Analyse

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Le président Joe Biden salue lors de son départ, le mercredi 9 juin 2021, à Andrews Air Force Base, dans le Maryland. Il s’agit de son premier voyage à l'étranger. ALEX BRANDON/AP

 

« America is back ! ». Pour son premier voyage à l’étranger, Joe Biden a choisi la vieille Europe. Le président américain voudrait réparer le lien transatlantique et ressouder les démocraties mondiales, après quatre années de dégradation sous l’ère Trump, juste avant une rencontre bras de fer le 16 juin à Genève avec le président russe, Vladimir Poutine.

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La « to-do-list » du locataire de la Maison-Blanche affiche un chantier colossal pour restaurer la relation, de l’avis même de son conseiller à la sécurité nationale, Jake Sullivan : « Il y a tout simplement beaucoup de choses sur lesquelles nous devons travailler », a-t-il admis.

Tour des alliances et programme fleuve

L’agenda surchargé en sommets en est témoin : accompagné de sa femme Jill, Joe Biden doit tout d’abord atterrir au Royaume-Uni, où il sera reçu par le premier ministre Boris Johnson jeudi 10 juin. La relation dite « spéciale » entre Washington et Londres doit être reprécisée, depuis l’avènement du Brexit. Boris Johnson voudrait rapidement nouer un accord commercial, tandis que Joe Biden, Américain d’origine irlandaise, pose comme préalable le respect de l’accord du Vendredi Saint, qui mit fin en 1998 à 30 ans de guerre civile sur l’Île d’émeraude.

Dès le lendemain, le président américain sera en Cornouailles (sud-ouest de l’Angleterre) dans le village balnéaire de Carbis Bay pour un G7 organisé du 11 au 13 juin. Des dossiers urgents doivent y être débattus : gestion pandémique, changement climatique, relations tendues avec Moscou et Pékin.

Joe Biden enchaînera lundi 14 mai avec un sommet de l’Otan à Bruxelles, où les dossiers ne manqueront pas : cyberattaques russes, Biélorussie, partage de la charge militaire, course à l’armement de la Chine, mise au point avec la Turquieaprès l’achat par Ankara de systèmes de défense russes, stratégie en Syrie…

Une confiance souhaitée mais pas acquise

Mardi 15 juin, Joe Biden restera dans la capitale européenne, pour un sommet UE-États-Unis, cette fois en présence de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et du président du Conseil européen, Charles Michel. Pour celui-ci, Joe Biden est un « partenaire très solide pour promouvoir l’approche multilatérale ». Comme le Royaume-Uni, les 27 attendent un nouvel accord commercial qui irait à rebours de l’engrenage protectionniste actionné pendant le mandat de Donald Trump.

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Le lendemain, à Genève, les sujets qui fâchent ne manqueront pas lors d’une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine : affaire Navalny, renvois de diplomates, échanges de prisonniers, contentieux sur l’Ukraine, l’Arctique, hostilité des grandes manœuvres militaires, déséquilibres depuis la fin d’accord sur les armes stratégiques…

À la veille de ce voyage important en Europe, une enquête du German Marshall Fund et de la Fondation Bertelsmann menée dans 11 pays (1) montre que Joe Biden n’a, pour l’heure, pas réussi à redorer le blason américain. « Les trois premiers mois de l’Administration Biden n’ont pas affecté les points de vue français et allemands sur l’influence américaine dans le monde », conclut le sondage.

En effet, seuls 51 % des Allemands considèrent les États-Unis comme un partenaire fiable, soit encore moins que le niveau de confiance Français qui se maintient à 60 %. Le niveau de défiance chez les alliés a en moyenne chuté de 10 points en 2020, loin en dessous du niveau d’avant la pandémie.

(1) Étude menée entre le 29 mars et le 13 avril au Canada, en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays Bas, en Pologne, en Espagne, en Suède, en Turquie, au Royaume-Uni et aux États-Unis.