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mardi 14 mai 2024

Alien - le jeu de rôles

 Le chariot des dieux

Retour vers l'acte 2 : la longue nuit

Les membres de l'équipage du Montero étaient désormais prisonniers du Chronus. L'immense vaisseau dérivait lentement dans le vide glacé de l'espace, moteur toujours à l'arrêt et avec à son bord un xénomorphe monstrueux et totalement étranger à la théorie de l'évolution darwinienne …


La table de jeu est prête pour accueillir les aventuriers pour la suite de leur aventure

Acte 3 : l'union fait la force ?

Dans le Hangar du Cronus- Pont D (P26)

La créature avait été avalée par le vide stellaire (Cf. Episode précédent) depuis un certain temps lorsque Davis (Olivier), prise par son addiction, essaya de se donner du courage:
- Allez ma grande ! Tu peux le faire. T'’as vraiment besoin d'une dose au plus vite, juste une dernière. Un vaisseau scientifique, ce serait étonnant qu’il n’y ait pas de réserves dans leur putain de labo. Juste une dose, une petite dose.

Davis se glisse enfin hors de la navette de secours.


Poussée par le manque, la pilote enfila son casque et se glissa hors du Daisy. L'obscurité du hangar était oppressante et lourde de menace car même le rétablissement de l'électricité n'avait pas réactivé l'éclairage dans cette zone. Davis pouvait entendre le cliquetis de chaînes probablement détendues pour maintenir les caisses de marchandises en place. Elle pressa le pas, direction le pont B et la zone des laboratoires. Sur le chemin, elle découvrit les restes du corps de Cham et elle avisa le lance-flammes non loin de la dépouille. Elle s'en empara avant de s'engouffrer dans la cage d'escalier toute proche.


Sur la passerelle de commandement - Pont B (P20)

Tandis que Davis progressait;  la capitaine Miller essayait de reprendre en main les opérations et de fixer une conduite à tenir. Hormis la pilote, tous les survivants étaient désormais présents sur la passerelle, même si Clayton, l'agent de liaison Weyland, rejoignit le groupe une bonne dizaine de minutes après le reste de l'équipe. 

Docteur Flynn
La présence du xénomorphe dans les conduits était au cœur des discussions, chacun y allant de son commentaire. Certains souhaitaient traquer la bête tandis que d'autres privilégiaient le redémarrage du vaisseau pour rallier au plus vite la station Anchorpoint. 

Tous furent cependant d'accord pour dire que la priorité première était de prendre quelques heures de repos après avoir totalement sécurisé la passerelle et s'être occupé du corps du professeur Cooper. Les rôles furent répartis : le docteur Flynn (Marc), qui avait apporté un sac mortuaire, se chargerait de la dépouille de son collègue tandis que Ryes (Alex) souderait la grille de ventilation donnant sur la salle sous la supervision de l'agent Wilson (Jeff). Miller (Charlotte), quant à elle, accompagnée de l'agent de sécurité Reid se rendrait à la cantine du bord afin de voir si elle pouvait mettre la main sur de l'eau ou de la nourriture consommable. 

Sur la passerelle, les échanges quant à la conduite à tenir sont tendus.


Quelque part dans les conduits

Le néomorphe tourna légèrement la tête: le bruit provenait de la cage d'escalier. La créature se coula dans les ombres et progressa dans les conduits sans difficulté malgré sa taille impressionnante. Finalement elle se laissa tomber sans discrétion sur un palier deux niveaux en dessous de Davis.  La chose capta immédiatement l'aura de peur et de nervosité de l'humaine avec des sens au-delà de ce qui était naturel.

Mais le xénomorphe rôde toujours en quête d'une proie.


C'était intéressant. Sa proie était en manque et elle avait besoin d'un traitement. Il devait exister un moyen de profiter de ce fait. Un souvenir lui revint, une réminiscence d'un passé qui n'était plus le sien. Le néomorphe ne parvenait pas à l'interpréter. Cela devait forcément avoir un sens mais … c'était sans importance

Déjà les résidus de conscience de celui qui fut professeur Cooper se dissolvaient et finalement il ne resta plus que l'abomination mutante. Ces quelques instants d'immobilité avaient permis à Davis d'échapper à une mort presque certaine. Délaissant sa proie, le néomorphe replongea dans les ténèbres des conduits. 


 Zone des laboratoires - Pont B

La poitrine oppressée, le souffle court, Davis atteignit finalement la zone occupée par les laboratoires. Peu  désireuse de croiser la chose qui s'était probablement glissée derrière elle dans la cage d'escalier, elle franchit un premier sas ignorant les pictogrammes de sécurité avant de s'engouffrer dans l'un des laboratoires. La zone était plongée dans les ténèbres et la pilote se figea, sa lampe balayant l'espace devant elle.


Davis découvre l'horreur des laboratoires


Il ne restait rien du laboratoire et  quoi qu'il se fut passé ici, l'équipage y avait mis fin très rapidement en utilisant abondamment un ou deux incinérateurs. Le faisceau lumineux se posa sur les restes partiels et calcinés d'une sorte de cuve d'où émergeait un corps enterré dans les débris, ses bras ratatinés s'agrippant à sa poitrine.  Horrifiée, Davis bâtit précipitamment en retraite dans le couloir sans pour autant renoncer à trouver quelques substances euphorisantes. 

De plus en plus en manque, elle jeta un œil à travers l'oculus d'une autre salle. Des lumières blafardes y clignotaient et ajoutaient, si c'était encore possible, un peu plus au sentiment d'horreur qui émanait de cette partie du vaisseau. Au travers du verre sécurit, elle distingua une table d'examen ainsi qu'un congélateur dont la porte en verre avait été brisée. Un suintement de fluide noirâtre s'en était écoulé, formant des flaques figées sur le sol. D'étranges nodules fongiques noirs poussaient sur les parois de l'appareil et dans les mares. A cette vue elle éprouva inexplicablement une brusque souleur qui menaçait de se transformer en hurlement. Peu lui importait la créature qui hantait les couloirs, elle devait fuir ce lieu de cauchemar. Dans les brumes du manque et de la malepeur, elle songea à l'infirmerie et à la promesse d'une armoire à pharmacie bien garnie. 



La cantine - Pont B

Miller laissa Reid prendre la tête du groupe. La soldate connaissait le vaisseau bien mieux qu'elle et les corridors n'étaient pas un lieu dans lequel il convenait de trainer. Malgré la remise en marche d'une partie des équipements, l'éclairage restait vacillant et certains recoins étaient aussi sombres de les bouches de l'enfer. Les deux femmes scrutaient avec angoisse le moindre d'entre eux. Alors qu'elles s'approchaient de la porte de la cambuse, la lampe de Miller accrocha quelque chose au sol, dans un couloir latéral.

- Reid, attendez une seconde. Il y  a quelque chose là-bas.

Reid revint sur ses pas et fixa la point indiqué par le faisceau lumineux de la torche.

- Un corps ?

- Je ne crois pas. Allons voir.

Sur le sol reposait une enveloppe translucide évoquant la mue d'un serpent. Reid fit une grimace et tenta de la soulever avec le canon de son arme. Une substance la collait au sol et de longs filaments gélatineux s'étirèrent quant elle la souleva.

- C'est dégueulasse. 

- C'est une mue ! Cette saleté a bel et bien muée comme Wilson l'avait soupçonné.

- Ne restons pas ici capitaine. Je n'ai pas envie de savoir si la proprio est encore dans le coin.

- Vous avez raison. On est pas là pour ça. On préviendra Flynn, et il verra ce qu'on doit faire de ça.

Reprenant leur progression, les deux femmes atteignirent finalement le mess. La pièce était dans un désordre indescriptible. A la grande déception de la capitaine les magasins d'alimentation avaient été ravagés: il n'y avait plus rien à récupérer ici. Miller prit cependant note d'un fait étrange:  quelqu'un avait fabriqué des animaux en origami avec du papier métallique et les avait disposés dans la pièce. 

- Reid, on se replie sur la passerelle.  Il n'y a rien de récupérable ici.

- Une seconde capitaine. Je vais au moins prendre de l'eau.

Suite à son réveil, Père avait amorcé les systèmes de chauffage et, se faisant, décongeler le réseau d'eau.  Reid trouva plusieurs bouteilles vides qu'elle rinça abondamment avant de les remplir.  L'équipe put se désaltérer, ce qui compensa quelque peu la déception de rester le ventre vide. 

Conformément au plan arrêté, la porte de la passerelle fut fermée et Ryes finit de souder la grille d'aération. Les tours de garde furent organisés et chacun se trouva un endroit pour s'y reposer. Concomitamment, Davis atteignit l'infirmerie et en informa la passerelle. Elle reçut l'ordre de s'y retrancher dans l'attente que l'équipe vienne la rejoindre. La pilote ne se fit pas prier. L'endroit était plutôt confortable et dans les armoires médicales elle avait mis la main sur un stock d'analgésique opioïde. Après s'être assurée d'avoir convenablement verrouillé l'accès à la salle, elle se prépara un petit cocktail et se laissa dériver dans les brumes du plaisir.


Sur la passerelle de commandement - Pont B (P20)

Les quelques heures de repos  prises avaient fait leur œuvre, la plupart des membres de l'équipe étaient moins fatigués même si les traits restés tirés et creusés par l'angoisse résultant de la situation. L'angoisse se mua en peur sur les visages après que Wilson eut expliqué que durant son tour de garde il avait clairement entendu la chose rôdait dans la coursive derrière la porte. Elle n'avait cependant pas tenté d'accéder à la passerelle. A la surprise de tous, Valérie Reid laissa exploser sa colère:

- Saloperie ! On n'a qu'à se la faire ! On est plus nombreux, on est armé !  Et ceux qui n'ont pas les couilles de faire le boulot, n'ont qu'à aller se faire cuir le cul ! hurla t-elle le visage couvert de sueur.

- Reprenez vous  Reid ! s'exclama Miller. Nous avons établi un plan, nous allons nous y tenir …

- La ferme , vous n'êtes bonne qu'à parler ! cracha -elle méchamment.

Se fut finalement le second officier Jhons qui parvient à calmer l'ancienne marine. Mais son brusque accès de colère, en contradiction avec le caractère posé précédemment affiché, n'était pas passé inaperçu. D'un simple regard, le docteur Flynn, Wilson et Miller se comprirent: contamination ? Il était urgent de procéder à des tests, voire à distribuer les vaccins encore disponibles. 

- Très bien, maintenant que tout le monde est calmé, on se reprend dit Miller. Nous allons tout d'abord nous rendre à l'infirmerie afin d'y récupérer Davis et voir si d'autres vaccins sont disponibles. Puis nous nous dirigerons vers la soute afin d'y récupérer des vivres. Et ensuite on ouvre la chasse ! Cela vous convient Reid ?

La soldate hocha la tête tout en maugréant que l'occuper lui ferait passer ce foutu mal de tête. Le docteur profita de la situation pour inviter Reid à se laisser examiner une fois à l'infirmerie.  

Ryes, quant à elle, informa ses compagnons qu'elle restait sur place - comme convenu - pour commencer à travailler sur les postes de pilotage, l'agent Clayton se proposa de rester à ses côtés, tant pour l'aider que pour sécuriser la zone. Il n'est jamais bon de rester seule souligna t-elle. Wilson sentit les poils de sa nuque se hérisser à ces mots et il ne put se départir du sentiment que sa collègue de la Weyland préparait quelque tour pendable…

Wilson et Miller discutèrent un instant à l'écart du groupe qui se préparait à partir puis Reid s'approcha du sas. En réponse à l'action de Reid, la porte de la passerelle s'ouvrit lentement sur le corridor qui s'engloutissait dans une semi-obscurité inquiétante. Wilson se tourna vers le docteur: 

- On laisse Reid en tête de colonne afin de la garder à l'œil. Jhons se tiendra à côté d'elle car il semble être le seul qu'elle écoute encore. Vous docteur, vous restez à côté de moi. On ne voudrait pas vous perdre, vous comprenez. Quant au capitaine, elle reste au centre du groupe. 

Miller s'approcha alors, confirma l'ordre de marche qu'elle avait décidé quelques instants plus tôt avec Wilson puis elle ajouta:

- J'ai eu Davis. Elle est toujours à l'infirmerie, mais je crois qu'elle est complétement shootée.  Madame Clayton, fermez la porte dès que nous serons sortis. La bête ne doit en aucun cas atteindre la passerelle.

- Ne vous inquiétez pas capitaine, répondit Clayton en souriant. Ryes et moi, nous allons faire ce qu'il faut pour qu'on s'en sorte. 

 

Corridor - Pont B

Le groupe progressa prudemment le long de la coursive tous les sens en éveil,  Reid était en tête et Wilson fermait la marche. Tout était silencieux et désert, ce simple état de chose avait un effet déplorable sur les nerfs. Ils avaient atteint un carrefour lorsque Jhons entendit un bruit au-dessus de lui. Il leva les yeux sur le plafond grillagé et crut voir une forme s'y déplacer. Le temps qu'il alerte ses compagnons, Reid franchissait le coin de l'intersection. 



La chose se laissa choir du plafond à une vitesse ahurissante. Reid aperçut une face de cauchemar sans yeux, oreilles, ni cheveux… seulement un crâne blanchâtre allongé et … des crocs. Des bras puissants se saisirent de la soldate qui hurla alors que plusieurs de ses côtes cédaient sous la pression.  Avec une force inimaginable, le néomorphe enserra Reid comme un amant monstrueux puis recula dans les ténèbres aussi aisément que s'il eut porté un nourrisson. 


Sa face aveugle semblait fixer Wilson


L'attaque avait été si rapide … Bousculant Flynn, Wilson voulut se lancer à la poursuite de la créature, mais s'arrêta quelques pas plus loin aux côtés de Millers, le fusil braqué sur le corridor. Le néomorphe s'était immobilisé avant de se retourner. Il laissa tomber Reid au sol comme s'il avait perdu tout intérêt pour sa proie. Sa face aveugle semblait fixer Wilson. Il dévoila ses dents en un sinistre sourire et poussa un sifflement horrible.


La créature s'était immobilisée comme cherchant la confrontation.


Au pieds du néomorphe Reid, les yeux écarquillés, la bouche ouverte, tremblante de terreur, glissa sur le sol.  Le court gémissement plaintif qu'elle émit pendant l'effort suffit à rompre le lien visuel entre le chasseur et ses proies. Le monstre reporta son attention sur l'ancienne marine et il arma son appendice caudale en grondant

Les coups partirent ! La décharge du fusil à pompe de Wilson emporta la tête de la chose, tandis que la capitaine Miller logeait deux balles dans son torse. Sous l'impact la créature fut projetée en arrière de plusieurs mètres avant de s'écraser au sol, baignant dans du sang noir et visqueux.

Immédiatement le docteur se précipita afin de porter secours à Reid. L'officier médical l'aida à se remettre debout, remarquant avec inquiétante la dilatation extrême de ses pupilles ainsi que sa respiration difficile.  Il se tourna vers ses compagnons :

- Il faut la conduire à l'infirmerie immédiatement. Elle souffre probablement d'une contusion pulmonaire et sa mydriase m'inquiète encore plus. C'est peut être pathologique annonça Flynn en insistant sur l e dernier terme.

Abandonnant le corps du mutant, le groupe se précipita à l'infirmerie peu désireux de voir Reid se transformer à son tour. En entrant la pièce ils furent accueillis par Davis qui affichait un large sourire et Miller comprit immédiatement que la pilote s'était laissée à son addiction favorite.  Au moins avait -elle récupéré l'arme de Cham pensa t-elle en apercevant le lance-flammes posé sur un meuble.


Sur la passerelle de commandement - Pont B (P20)

Ryes et l'agent Clayton n'avaient rien perdu des échanges entre les membres de l'équipe, la capitaine Miller ayant exigé que les canaux de com restassent ouverts le plus souvent possible. Elles avaient entendu l'aboiement caractéristiques des armes de poing et entendu les cris et les hurlements. La peur les avait saisies puis le soulagement à l'annonce la mort du monstre. 
Quand le calme revint et que l'équipe annonça son arrivée au poste médical, Clayton coupa la transmission et demanda à Ryes de faire de même.

L'agent Clayton fait une proposition qui ne se refuse pas.


- Tu as bien conscience que Reid est foutue ? Elle va se transformer en une de ces … choses, lâcha calmement Clayton. On ne pourra pas tenir bien longtemps. 
- Et alors ?   
- Si je te disais qu'on peut s'en sortir toi et moi ? Que j'ai le moyen de quitter ce foutu vaisseau pour rallier Archorpoint ? 
- Continue 
- Je dispose toujours d'un navette de secours personnelle. A l'époque je n'ai pas pu la rejoindre en raison de l'infestation. Mais maintenant nous pourrions l'atteindre...ensemble. La compagnie nous paiera grassement si nous leur ramenons le résultat des recherche et une souche de Draconis 26.  Et pour te prouver la bonne foi de la compagnie, je te verserai déjà une avance de 500.000 dollars cache .

Les yeux de Ryes se mirent à briller et elle pensa à mère et à son frère malade. Elle pourrait les mettre à l'abri avec cette fortune et payer un traitement. 

- Pourquoi moi ?

- J'ai besoin de quelqu'un qui s'y connait en mécanique en cas de soucis durant le trajet.

- Et les autres ? Il y a  combien de place dans ton VEU ?

- Les autres, on s'en fout et je ne dispose que deux places. Vu notre position, en deux semaines nous rallierons Anchorpoint ! Allons Ryes, réfléchis ! Je parle de millions de dollars.

- Si nous ramenons les recherches, mais nous n'avons rien je te rappelle. 

Un sourire carnassier déforma le visage de Clayton tandis qu'elle sortait de sa poche une fiole hermétiquement scellée. 

- Je l'ai récupérée dans le médialab lorsque j'ai accompagné Wilson. Quant aux données, elles sont contenues dans un cube de traitement modulaire enfermé dans mon coffre. On n'aura qu'à le récupérer avant de partir.

- Il faut que je réfléchisse indiqua Reyes en réactivant son comlink. 

C'est alors que les cris de Reid retentirent sur les ondes … Ryes regarda Clayton triomphante:

- Ok, on se casse

Laissant la passerelle derrière elles, les deux femmes filèrent en direction de la cabine privée de  Clayton. 


Infirmerie  - Pont B

Reid était allongée sur la table d'examen, le corps trempé de sueur. Flynn tapota la seringue de tranquillisant et se tourna vers sa patiente. La soldate roula des yeux fou en le voyant s'approcher et son bras fut pris d'une secousse incontrôlé. Une douleur lui fait l'effet d'un choc électrique et son visage se déforma. Elle se redressa à une vitesse ahurissante, empoigna le médecin et le projeta sur Davis, les envoyant rouler au sol. Puis elle bondit vers la porte, bousculant au passage Miller.

- Je sais ce que vous allez faire ! Vous voulez me tuer ! Vous ne m'aurez pas bande de salauds.

Elle se rua dans le corridor qu'elle commença à remonter en direction de la passerelle. A quelques pas derrières suivait Wilson. L'agent ne se posa pas la moindre question. Une détonation retentit et Reid fut projetée vers l'avant par l'impact du projectile. Mais déjà Wilson entamait une action slide afin de recharger son SV-12.

Reid, malgré le trou béant dans le dos, bougeait toujours tandis que Wilson et Miller s'approchaient. Elle se convulsait sur le sol, son sang s'écoulant entre les grilles. Elle avait les yeux révulsés et la bouche béante tandis que quelque chose grouillait et se tortillait sous la chair. Soudain un renflement apparut au niveau de l'épaule et du pus jaunâtre commença à suinter des craquelures de la peau.

- Merde ! hurla Miller.   Un truc va sortir de son épaule ! Wilson, ton fusil vite…

Wilson arma son fusil à pompe et le maintint à quelques centimètres du bubon qui commençait à se déchirer.  Bang ! L'aboiement de l'arme se répercuta le long du corridor. L'immonde chancre explosa, projetant des humeurs dans toutes les directions. Par chance, Wilson avait été tiré en arrière par l'officier et il n'avait pas été atteint. Il sentit son estomac se nouait puis se révulsait.

- Davis, lance-flammes ! commanda Millers à la pilote qui venait de les rejoindre.

Davis actionna la vanne de son arme et un long jet de promethium engloutit le corps. La puanteur de la chair brulée mêlée à une autre odeur indéfinissable envahit la zone, forçant les trois collègues à s'éloigner.


Le destin de l'ancienne marine Reis est scellé.


Millers se souvint alors du cadavre du néomorphe jugeant nécessaire de le faire disparaître par le feu.  Davis s'en chargea immédiatement. Les compagnons retrouvèrent ensuite le doc à l'infirmerie et une discussion animée s'en suivit quant à la fiabilité du vaccin. Flynn concéda que ce dernier n'était probablement pas efficace à 100% mais quelle solution avaient-ils ?  Bien que terrifié, chaque membre de l'équipe donna son accord pour une injection.  Le vaisseau fut soudain légèrement secoué alors que la voix métallique et monocorde de Père se fit entendre:

- Lancement de la capsule secours réussi. 

  


Suite de la compagnie - Pont B (P21)

Ryes et Clayton courraient en direction de la suite de cette dernière tandis que résonnaient les cris et les bruits de coups de feu. Si une autre créature se trouvait à bord, elle sera attirée bien loin de nous songea Ryes.  Arrivée sur place, la mécano découvrit les quartiers de l'agent de la compagnie. Ils étaient très spacieux et devaient constitués autrefois une suite luxe. Aujourd'hui ce n'était plus que coussins arrachés et meubles détruits, sans parler des longues trainées brunâtres visibles sur les murs et le sol.

Ignorant l'état de la pièce, Clayson se rua sur le coffre, enchâssé dans l'une des cloisons. Elle frappa avec assurance le code d'accès. Elle retira du coffre-fort ce que Ryes devina être l'appareil de traitement modulaire ainsi qu'une impressionnante liasse de titres au porteur

- Une partie de ta prime sourit Clayton. Tu vois je ne t'ai pas menti. 

- Je vois répondit Rye en ramassant plusieurs bouteilles d'alcool intact dans le bar. Et la capsule ?

-  Elle est juste là indiqua Clayton en se dirigeant vers ce qui ressemblait à une porte de penderie.

De nouveau, l'agent de la compagnie tapa un code et la porte de la "penderie" coulissa doucement. Elle invita Ryes à entrer. La capsule de sauvetage était de taille réduite mais parfaitement conçue et la mécano nota la présence de trois caissons cryogéniques. Elle les ignora et se rendit directement au poste de pilotage. Le temps pressait, les autres pouvant revenir à tout moment. Clayton se glissa dans le siège du pilote délaissé par Ryes. Tandis que cette dernière effectuait le contrôle avant lancement, Clayton s'assura de la programmation de la trajectoire de retour.  Il leur faudrait finalement deux mois pour atteindre Archorpoint, mais le signal de détresse émis devrait alerter les vaisseaux croisant dans le secteur bien avant cela. Le code prioritaire de la Weyland-Yutani assurerait d'être secouru avec diligence.

- Ryes, prête à faire fortune ?

- Et comment. 

Les regards des deux femmes convergèrent vers le bouton portant l'indication : LANCEMENT.

Les verrous sautèrent. Les moteurs propulsèrent l'engin hors du Chronus tandis que dans les couloirs de l'immense vaisseau Père énonça froidement: 

- Lancement de la capsule secours réussi. 



Epilogue

Le directeur Wilson se laissa aller dans son fauteuil capitonné de cuir, il but une longue gorgée de café chaud . Tout cela lui paraissait très loin. Ses compagnons et lui avaient finalement survécu et ils avaient ramené le Chronus à la compagnie. Leur survie, il la devait en grande partie à l'androïde de bord Ava que ses compagnons et lui avaient retrouvée dans une salle encore inexplorée. Une fois réparée, elle leur avait fourni de précieuses informations et avait concouru à remettre les moteurs du Chronus en état de marche. Dès lors, Père avait placé le Chronus sur une trajectoire de retour vers la terre. 

A l'arrivée, ils avaient tous empoché un joli pactole après avoir signé des contrats de confidentialités qui leur vaudraient 10 fois la prison à vie s'ils se laissaient aller à parler. Chacun avait pris son argent avant de disparaître pour se bâtir une nouvelle vie. Flynn et lui étaient restés, la Weyland leur avait bâti un pont d'or afin qu'ils continuent à s'investir dans le projet, tout comme à cette garce de Clayton qui s'en était aussi sortie. 

Un pont d'or … Wilson se leva, le café toujours en main, et se planta devant l'unique fenêtre de son bureau. Il aurait dû faire comme Miller et prendre sa retraite sur Posidonius 24. A l'extérieur la neige tombait drue et on ne voyait rien à dix mètres, pas qu'il ait quelque chose à voir sur Aricarius de toute façon. Fort Nebraska était une vieille station-contrepoids, une plateforme fortifiée dressée au centre d'une colonie pétrolière … un lieu paumé, idéal pour mener à bien le projet. On toqua à la porte.

- Entrez !

La silhouette filiforme de Flynn se découpa dans l'embrasure de la porte. Il tenait sous le bras un lourd dossier.
- Alors, c'est confirmé ?
- Oui. L'ordre d'évacuation a été donné. Les troupes de l'UPP ne tarderont plus maintenant.
- Et la brèche ?
- Confirmée aussi. Meyers s'en occupe.

Wilson reporta son regard sur le rideau de neige qui s'épaississait encore. Dans son dos, Flynn posa le dossier sur le bureau avant de se diriger vers le couloir.

- Flynn, tu sais que nous devons rester.
- Je sais … Flynn hésita … On ne s'en sortira pas une seconde fois. On est maudit Wil. On a ouvert les portes de l'enfer et le diable vient réclamer son dû.

Wilson avala une nouvelle gorgée brulante et laissa Flynn sortir sans un mot. Dans le couloir, les alarmes mugirent.

 




La suite à venir : le destructeur des mondes
Acte 1 - Chasse à l'homme


Références

mardi 27 février 2024

Alien - le jeu de rôles

Le chariot des Dieux

Retour vers l'Acte 1 : boite de Pandore

Après avoir mis en fuite le Néomorphe, l'équipage de l'USC Montero pensait avoir l'occasion de souffler et de planifier leur retour à la maison… Mais le destin en avait décidé autrement et la nuit d'horreur ne faisait que commencer. 

L'équipage de USCSS Montero


Acte 2 - La longue nuit

Dans le puit du purificateur d'air  - Pont C (P18)

Tandis que Wilson escortait l'équipage du Chronus sur la passerelle et avant que le crâne du Docteur Cooper n'explosa (Cf. acte 1), Ryes et Cham s'enfonçaient dans les entrailles du vaisseau fantôme. Il leur fallut un long moment pour trouver le moyen d'accéder au puit du purificateur d'air qui aboutissait sur le pont C. Les deux techniciens découvrirent qu'une croûte de crasse et de moisissure déposée pendant des décennies recouvrait les filtres à carbone des purificateurs. Ils comprirent qu'ils étaient nécessaire de les remplacer ou de les nettoyer. Le puit était presque aussi haut que le vaisseau dont il traversait tous les ponts. Ryes souffla en comprenant qu'elle avait de  nombreuses heures de travail devant elle. Par chance, Cham découvrit dans la soute attenante (P24) plusieurs filtres, ce qui aller faire gagner un peu de temps (La moitié d'un Quart) au duo qui se mit à la tâche. Tandis que Ryes nettoyait avec vigueur les filtres, la réserve d'oxygène de Cham  acheva de se vider, et l'homme retira sa combinaison en soupirant avant de reprendre le travail. Quelques instant plus tard, il remarqua des grappes bulbeuses qui évoquaient des champignons collées sur l'une des parois du conduit. Il en avisa sa compagne avant de brosser vigoureusement la paroi pour les déloger. Les sporophores se déchirèrent libérant une nuées de spores, ce qui n'inquiéta pas le jeune homme outre mesure. Il en avait vu d'autre.


Ces étranges champignons de la taille d'un petit œuf d'oiseau poussent en grappe.


La créature se tenait sur le seuil de la pièce, le regard fixé sur le dos des ouvriers.  Elle était restée inerte durant des années avant d'être éveillée par le tapage des techniciens, il émanait désormais d'elle une force et une rage contenues. 
Ryes prit brusquement conscience d'une présence dans son dos. Elle fit volte face et poussa un hurlement en découvrant la parodie d'être humain. Un capuchon gélatineux et translucide enveloppait une tête aux traits en partie dissous et des bras démesurément allongés jaillissaient d'une vieille combinaison spatiale. La créature chargea !
Depuis son échelle, Cham tourna la tête au cri de Ryes et découvrit le spectacle. Il comprit de suite que la mécano ne s'en tirerait pas. N'écoutant que son courage, il se jeta sur l'abomination armé d'une grosse clef à molette. La chose se désintéressa de Ryes pour faire face à Cham.  L'homme lui assena un puissant coup , qui fut pour elle comme une piqûre d'insecte. Il hurla :

- Le lance-flammes !  Utilise ton lance-flammes !

La mécanicienne sortit de son hébétude afin de saisir l'arme qui reposait contre l'une des cloisons. Mais elle ne pouvait l'utiliser sans toucher du même coup Cham. Ce dernier tenta d'esquiver la contre-attaque de son adversaire mais il rata son mouvement. L'abomination lui saisit la tête qu'elle écrasa comme un fruit trop mûr. Ryes n'oublierait jamais les hurlement de Cham et le bruit du crâne qui cédait sous une pression colossale.  Alors la chose se retourna vers elle et elle appuya sur la gâchette. Une langue de flammes jaillit  sans atteindre sa cible. La chose resta immobile, se contentant de lâcher le corps de sa première victime. Elle était comme hypnotisée par les flammes résiduelles qui courraient sur le sol. Ryes bondit alors vers la sortie et se mit à courir en direction de l'ascenseur. Elle l'atteignit les poumons en feu. La porte se referma enfin et Ryes s'effondra en pleurs, à cet instant l'intercom de la cabine crochota:

 - Ici la Capitaine Miller, à tout l'équipage...

Ryes se leva d'un bond et appuya  sur le bouton de communication, coupant la parole à Miller:

- Elle a eu Cham ! Cham est mort, elle lui a arraché la tête !!!

- Ici Miller, calmez-vous Ryes ! Qu'est ce que vous racontez … 



Sur la passerelle de commandement - Pont B (P20)

Clayton, agent de liaison Weyland

Inconsciente du drame qui allait se jouer dans les entrailles du Chronus, la capitaine Miller et l'agent Wilson étaient encore sous le choc. Le corps en lambeau du docteur gisait à quelques mètres de Wilson, couvert du sang de la victime. Des lambeaux de chair et des esquilles jonchés les consoles les plus proches ainsi que le sol. 

Miller s'ébroua enfin et dégaina son arme en se tournant vers l'équipage du Chronos et plus précisément vers son officier de bord:

- Putain de merde, qu'est ce que c'était que cette chose !!!

Wilson se retint de vomir et affermit la prise sur son arme. D'un pas chancelant, il se dirigea vers la coursive afin de s'assurer que le néomorphe n'était plus dans les parages. 

- Je ne répéterai pas une seconde fois ma question ! murmura Miller en armant le chien de son pistolet.

Le Second Officier Jhons s'apprêtait à prendre la parole lorsque l'agent de liaison Clayton s'avança :

- L'équipage du Chronus a conduit une mission d'archéologie sur la planète sur LV-1113 au sein d'un complexe de ruines anciennes et probablement extraterrestres.  Notre équipe a rassemblé des vestiges importants mais il semble qu'elle ait ramené par inadvertance un microbe. Ce dernier a visiblement infecté l'équipage.

 - Les médecins de l'équipe scientifique ont élaboré un remède neutralisant la prolifération des cellules néomorphiques et les transformant en tumeur inerte ajouta le capitaine Jhons. Ils ont vacciné tout l'équipage. Je ne comprends pas ce qui est arrivé à Cooper. Flynn , avez vous une réponse ?

 
Le Second Officier Jhons semble dépassé par la situation

Le médecin survivant du vaisseau fit une moue :
- Peut être ne s'est-il pas vacciné. Je ne vois que cette explication.

Wilson, qui s'était penché sur le corps du scientifique, découvrit dans l'une des poches une petite boite qui révéla une seringue encore pleine. En voyant cela le Dr Flynn suggéra que l'ensemble de l'équipage du Montero se fasse vacciné car, si la souche était encore active, il était probable que plusieurs de ses membres aient été exposés au virus. Selon lui, plusieurs doses seraient encore disponibles dans le Médilab et il se proposa d'y accompagner quelqu'un pour les récupérer.  Wilson et Miller échangèrent un regard:

- On peut toujours les récupérer et voir ensuite , réfléchit Miller à haute voix.
- Oui, c'est une idée comme une autre répondit Wilson. Quelqu'un peut me guider au Médilab afin de récupérer les vaccins ?

Valérie Reid
Le Dr Flynn (Marc) se proposa immédiatement ainsi que l'agent de liaison de la Weyland. La jolie blonde semblait porter un intérêt particuliers au docteur pour une raison inconnue, ou alors elle souhaitait simplement se joindre à Wilson, son alter ego sur le Montero. 

Jusque là silencieuse, l'officier de sécurité de l'USCSS Chronus - Valérie Reid - prit la parole. Elle exprima le désir de retourner dans la salle des caissons afin qu'elle et ses compagnons puissent récupérer quelques affaires. Miller donna son consentement en constatant que Jhons, capitaine par le fait du vaisseau, se plaçait sans difficulté sous ses ordres:

- Faites donc cela.  Wilson vous accompagnera jusqu'à la chambre des caissons. Puis tandis que vous vous équiperez, il se rendra avec le Dr Flynn et madame Clayton au médilab. Quant à moi je reste sur la passerelle afin de coordonner les équipes. Wilson, gardez l'oeil grand ouvert, on ne s'est pas où la saloperie se trouve. Elle a beau être de taille réduite, sa mâchoire doit faire des dégâts. Si l'occasion se présente, dégommez là.

Wilson opina du chef et prit la tête du groupe, tandis que Miller retournait à la console de commandement afin de contacter Davis toujours en attente sur le Montero.



La salle cryogénique - Pont A  (P19)

Wilson était clairement nerveux tandis qu'il progressait à la tête du groupe de survivants en direction de la salle de cryogénique (P19). Chaque ombre pouvait dissimuler un danger mortel et il imaginait le néomorphe en embuscade, avide de lui exploser le crâne. Derrière lui, le groupe était silencieux et tendu, aux aguets. La marche était laborieuse car Wilson avait pris le temps de revêtir une vieille combinaison MK.50 afin de se maintenir à l'abri d'éventuels virus. La lourde combinaison était adaptée au vide spatial et non à la marche dans d'étroites coursives.

Le secteur des chambres cryogéniques atteint, Jhons activa la porte qui glissa silencieusement dans son rail. Le groupe y entra et pris soins de refermer le sas. Les membres d'équipage s'égaillèrent afin de récupérer leurs effets personnels.  Pendant ce temps, Wilson jeta un œil à la salle d'examen attenante et y trouva 2 médikits personnels.  

L'agent Clayton le rejoignit rapidement et échangea quelques mots avant l'arrivée du Dr.Flynn. Ce dernier comprit qu'il venait d'interrompre une conversation entre les deux représentants de la Weyland. Wilson ne parut cependant pas en prendre ombrage  à la différence de Clayton.

Wilson finit par s'impatienter et il les invita à le guider jusqu'au médilab tandis que les autres membres d'équipage finissaient de se changer. Valérie Reid indiqua à Wilson qu'elle escorterait le second officier Jhons jusqu'à la passerelle dès qu'il serait prêt. Wilson acquiesça et il suivit Flynn qui était déjà sorti de la salle.


Le Médilab - Pont B (P21)

Les bocaux renfermaient d'étranges spécimens
Le médilab se situait sur le même pont que la passerelle - un niveau en-dessous - et se fut un Wilson essoufflé qui y arriva; la combinaison pesait vraiment son poids. La pièce contenait deux médipods Pauling. Le tube de plexiglas du premier était fissuré et brisé tandis que l'autre était toujours hermétiquement fermé mais l'intérieur était couvert d'une épaisse couche de sang séché. La salle contenait aussi des bocaux à spécimens, qui semblaient contenir quelque chose. Wilson avisa aussi une urne métallique ouverte posait sur l'un des bureaux ainsi qu'une mallette près d'un second bureau. le Dr Flynn indiqua qu'elle renfermait six seringues du remède à la souche Draconis 26. Wilson allait s'en saisir quand la voix terrifiée de Miller raisonna à l'intercom:

- Quelque chose essaie d'entrer sur la passerelle disait Miller sur le canal large de son communicateur. Je suis pas certaine que la porte tienne longtemps. Bordel , quelqu'un m'entend ?

- Ici Wilson. Je suis au médilab avec Flynn et Clayton. Je vous rejoins le plus vite possible Capitaine. Tenez bon.

Puis se tournant vers Flynn et Clayton.

- Vous deux, vous ne bougez pas d'ici avant que je revienne vous chercher 

 

Sur la passerelle de commandement - Pont B (P20)

La capitaine écouta s'éloigner les pas de l'équipe de Wilson tout en activant son communicateur. Elle joignit tout d'abord Davis. La pilote, les pieds croisés et posés sur le tableau de bord, somnolait doucement en buvant de temps à autre une gorgée de caf chaud. Elle n'avait aucune conscience des évènements s'étant déroulé sur la passerelle avant que Miller ne l'en informe car cette dernière avait coupé son micro. Immédiatement, elle bascula en mode "alerte", prêtant une attention particulière à cette histoire de virus mutagène et à l'éventuelle présence d'une forme de vie étrangère. Tout en discutant, elle activa la fermeture du sas du Montero sans en informer la Capitaine. Elle fit ensuite son rapport: l'amarrage était stable et les voyants étaient au vert si on exceptait le zone ayant souffert de l'accident. Elle rapporta cependant que l'écho fantôme était réapparu brièvement, indiquant la présence d'un vaisseau qui n'existait apparemment pas.

Basculant ensuite sur un canal ouvert, Miller essaya de contacter Cham et Ryes afin de savoir si les réparations avançaient. Le silence lui répondit mais cela n'avait rien d'inquiétant car il était probable que les ouvriers bossant dans le conduit de purification d'air ne soient pas en mesure de capter le moindre message.  Elle poussa un soupir et se laissa aller dans le fauteuil, en réfléchissant à une manière de ramener le vaisseau à bon port avec son équipage. Epuisée, elle sombra dans un demi-sommeil.  Elle sortit de sa torpeur en  entendant un bruit métallique comme une grille tombant au sol.  Elle était incapable de déterminer le temps qui s'était écoulé et la peur lui nouait le ventre. 

Une porte blindée: la différence entre la vie et la mort.


Elle se leva d'un bon et saisit son pistolet. Ses doigts frémirent de terreur et se contractèrent sur la crosse de son arme. Son regard allait de la porte de la passerelle grande ouverte au cadavre de Cooper. Quelle idiote ! pensa t-elle. Pourquoi n'as tu pas fermée cette foutue porte ! Tu veux finir comme lui !
Du corridor lui parvint une vague plainte comme un gémissement, suivit d'un clink, clink! évoquant le bruit d'une paire de griffes sur le métal.  Miller bondit, priant pour atteindre la manette du sas avant que le monstre ne la trouve.  Les portes métalliques coulissèrent doucement et dans le corridor la créature poussa un mugissement de rage. Alors que les panneaux se scellaient, un choc sourd retentit faisant hurler Miller. Une première bosse apparut, puis une seconde. 

- Quelque chose essaie d'entrer sur la passerelle lâcha Miller sur le canal large de son communicateur. Je suis pas certaine que la porte tienne longtemps. Bordel , quelqu'un m'entend ?

- Ici Wilson. Je suis au médilab avec Flynn et Clayton. Je vous rejoins le plus vite possible Capitaine. Tenez bon.

Miller, terrifiée, voyait la porte se déformer à chaque nouveau choc. Puisse Wilson arriver avant qu'elle ne cède pensa t-elle. 

Wilson remonta le corridor aussi vite que sa lourde combinaison le lui permettait. Il avait les poumons en feu et il ne cessait de se demander pourquoi personne d'autre n'avait répondu à l'appel de Miller. A l'approche de la coursive donnant sur la passerelle, il  ralentit le pas et progressa aussi silencieusement que possible. Il pouvait désormais entendre les coups violents portés sur l'écoutille. 
Il se glissa à l'angle du corridor et se risqua à regarder. Il entrevit une silhouette blanchâtre qui avait vaguement forme humaine tout en restant quadrupède. Sa taille devait être proche de deux mètres et son corps se terminait par une queue à la pointe acérée.

- Elle a grandit ! Mon dieu, elle a grandit. 

Wilson considéra son fusil d'un œil absent, puis lentement recula dans le corridor. La peur  le tétanisait, il doutait de pouvoir venir à bout d'un tel monstre. Il en était à ses réflexions quand le silence se fit. La créature malveillante s'était figée, tournant sa tête oblongue de droite à gauche. Wilson se prépara à l'inévitablement affrontement, mais contre toute attente lorsqu'il jeta un coup d'œil en direction de la passerelle, il eut la vision furtive d'une queue barbelée disparaissant dans l'obscurité du Chronus et de ses gaines techniques. Dès qu'il fut assuré que la monstruosité s'en était allé, il contacta Miller qui ouvrit la porte en retour.

- Qu'est ce que c'était Wilson ?
- La chose qui est sortie du professeur mais en beaucoup plus balaise ! Ce truc faisait au moins deux mètres. C'est dingue, je ne comprends pas comment c'est possible.
- Et ce truc se balade à bord ! Je crois que nos hôtes ne nous ont pas tout dit. Mais tout d'abord, il faut prévenir Cham et Ryes et leur demander de nous rejoindre ici, de même que tous les survivants du Chronus.

Miller avait recouvré son calme et entendait agir en professionnelle. Ce vaisseau représentait un sacré paquet de fric et si elle pouvait le ramener à Anchorpoint, elle toucherait probablement une belle prime et la retraite qui allait avec.  De plus, il était impossible d'envisager un retour avec le Montero depuis la collision et la destruction des quartiers cryo. Elle se dirigea vers le siège de commandement d'un pas décidé et activa l'intercom général.

 - Ici la Capitaine Miller, à tout l'équipage...

Miller fut interrompue par une Ryes hystérique: 

- Elle a eu Cham ! Cham est mort, elle lui a arraché la tête !!!

- Ici Miller, calmez-vous Ryes ! Qu'est ce que vous racontez … 

- Il y avait quelque chose en bas et elle a tué Cham ! Elle lui a broyé le crâne. Mon dieu, je veux quitter cet enfer. Je retourne au Montero.



Un néormorphe serait une prise précieuse pour la Compagnie



Poste de pilotage de l'USSCC Montero

- Ici la Capitaine Miller, à tout l'équipage…

- Elle a eu Cham ! Cham est mort, elle lui a arraché la tête !!! hurlait Ryes

- Ici Miller, calmez-vous Ryes ! Qu'est ce que vous racontez … 

- Il y avait quelque chose en bas et elle a tué Cham ! Elle lui a broyé le crâne. Mon dieu, je veux quitter cet enfer. Je retourne au Montero.


Davis, qui avait entendu l'appel de détresse Miller sans pouvoir intervenir, se redressa vivement suite aux paroles de Ryes et elle prit une décision presque immédiatement. Elle enclencha l'ensemble des mesures visant à désarrimer le Montero du Chronus. Les Comms de l'équipage crépitèrent et la voix de Maman se fit entendre. 

- Attention ! Attention ! Procédure de désarrimage engagée. Rétractation de l'ombilic en cours…

- Davis que faites vous ?  hurla Miller. Je ne vous ai pas donné cet ordre ! 

- Désolée mais je ne laisserai aucun d'entres-vous monter à bord de mon vaisseau. Aucune foutue bestiole ne mettra le pieds dans le Montero et je ne prendrai pas le risque d'être contaminée !

- Espèce de salaud ! éructa Wilson. Ca se paiera !

- Davis, je suis presque là. J'ai ma combinaison ! Laisse moi monter par pitié ! cria Reys la voix chargée de désespoir.

Davis ignora les suppliques et coupa la communication afin de se concentrer sur les manœuvres délicates et nécessaires pour positionner le Montero à bonne distance du Chronus. Soudain de multiples voyants clignotèrent et la voie de Maman résonna :

    - Dysfonctionnement du système de déplacement. Pannes en cascade imminentes. Surcharge du réacteur dans H moins 10 minutes.

La pilote resta un instant tétanisée, plongée dans l'incompréhension la plus totale. Mais pourquoi ? Puis elle comprit: la Compagnie ! Elle devait savoir et elle voulait s'assurer du retour du Chronus ! Quelle directives secrètes Miller avait-elle réellement reçues? 

Mais le temps n'était pas à ces réflexions, machinalement Davis bascula le Montero en pilotage automatique pour l'éloigner suffisamment afin que, ni le Cronus, ni lui, ne soient pris lorsque l'autodestruction se déclencherait. Puis elle se rua à l'arrière du vaisseau et embarqua à bord de la vieille navette de secours Daisy et s'éjecta pour se diriger vers le hangar du Cronus. 

- Ici Davis, à bord du Daisy. Ouvrez moi la porte du hangar afin que je puisse atterrir.

Lorsque le message retentit sur la passerelle, un sourire mauvais ourla le visage de Wilson.

- Laissons le crever dans sa foutue navette ! Ce type nous a abandonné à la mort !

Miller hésitait, elle ne pouvait pardonner l'action de Davis qui les avait effectivement froidement condamnés mais elle était lucide. Elle avait besoin de la pilote pour ramener le Chronus à bon port. Certes l'officier en second Jhons connaissait probablement tout de son vaisseau et serait en mesure d'en prendre les commandes.

- Je suis d'accord avec vous mais nous n'avons pas le choix. Nous avons besoin d'elle pour ramener le Cronus à Anchorpoint. 

Le pont fut brièvement illuminée lorsque l'USCSS Montero explosa dans un silence total quelques minutes plus tard. L'onde de choc secoua le lourd vaisseau scientifique mais sans faire de dommage. Miller resta un instant immobile, plongée dans ses pensées

- Des millions de crédits d'Hélium-3 viennent de partir en fumée. La compagnie va nous en tenir responsable de la perte de la cargaison.

Wilson ne pouvait lui donner tort et acquiesça. Miller déclencha l'ouverture des portes du hangar:

- Très bien Davis. Vous pouvez atterrir mais nous aurons une petite discussion ensuite.

Alors que Davis accusait réception du message, l'agent Valérie Reid faisait son entrée sur la passerelle avec Jhons, portant un sac mortuaire, suivit quelques instant plus tard de Ryes et du Dr Flynn. 


Dans le Hangar du Cronus- Pont D (P26)

Davis maudissait ce retournement de situation. Elle était désormais tributaire de la décision de ceux qu'elle avait abandonnés quelques minutes plus tôt. Son soulagement fut grand quand Miller accéda à sa demande et que la porte du hangar s'ouvrit pour accueillir le Daisy.

Les opérations de décompression prirent cependant quelques minutes et Davis fut violemment secouée lorsque l'onde de l'explosion frappa le Daisy. 

La vieille navette se posa enfin et Davis se calla dans son fauteuil pour souffler. Il était hors de question pour elle de sortir du Daisy pour l'instant et elle le fit savoir à Miller. Elle ne déviait pas de sa position: l'espace était plus étroit mais aucun virus, ni aucune créature ne s'y trouvait.

Au bout d'une vingtaine de minutes, la pilote repéra un mouvement dans les ténèbres du hangar. Immédiatement elle alluma les phares du Daisy. L'abomination qui avait tué Cham s'avançait d'un pas rapide vers la navette. Elle avait probablement été attirée par le bruit. Davis était à la fois fascinée d'une façon morbide et écœurée par ce qu'elle voyait. 

- Ici Davis, pour la passerelle. La saloperie qui a tué Cham est avec moi dans le hangar.

- Ici Miller, bien reçu. Restez prudent, elle vous mettrait en pièce rapidement.

- Capitaine dit Ryes, si elle est dans le hangar  nous devrions ouvrir la porte du hangar en mode d'urgence, sans opération d'équilibrage de pression. La créature serait éjectée dans l'espace. Le Daisy étant arrimé électromagnétiquement il ne risque rien.

- Davis, vous avez entendu ?

- Pas d'hésitation. Il y a deux tout-terrain ici et ils seront aspirés aussi. Mais c'est sans conséquence.

Millers se tourna vers le second officier:
- Jhons, vous pouvez faire ça ? 
- Bien sûr capitaine. Il suffit de contourner les protocoles de sécurité via la procédure d'urgence.
- Alors faites le !

Après de très longues minutes, il appuya sur le bouton du sas d'ouverture du sas donnant sur l'espace. Instantanément, tout l'air contenu dans le hangar ainsi que les deux véhicules furent aspirés vers le vide. La créature suivit le mouvement sans aucune possibilité de s'y soustraire, tournoya dans le vide et se perdit dans les profondeurs de l'espace … 

Embarquement pour l'acte 3