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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
08.12.2024
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Ce 18 juillet, tous les regards sont rivés sur l’ouverture de la 17e législature de l’Assemblée nationale. Habituellement simple routine parlementaire, cette première séance publique promet d’être inédite. Le Palais-Bourbon a en effet rarement été aussi divisé, avec trois grands blocs issus du Nouveau Front populaire, du camp présidentiel et du Rassemblement national, et six candidats en lice pour la présidence de l’Assemblée.
Au terme d’une folle (et longue !) journée, les députés ont finalement fait le choix de la continuité, en réélisant au bout du troisième tour la candidate du camp présidentiel Yaël Braun-Pivet, avec une courte majorité relative de 220 voix, contre 207 au communiste André Chassaigne et 141 au RN Sébastien Chenu.
Un jour historiqueQuelques heures plus tôt, l’ambiance était tout autre au Palais-Bourbon. À quelques minutes de l’ouverture de la séance, tous les espoirs sont encore permis. Dans la salle bondée des quatre colonnes et ses jardins attenants, ça bruisse, ça s’interpelle, ça crie. La tête des députés dépasse à peine des nuées de caméras et micros braqués sur eux.
Le jour est historique, même de l’avis des habitués. Un peu plus loin, le groupe insoumis pose tout sourire sur les marches du perron de l’Assemblée, en présence de Jean-Luc Mélenchon, pourtant pas député lui-même. André Chassaigne, le candidat communiste désigné par le Nouveau Front populaire, part favori, puisque le NFP est arrivé en tête des élections législatives.
Mais dans les couloirs, une rumeur se fait de plus en plus tenace. Le groupe des Républicains s’apprêterait à soutenir Yaël Braun-Pivet, en échange de postes clés à l’Assemblée. Le député LFI Éric Coquerel continue pourtant d’y croire : « André Chassaigne a été très longtemps parlementaire, il est respecté et permet d’aller chercher des appuis des camps d’en face. »
Une chorégraphie très protocolaire15 h 03. La 17e législature de l’Assemblée nationale est déclarée ouverte. S’ensuit le ballet très protocolaire du premier tour de l’élection au Perchoir. Chacun des 577 députés est appelé, un à un, à venir déposer son bulletin secret dans l’urne, en partant de la lettre F, qui vient d’être tirée au sort. Un hasard qui semble déplaire à Gérald Darmanin, à l’autre bout de l’alphabet. Celui qui fait partie des 18 ministres « démissionnaires » également députés trépigne sur son siège.
La procédure, pour le moins chronophage, dure près d’une heure. On imagine le temps particulièrement long pour ceux qui n’ont pas choisi leur voisin de siège. Particularité de la première séance, les députés ne sont pas répartis selon leur groupe politique, mais par ordre alphabétique. Le député insoumis Antoine Léaument siège ainsi à côté de Marine Le Pen. Ambiance.
Autre fait notable : la tradition veut que le benjamin de l’Assemblée serre la main de chacun des députés venant de voter. Mais plusieurs élus, pour la plupart issus de LFI, refusent de serrer la main de Flavien Termet, 22 ans, en raison de son appartenance au RN.
De retour dans la salle des quatre colonnes, les conjectures vont bon train. Les caméras filment le centriste Charles de Courson, candidat du groupe indépendant Liot, et Philippe Juvin, du groupe La Droite républicaine (qui regroupe les députés LR et quelques alliés), en pleine discussion dans un recoin. Pieyre-Alexandre Anglade, député Ensemble, ne nie pas les tractations en cours : « On doit construire une nouvelle culture de la coalition, comme ailleurs en Europe. Cela ne se joue pas avec le parti arrivé en tête, mais avec celui capable de former les alliances les plus larges autour de lui. »
Le suspense continueVerdict du premier tour : André Chassagne est en tête avec 200 voix, suivi par Sébastien Chenu (142) et Yaël Braun-Pivet (124). Philippe Juvin (48) et Naïma Moutchou (38) se désistent, contrairement à Charles de Courson (18 suffrages). Sans surprise, aucun candidat n’a été élu à la majorité absolue, ce qui entraîne un second tour suivant la même chorégraphie. La mine de l’écologiste Sandrine Rousseau est déconfite. « Ça va se jouer à très peu de voix, mais je ne vois pas de chemin pour André Chassaigne. La macronie trouve toutes les astuces pour ne pas nous donner la victoire. »
Les résultats du second tour semblent lui donner raison. Yaël Braun-Pivet arrive première avec 210 voix, tout juste devant André Chassaigne. Sébastien Chenu, malgré ses 143 voix et les spéculations sur un retrait, choisit de ne pas se désister. Le troisième et dernier tour, à la majorité relative, se jouera donc entre ces trois élus, Charles de Courson ayant retiré sa candidature. Le moment est fatidique. Pendant les deux heures qui s’ensuivent – une pour voter, l’autre pour dépouiller –, tout le monde retient son souffle. Yaël Braun-Pivet part favorite, mais les résultats sont si serrés que chacun peut espérer, ou redouter, un retournement de situation…
À 20 h 40, la candidate de la majorité présidentielle est finalement réélue au Perchoir. Elle représente pour certains la garantie d’une stabilité. Pour la gauche et le RN, c’est au contraire un déni des résultats des élections législatives, et une trahison pour les électeurs. Ces résultats révèlent surtout un hémicycle plus fracturé que jamais…