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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour : 08.12.2024
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INFLATION

Publié le 18/09/2024 à 10:50 par papilacabane Tags : prix sur base france place monde chez travail création pouvoir

Pouvoir d’achat, immobilier, croissance… Les séquelles de l’inflation dans l’économie

L’épisode d’inflation qui a touché le monde occidental à partir de 2020 après quarante ans de prix stables semble désormais du passé. L’une après l’autre, les banques centrales entérinent cette nouvelle donne en abaissant les taux d’intérêt qu’elles avaient augmentés pour lutter contre la hausse des prix.

Après la BCE, qui a réduit les siens pour la deuxième fois de l’année jeudi 12 septembre, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait annoncer mercredi 18 septembre sa première baisse de taux depuis mars 2020. Mais l’inflation a laissé des séquelles dans l’économie. Lesquelles ?

► Les prix vont-ils retrouver leur niveau de 2021 ?

La valse des étiquettes dans les rayons des supermarchés depuis trois ans a marqué les esprits. Les produits alimentaires ont vu leurs prix s’envoler et peser sur le budget des ménages. Depuis l’automne 2021, l’augmentation cumulée grimpe à plus de 21 %, ce qui a durement frappé les consommateurs, en particulier les plus modestes.

Le plus dur semble passé. L’inflation globale est passée pour la première fois sous les 2 % en rythme annuel en août en France, avec des prix de l’alimentation assagis à 1,7 %. De premières baisses de prix sont apparues dans les rayons en fin d’année dernière. Pas de chute pour autant. « En moyenne, les prix ne diminuent que de 1 % », selon Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution.

À ce rythme, les trois années d’inflation ne sont pas près d’être rattrapées. Il ne faut de toute façon pas s’attendre à retrouver un jour les prix d’avant-crise. « Ils évoluent en fonction des coûts des matières premières et de l’énergie, deux facteurs incertains, et du coût du travail. Or ce dernier est toujours orienté à la hausse, ce qui alimente l’inflation », analyse Olivier Dauvers.

Pouvoir d’achat, immobilier, croissance… Les séquelles de l’inflation dans l’économie

La tendance demeure tout de même à la baisse, et les prochains mois devraient encore afficher des prix réduits. Un écart entre les chiffres officiels et le ressenti des consommateurs reste probable. Si les trois quarts des produits coûtent moins cher ces derniers mois, ce n’est en général que de quelques centimes. « Les prix baissent mais, malheureusement, cela ne se traduit pas encore de manière assez significative dans le total d’un chariot », reconnaissait, fin août, le patron de Système U, Dominique Schelcher.

Du côté de l’énergie, les factures ont été marquées par l’épisode d’inflation, même si les Français ont été protégés en partie par le « bouclier tarifaire » mis en place par le gouvernement. Le prix du gaz reste encore deux fois supérieur à son niveau d’avant l’invasion russe de l’Ukraine.

Côté électricité, en revanche, le reflux est perceptible sur les marchés de gros, avec un retour au niveau de février 2022, ce dont profitent les entreprises. Les ménages devront attendre février 2025 pour bénéficier d’une baisse d’environ 10 %. Les carburants et le fioul domestique sont pour leur part revenus à leur niveau de décembre 2021.

► Le pouvoir d’achat des Français a-t-il diminué ?

Malgré l’épisode inflationniste, le budget des ménages ne s’est pas écroulé. Le revenu disponible par unité de consommation (RDB par UC), indicateur qui mesure le mieux le pouvoir d’achat, s’est en moyenne maintenu : la baisse de 0,4 % en 2022 a été en partie compensée par une hausse de 0,3 % l’an dernier.

Mais cette évolution cache de nombreuses disparités. Les seuls vrais bénéficiaires se situent en haut et en bas de l’échelle des revenus. D’un côté, les 20 % les plus riches ont vu leurs revenus du patrimoine croître fortement ; de l’autre, les 10 % les plus pauvres ont bénéficié de la hausse des prestations sociales.

Entre ces deux extrêmes se trouvent 70 % des Français, perdants de l’inflation. Leur revenu disponible a fondu de 0,3 à 0,7 %. Cela se lit dans la baisse du salaire réel, le revenu du travail corrigé de l’inflation : entre juin 2021 et fin 2023, le salaire mensuel de base (SMB) a crû de 8,9 % en moyenne, alors que les prix à la consommation augmentaient de 11,3 % – seuls les smicards ont échappé à cette évolution, car leur salaire est indexé sur les prix.

Pouvoir d’achat, immobilier, croissance… Les séquelles de l’inflation dans l’économie

Depuis le début de l’année, le rattrapage est néanmoins en cours, avec des salaires qui progressent plus vite que les prix. Le cabinet Deloitte relève qu’au premier semestre les salaires ont augmenté de 3,5 %, alors que l’inflation devrait se limiter à 2,5 % en moyenne sur l’année.

« Sauf nouveau choc extérieur, le retard sera comblé d’ici six mois à un an, estime Stéphanie Villers, économiste chez PwC. La croissance étant molle, il ne faut toutefois pas s’attendre à des hausses spectaculaires. »La remise en forme du pouvoir d’achat pour tous les Français prendra du temps. L’Insee prévoit une hausse du revenu disponible brut par unité de consommation de 0,9 % en 2024.

► La croissance peut-elle repartir ?

L’épisode inflationniste que viennent de traverser la France et ses voisins européens peut-il, par ricochet, relancer la croissance tricolore, jugée particulièrement atone ces dernières années, autour de 1 % ? Après la hausse des taux d’intérêt menée depuis l’été 2022 par la Banque centrale européenne pour juguler la valse des étiquettes, une deuxième baisse est intervenue la semaine dernière et d’autres sont programmées.

« Cela va un peu desserrer la contrainte sur l’immobilier, car les ménages vont pouvoir emprunter plus facilement, tout comme les entreprises », pointe Alexandre Baradez, chez le courtier IG France. Selon lui, « l’effet JO se prolongera sur le tourisme chez nous l’an prochain »,ce qui lui permet de projeter « un redressement de l’activité en France dans les mois qui viennent ». « Mais cela restera léger »,souligne-t-il. La Banque de France a annoncé mardi 17 septembre qu’elle prévoyait une croissance de 1,1 % en 2024 et 1,2 % en 2025.

Ces quelques signaux d’optimisme vont subir de violents vents contraires, complète Bruno de Moura Fernandes, responsable de la recherche macroéconomique chez l’assureur-crédit Coface : « La croissance française résiste depuis le début de l’année mais essentiellement grâce aux dépenses publiques, car la consommation des ménages et l’investissement des entreprises stagnent. »

Le dérapage des comptes publics va conduire le prochain gouvernement à des coupes budgétaires, prévoient les économistes, et peut-être à des hausses d’impôts. « Nous prévoyons une récession en France, explique Grégoire Kounowski, chez Norman K. L’incertitude politique créée par la dissolution a en effet conduit les entreprises à geler leurs investissements et les ménages à épargner à un niveau record. » Sans oublier « la très mauvaise santé des économies allemande et chinoise, et les vives tensions commerciales et géopolitiques ».

Il faut aussi compter avec des facteurs plus structurels qui freinent notre potentiel de croissance : la diminution de la natalité et la baisse structurelle de la productivité. « Sans productivité en hausse, pas de croissance solide,relèvent les économistes de la banque Pictet. C’est vraiment cela qui met en difficulté notre modèle social. »

► La baisse des taux va-t-elle concerner l’immobilier ?

La deuxième baisse de l’année des taux d’intérêt de la BCE, jeudi 12 septembre, après la forte hausse liée à la crise inflationniste, apporte une éclaircie dans le paysage immobilier, même si les banques ont déjà anticipé le mouvement depuis le début de l’année.

Pour un prêt sur vingt ans, le taux moyen se négociait autour de 3,60 % en août, contre 4,30 % fin 2023 et 4,45 % il y a un an. Selon les courtiers, la baisse devrait s’amplifier d’ici à la fin de l’année, avec des taux de 3 à 3,30 % sur vingt ans. Dès l’an prochain, ceux qui ont emprunté à 4 % pourraient même commencer à renégocier leur crédit.

Pouvoir d’achat, immobilier, croissance… Les séquelles de l’inflation dans l’économie

Les professionnels de l’immobilier se montrent malgré tout prudents, même si, selon les notaires, le marché a sans doute atteint un point bas cet été, après deux ans de chute. Guillaume Martinaud, le président d’Orpi, préfère ainsi parler d’«un ralentissement de la baisse des volumes de compromis de vente», en diminution de 8 % sur un an, dans son réseau.

Mais la baisse des taux, qui redonne du pouvoir d’achat aux acheteurs, pourrait aussi inciter les vendeurs à stopper le recul des prix, voire réviser à la hausse leurs prétentions financières. À la fin août, les prix dans l’ancien étaient en diminution de 4,8 % en moyenne sur un an dans l’Hexagone, et de 8,1 % en Île-de-France, selon l’indice des notaires.

Le marché est en tout cas incapable de répondre à une hausse de la demande, compte tenu du marasme observé dans la construction neuve, estime Loïc Cantin, le président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), dont les ventes ont plongé de 40 % sur un an.

D’où l’urgence pour le prochain gouvernement à mettre en place un plan logement. « Il y a unanimité des partis politiques et des Français sur le sujet »,veut croire Olivier Salleron, le président de la Fédération française du bâtiment (FFB). Il plaide notamment pour la création d’un prêt à taux zéro (PTZ) ou à taux réduit, « partout et pour tous »,et la prolongation du dispositif Pinel, pour l’investissement locatif dans le neuf, censé s’arrêter fin décembre.

► Les finances publiques vont-elles continuer à déraper ?

À première vue, l’inflation ne serait pas une mauvaise chose pour les finances publiques. La hausse des prix signifie en effet celle des recettes de TVA. Et celle des salaires signifie, elle, des cotisations sociales plus abondantes et un meilleur impôt sur le revenu. En outre, en faisant gonfler le produit intérieur brut (PIB), l’inflation fait mécaniquement baisser le ratio dette/PIB : ce que la France a constaté, passant de 117,7 % au premier trimestre 2021 à 111,8 % au quatrième trimestre 2022.

« Ces deux arguments ne sont pas faux, mais ils oublient des éléments importants », mettait pourtant en garde, dès juillet 2022, une note de la Direction générale du Trés