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RECITAU PAPE

Publié le 28/09/2024 à 16:11 par papilacabane Tags : sur mer moi france saint monde voyage chez homme enfants fond femme mort histoire demain dieu femmes message bleu pouvoir livre

« Parle-nous, François » Récit de la rencontre en Belgique entre le pape et 17 victimes de pédocriminalité « Parle-nous, François » Récit de la rencontre en Belgique entre le pape et 17 victimes de pédocriminalité

 

Le pape François et le recteur Luc Sels, lors de sa rencontre avec des professeurs de l’Université catholique de Louvain, en Belgique, le 24 septembre 2027. VATICAN MEDIA / Hans Lucas via AFP

 

17 visages. 17 vies meurtries par des agressions sexuelles parfois répétées. 17 attentes. Ce vendredi 27 septembre dans la commune de Woluwe-Saint-Pierre, limitrophe de Bruxelles, le pape François a rencontré pendant deux heures 17 victimes de violences sexuelles commises par des membres du clergé.

Il y a quelques mois, elles avaient été 80 à répondre à l’appel de la Conférence des évêques belges (CEB). Puis une trentaine à se rendre à une première réunion préparatoire, avant que le groupe ne soit réduit à une quinzaine par la CEB, sur des critères d’équilibre hommes femmes et entre francophones et néerlandophones.

Trois victimes, interrogées au cercle interdiocésain de Bruxelles après la rencontre, ont raconté leur soirée à La Croix,depuis l’arrivée du groupe à la nonciature apostolique (ambassade du Saint-Siège) de Woluwe-Saint-Pierre, où le pape a logé du 26 au 29 septembre. Les participants étaient véhiculés dans des minibus aux vitres noires teintées. Certains n’ont jamais parlé à leurs enfants ou parents de ce qui leur est arrivé. À la nonciature, des chaises avaient été disposées en arc de cercle dans une grande pièce aux murs clairs.

« Comme s’il était mon agresseur »

François est arrivé un peu avant 19 heures accompagné de deux traducteurs. Signe de l’intensité du moment, l’interprète néerlandophone n’a pu retenir ses larmes, a remarqué Anne-Sophie Cardinal, 44 ans.

« Quand j’ai témoigné, j’ai ressenti cette difficulté pour lui[le pape François]d’entendre ce que je lui disais,raconte cette femme à la longue robe bleu marine avec au cou une petite croix en or. À un moment il m’a même dit : ‘voilà c’est suffisant’. Il n’en pouvait plus, mais il m’écoutait quand même. À un moment j’avais même de la peine en me disant ’’‘je lui raconte ça alors que c’est un vieux monsieur’’. Et puis je me suis dit ’’non ce n’est pas un vieux monsieur, c’est quelqu’un qui est capable de t’écouter comme Jésus pourrait t’écouter’’ ».

La femme, qui rêve de créer un mémorial international pour les victimes à Lisieux, en France, dit s’être adressée au pape « comme s’il était [s] on agresseur ». « J’ai pu expérimenter avec le pape François quelque chose que je ne pourrai jamais expérimenter ailleurs,dit-elle. C’est un pardon de substitution. (…) Il l’a pris, mon témoignage. Il l’a reçu.» Anne-Sophie Cardinal a été violée par un prêtre entre ses 10 et 11 ans. Son agresseur est mort il y a plusieurs années.

Dans cette nonciature transformée en salles des pas perdus, chacune des 17 victimes avait 3 minutes pour s’adresser à François. Deux psychologues présents prévenaient de l’écoulement de leur temps de parole à l’aide d’un petit gong tibétain. Selon ce que La Croix a pu recouper, le pape a surtout écouté. Il a demandé pardon et a parlé de « crimes qui ne peuvent jamais être prescrits» par le droit de l’Église. Il se serait également montré conscient des « blocages » qui peuvent exister au sein de l’institution en Belgique ou de dicastères à Rome dans le traitement des dossiers. Sur ce point, François aurait demandé aux victimes d’envoyer, le cas échéant, des éléments factuels au nonce Mgr Franco Coppola, son représentant en Belgique. Ce dernier serait chargé de les lui envoyer directement à Sainte-Marthe, où il loge à Rome. Le pape aurait également comparé, en termes de gravité, les prêtres auteurs d’agressions sexuelles sur mineurs et les évêques qui les couvrent.

Une compensation plus juste

Face à lui, Christopher – c’est le nom d’emprunt qu’il s’est choisi – a prié pour l’Église. Ce quinquagénaire à l’élégant costume bleu et à la cravate rouge avait repris une phrase du Notre Père, implorant Dieu de ne pas « laisser entrer l’Église en tentation ;[la tentation] de minimiser, de temporiser ou de mettre un couvercle ». Victime d’un prêtre, l’homme, qui s’est senti « très écouté », avait également demandé que l’institution religieuse « se professionnalise » et se dote d’outils de contrôle et d’audit. « À un moment donné, on ne peut plus dire à une victime qu’il y a des dossiers qui se sont perdus, ça n’est pas possible », explique-t-il dans le hall du cercle interdiocésain. Christopher a aussi appelé le pape à trouver un système de financement, « interne ou externe au Vatican », pour aider les victimes. Une compensation plus juste.

« J’ai sombré dans l’alcool à 18 ans, j’étais un profond alcoolique, tu imagines ce que ça coûte ça ?»,interpelle Jean Marc Turine, quelques minutes après l’échange avec Christopher. À La Croix, l’homme de 78 ans se dit « indifférent » à ce que lui a dit le pape. La compensation financière qu’il reçoit est selon lui très insuffisante. « Si je n’avais pas été abîmé par ces mecs ça serait pas arrivé[l’alcoolisme], et nous sommes tous dans le même cas, tous. Tu vas chez ton psy deux fois par semaine pendant quarante ans, ça te coûte combien ? La demande c’est que l’Église paye ça», interpelle l’homme aux longs cheveux blancs qui a récemment publié son témoignage (Révérends pères,Esperluète éditions, mars 2022). Mais Jean Marc Turine n’a pas raconté son histoire à François. Il était d’abord venu lui demander de « prendre ses responsabilités ».

« [La rencontre] est finie ou à peu près, et je lui dis ’’Mais François, tu crois pas que tu es responsable et que l’Église est reponsable’’. Sa réponse a été : ’’Le pape et les évêques c‘est pas l’Église, l’Église c’est toi, c’est toi, c’est toi’’. Je lui dit : ’’Alors l’Église c’est 1 milliard et 200 millions de personnes dans le monde, c’est ça l’Église ?’’ (…) Comme s’il n’avait pas des responsabilités plus importantes que d’autres… » Si les deux premières victimes interrogées estiment que François a « donné tout ce qu’il pouvait », comme le dit Anne-Sophie Cardinal, d’autres comme Jean Marc Turine terminent la soirée frustrés, envahis d’attentes. Certes, le pape s’est montré compatissant, mais il n’a pas eu les mots que cet ancien producteur à France culture attendait. « Je lui ai demandé des mots qui sortent des tripes,dit l’homme qui a perdu la foi il y a cinquante ans. Mais je fais confiance à son intelligence, il les trouvera peut-être pendant l’homélie de la messe de dimanche [29 septembre] ».

« Rien sauf l’inattendu »

Jean Marc Turine a confié à La Croixl’interpellation qu’il a adressée au pape. La voici en intégralité.

« Caro Fratello Francesco

Je crois au pouvoir de la parole. Et je pense que tu partages cette opinion. Aujourd’hui, nous sommes 15 à te porter un message, je te parlerai simplement comme on le fait avec un compagnon de hasard rencontré lors d’un voyage. Nous sommes 15 à te parler et nos mots rejoignent ceux que les vents transportent ou les océans, ces mots qui nous viennent d’Afrique, d’Océanie, d’Asie, d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud.

Tous ces mots disent maladroitement peut-être la rage, la colère ou la désespérance ou même l’impuissance à dire. Parce que comment décrire cette malfaisance que nous avons subie durant notre enfance ? Comment dire l’irréparable, l’inconcevable ? Nous sommes en manque, François. En manque de la justice de l’Église, de ton Église, qui nous enferme dans l’obscurité. Comment vivre sans lumière ?

Ils nous ont tués et nous ne sommes pas morts.

Tu es un peu plus âgé que moi. On parle de la fragilité de ta santé. Pour toi le chemin du métier de vivre approche de sa fin. Avec ton âge peut-être évoqueras-tu la sagesse. Je parlerai plutôt de liberté. Mais cette différence est-elle importante ? L’une comme l’autre peut offrir une force. Oui, la force qui permet de trouver les mots qui seront tes mots pour ces milliers d’égarés, de révoltés dans le monde du fait de la pédocriminalité au sein de l’Église. Parce qu’il s’agit bien de crimes.

Tu vas trouver les mots, les arracher au fond de ton cœur, de ton âme d’homme car tu es homme avant d’être pape. Une expression populaire évoquera plutôt les tripes. Les mots sortis des tripes comme peuvent le faire si bien les poètes et poétesses. Parle-nous François, parle-nous. N’est-ce pas ton devoir de pape ?

Je ne suis plus croyant du tout. Mais il me reste un souvenir de mon enfance catholique. Le prêtre à la messe bénit l’hostie, la brise entre ses doigts et la présente en disant ’’prenez et mangez car ceci est mon corps’’ et il prononce en soulevant le calice béni ’’prenez et buvez car ceci est mon sang’’.

Ces mains-là, François, ces mêmes mains-là ont mené au supplice le corps de jeunes adolescentes et le corps de jeunes adolescents. Ces filles sont devenues des femmes et ces garçons sont devenus des hommes, toutes et tous pareillement salis, massacrés, déchirés, vacillants, brisés, l’âme en perdition, emprisonnés en eux-mêmes ou devenus fous ou suicidés.

Écoute-les, nos mots, François. Entends leur grondement comme des pierres roulent dans un torrent car ils viennent de partout dans le monde, des bords de la mer comme des plus hautes montagnes.

Ne nous déçois pas, François, tu n’en as pas le droit.

Je n’attends rien sauf l’inattendu, l’improbable.

Je m’appelle Jean Marc Turine fracturé lorsque j’étais un enfant par quatre révérends pères jésuites du collège Saint-Michel où tu te rendras demain [pour une rencontre privée avec des membres de la Compagnie de Jésus, à laquelle appartient le pape, samedi 28 septembre]. Je t’offre aujourd’hui mon livre Révérends pères.

Le 27 septembre 2024.