Jour merveilleux

Thomas Gilbert

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Jour merveilleux

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C’est pourquoi mon oncle et ma tante n’ont jamais véritablement eu à compter lorsqu’arrivait la fin du mois.

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Une quarantaine de minutes plus tard, nous arrivions chez eux. Ils habitent une grande maison dans les terres, au nord de la ville, au milieu d’une nature semi-sauvage, entre azur et collines rocheuses, avec pour plus proches voisines les bruyantes cigales, un décor à la Pagnol. Le midi, nous déjeunâmes sur la terrasse à l’abri de larges parasols en discutant de la famille et d’autres choses. L’ambiance était légère, paisible comme un jour de vacances. Le temps d’un instant, j’oubliais un peu tout. Ce n’est qu’au milieu de l’après-midi que je me lançais. Mon oncle venait de terminer sa sieste et m’avait rejoint sous l’ombre d’une tonnelle où étaient installées des chaises longues. Je rêvassais là au bonheur que me procurerait la chance d’habiter ce pays de haute Provence. En quelques mots, j'expliquai le fond de ma visite. Il ne s’étonna pas et ne s’offusqua pas non plus de ce que je lui demandais. Au contraire, il s’était préparé déjà cette éventualité que je vienne lui emprunter de l’argent. Il connaissait parfaitement la situation de notre couple, elle n’avait entre autres de secrets pour personne, et sa réponse était pour ces raisons toute prête. C’était oui, évidemment. Comment avais-je pu douter du contraire une seconde ? D’ailleurs, mon oncle avait devancé ma démarche et avait déjà rempli un chèque à mon nom qu’il avait plié et glissé dans la poche de sa chemisette. Soudain, je me sentis soulagé. Nous vivions dans une telle angoisse au quotidien, Mylène et moi, que parfois cela devenait insupportable. Il glissa deux doigts dans sa poche et les ressortit tenant serré entre eux un petit carré de papier blanc qu’il me tendit sans plus de chichis. « — J’espère que cela te suffira ? » me dit-il alors que je le remerciais et que machinalement je dépliai le chèque. Je jetai un coup d’œil dessus et je lus en chiffres dix mille euros. « — Non, m’exclamais-je, c’est trop ! C’est beaucoup trop ! La moitié nous suffirait. Nous n’arriverons pas à vous rembourser une telle somme avant des années. » — « — Ce n’est pas grave, répondit-il, ce n’est pas grave. Vous nous rembourserez quand vous le pourrez. Nous n’attendons pas après cet argent. J’en ai discuté avec Martha, elle est d’accord avec moi. » Je remerciais à nouveau puis je l’embrassais avant de rejoindre ma tante qui s’approchait de nous. Elle aussi, je l’embrassai en la serrant dans mes bras et en lui disant mille mercis. Ensuite, nous nous mîmes à l’abri du soleil sous la tonnelle en attendant que la grosse chaleur passe. Vers dix-huit heures, je les priais de m’excuser. Je songeais à appeler Mylène depuis plusieurs heures pour lui faire part de notre chance. En un tour de main, je récupérais mon portable que j’avais abandonné sur la petite table basse où tante Martha venait de déposer un pichet d’eau fraîche, un bol contenant des glaçons et une bouteille de Pastis, tout à fait dans le cliché provençal.

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