ce semestre, rattrapant beaucoup de temps perdu. Même si la collecte de fonds demeure ouverte à quiconque souhaite m’appuyer à leur tour, j’ai le plaisir d’annoncer qu’il me reste de quoi subsister d’ici le printemps (en me serrant la ceinture pas à peu près… alors, je m’assume en disant que tout nouveau don est fortement apprécié et vous méritera une mention dans la section des remerciements). J’espère que 2020 sera garant d’un dépôt rapide de ma thèse après un long parcours sinueux et enrichissant.

D’ici là, je lève un verre à votre santé en espérant que la nouvelle année vous amène beaucoup de bonheur et de nouvelles découvertes en lien avec cette chère Curieuse Nouvelle-France!

Joyeux Noël et Bonne Année!
Photo: Joseph Gagné, 2012. Musée royal de l'Ontario

14 September 2019

1755: British Optimism vs Reality


This weekend marks the 260th anniversary of the battle of the Plains of Abraham in 1759. Of course, this battle was not technically the fall of Québec, which was actually formally surrendered a few days later on the 18th of September. And neither was it the fall of Canada: this formality would have to wait after more battles and skirmishes throughout the following year, leading up to the capitulation of Montreal on the 8th of September, 1760. In hindsight, the fall of New France seems inevitable to us today. After all, for such a vast colony, the French presence in North America was only assured by about 80 000 colonists. The neighbouring thirteen British colonies were home to a million American subjects. Yet, at the start of the war, things weren’t so clear-cut: The French were better organized politically and fared better with circumstantial luck. Up until 1758, the French had actually managed to hold their own quite well, in fact (relatively speaking...). Throughout the war, victory or defeat were never as clear cut as some imagined they would be. As exquisitely recapped in David Preston’s book Braddock’s Defeat: The Battle of the Monongahela and the Road to Revolution (Oxford University Press, 2015), the British sent their first contingent of troops to North America hoping to squash the French claims to North American lands. Optimism was flying high, some even going as far as wanting to celebrate victory prematurely with fireworks (to which, cooler heads like Ben Franklin’s cautioned that waiting for results might be more appropriate…). Yet, nowhere was this blind optimism demonstrated as heartily as in this wonderful 1755 engraving I recently found, British Resentment or the French fairly Coopt at Louisbourg. Created by John June and Louis Philippe Boitard, this image was a premature celebration of British victories which would not come to be that year, quite the opposite in fact (with the exception of Fort Beauséjour). Braddock’s army was defeated by the French and their indigenous allies, and most of their goals would be met only after a hard-fought campaign stretching over many years. And so today, to commemorate the battle of Québec, I would like to take a closer look at this image engraved years earlier, its creators not imagining New France would put up such a valiant resistance.

For more information on British art during the Seven Years' War, see Fordham, Douglas. British art and the Seven Years’ War: allegiance and autonomy. Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2010. 334 p.

1. Britannia attending to the complains of her injur’d 
Americans receives them into her protection.
2. Neptune & Mars unite in their defence.

3. The British Lion keeping his dominions under his paw safe from invaders.
4. The British Arms eclipsing those of France
5. A British Sailor pointing to the eclipse, & leering at a French Politician
trapt by his own schemes.
7. A French Political Schemer beholds the operation with grief and Confusion.
6. An English Saylor encouraged by a Soldier, Squeezes the Gallic Cock
by the Throat & makes him disgorge the French usurpations in America.
8. The English Rose erect, the French Lilly drooping.
11. Cromwells device.
9.A Gang of brave Saylors exulting at the Starving French coopt up.
10. The French overset at the fall of Niagara.
12. A monument due to real Merit.

20 May 2019

A French & Indian War Treasure Discovered

Dean Carlson, the Curator of the Museum of Connecticut History in Hartford, was quoted as having a "cerebral meltdown" when viewing what was uncovered behind a wall in a local old home... and to be honest, so am I! The Hartford Courant published yesterday an article regarding the discovery of an amazing sketch that seems to depict a battle during the Seven Years' War in America, or possibly (though less likely if you ask me) from the American Revolution. You can read the full article here. It isn't known if the art was produced by someone who witnessed the battle or simply by a person illustrating one he heard about.
Though I won't repeat the reporting here, I wish to share details that struck my eye observing this wonderful piece of hidden history. 

The original photo from the Hartford Courant

The use of bows and arrows during the Seven Years Wars was often dismissed
by Historians who believed firearms had long replaced them. Though archival
proof exists proving they were indeed used, this is some of the only
iconography I've ever seen.

A cannon being fired. 

The enemy, both French and Indigenous, represented in black and differentiated
by the French wearing hats.

A victim of arrows.

Working with only two colours, the artist could draw the British
in more detail, with hats, pants and shoes. 


No doubt the British and French commanders, leading with their swords.

I can only hope one day I'll have the chance to take a closer look at this unexpected and wonderful visual representation from the French and Indian War.

03 December 2018

Le retour de l'art colonial au Musée national des beaux-arts du Québec


Dimanche dernier, j’ai eu le plaisir de visiter le pavillon Gérard-Morisset, nouvellement rénové, du Musée national des beaux-arts du Québec. Franchement, chapeau à l’équipe muséale!

Ouvert depuis moins d’un mois, le pavillon intègre des murs de verre pour augmenter la superficie disponible pour exposer ses œuvres, tout en donnant l’agréable illusion d’un espace ouvert. On se souviendra que certaines des anciennes salles exposaient leurs œuvres à la manière d’un vieux salon d’art : bien que l’effet de voir des toiles tapissant le mur jusqu’au plafond était impressionnant, il était difficile d’apprécier d’un coup d’œil rapproché les toiles plus hautes. Le changement est donc bienvenu.

Ce pavillon est mon préféré dans le musée entier puisqu’il s’agit de celui où l’on trouve l’art du Régime français et l’art dédié à sa mémoire. Petite recommandation toutefois : avant de visiter, assurez-vous d’abord de vous munir d’un téléphone intelligent avec accès à internet pour télécharger un guide sur place (j'imagine qu'il s'agit du même que celui-ci : http://mediaguide.mnbaq.org/).

Justement, il est bien de s'informer sur les toiles à sujets coloniaux. Je parle de ces toiles où les premiers explorateurs sont glorifiés par les artistes du 19e et 20e siècle, telle la représentation de Jacques Cartier par Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté. Aussi magnifiques soient-elles, elles se fondent sur les idées dépassées de leurs temps (et pour l’exemple de la toile de Suzor-Côté, malgré son temps). Par exemple, les Autochtones sont souvent dépeints de manière… qui laisse à désirer. Le visiteur se trouve le plus souvent soit devant l’image du « bon sauvage » ou bien de l’Autochtone « primitif ». Le MNBAQ invite donc le visiteur à s'informer du contexte artistique et historique de ces œuvres. Il existe un petit écriteau à ce sujet offrant un lien internet à suivre sur son téléphone intelligent. Sans lui, ce n’est pas évident de trouver ces informations sur le site web du musée. Voici donc quelques liens d’intérêts à visionner avant ou pendant votre visite :

N’empêche que ces toiles et ces statues valent la peine d’être vues. Qu'on admire leur taille ou la technique de leurs artistes, elles sont à couper le souffle.

Néanmoins, malgré le nombre d’œuvres impressionnantes, mes préférés demeurent les humbles ex-voto. Il s’agit ici d’œuvres créées pour remercier un ou une sainte pour une faveur obtenue ou d’un secours rendu. Il s’agit le plus souvent de redevances religieuses offertes après un naufrage ou une maladie. Ce que j’adore de ces images est qu’ironiquement, malgré leur contexte religieux, il s’agit souvent des meilleures représentations de la vie de tous les jours en Nouvelle-France. On y trouve par exemple des détails fascinants des habits d’époque. Bref, à ne pas manquer!

Et avant de vous laisser, un petit rappel que l'accès aux musées au Québec est gratuit le premier dimanche du mois aux citoyens locaux. Profitez-en le mois prochain!

Ex-voto de Pierre Le Moyne d'Iberville.
Anonyme.
Vers 1696.


Ex-voto des trois naufragés de Lévis.
Anonyme.
1754.






Ex-voto de madame Riverin.
Anonyme.
1703.


Au sujet de la coiffe étrange de cette dame, lire ce billet fascinant!




19 September 2017

L'épouse de Frontenac

En train de faire de la recherche iconographique pour une communication à venir, je suis tombé sur cette superbe toile sur le site web des collections du château de Versailles. Je vous présente Anne de la Grange-Trianon, comtesse de Frontenac. Oui oui, épouse de CE Frontenac.

Pas étonnant que le comte de Frontenac ait répliqué à Phips avec autant de verve, lorsqu'on considère voici l'épouse qui l'attendait en France:


Vous pouvez en apprendre d'avantage sur la comtesse et son mari dans l'article qui leur est consacré dans le Dictionnaire biographique du Canada.

03 May 2017

Julian Peters à la radio



Je vous invite à écouter la récente entrevue de Julian Peters à l'émission Les Oreilles d'Anne au Canada. Julian travaille présentement sur un roman graphique au sujet de la Conquête. C'est avec grande anticipation qu'on attend sa parution! 


Pour suivre l'oeuvre de Julian, visitez : https://julianpeterscomics.com/


23 February 2017

Philatélie: un timbre russe

La série Bas-de-Cuir immortalisée par la poste russe

Mes lecteurs savent que je suis philatéliste à temps perdu. Je collectionne principalement des timbres en lien avec ces trois sujets: dinosaures et animaux disparus, le folklore et enfin, la Nouvelle-France. Avec les récentes manchettes de scandale entourant la Maison blanche de Trump et l'ampleur de ses liens avec la Russie, je vais m'amuser un peu en vous dévoilant ma pièce de collection préférée portant sur la Nouvelle-France émise par… la Russie!

Pas capable...
J'aimerais introduire ce timbre en vous confiant un secret. Bien que j'adore le film Le Dernier des Mohicans de Michael Mann,  je n'ai jamais pu finir la lecture du roman original de James Fenimore Cooper. Pas capable. D'une lourdeur insupportable, ce roman se lit comme la Bible… Même Mark Twain l'aura sévèrement critiqué. Néanmoins, ce roman est rapidement devenu l'œuvre la plus célèbre de l'auteur et a été adapté dans divers médias, soit à la télé, au cinéma et même en bandes dessinées. En effet, lorsque je parle de la guerre de Sept Ans à quelqu'un qui ne connaît pas son histoire, je n'ai qu'à évoquer Le Dernier des Mohicans pour qu'on ait une image instantanée de la période. Il va sans dire que le roman est devenu au fil des siècles l'un des plus importants et des plus populaires de la littérature américaine.

Mais on pourrait facilement s'étonner de découvrir que le roman a ses amateurs… en Russie! En effet,  les romans de Fenimore Cooper ont été très bien reçus, même pendant l'ère soviétique! Et encore aujourd'hui, Fenimore, le nom par lequel il est connu là-bas, continue de se faire traduire à ce jour.

L'engouement pour l'exotique et l'aventure peuvent certainement expliquer d'une part la fascination pour les livres de Fenimore Cooper, mais il y a aussi le fait que ses romans ont pendant longtemps fait partie des quelques livres étrangers qui n'étaient pas censurés. La culmination de cet passion fut la reconnaissance nationale de la série Bas-de-Cuir (Leatherstocking) par la poste russe en 1989. On ne peut s'empêcher de remarquer qu'il s'agit également de la même année où tombe le mur de Berlin.  

Le Dernier des Mohicans
Alors que ci-haut j'évoquais l'aspect "exotique" des écrits de Fenimore Cooper, cette série de timbres évoque une image assez comique contrastant la réalité américaine du XVIIIe siècle. D'une part, on y trouve un Huron-Wendat portant une coiffe de guerre appartenant plutôt aux  Indiens des Plaines. Et que dire du jaguar qui fait figure de cougar? Enfin, pour ne nommer qu'une autre critique, il va de soi que la plupart des habits sont anachroniques.

N'empêche, ce curieux mélange d'art soviétique et de littérature américaine me fait sourire à chaque fois que je croise ce timbre dans ma collection, et j'espère qu'elle vous fera sourire aussi.

Sources:


James Fenimore Cooper lui-même est
immortalisé par la poste américaine en 1940.
Un timbre semblable est émis en Russie en 1989.

17 February 2017

Gros yeux

Un brin d'humour après une bière ou deux avec des amis :)













21 September 2016

Un moment de tendresse

En fouillant ma banque d'images historiques, je me suis arrêté quelques secondes pour admirer cette toile de Joseph Vernet datant de 1749. Je n'ai pu m'empêcher de partager mon détail préféré, celui d'un couple qui se retrouve après le long voyage maritime de l'homme.



08 September 2016

Timbre: Dame blanche de la Chute Montmorency


Pour une troisième fois, Poste Canada émet une série de timbres sous le thème du Canada hanté.  Après Louis de Buade, comte de Frontenac, et La Corriveau, c'est au tour de la Dame blanche de représenter la Nouvelle-France surnaturelle! 

J'ai hâte d'aller acheter la série pour compléter ma collection! 

N.B. Et sans commentaire de ma part sur l'habit de la dame en question... je laisse ça au domaine de mon amie Mlle. Canadienne pour un billet potentiel! SUIVI: Elle l'a commentée! Lire ici.

N.B. 2: Néanmoins, je remarque qu'être blonde, elle me ferait penser à Alice Munro dans Le Dernier des Mohicans (1992)...



19 August 2016

New Graphic Novel on the Way!

Just a quick shout out to Julian Peters and his recent work on the siege of Québec: https://julianpeterscomics.com/2016/08/16/the-bombardment-of-quebec/

I'm really looking forward to reading his book once it will be completed! Make sure you check out his blog and his terrific work!



10 December 2015

Compte rendu : Capitaine Perdu, Tome 1.


Capitaine Perdu, Tome 1.
Par Jacques Terpant
Glénat BD
2015
56 pages 

Jacques Terpant, l’auteur de BD, vient de lancer sa plus récente création, Capitaine Perdu. Imaginez ma fébrilité en apprenant qu’il s’agit de l’histoire des derniers jours du fort de Chartres aux Illinois vers 1765. Si l’ouvrage est maintenant disponible en Amérique, j’ai eu toutefois le plaisir de le retrouver en format Kindle sur Amazon.com (néanmoins, j’avertis le lecteur que ce format ne fonctionne bien qu’avec une tablette. Sinon, les images risquent d’être un peu trop petites).

Je vous partage donc mes impressions.

D’abord, il faut mentionner qu’il est rafraîchissant de trouver une BD qui s’éloigne des principaux personnages de la Nouvelle-France pour se pencher sur des personnages plus obscurs, ceux qui n’ont pas nécessairement été élevés au panthéon de la mémoire populaire, mais dont les vies ont été tout aussi aventureuses. Il s’agit ici d’autant plus d’une région et d’une période fascinante du Régime français qui méritent une plus grande attention tant en France, au Québec et aux États-Unis (même si j’admets volontiers que je suis un peu biaisé du fait qu’il s’agit de ma période et ma région d’étude).

L’ouvrage comprend d’abord une préface signée de Jean Raspail qui reprend l’interprétation mythique comme quoi les Français ont été pacifistes et bons ententistes avec les Amérindiens. L’œuvre ne cache pas d’ailleurs qu’il fait écho à cet extrait de Francis Parkman : « La civilisation espagnole a écrasé l’Indien; la civilisation anglaise l’a méprisé et négligé; la civilisation française l’a étreint et chéri. ». Si cette maxime est réductrice et simpliste, il en demeure néanmoins qu’en cette période de la fin du Régime français en Amérique, les peuples amérindiens avaient réalisé amplement que l’équilibre du pouvoir venait d’éclater avec le retrait de la France de l’Amérique continentale. Comme l’illustre la guerre dite de Pontiac, les anciens alliés français (et quelques nouveaux alliés) se sont battus pendant trois années suivant la signature du Traité de Paris pour tenter à tout le moins de chasser les Britanniques de leurs terres, et au plus, encourager le retour de la puissance française. C’est sur cette période trouble et ses événements que porte le récit de la BD. Terpant démontre assez adroitement à quoi ont pu ressembler les rassemblements qui ont eu lieu au fort de Chartres pour chercher l’appui du commandant de la place, Louis Saint-Ange de Bellerive.

Le héros de la BD: Louis Saint-Ange de Bellerive
Si l’ouvrage est agréable à lire, il n’échappe pas à quelques erreurs historiques. La première et la plus évidente à souligner porte justement sur Saint-Ange de Bellerive, le personnage principal que Terpant dénomme le « Capitaine Perdu ». Perdu, en effet, car après de nombreuses années au service de la couronne française, ce commandant s’était vu obligé de soumettre son fort aux Britanniques et de se replier à Saint-Louis, récemment fondé sur la rive opposée du Mississippi, en territoire espagnol. L’artiste dépeint l’officier avec la physionomie d’un solide gaillard âgé tout au plus de la quarantaine. Or, Saint-Ange de Bellerive est né à La Prairie en 1702. Entre 1764 et 1765, période où a lieu l’action de la BD, il avait donc environ 62 ans! Il est mort d’ailleurs en 1774. Selon ses propres paroles, Terpant dit qu’il y a très peu d’information sur Saint-Ange de Bellerive, alors il a fait « acte de création ». Néanmoins, pour mes chers lecteurs qui veulent s’informer davantage sur ce fascinant personnage, je vous réfère au récent livre de Carl Ekberg et Sharon K. Person, St. Louis Rising : The French Regime of Louis St. Ange de Bellerive.

 Je m’arrête également sur ces quelques détails qui méritent néanmoins d’être mentionnés. Au niveau du transport fluvial, les convois se faisaient le plus souvent à l’aide de bateaux à fond plat. L’omniprésence de canots dans la reconstitution de Terpant éclipse également le fait que la pirogue était, dans cette région, le mode de transport habituel chez les Amérindiens et les Français. L’inclusion de plusieurs personnages à barbe relève également de l’anachronisme : d’abord, sur le plan de la mode du siècle, mais également sur le plan des relations amérindiennes — ceux-ci voyaient la pilosité faciale comme étant répulsive.

Un élément important qui aurait surtout mérité une meilleure recherche de la part de l’auteur est l’aspect architectural. Si le fort de Chartres représenté dans la BD est celui reconstruit pendant le dernier siècle (voir mon article à ce sujet ici), l’architecture est néanmoins basée sur la reconstruction de Louisbourg, fidèle aux sources [Erratum de ma part: il s'agit plutôt du fort Niagara -JG]. Ironiquement, Teprant traite la reconstruction moderne du fort de Chartres de « Disneyland », alors qu’il s’agit d’un commentaire plus approprié pour sa propre reconstitution de villages. En effet, celles-ci demeurent très anachroniques. Les habitations du Pays des Illinois, contrairement aux images de Terpant, n’étaient pas de pierre, et celles en bois qui sont illustrées dans la BD sont plus typiques du XIXe siècle avec l’arrivée de l’influence anglo-américaine.

La maison Bolduc à Sainte-Geneviève, Missouri,
un excellent exemple d'architecture créole du Pays des Illinois.

Il y a plusieurs autres petits détails que je pourrais soulever, mais qui relèvent pour l’instant de débats historiques courants. On ne peut donc critiquer l’artiste qui, selon les demandes d’un médium visuel destiné au divertissement, a dû faire des choix et trancher ces questions. Enfin, sans pour autant être une erreur, je ne peux m’empêcher de mentionner en passant que le chef des Kaskaskias, Tamarou, a un air de famille avec Wes Studi, acteur cherokee bien connu... ce qui m’a fait bien sourire.

Malgré ces quelques erreurs historiques, je dois souligner que c’est un pur plaisir de prendre son temps à lire cette BD. Chaque case déborde de détails. Si parfois l’auteur a mal interprété certains accoutrements, ce n’est pas par manque d’avoir cherché à être le plus authentique possible. Les erreurs de l’auteur témoignent du fait qu’il n’est pas nécessairement un historien spécialiste de la culture matérielle, et non qu’il a manqué d’une attention minutieuse aux détails. Par exemple, autant qu’on peut se frustrer de l’inclusion de franges plus typiques du XIXe siècle (un stéréotype malheureusement présent même dans plusieurs excellents musées, d’ailleurs), on peut autant s’émerveiller des petites touches comme les tatouages indiens conformes à la période. Après tout, comme l’auteur admet, la plus grande difficulté est de documenter les Indiens. (Sur la question des échanges culturels sur le plan vestimentaire au Pays des Illinois, se rapporter à Sophie White, Wild Frenchmen and Frenchified Indians.)

Jacques Terpant porte une attention particulière aux détails.

Alors que l’épilogue fait un retour historique encore une fois trop simpliste qui erre dans le cliché du Français « ensauvagé », on souligne néanmoins qu’à l’inverse, on y découvre que Terpant a tout de même tiré inspiration de Richard White et de Gilles Havard dans ses recherches. Si dans les menus détails on peut trouver plusieurs failles (qui est toujours le cas, peu importe le médium artistique), la trame historique, dans ses grandes lignes, est fidèle à la réalité. Il en est de même avec les principaux personnages. Terpant capture bien l’appréhension des Amérindiens et des Français face au changement de régime. L’esprit du temps est très bien englobé et démontré entre les pages de cette BD. Et pour un ouvrage grand public, c’est souvent l’aspect qui doit être prôné d’abord et avant tout. Pour cela, je recommande l’ouvrage tant pour un public plus large que pour mes collègues qui cherchent un moment de détente en compagnie de personnages réincarnés et ressuscités à l’aide du pinceau de Jacques Terpant. Et selon les images tirés du prochain volume en préparation, je peux dire que j’ai extrêmement hâte de lire la continuation du récit que nous livre son auteur.

Lectures suggérées :
  • Site officiel de Jacques Terpant : http://www.terpant.com/
  • Entrevue avec Jacques Terpant : https://youtu.be/pkZHSB6RPFk
  • Ekberg, Carl J. et Sharon K. Person. St. Louis Rising: The French Regime of Louis St. Ange de Bellerive. Urbana, University of Illinois Press, 2015. 326 p.
  • Gagné, Joseph « Le fort de Chartres en Illinois », Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française, novembre 2011. En ligne : http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-663/Fort_de_Chartres_en_Illinois.html.
  • White, Sophie. Wild Frenchmen and Frenchified Indians: Material Culture and Race in Colonial Louisiana. Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2012. 360 p.