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Date de création : 19.04.2011
Dernière mise à jour : 10.01.2020
772 articles


Salamandre - 1/2

Publié le 11/10/2024 à 13:00 par drkaroloth Tags : extrait écran centerblog sur roman moi monde femmes nature
Salamandre - 1/2

 

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Salamandre

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Je le sens en moi. C’est sûr, il est à l’étroit, alors il trépigne et fait craquer ses doigts. Maintenu captif derrière le miroir de mes pupilles, il regarde au travers d’elles et ne comprend pas ce qu’il voit. Il doute de la réalité des choses. Il m’habite, me parle, me raisonne, me dit que le monde n’est pas ainsi, que je vis dans un mirage, que la pierre et le fer ne sont pas faits pour être unis, que c’est un mariage contre nature. Il me dit que les choses qui sont profondément enfouies dans la terre sont faites pour y demeurer, que les matières qu’on en extrait sont les peaux mortes des Anciens Mondes, qu’elles distillent un poison lent à se répandre, mais puissant.

Il me dit également que je vis dans un monde chimérique rempli de démons. Il me les montre parfois lorsque nous en croisons un. Moi, je ne vois que des hommes ou des femmes, mais s’il m’arrive de croiser le regard de l’un d’eux, j’ignore pourquoi un imperceptible tremblement se saisit de ma main.

 

Il me dit aussi que ces monstruosités de métal qui vont d’un point à un autre n’ont d’autres utilités que celles d’écraser le temps, de réduire les êtres qu’elles transportent à l’état d’esclavage, de gonfler démesurément l’égo et d’insuffler le goût de la paresse vile, de distendre les liens qui autrefois faisaient des hommes des voisins alors qu’ils ne se reconnaissent plus, qu’ils sont des étrangers les uns pour les autres, qu’ils ont oublié le sens du salut.

C’est lui qui me contraint à ne plus aller qu’à pied. Chaque fois que je prends le volant, il m’insulte et vocifère, me traite de limace, de pied cassé. « Pied cassé » n’est pas une expression qui paraît outrée aux gens de notre époque, mais pour lui, elle est la pire injure qu’il puisse lancer. Je lui obéis, mais pas toujours. Par exemple, je ne l’écoute pas lorsqu’il exige de moi que je me passe de vêtements. Je ne suis pas fou, je sais très bien ce qu’il adviendrait si je me pliais à toutes ces exigences. Je pense qu’il comprend mon point de vue, car généralement, il n’insiste pas sur certains points précis.

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S’il est pourtant vrai qu’avec les années son influence sur mes actes se fait croissante, de temps à autre, les rôles s’inversent. C’est moi qui vois avec ses yeux. Dans ces moments, tout devient différent. J’ai beau m’être habitué, ces villes gigantesques, l’enchevêtrement de leurs rues aux senteurs de goudron, la monstruosité de leurs immeubles dressés vers le ciel, la multitude quasi infinie des automobiles qui s’y pressent chaque jour, ont quelque chose d’incongru, d’irréel, comme des notes qui sonnent faux dans une mélodie.

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Je l’écoute d’une oreille distraite quelques fois, avachi en face de mon téléviseur alors que défilent devant mes yeux des images sans sens. À certaines heures, sur mon écran je découvre des gens à la joie si exubérante qu’elle donne envie de vomir, à lui comme à moi. Dans un état proche de l’hystérie absolue, ces gens hurlent et bondissent au milieu d’un décor de carton-pâte pour un motif si dérisoire que j’en viens à me demander si vraiment eux et moi sommes issus d’un même moule. Évidemment, lui déteste la télévision. Tout ce qu’il y voit le dégoûte et son impuissance à agir sur les choses le révolte. Ses colères sont terribles dans ces instants et c’est moi qui en subis les conséquences. Je l’entends cracher à l’intérieur de mon crâne. J’imagine ses glaires dégouliner entre les circonvolutions de mon cerveau, s’étirer en longs filaments au milieu de sa substance blanche. Je ne m’étonne plus de mes migraines à répétition.

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.suite ici

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Salamandre - 2/2

Publié le 11/10/2024 à 11:00 par drkaroloth Tags : oiseaux prénom anges extrait sur center roman vie moi monde fond fille nature
Salamandre - 2/2

 

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Souvent, je l’entends rugir, mais parfois il se lamente. Les seuls instants qui lui procurent l’apaisement sont ceux où nous nous trouvons dans des endroits à l’apparence sauvage. Quand je traîne sur une plage le regard tourné vers l’horizon ; quand je suis la rive du fleuve par un sentier abandonné et envahi par la végétation ou encore lorsque je parcours d’un pas alerte les chemins qui sillonnent la forêt amicale. C’est là qu’il éprouve le plus de bonheur, parmi les grands chênes pendant que, quittant la sente tracée par les promeneurs, je m’engage au milieu des fougères. De temps à autre, un oiseau ami et espiègle nous reconnaissant alors joue avec nous à cache-cache. Dissimulé dans le feuillage du printemps, il nous lance ce cri pour couvrir l’éclat de son rire : « coucou ! Coucou ! »

À cet appel, il arrive qu’un écureuil au pelage roux vienne se joindre à notre jeu. Il disparait derrière un tronc avant de montrer le bout de son petit museau et son œil malicieux plus haut. L’instant d’après, le voilà redevenu invisible. Lui me dit qu’il connait bien les habitants de la forêt, bien que beaucoup aient disparu depuis les temps où lui et les siens y vivaient et avaient leurs habitudes. À cette époque, me confie-t-il, lui possédait son propre corps et le nourrissait avec la chair des bêtes qu’il tuait lui-même. Je ne réponds pas, quoi que je dise, il ne m’écoute pas. « Serait-il sourd ? » en suis-je venu à me demander !

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Oui, la nature est ce qu’il préfère, mais une chose la surpasse à ses yeux : « le sexe ». Il est aux anges lorsque j’étreins une fille. Soit, je me fais l’effet de faire l’amour sous l’œil grivois d’un voyeur, mais le plus souvent j’arrive néanmoins à me concentrer suffisamment pour faire honneur à la demoiselle, sauf s’il se met à me parler, ce qui peut causer de désagréables quiproquos ; comme lorsque je ne puis m’empêcher de lui demander de se taire pendant que Leticia, Sophia ou quel que soit son prénom, aux anges elle aussi, se crispe soudainement et interroge : « je crie trop fort ? » — « Non ma chérie, non, on ne crie jamais trop fort. » — « Bah, alors ? » — « Rien, ce n’est rien. » Mais pour reprendre la cadence, peau de balle. On a beau faire et s’éreinter, après une sortie comme celle-là, il y a quelque chose de cassé. D’ailleurs, je n’arrive plus à… bon, vous savez. « Allez Martin ! Allez Martin ! » scande en plus une voix que je suis seul à entendre. Oui, parfois, il a de l’humour... mais toujours à mes dépens.

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Les psys qui ne sont jamais en manque d’explication appelleraient ça de la schizophrénie, de la divergence mentale, un dédoublement de la personnalité, il faut toujours qu’il donne un nom à tout. C’est peut-être ça, la maladie dont souffre notre époque, celle de vouloir dénommé tout ce qui existe (ou pas d’ailleurs), même les plus infimes particules : atomes, électrons, neutrons, quarks, bosons et que sais-je encore. C’est peut-être la masse de tous ces mots et de ces abstractions que nous traînons partout derrière nous qui finit par nous abrutir autant, qui nous fait nous éloigner chaque jour un peu plus du bruit du vent, du chant des oiseaux, de la beauté du monde vrai (celui de la nature dont nous semblons nous être extrait par une porte dérobée), de l’essentiel de la vie en somme. En tout cas, je suis sûr de mon fait, il y a quelqu’un dans ma tête. Quelqu’un de réel, bien qu’inconsistant. Pour preuve, hier, je lui ai demandé son nom et il m’a répondu, ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’alors. « Salamandre ». Voilà tout ce qu’il m’a dit.

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Salamandre est tapi au fond de moi. Par mes yeux, il voit le monde et ne comprend pas ce qu’il voit… moi non plus.

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La boîte à secrets

Publié le 24/09/2024 à 08:48 par drkaroloth Tags : fantaisie prénom horreur soi background sur center moi monde jeux papier enfants fille
La boîte à secrets

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La boite à secrets

..

« — C’est quoi cette boîte ?
— une boîte à secrets.
— une boîte à secrets ?
— c’est ce que je viens de te dire, non ? Pourquoi répètes-tu après moi ? J’ai horreur de ça !
— Je n’ai pas répété. Enfin, si, mais…, et à quoi ça sert une boîte à secrets ?
— ah, ah, ah ! Tu es bête !
— je… Kashka, ne me dis pas des choses comme celle-là ! Je ne suis pas plus bête que ton chéri du lycée.
— c’est toi qui le dis Masko. D’abord, tu ne peux pas faire la comparaison, tu ne le connais pas.
— Je l’ai déjà aperçu avec toi. Il n’est pas très beau. Il est dans ta classe ?
— Tu as tort, il est très beau. Ce ne doit pas être lui que tu as vu. C’était quand, lundi midi ? Lorsque je t’ai aperçu sur le trottoir d’en face et alors que je discutais avec Damien ?
— Non, Damien, je le connais. Ce n’était pas lui. C’était un autre garçon, un soir, il y a longtemps, une quinzaine de jours. Il a des cheveux blonds, enfin jaunes, on voit bien qu’il s’agit d’une couleur artificielle. Il a aussi un piercing au coin de la lèvre supérieure.
— Ah, lui ! Et tu ne le trouves pas beau ?
— Heu, non, pas spécialement. Remarque, je suis assez mal placé pour m’exprimer sur la beauté d’un garçon, tu sais ; je ne suis pas gay. Alors, il s’agissait de lui ou pas ce soir-là ?
—…
— Tu ne veux pas répondre ?
— c’est un secret.
— De polichinelle ?
— De polichinelle ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
— C’est une expression qu’utilise mon père. Tu ne l’as jamais entendue ? Elle signifie que ton secret est très largement éventé et qu’il n’en est un que pour toi. Oh, et après tout, je m’en fiche de l’identité de ton chéri, soi-disant chéri. Tu fais ce que tu veux de ton cœur. Tu peux même te le faire casser par qui tu veux.
— Et ton cœur à toi, qui va le casser ?
— Il est indestructible !
— Ah, ah, ah ! Fanfaron va ! Ce que tu sais être drôle parfois, mais j’ai le sentiment que tu ne t’en rends pas toujours compte.
— Dis tout de suite que je suis un imbécile ! Alors, c’est quoi cette boîte ? Tu ne m’as pas répondu.
— Si, je t’ai répondu ! Ne t’ai-je pas dit qu’il s’agit d’une boîte à secrets ?
— À quoi ça sert, comment ça fonctionne ?
— Ah, les garçons ! Vous ne savez qu’être pragmatiques. Vous ne possédez aucune réelle fantaisie, c’est sans doute pour cette raison que vous passez votre temps à jouer sur une console de jeux ou sur un terrain de football. Alors, à ton avis, comment fonctionne-t-elle ma boîte à secrets ? Vas-y, fais travailler ton imagination !
—…
— J’attends, Masko !
— C’est ridicule.
— Pas tant que toi.
— Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Je suppose que si tu l’appelles boîte à secrets, c’est parce qu’elle en contient. Je ne comprends pas encore très bien comment tu les fais entrer à l’intérieur, mais j’imagine, tu vois, je suis capable de cet exploit, que ce ne doit pas être à l’aide d’une méthode très compliquée. Non ?
— Là, tu as raison. Regarde, tu vois sur le couvercle, il y a une petite fente. C’est par celle-ci que je fais entrer mes secrets. Attends, je te fais une démonstration. Voilà, je prends l’un de ces petits post its et dessus, j’écris mon secret. Là, c’est le nom du garçon que j’aime. Ensuite, je plie le papier en quatre et je le glisse à l’intérieur de la boîte.
— Et alors ?
— Alors quoi ? Bah, ça y est, mon secret est à l’abri.
— Et comment le fais-tu ressortir ?
— Le faire ressortir ? Mais tu n’y penses pas ! Si je le mets dans cette boîte, c’est justement pour qu’il y reste à tout jamais. Je ne peux pas ouvrir cette boîte sans la détruire. Ce serait terrible si toutes les boîtes à secrets s’ouvraient subitement toutes grandes ! Tout le monde serait alors au courant de toutes les petites choses que chacun garde en lui. Imagine combien de gens se retrouveraient en prison ! Combien seraient la risée de leur voisinage ! Combien de bagarres, de guerres éclateraient ! Combien de suicides cela entrainerait ! Il est impossible de laisser circuler les secrets librement !
— Pourquoi pas ? Peut-être cela rendrait-il les gens plus tolérants envers les autres.
— Oh non ! Je ne le crois pas. Toi-même, n’as-tu pas des secrets que tu ne révèleras jamais, à personne, quoiqu’il arrive, ou alors dans de très nombreuses années ?
— Si. Mais ils ne sont pas dans une boîte en carton.
— Non. Tes secrets, tu préfères les garder dans un coin de ta boîte crânienne ? Mais c’est pareil, tu sais. N’as-tu jamais partagé un secret avec quelqu’un ?
— Si, évidemment. Mais c’était de petits secrets, des secrets d’enfants, bien que certains enfants ont de terribles secrets enfouis en eux.
— Oui. Mais pas nous. Enfin, pas moi.
Moi non plus. Mes secrets ne causeraient la perte de personne.
— Alors, si tes secrets ne sont pas si grands, peut-être accepterais-tu de m’en donner un pour que je puisse le mettre dans ma boîte.
— Pourquoi pas ? Mais quel genre de secret ?
— Oh, je ne sais pas, quelque chose qui ne t’engage à rien et que tu accepterais de partager avec moi bien sûr.
— Le nom de la fille dont je suis amoureux par exemple.
— Ah, ah ! Ce n'est un secret pour personne que tu sors avec Gesla.
— Ai-je dit que je l’aimais une seule fois ? A qui ?
— Ah bon ! Dans ce cas, c’est véritablement un secret.Tiens, prends mon stylo et ce post it et écris dessus le prénom de cette fille.
— Voilà. Et après ? Je le plie en quatre ?
— Oui. Ensuite, tu me le donnes afin que je le mette dans la boîte. Ainsi il sera à l’abri du regard des curieux pour toujours. Mais si tu me le donnes, il faut accepter que je le lise avant qu’il ne tombe dans l’oubli à jamais. Tu me fais confiance ?
— Oui. Tiens !
— Bon, alors je lis…
— Tu es surprise ?
— Un peu... Au Diable les secrets ! Et si tu m’embrassais imbécile ?
— Tu as raison, au Diable les secrets.
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D.R.K


Pas si facile

Publié le 07/09/2024 à 12:00 par drkaroloth Tags : pensées background center coup soi heureux
Pas si facile

 

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Pas si facile

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Ce n’est pas si facile

De tourner son regard vers l’intérieur.

Ce qu’on sait y demeurer est si noir parfois.

Ce n’est pas si facile

De s’observer sous la lumière aveuglante

De la froide lucidité,

De détailler son être, ses actes,

Comme on sait le faire avec tant d’aisance

Lorsqu'il s'agit des autres,

En se contentant d’analyser la surface des choses

Sans éprouver la moindre compréhension,

Compassion ou mansuétude,

Car là, s’agissant de ses propres abîmes,

L’on peut plonger dans les profondeurs.

Aucune illusion n’abuse l’œil,

Pour peu que l’on soit honnête.

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La plupart du temps,

Prenant la pose devant un miroir,

L'oeils’arrête après avoir traversé le verre.

Juste au point d’équilibre

Qui autorise la reconnaissance de soi

Avec une certaine sympathie

Pour cet être dont le reflet sourit.

Mais si l’on plonge au-delà de l’éclat du tain,

Alors apparaît une chose gluante,

Une sorte de morve grasse écœurante

Dans laquelle est enkysté le souvenir d’horreurs,

D’actes délictueux, de trahisons, de mots terribles

Flottant au milieu d’un océan de remords.

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Là se cache l’origine de la honte,

Celle qui surgit lorsque les pensées dérivent

Vers ce lieu enchâssé dans les ténèbres.

Et tout à coup, voici l’âme tout engluée,

Avilie par le marasme,

Submergée par la culpabilité.

Il semble alors ne plus y avoir d’échappatoire,

Partout où l’on se tourne,

Un souvenir obscur en appelant un autre,

L’on découvre un motif de s’en vouloir,

Jusqu’à l’avalanche et l’écrasement.

À aucun moment, les « si » de nos regrets ne blessent plus,

Ne soulignent plus fortement notre faillibilité.

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L’on pourrait croire qu’avec le temps

Ces souvenirs glauques s’évanouissent,

De la même manière que disparaissent ceux des jours heureux.

Non !

Ils perdurent et semblent même s’ancrer plus fortement

Au fur et à mesure que le temps passe,

Comme des épines fichées dans le muscle

Qui s’enfoncent quand on veut les arracher.

Nos douleurs ne sont rien.

Nous étions victimes

Et nous voici bourreaux.

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D.R.K

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Conte de rien du tout

Publié le 26/08/2024 à 12:00 par drkaroloth Tags : jeune background prix center vie moi coup homme belle pari fille sourire
Conte de rien du tout

 

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Conte de rien du tout

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Il était une fois,

La jeune fille d’un roi

Au sourire narquois,

Bien joli, ma foi.

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Il était une fois,

Un brigand des bois,

Flèches dans son carquois,

Guettant le bourgeois.

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Il était une fois,

Un loup aux abois,

Haut comme un danois,

Méchant et matois.

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Voici donc la liste

Des protagonistes

De ce conte simpliste

Que vous conte l’artiste.

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La reine du menuet

S’égare en forêt

Sans un homme du guet

Pour jouer du mousquet.

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S’en vient le grand loup

Qui a faim beaucoup.

Il flaire le bon coup

Et surgit des houx.

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La fille apeurée

Ne peut se sauver,

S’attend sans le nier

À finir croquée.

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Mais l’histoire est belle,

Car voici que Tell,

Comme tombant du ciel,

Le sort du loup scelle.

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La lutte fut brutale,

Mais c’est bien normal,

Dans un conte oral

Toute fin est morale.

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Lors devant le corps

Du grand loup retors,

À son matador,

Pucelle tend son or.

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Guillaume point n’en veut,

Car seul le grand feu

Qui compte dans ce jeu,

C’est celui des yeux.

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« — Comment remercier ? »

Demande l’insensée.

« — Donne-moi un baiser ! »

Répond son archer.

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Comme il est très beau,

Qu’elle a le cœur chaud,

Elle cède au finaud,

Baissons le rideau.

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Ainsi va la vie,

Tort pour les maudits,

Prix pour les gentils,

Tenons le pari !

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D.R.K

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Neige de juillet

Publié le 10/08/2024 à 12:00 par drkaroloth Tags : center voiture neige background
Neige de juillet

 

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Neige de juillet

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Juillet rayonnait de lumière

Sous le ciel azuré de l’été.

En file indienne marchaient mes frères

Derrière la voiture, dans l’allée.

Toute la famille était là, au pas

Au milieu de ce champ de croix

Et le matin lourd de douleur

Voilait de noir toutes les couleurs.

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Soudain, j’ai vu tomber la neige

J’ai vu tomber la neige

Vu tomber la neige

Tomber la neige

La neige

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D.R.K

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La lente traversée

Publié le 29/07/2024 à 12:00 par drkaroloth Tags : chiens chat revenu femmes sur plat chevaux center mer place voyage fond bienvenue amis bonjour heureux nuit nature bleu sourire
La lente traversée

 

 

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La lente traversée

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— Portés par le courant,

Nous traverserons le pays.

— Le fleuve sera notre guide telle une route liquide

Et nous le descendrons à bord d’un bateau à fond plat.

— Dans les eaux grises du départ nageront d’étranges sirènes,

Des femmes poisson-chat à longues moustaches.

— Belles cependant et distillant le désir,

Elles s’étireront et se prélasseront à la surface,

Espérant le soir et la venue de la lune.

— À cette heure, sous le rond de lumière,

Les mariniers se bercent de mélancolie.

— Cherchant à séduire les mélusines,

Ils fredonnent des chansons tristes de matelots.

— Elles, entre deux rires, écoutent

Sachant que souvent tombent les hommes des péniches

Comme des fruits mûrs de chair.

— Toute la nuit, nous voguerons.

— Pour ne pas prendre le risque de le voir sombrer,

Nous aurons enchaîné notre capitaine à la barre.

— Nous serons heureux de le voir à sa place au levant.

— En arrière, juchées sur des rochers sombres,

Quelques femmes à nageoires nous montreront des dents pointues

En battant l’eau de leur queue de brochet

Puis elles lèveront une main, pour signe d’adieu.

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— Plus loin, avec le matin,

Le ciel s’ouvrira sur un bleu de clarté.

— Nous plisserons les paupières lorsqu’apparaîtra l’astre sublime

Avant de détourner le regard de son insoutenable beauté.

— Commencera dès lors la lente traversée des paysages.

— Abandonnant les monts,

Nous nous dirigerons vers les plates contrées

Où les blés dans la chaleur du plein été auront la couleur de l’or

Et recouvriront la terre d’un tapis de soie aux reflets scintillants.

— Sur la rive, des pêcheurs à la ligne crieront des injures à notre passage,

Feront des gestes sans équivoques sur le déplaisir qu’ils ont à nous voir

Puis, en dernier ressort, ils nous jetteront des pierres

Faisant de nous les cibles de leur ressentiment.

— Nous les oublierons dès leurs silhouettes évaporées.

— Suivront les plaines et les forêts des pays de verdure.

— Cent chevaux curieux nous accompagneront un temps,

En trottant, la crinière au vent, hennissant pour nous dire le bonjour.

— Nous répondrons en applaudissant à leur grâce.

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— Ainsi, les jours passeront, nous offrant mille rencontres

Et emplissant nos têtes de souvenirs impérissables.

— Pour les autres, plus âpres à la mémoire, nous les effacerons.

— Qu’aurons-nous affaire des cités et de leurs quais de bétons,

Des déversoirs d’égouts aux exhalaisons putrides,

De ce ciel gris bouché de murs noirs troués de barreaux ?

— Qu’aurons-nous besoin de nous souvenir de ces têtes d’ânes

Rassemblées en troupeaux sur les bords et les appontements ?

— Pourquoi garder en nous le visage de ces enragés

Se prétendant issus d’une cuisse divine ?

— Qu’aurons-nous besoin de nous rappeler les crachats

Tombant sur nous des ponts comme une pluie,

Les jets de caillou, de pavés, de bouteilles de verre ?

— Que vaudront pour nous les dernières offenses verbales,

 Lancées dans le vent, quand en nous retournant,

Nous verrons s’enfoncer les immeubles et les tours

Dans la brume, la boue et l’aberration,

Pour ne laisser au loin qu’un large dôme de poussière ?

— Qu’aurons-nous à regretter de ces traversées des villes ?

— Le regard morne des chiens ?

— Peut-être.

— Mais bien vite s’évanouiront les images maussades,

Lorsque Nature reviendra nous donner en pâture son spectacle.

— Et passeront les jours… et passeront les nuits…

.

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 — À l’approche de la fin du voyage,

Il nous faudra affronter les dangers du fourbe mascaret,

Ultime piège tendu et destiné à nous faire échouer.

— Ses vagues contre nature remonteront le courant

Faisant tanguer notre esquif sous leurs assauts,

Happant au passage, dans un sursaut de rage, les imprudents fascinés,

Penchés par-dessus le bastingage avec l’espoir de les toucher.

— Le calme revenu, après la peur et les pleurs,

Le fleuve ouvrira un large bras.

— Nous devinerons alors, dans le lointain,

Sous le ciel immense d’azur, la venue de l’océan,

Invisible et pourtant si présent.

— Le vent, venant à notre rencontre, portera ses effluves

Comme des promesses de liberté.

— Des dauphins joyeux, en meute bruyante,

Sautant hors de l’eau pour mieux être vus et se faire admirer,

Nous ouvriront la voie.

— Ils seront nos amis et afficheront un sourire perpétuel.

— Nous les entendrons se réjouir et rire aussi.

— L’un d’eux viendra près de notre coque,

Il s’agira du messager.

— Nous ne comprendrons pas son langage,

Mais nous devinerons dans ses cliquètements des mots de bienvenue.

— Enfin, après des jours d’espérance,

Sous le soleil au midi,

La mer nous accueillera.

— Alors, ivres de son incommensurabilité,

Nous pousserons plus loin,

Pour ne jamais revenir.

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D.R.K

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Vers de Terre

Publié le 01/07/2024 à 17:44 par drkaroloth Tags : center sur
Vers de Terre

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Vers de terre

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Je suis un vers de Terre

Je n'ai pas de molaires

Pas d'os, de maxillaire

Je ne suis que viscères

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Je suis un vers de Terre

Mon hobby c'est de faire

Des trous dans un gruyère

Sans pelle ni paille de fer

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Je suis un vers de Terre

Ce n'est pas pour vous plaire

Qu'en circulant j'aère

Vos jardins en jachère

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Je suis un vers de Terre

Je parcours éphémère

Un curieux univers

Dépourvu de lumières

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Je suis un vers de terre

Des autres je ne diffère

Qu'importe la stratosphère

Et le calcul binaire

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Je suis un vers de Terre

À chacun son calvaire

Je creuse et je m'affaire

Du pré jusqu'au cimetière

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Je suis un vers de Terre

Tunnelier solitaire

Des moins que rien sur Terre

Au syndicat j'adhère

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D.R.K

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Le long voyage

Publié le 04/06/2024 à 15:59 par drkaroloth Tags : oiseaux voyage sur plat center mer monde papier enfants centre femmes nuit
Le long voyage

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Le long voyage

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— En arrivant au port,

Nous découvrirons sur le quai une multitude de gens :

Hommes à casquette, femmes en foulard, enfants turbulents,

Monde bigarré dans l’éclat d’un jour de printemps.

— Lorsque notre péniche aura abordé,

Que par de solides attaches elle sera amarrée,

L’on jettera en travers du bastingage

Une planche reposant à l’autre bout sur les pierres du quai

Et qui fera usage de passerelle.

— Plein de fierté de nous avoir mené à destination

Notre capitaine se lancera dans un bref, mais beau discours

Dans lequel il n’oubliera pas de louer notre courage

Et de vanter ses mérites.

— Puis, il nous embrassera chacun comme l’un de ses enfants.

L’œil humide et le visage marbré d’une secrète tristesse

Pourtant visible malgré le burinage de sa peau de loup des mers

Qui lui conférait un masque habituellement si impassible.

— Viendra l’instant de l’adieu et de celui où il nous tournera le dos

Avant de disparaître englouti par une écoutille.

 .

— Sur le quai, serrés en troupeau, nous déambulerons à pas hésitants,

Entre les pêcheurs bruyants et les acheteurs loquaces

Eux-mêmes regroupés au milieu de caisses entassées emplies de poissons.

— Ceux-ci, aux écailles encore brillantes,  nous regarderons de leur œil rond

Sans même un frémissement de barbillon.

— En s’apercevant de notre présence, l’on s’en étonnera.

— Et quand on viendra à nous poser la question sur l’endroit d’où nous venons,

Et que nous aurons répondu sans mentir,

Un murmure parcourra l’assistance.

— Les monts, ici, pays plats à l’infini seront mystères,

Matières à contes, lieu que l’on gravit en rêves.

— Cependant, la surprise passée, nous redeviendrons de simples voyageurs.

— Alors, chacun retournera à ses mercantiles occupations,

Nous abandonnant à l’indifférence.

 .

— Là, surgissant d’on ne sait où,

Apparaîtra un gros bonhomme à vareuse portant galons d’or.

— Il nous saluera et montrant du doigt un grand navire à hauts mâts

Ensommeillé au centre de la rade,

Il nous révèlera en être le pompeux amiral

Et que son vaisseau et lui étaient en attente de notre venue.

— Des chaloupes menées par des matelots nous porteront à bord.

— Aussitôt, se mettant à la barre, l’amiral donnera ses ordres.

L’ancre remontera des profondeurs avec un bruit de raclements de chaîne

Et les voiles seront déployées donnant au bâtiment toute sa majesté.

— Alors, poussé par un vent de terre, il s’avancera vers l’horizon fuyant

Pendant que notre cœur battra d’excitation.

 .

— Laissant derrière nous la côte,

Nous n’en verrons bientôt plus qu’un mince liseré

Avant qu’elle ne se noie sans se débattre dans la masse de l’océan.

— Commencera le voyage

Dans le bruit des clapotis de l’eau fendue par la proue,

Les craquements du bois, le claquement des voiles, le murmure du vent.

— De grands oiseaux blancs, intrépides et criards

Nous escorterons encore un temps avant de décider d’un demi-tour.

— Dès ce moment, nous serons seuls.

— Notre fier navire deviendra alors si étroit au regard de l’immensité

Que nous ne pourrons nous empêcher de tressaillir d’inquiétude.

— Surtout lorsque les vagues se creuseront

Et hisseront leurs crêtes au-dessus de nos têtes.

 .

—Passeront les jours, passeront les nuits,

Parfois calmes, parfois houleux, parfois déchirés par la tempête.

— De temps à autre, nous croiserons la route d’un troupeau de baleines.

— Elles souffleront et de larges jets d’eau s’échapperont de leur évent

Peut-être pour signifier l’exaspération que notre vue engendre

À moins que ce ne soit une façon de nous saluer.

— Un matin, plat comme une feuille de papier posée,

Perché, l’homme de vigie, de son nid-de-pie lancera un cri.

— Sous la carène, une ombre de jais menaçante se profilera

Insufflant la peur dans notre âme.

— Serpent de mer géant ondulant avec lenteur.

— Par chance, il n’aura pas d’appétit et poursuivra son chemin

Sans un regard pour notre coquille de noix.

 .

— Enfin, après longtemps de voyage, nous toucherons au but.

—Annoncés par le vol d’un banc de poissons volants aux reflets argentés,

Apparaîtront à nos yeux les rivages d’or et d’émeraude noyés d’azur,

Éblouissants sous la lumière du soleil au zénith,

— Nous y ferons escale le temps de chanter, de rire et d’aimer,

Le temps de boire et de brûler nos années,

Le temps d’un aperçu de bonheur,

Le temps de graver d’onctueux souvenirs pour les jours à venir.

— Puis, viendra l’heure de regagner le vaisseau.

— L’amiral, sur le pont, en tenue d’apparat fera tirer le canon.

Ce sera comme un grondement de tonnerre

Et sur la plage à la blancheur d’opale, il résonnera comme un glas.

— Nous regagnerons le bord l’esprit morne,

Mais nous n’aurons pas un regard en arrière en nous éloignant de la côte.

— L’océan à nouveau et son immensité accapareront notre attention.

— Bien d’autres rivages nous aborderons, tous captivants,

Pour autant aucun ne remplacera les pays ensoleillés à la douce moiteur.

— Dans notre esprit, ils demeureront, telles de lumineuses diapositives

Projetées à la surface d’un drap immaculé.

— Souvent, Baleines et dauphins seront nos compagnons de route ;

Oiseaux de mer, nos vigies annonciatrices de terres ;

Etranges créatures sous-marines rôdant à la surface, notre terreur.

— Longtemps,  longtemps nous errerons, de côte en côte,

De lendemain en lendemain,

Jusqu’aux eaux froides des falaises de glace,

Des montagnes blanches dérivantes,

Nous approchant de plus en plus du bord du monde à la nuit profonde.

— Enfin viendra le jour où s’arrêtent les jours.

—Alors, sans plus de temps à compter,

Nous basculerons dans l’oubli

Et nos souvenirs doux des tendres pays aussi.

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D.R.K

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Elle

Publié le 30/04/2024 à 12:00 par drkaroloth Tags : amis background sur center vie moi place monde mort demain dieu
Elle

 

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Elle

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Longtemps, mon chemin se fit sans croiser le sien.

J'existais sans elle et je ne la savais point.

Nous errions dans ce monde, ignorants et sans liens;

Entités étrangères à l'avenir incertain.

D'autres avant elle avaient tendu vers moi la main,

Mais je n'étais pas prêt à défier les : " demain..."

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Ma jeunesse fut emplie de vains questionnements.

Les « qui suis-je ?» suivaient les « pourquoi un maintenant ? »

Du plus petit mystère à l'infiniment grand,

Tout dans mon univers causait l'étonnement,

De mes lignes de la main au puits du firmament,

Comme l'énigme de mes rires précédant l'abattement.

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Puis la vie vint, féroce, détruisant la candeur.

C'était donc cela vivre ? La fatigue, les douleurs ?

La folie des adultes couvrait tout de noirceur.

Mes amis un à un s'en allaient côté cœur,

M'abandonnant au vide, je n'étais plus des leurs.

Je découvrais l'ivresse, la solitude ma sœur.

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Vint le temps de la mort, des torpeurs à épices,

Des fous rires d'artifices, des rêves étranges, factices.

Je m'étais égaré au palais des délices.

Qui n'avance point recule, aurait dit La Palice.

Je sombrais, me prenais pour nouvel aruspice,

Inventant le destin, déchiffrant la notice.

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L'illuminé est un aveugle sur la terre,

Usant de ses chimères, il construit son enfer.

Tel j'étais au milieu de la fête, insulaire,

Avec la conviction de dominer le tonnerre.

Je me pensais d'acier, j'étais fragment de verre.

Ainsi altère les sens la démence ordinaire.

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Très longtemps impuissant à quitter ce décor,

Je refermais un jour la porte du corridor.

Grand, j'ouvrais ma fenêtre aux clartés de l'aurore

Redécouvrant le geste et les plaisirs du corps,

M'adonnant à nouveau au jeu de Philidor.

Je savais la méthode pour redevenir fort.

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Je voulais faire rimer le mot félicité,

Mais fragile je restais, facile à persuader.

Une sorte de pythie plus que moi illusionnée

Fit entrer dans ma vie foi et divinité.

J'avais beaucoup failli. Je devais être sauvé.

Il fallait se courber, invoquer et prier.

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Quand les certitudes passent, au soupçon elles font place.

Je m'interrogeais, cherchais ce Dieu dans ma glace,

Ne voyais qu'un reflet hasardeux et fugace.

Je renonçais à croire, ôtais ma carapace.

J'acceptais d'être humain, assumais ma carcasse.

« Ressentir et savoir » seraient ma dédicace.

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Alors, elle arriva, parfumée de lilas.

Patiente, elle attendait tout comme moi l' « eurêka ! »

Un matin de printemps, elle accepta mon bras.

Depuis, chaque jour naissant nous trouve sous le même drap.

Parfois je la regarde et m'étonne qu'elle soit là,

Mais si vous lui faites mal, je sors mon coutelas !

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D.R.K

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