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samedi 19 juin 2021

L'oubli que nous serons (Hector Abad)

[...] La lettre adressée à une ombre.

La sortie du film de l'espagnol Fernando Trueba est l'occasion de découvrir ce bouquin de 2006 qui avait belle réputation et qui a surtout le mérite de nous faire voyager en ce pays méconnu qu'est la Colombie.
L'oubli que nous serons est comme une lettre du fils Héctor Abad à son père, médecin hygiéniste assassiné en 1987 à Medellìn.
[...] Ce livre même n’est rien d’autre que la lettre adressée à une ombre.
Une relation père-fils très forte avec un Abad junior seul garçon élevé au milieu d'un véritable gynécée : cinq sœurs (!), sa mère bien sûr, une nonne, des bonnes, des tantes, des grands-mères, ...
Un garçon écartelé entre sa mère enracinée dans son monde ultra catholique d'obédience franquiste (Opus Dei et compagnie, ils font même des processions dans leur maison).
[...] Croyante, très pratiquante, écoutant la messe chaque jour, et toujours avec Dieu et la Très Sainte Vierge aux lèvres.
Et son père à l'exact opposé, docteur et professeur d'université, agnostique, optimiste, le type même de l'humaniste éclairé.
[...] Il dut souffrir à maintes reprises les attaques des conservateurs, qui le tenaient pour un gauchiste nocif pour les étudiants, dangereux pour la société et trop libre-penseur au regard de la religion.
La prose d'Héctor Abad est d'une belle élégance, riche et soignée, et lorsqu'il nous décrit son enfance, ses longues phrases nous bercent d'une douce musique nostalgique. Avouons tout de même que cette première partie du bouquin est un peu longuette, impatients que nous sommes d'en savoir plus sur le bon docteur Abad.
Malheureusement l'auteur aura bien du mal à sortir de son auto apitoiement sur sa condition de fils éploré et d'écrivain inspiré. Même s'il est intéressant à plus d'un titre (la Colombie, le docteur assassiné, le film, ...), le bouquin est plombé par un style et un propos un peu lourds à digérer.
Le titre du bouquin (et du film) est tiré d'un poème de Jorge Luis Borges trouvé dans l'une des poches d'Héctor Abad Gómez lors de son assassinat.
Pour celles et ceux qui aiment les bons docteurs.
D’autres avis sur Babelio.

dimanche 26 janvier 2020

Paz (Caryl Férey)

[...] Les cadavres s'accumulaient. Plus d'une trentaine.

Après la déception de notre dernier achat de colombienne [clic], on a préféré une valeur sûre et confié notre voyage en Colombie aux mains professionnelles de notre frenchy Caryl Férey.
Avec Paz, cette fois la came est sans surprise : on retrouve donc les travers connus de Mr. Férey. Violence parfois gratuite (bon, c’est la Colombie quand même, tu t’attendais à quoi ?), sex(isme) un peu complaisant, lyrisme parfois maladroit, ...
Mais tout autant son savoir-faire professionnel : rythme nerveux de l’écriture, polar rythmé et visite très documentée.
Et une Colombie (certes, vue par un frenchy pour des français) qui cherche désespérément à panser les plaies encore béantes d’un passé ultra-violent.
[...] Tout le monde n'aspirait plus qu'à la paix, l'Église omniprésente érigeait le pardon en dogme et, si les inégalités sociales restaient criantes, on préférait aller de l'avant avec une bonne humeur populaire qui cautériserait peut-être les morsures du passé.
[...] Mafieux et anciens belligérants ont souvent des intérêts communs.
[...] Des frictions entre les différents responsables des FARC : certains chefs se sont acheté une façade politique à peu de frais, sans se douter qu'une Commission pouvait les rattraper pour crimes de guerre.
[...] Il n'y avait en effet rien à espérer d'une pacification du pays. Trop d'argent en jeu, d'intérêts privés que l'État de droit remettrait en cause. 
Voilà donc le décor intéressant d’un polar aussi violent que l’histoire du pays :
[...] C'était le onzième cadavre qu'il retrouvait à Bogotá cette semaine, le trente-sixième en comptant les bouts disséminés dans le reste du pays.
[...] Ces amputations… La mise en scène du corps… Ça rappelle les massacres de la Violencia, nota-t-elle. 
Avec un flic en clair-obscur qui cherche à manœuvrer dans un pays impossible :
[...] On le disait cynique, raciste, violent, sexiste, impitoyable, retors, Lautaro Bagader emmerdait son monde. Il avait un groupe efficace, entraîné, avec des systèmes de primes qui offraient une solution à la corruption généralisée. 
Politique, histoire, reportage, ... dépaysement assuré et polar captivant en dépit d’une intrigue appesantie par une histoire de famille un peu lourdingue.

Comme d'habitude avec cet auteur : pour celles et ceux qui aiment voyager, y compris dans le passé récent.
D’autres avis sur Bibliosurf.

samedi 26 octobre 2019

Des hommes en noir (Santiagao Gamboa)

Trop de morts, comme toujours.

Ah, on se réjouissait fort d’avoir acheté trois cent grammes de bonne colombienne, promesse de quelques belle soirées.
 Je veux dire, de la bonne littérature colombienne.
Las, comme trop souvent dans ces mauvais deals, la marchandise était frelatée : la déception fut donc grande. Des hommes en noir, ça commençait pourtant bien ce polar du colombien Santiago Gamboa qui nous offrait la visite de son pays militarisé qui peine à sortir de la longue guerre civile avec les FARC tout juste désarmées.
[...] Ce pays est unique au monde : il enfante à la fois des personnes de grande valeur et les assassins qui les tueront.
[...] En fin de compte, ce n’était rien d’autre qu’un épisode de plus parmi les milliers qui ensanglantaient ce pays irascible et cruel.
 [...] Il n’y a pas de pire malheur que d’être pauvre, mais être pauvre en Colombie c’est encore pire. 
Quelques premiers chapitres sympas pour planter le décor et les personnages.
Mais bien vite le récit s’enlise dans une intrigue au sein des églises pentecôtistes où les prédicateurs font main basse sur les jeunes femmes et les gros billets.
 La prose de Gamboa frise souvent l’indigence et ce ne sont certainement pas les scènes racoleuses qui vont sauver le tout : on a bien du mal à finir tout cela, d’autant qu’on en apprend finalement très peu sur cette Colombie d’après guérilla.
[...] Elle avait enlevé son pantalon, découvrant de jolies jambes et une minuscule culotte. Julieta ne put s’empêcher de lui dire : – Mince alors, dans la guérilla on vous laissait porter ces petites culottes ? Ça ne doit pas être très commode pour tirer au fusil. 
Dommage, après nos coups de cœur pour l’Argentine, le Chili ou le Brésil, on aurait bien aimé pouvoir vous recommander ce vol pour Bogota.

D’autres avis quand même sur Bibliosurf.