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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
08.12.2024
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La Croix L’Hebdo : Un an après votre libération, comment vous sentez-vous aujourd’hui ?
Iulian Ghergut : Je me sens bien, en bonne santé. Je n’ai pas de problèmes physiques ni psychologiques. Les mois qui ont suivi ma libération, j’ai surtout eu de vives douleurs aux jambes et beaucoup de fatigue. C’est normal après être resté huit ans otage dans le désert sans pouvoir me déplacer.
Concernant ma santé mentale, j’ai eu des réactions post-traumatiques qui se sont estompées petit à petit. J’étais toujours en alerte, surtout quand j’entendais des bruits d’avions. J’avais l’impression que quelqu’un me cherchait ou voulait me filmer. Pendant ma captivité, des drones et des hélicoptères apparaissaient de temps en temps, et cela annonçait des moments de stress, pendant lesquels les djihadistes allaient me crier dessus et où je devais me cacher dans ma hutte pour ne pas être repéré.
Au retour dans le village de mes parents, je n’osais pas sortir les premiers jours. Je me méfiais des gens. Mais peu à peu, j’ai réappris à avoir confiance. C’était aussi compliqué avec le sommeil car le moindre bruit me réveillait. Dans le Sahel, tout était calme. Pas de train, pas de voiture, seulement des drones de temps en temps. Après quelques semaines, mon corps s’est réadapté et j’ai retrouvé un sommeil normal.
Vous avez passé huit ans captif dans le désert. Qu’est-ce qui vous a aidé à tenir le coup ?
I. G. :Les premiers mois après l’enlèvement ont été les plus durs. Je faisais sans cesse des cauchemars, je rêvais de Monde/Iulian-Ghergut-otage-oublie-Sahel-preuves-vie-montrees-famille-2023-05-04-1201266109" target="_self">ma famille et j’imaginais qu’elle devait souffrir et lutter pour me retrouver. C’est pendant cette période que les otages peuvent être brisés psychologiquement et pensent à se supprimer.
Cela m’a aussi traversé l’esprit plusieurs fois, je me demandais à quoi cela servait de rester un jour de plus sur cette terre, que personne ne s’intéressait à moi, que j’étais oublié. Mais je suis croyant, et je gardais aussi espoir, notamment quand je pensais à mon entourage. Même si je ne recevais pas de nouvelles de mes proches, je sentais leur amour et je savais qu’ils allaient tout faire pour me libérer. Fuir était aussi une option, mais j’avais peu de chance de survie.
Ce qui m’a le plus aidé dans les années qui ont suivi est bien sûr d’avoir été en compagnie d’un autre otage pendant sept ans, Monde/Kenneth-Elliott-lotage-australien-libere-Burkina-Faso-2023-05-19-1201267934" target="_self">le docteur Kenneth Elliott, un missionnaire protestant et chirurgien en Afrique depuis plus de quarante ans. Il a été enlevé en décembre 2015 et m’a rejoint un mois plus tard. Nous n’avions rien en commun, lui le médecin de 80 ans, et moi un migrant roumain et chauffeur de taxi au Royaume-Uni pendant les années 1990 et 2000. Mais nous avons construit une amitié. Heureusement, je parlais anglais et français, et nous avons discuté chaque jour de nos vies passées et de l’enseignement de la Bible. Sans cette présence, je pense que je serais devenu fou.
Au bout de quelques années, je me disais que, après tout ce temps, il fallait juste me résigner et continuer à vivre ici, vivre comme les nomades, et j’ai même demandé à mes ravisseurs d’au moins me donner une maison et des chèvres ! Mais ils ont refusé.
Quelle a été votre relation avec Dieu pendant tout ce temps ? Avez-vous gardé la foi ?
I. G. :Dès le début de ma captivité, je me suis converti à l’islam. Mes ravisseurs l’ont décidé pour moi, et je ne me suis pas opposé par peur, parce que je me disais qu’ils allaient mieux me traiter. Et il est vrai qu’ils ne m’ont pas frappé et ne m’ont pas trop maltraité, contrairement à d’autres otages, parce que je me suis converti. J’ai prié chaque jour avec eux, cinq fois par jour, pendant huit ans. J’ai lu le Coran plusieurs fois et appris l’arabe. Malgré cela, il ne me voyait pas comme un musulman comme eux, parce qu’ils savaient qu’une fois libéré, j’allais retourner dans mon pays et revenir au christianisme. C’est vrai, c’est ce qu’il s’est passé.
Après mes prières cinq fois par jour, je me retrouvais dans la cabane où je discutais de la Bible avec le docteur Elliott. Chacun me disait qu’il détenait la vérité. Pour moi, nous prions tous Dieu, chacun à sa façon. Ce que j’ai appris grâce au docteur est de remercier Dieu pour tout, car c’était la volonté de Dieu pour moi. Je suis allé travailler dans le Sahel et j’ai eu la malchance d’être pris comme otage. Il me disait d’accepter la situation, que les djihadistes n’ont pas un plus grand pouvoir sur moi et que seul Dieu allait décider de mon sort. Le docteur Elliott me répétait ça plusieurs fois, et cela m’a beaucoup aidé, surtout dans les moments où j’avais les idées noires. Je n’ai donc fait qu’attendre et prier, du matin au soir.
Comment se déroulait la vie en captivité ?
I. G. :Tous les matins, je me levais, je priais, puis je mangeais. Les djihadistes me servaient à boire et trois repas par jour. La nourriture n’est pas très variée là-bas. Les habitants mangent la même chose toute leur vie : du pain, du lait en poudre, du riz, des spaghettis, et de la viande de chèvre de temps en temps, que nos ravisseurs achetaient à la population locale. C’est tout ce que j’ai mangé pendant huit ans. Nous nous lavions une fois par semaine, avec de l’eau en bouteille. Et j’ai dormi pendant toutes ces années sur une couverture à même le sol, dans une hutte. Je peux vous dire que retrouver un lit et prendre une vraie douche, c’était phénoménal !