Récits de D.R.Karoloth
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petit coucou du jours.j espère que tu vas bien.je remet petit à petit des photos sur mon blog.un peu le binss
Par koukla, le 06.06.2024
bonjour,
je te remercie doublement de ton aide. non seulement tu as donné ton appréciation, mais tu m'as mo
Par Paule Di Grézia, le 13.01.2013
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Par drkaroloth, le 12.01.2013
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Par leeloochatana, le 11.01.2013
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Par babayaga, le 05.01.2013
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Date de création : 19.04.2011
Dernière mise à jour :
10.01.2020
772 articles
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Salamandre
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Je le sens en moi. C’est sûr, il est à l’étroit, alors il trépigne et fait craquer ses doigts. Maintenu captif derrière le miroir de mes pupilles, il regarde au travers d’elles et ne comprend pas ce qu’il voit. Il doute de la réalité des choses. Il m’habite, me parle, me raisonne, me dit que le monde n’est pas ainsi, que je vis dans un mirage, que la pierre et le fer ne sont pas faits pour être unis, que c’est un mariage contre nature. Il me dit que les choses qui sont profondément enfouies dans la terre sont faites pour y demeurer, que les matières qu’on en extrait sont les peaux mortes des Anciens Mondes, qu’elles distillent un poison lent à se répandre, mais puissant.
Il me dit également que je vis dans un monde chimérique rempli de démons. Il me les montre parfois lorsque nous en croisons un. Moi, je ne vois que des hommes ou des femmes, mais s’il m’arrive de croiser le regard de l’un d’eux, j’ignore pourquoi un imperceptible tremblement se saisit de ma main.
Il me dit aussi que ces monstruosités de métal qui vont d’un point à un autre n’ont d’autres utilités que celles d’écraser le temps, de réduire les êtres qu’elles transportent à l’état d’esclavage, de gonfler démesurément l’égo et d’insuffler le goût de la paresse vile, de distendre les liens qui autrefois faisaient des hommes des voisins alors qu’ils ne se reconnaissent plus, qu’ils sont des étrangers les uns pour les autres, qu’ils ont oublié le sens du salut.
C’est lui qui me contraint à ne plus aller qu’à pied. Chaque fois que je prends le volant, il m’insulte et vocifère, me traite de limace, de pied cassé. « Pied cassé » n’est pas une expression qui paraît outrée aux gens de notre époque, mais pour lui, elle est la pire injure qu’il puisse lancer. Je lui obéis, mais pas toujours. Par exemple, je ne l’écoute pas lorsqu’il exige de moi que je me passe de vêtements. Je ne suis pas fou, je sais très bien ce qu’il adviendrait si je me pliais à toutes ces exigences. Je pense qu’il comprend mon point de vue, car généralement, il n’insiste pas sur certains points précis.
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S’il est pourtant vrai qu’avec les années son influence sur mes actes se fait croissante, de temps à autre, les rôles s’inversent. C’est moi qui vois avec ses yeux. Dans ces moments, tout devient différent. J’ai beau m’être habitué, ces villes gigantesques, l’enchevêtrement de leurs rues aux senteurs de goudron, la monstruosité de leurs immeubles dressés vers le ciel, la multitude quasi infinie des automobiles qui s’y pressent chaque jour, ont quelque chose d’incongru, d’irréel, comme des notes qui sonnent faux dans une mélodie.
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Je l’écoute d’une oreille distraite quelques fois, avachi en face de mon téléviseur alors que défilent devant mes yeux des images sans sens. À certaines heures, sur mon écran je découvre des gens à la joie si exubérante qu’elle donne envie de vomir, à lui comme à moi. Dans un état proche de l’hystérie absolue, ces gens hurlent et bondissent au milieu d’un décor de carton-pâte pour un motif si dérisoire que j’en viens à me demander si vraiment eux et moi sommes issus d’un même moule. Évidemment, lui déteste la télévision. Tout ce qu’il y voit le dégoûte et son impuissance à agir sur les choses le révolte. Ses colères sont terribles dans ces instants et c’est moi qui en subis les conséquences. Je l’entends cracher à l’intérieur de mon crâne. J’imagine ses glaires dégouliner entre les circonvolutions de mon cerveau, s’étirer en longs filaments au milieu de sa substance blanche. Je ne m’étonne plus de mes migraines à répétition.
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Souvent, je l’entends rugir, mais parfois il se lamente. Les seuls instants qui lui procurent l’apaisement sont ceux où nous nous trouvons dans des endroits à l’apparence sauvage. Quand je traîne sur une plage le regard tourné vers l’horizon ; quand je suis la rive du fleuve par un sentier abandonné et envahi par la végétation ou encore lorsque je parcours d’un pas alerte les chemins qui sillonnent la forêt amicale. C’est là qu’il éprouve le plus de bonheur, parmi les grands chênes pendant que, quittant la sente tracée par les promeneurs, je m’engage au milieu des fougères. De temps à autre, un oiseau ami et espiègle nous reconnaissant alors joue avec nous à cache-cache. Dissimulé dans le feuillage du printemps, il nous lance ce cri pour couvrir l’éclat de son rire : « coucou ! Coucou ! »
À cet appel, il arrive qu’un écureuil au pelage roux vienne se joindre à notre jeu. Il disparait derrière un tronc avant de montrer le bout de son petit museau et son œil malicieux plus haut. L’instant d’après, le voilà redevenu invisible. Lui me dit qu’il connait bien les habitants de la forêt, bien que beaucoup aient disparu depuis les temps où lui et les siens y vivaient et avaient leurs habitudes. À cette époque, me confie-t-il, lui possédait son propre corps et le nourrissait avec la chair des bêtes qu’il tuait lui-même. Je ne réponds pas, quoi que je dise, il ne m’écoute pas. « Serait-il sourd ? » en suis-je venu à me demander !
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Oui, la nature est ce qu’il préfère, mais une chose la surpasse à ses yeux : « le sexe ». Il est aux anges lorsque j’étreins une fille. Soit, je me fais l’effet de faire l’amour sous l’œil grivois d’un voyeur, mais le plus souvent j’arrive néanmoins à me concentrer suffisamment pour faire honneur à la demoiselle, sauf s’il se met à me parler, ce qui peut causer de désagréables quiproquos ; comme lorsque je ne puis m’empêcher de lui demander de se taire pendant que Leticia, Sophia ou quel que soit son prénom, aux anges elle aussi, se crispe soudainement et interroge : « je crie trop fort ? » — « Non ma chérie, non, on ne crie jamais trop fort. » — « Bah, alors ? » — « Rien, ce n’est rien. » Mais pour reprendre la cadence, peau de balle. On a beau faire et s’éreinter, après une sortie comme celle-là, il y a quelque chose de cassé. D’ailleurs, je n’arrive plus à… bon, vous savez. « Allez Martin ! Allez Martin ! » scande en plus une voix que je suis seul à entendre. Oui, parfois, il a de l’humour... mais toujours à mes dépens.
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Les psys qui ne sont jamais en manque d’explication appelleraient ça de la schizophrénie, de la divergence mentale, un dédoublement de la personnalité, il faut toujours qu’il donne un nom à tout. C’est peut-être ça, la maladie dont souffre notre époque, celle de vouloir dénommé tout ce qui existe (ou pas d’ailleurs), même les plus infimes particules : atomes, électrons, neutrons, quarks, bosons et que sais-je encore. C’est peut-être la masse de tous ces mots et de ces abstractions que nous traînons partout derrière nous qui finit par nous abrutir autant, qui nous fait nous éloigner chaque jour un peu plus du bruit du vent, du chant des oiseaux, de la beauté du monde vrai (celui de la nature dont nous semblons nous être extrait par une porte dérobée), de l’essentiel de la vie en somme. En tout cas, je suis sûr de mon fait, il y a quelqu’un dans ma tête. Quelqu’un de réel, bien qu’inconsistant. Pour preuve, hier, je lui ai demandé son nom et il m’a répondu, ce qu’il n’avait jamais fait jusqu’alors. « Salamandre ». Voilà tout ce qu’il m’a dit.
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Salamandre est tapi au fond de moi. Par mes yeux, il voit le monde et ne comprend pas ce qu’il voit… moi non plus.
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La boite à secrets
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« — C’est quoi cette boîte ?
— une boîte à secrets.
— une boîte à secrets ?
— c’est ce que je viens de te dire, non ? Pourquoi répètes-tu après moi ? J’ai horreur de ça !
— Je n’ai pas répété. Enfin, si, mais…, et à quoi ça sert une boîte à secrets ?
— ah, ah, ah ! Tu es bête !
— je… Kashka, ne me dis pas des choses comme celle-là ! Je ne suis pas plus bête que ton chéri du lycée.
— c’est toi qui le dis Masko. D’abord, tu ne peux pas faire la comparaison, tu ne le connais pas.
— Je l’ai déjà aperçu avec toi. Il n’est pas très beau. Il est dans ta classe ?
— Tu as tort, il est très beau. Ce ne doit pas être lui que tu as vu. C’était quand, lundi midi ? Lorsque je t’ai aperçu sur le trottoir d’en face et alors que je discutais avec Damien ?
— Non, Damien, je le connais. Ce n’était pas lui. C’était un autre garçon, un soir, il y a longtemps, une quinzaine de jours. Il a des cheveux blonds, enfin jaunes, on voit bien qu’il s’agit d’une couleur artificielle. Il a aussi un piercing au coin de la lèvre supérieure.
— Ah, lui ! Et tu ne le trouves pas beau ?
— Heu, non, pas spécialement. Remarque, je suis assez mal placé pour m’exprimer sur la beauté d’un garçon, tu sais ; je ne suis pas gay. Alors, il s’agissait de lui ou pas ce soir-là ?
—…
— Tu ne veux pas répondre ?
— c’est un secret.
— De polichinelle ?
— De polichinelle ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
— C’est une expression qu’utilise mon père. Tu ne l’as jamais entendue ? Elle signifie que ton secret est très largement éventé et qu’il n’en est un que pour toi. Oh, et après tout, je m’en fiche de l’identité de ton chéri, soi-disant chéri. Tu fais ce que tu veux de ton cœur. Tu peux même te le faire casser par qui tu veux.
— Et ton cœur à toi, qui va le casser ?
— Il est indestructible !
— Ah, ah, ah ! Fanfaron va ! Ce que tu sais être drôle parfois, mais j’ai le sentiment que tu ne t’en rends pas toujours compte.
— Dis tout de suite que je suis un imbécile ! Alors, c’est quoi cette boîte ? Tu ne m’as pas répondu.
— Si, je t’ai répondu ! Ne t’ai-je pas dit qu’il s’agit d’une boîte à secrets ?
— À quoi ça sert, comment ça fonctionne ?
— Ah, les garçons ! Vous ne savez qu’être pragmatiques. Vous ne possédez aucune réelle fantaisie, c’est sans doute pour cette raison que vous passez votre temps à jouer sur une console de jeux ou sur un terrain de football. Alors, à ton avis, comment fonctionne-t-elle ma boîte à secrets ? Vas-y, fais travailler ton imagination !
—…
— J’attends, Masko !
— C’est ridicule.
— Pas tant que toi.
— Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Je suppose que si tu l’appelles boîte à secrets, c’est parce qu’elle en contient. Je ne comprends pas encore très bien comment tu les fais entrer à l’intérieur, mais j’imagine, tu vois, je suis capable de cet exploit, que ce ne doit pas être à l’aide d’une méthode très compliquée. Non ?
— Là, tu as raison. Regarde, tu vois sur le couvercle, il y a une petite fente. C’est par celle-ci que je fais entrer mes secrets. Attends, je te fais une démonstration. Voilà, je prends l’un de ces petits post its et dessus, j’écris mon secret. Là, c’est le nom du garçon que j’aime. Ensuite, je plie le papier en quatre et je le glisse à l’intérieur de la boîte.
— Et alors ?
— Alors quoi ? Bah, ça y est, mon secret est à l’abri.
— Et comment le fais-tu ressortir ?
— Le faire ressortir ? Mais tu n’y penses pas ! Si je le mets dans cette boîte, c’est justement pour qu’il y reste à tout jamais. Je ne peux pas ouvrir cette boîte sans la détruire. Ce serait terrible si toutes les boîtes à secrets s’ouvraient subitement toutes grandes ! Tout le monde serait alors au courant de toutes les petites choses que chacun garde en lui. Imagine combien de gens se retrouveraient en prison ! Combien seraient la risée de leur voisinage ! Combien de bagarres, de guerres éclateraient ! Combien de suicides cela entrainerait ! Il est impossible de laisser circuler les secrets librement !
— Pourquoi pas ? Peut-être cela rendrait-il les gens plus tolérants envers les autres.
— Oh non ! Je ne le crois pas. Toi-même, n’as-tu pas des secrets que tu ne révèleras jamais, à personne, quoiqu’il arrive, ou alors dans de très nombreuses années ?
— Si. Mais ils ne sont pas dans une boîte en carton.
— Non. Tes secrets, tu préfères les garder dans un coin de ta boîte crânienne ? Mais c’est pareil, tu sais. N’as-tu jamais partagé un secret avec quelqu’un ?
— Si, évidemment. Mais c’était de petits secrets, des secrets d’enfants, bien que certains enfants ont de terribles secrets enfouis en eux.
— Oui. Mais pas nous. Enfin, pas moi.
— Moi non plus. Mes secrets ne causeraient la perte de personne.
— Alors, si tes secrets ne sont pas si grands, peut-être accepterais-tu de m’en donner un pour que je puisse le mettre dans ma boîte.
— Pourquoi pas ? Mais quel genre de secret ?
— Oh, je ne sais pas, quelque chose qui ne t’engage à rien et que tu accepterais de partager avec moi bien sûr.
— Le nom de la fille dont je suis amoureux par exemple.
— Ah, ah ! Ce n'est un secret pour personne que tu sors avec Gesla.
— Ai-je dit que je l’aimais une seule fois ? A qui ?
— Ah bon ! Dans ce cas, c’est véritablement un secret.Tiens, prends mon stylo et ce post it et écris dessus le prénom de cette fille.
— Voilà. Et après ? Je le plie en quatre ?
— Oui. Ensuite, tu me le donnes afin que je le mette dans la boîte. Ainsi il sera à l’abri du regard des curieux pour toujours. Mais si tu me le donnes, il faut accepter que je le lise avant qu’il ne tombe dans l’oubli à jamais. Tu me fais confiance ?
— Oui. Tiens !
— Bon, alors je lis…
— Tu es surprise ?
— Un peu... Au Diable les secrets ! Et si tu m’embrassais imbécile ?
— Tu as raison, au Diable les secrets. .
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D.R.K
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Pas si facile
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Ce n’est pas si facile
De tourner son regard vers l’intérieur.
Ce qu’on sait y demeurer est si noir parfois.
Ce n’est pas si facile
De s’observer sous la lumière aveuglante
De la froide lucidité,
De détailler son être, ses actes,
Comme on sait le faire avec tant d’aisance
Lorsqu'il s'agit des autres,
En se contentant d’analyser la surface des choses
Sans éprouver la moindre compréhension,
Compassion ou mansuétude,
Car là, s’agissant de ses propres abîmes,
L’on peut plonger dans les profondeurs.
Aucune illusion n’abuse l’œil,
Pour peu que l’on soit honnête.
.
La plupart du temps,
Prenant la pose devant un miroir,
L'oeils’arrête après avoir traversé le verre.
Juste au point d’équilibre
Qui autorise la reconnaissance de soi
Avec une certaine sympathie
Pour cet être dont le reflet sourit.
Mais si l’on plonge au-delà de l’éclat du tain,
Alors apparaît une chose gluante,
Une sorte de morve grasse écœurante
Dans laquelle est enkysté le souvenir d’horreurs,
D’actes délictueux, de trahisons, de mots terribles
Flottant au milieu d’un océan de remords.
.
Là se cache l’origine de la honte,
Celle qui surgit lorsque les pensées dérivent
Vers ce lieu enchâssé dans les ténèbres.
Et tout à coup, voici l’âme tout engluée,
Avilie par le marasme,
Submergée par la culpabilité.
Il semble alors ne plus y avoir d’échappatoire,
Partout où l’on se tourne,
Un souvenir obscur en appelant un autre,
L’on découvre un motif de s’en vouloir,
Jusqu’à l’avalanche et l’écrasement.
À aucun moment, les « si » de nos regrets ne blessent plus,
Ne soulignent plus fortement notre faillibilité.
.
L’on pourrait croire qu’avec le temps
Ces souvenirs glauques s’évanouissent,
De la même manière que disparaissent ceux des jours heureux.
Non !
Ils perdurent et semblent même s’ancrer plus fortement
Au fur et à mesure que le temps passe,
Comme des épines fichées dans le muscle
Qui s’enfoncent quand on veut les arracher.
Nos douleurs ne sont rien.
Nous étions victimes
Et nous voici bourreaux.
.
D.R.K
.
?
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Conte de rien du tout
.
Il était une fois,
La jeune fille d’un roi
Au sourire narquois,
Bien joli, ma foi.
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Il était une fois,
Un brigand des bois,
Flèches dans son carquois,
Guettant le bourgeois.
.
Il était une fois,
Un loup aux abois,
Haut comme un danois,
Méchant et matois.
.
Voici donc la liste
Des protagonistes
De ce conte simpliste
Que vous conte l’artiste.
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La reine du menuet
S’égare en forêt
Sans un homme du guet
Pour jouer du mousquet.
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S’en vient le grand loup
Qui a faim beaucoup.
Il flaire le bon coup
Et surgit des houx.
.
La fille apeurée
Ne peut se sauver,
S’attend sans le nier
À finir croquée.
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Mais l’histoire est belle,
Car voici que Tell,
Comme tombant du ciel,
Le sort du loup scelle.
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La lutte fut brutale,
Mais c’est bien normal,
Dans un conte oral
Toute fin est morale.
.
Lors devant le corps
Du grand loup retors,
À son matador,
Pucelle tend son or.
.
Guillaume point n’en veut,
Car seul le grand feu
Qui compte dans ce jeu,
C’est celui des yeux.
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« — Comment remercier ? »
Demande l’insensée.
« — Donne-moi un baiser ! »
Répond son archer.
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Comme il est très beau,
Qu’elle a le cœur chaud,
Elle cède au finaud,
Baissons le rideau.
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Ainsi va la vie,
Tort pour les maudits,
Prix pour les gentils,
Tenons le pari !
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D.R.K
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Neige de juillet
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Juillet rayonnait de lumière
Sous le ciel azuré de l’été.
En file indienne marchaient mes frères
Derrière la voiture, dans l’allée.
Toute la famille était là, au pas
Au milieu de ce champ de croix
Et le matin lourd de douleur
Voilait de noir toutes les couleurs.
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Soudain, j’ai vu tomber la neige
J’ai vu tomber la neige
Vu tomber la neige
Tomber la neige
La neige
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D.R.K
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La lente traversée
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— Portés par le courant,
Nous traverserons le pays.
— Le fleuve sera notre guide telle une route liquide
Et nous le descendrons à bord d’un bateau à fond plat.
— Dans les eaux grises du départ nageront d’étranges sirènes,
Des femmes poisson-chat à longues moustaches.
— Belles cependant et distillant le désir,
Elles s’étireront et se prélasseront à la surface,
Espérant le soir et la venue de la lune.
— À cette heure, sous le rond de lumière,
Les mariniers se bercent de mélancolie.
— Cherchant à séduire les mélusines,
Ils fredonnent des chansons tristes de matelots.
— Elles, entre deux rires, écoutent
Sachant que souvent tombent les hommes des péniches
Comme des fruits mûrs de chair.
— Toute la nuit, nous voguerons.
— Pour ne pas prendre le risque de le voir sombrer,
Nous aurons enchaîné notre capitaine à la barre.
— Nous serons heureux de le voir à sa place au levant.
— En arrière, juchées sur des rochers sombres,
Quelques femmes à nageoires nous montreront des dents pointues
En battant l’eau de leur queue de brochet
Puis elles lèveront une main, pour signe d’adieu.
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— Plus loin, avec le matin,
Le ciel s’ouvrira sur un bleu de clarté.
— Nous plisserons les paupières lorsqu’apparaîtra l’astre sublime
Avant de détourner le regard de son insoutenable beauté.
— Commencera dès lors la lente traversée des paysages.
— Abandonnant les monts,
Nous nous dirigerons vers les plates contrées
Où les blés dans la chaleur du plein été auront la couleur de l’or
Et recouvriront la terre d’un tapis de soie aux reflets scintillants.
— Sur la rive, des pêcheurs à la ligne crieront des injures à notre passage,
Feront des gestes sans équivoques sur le déplaisir qu’ils ont à nous voir
Puis, en dernier ressort, ils nous jetteront des pierres
Faisant de nous les cibles de leur ressentiment.
— Nous les oublierons dès leurs silhouettes évaporées.
— Suivront les plaines et les forêts des pays de verdure.
— Cent chevaux curieux nous accompagneront un temps,
En trottant, la crinière au vent, hennissant pour nous dire le bonjour.
— Nous répondrons en applaudissant à leur grâce.
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— Ainsi, les jours passeront, nous offrant mille rencontres
Et emplissant nos têtes de souvenirs impérissables.
— Pour les autres, plus âpres à la mémoire, nous les effacerons.
— Qu’aurons-nous affaire des cités et de leurs quais de bétons,
Des déversoirs d’égouts aux exhalaisons putrides,
De ce ciel gris bouché de murs noirs troués de barreaux ?
— Qu’aurons-nous besoin de nous souvenir de ces têtes d’ânes
Rassemblées en troupeaux sur les bords et les appontements ?
— Pourquoi garder en nous le visage de ces enragés
Se prétendant issus d’une cuisse divine ?
— Qu’aurons-nous besoin de nous rappeler les crachats
Tombant sur nous des ponts comme une pluie,
Les jets de caillou, de pavés, de bouteilles de verre ?
— Que vaudront pour nous les dernières offenses verbales,
Lancées dans le vent, quand en nous retournant,
Nous verrons s’enfoncer les immeubles et les tours
Dans la brume, la boue et l’aberration,
Pour ne laisser au loin qu’un large dôme de poussière ?
— Qu’aurons-nous à regretter de ces traversées des villes ?
— Le regard morne des chiens ?
— Peut-être.
— Mais bien vite s’évanouiront les images maussades,
Lorsque Nature reviendra nous donner en pâture son spectacle.
— Et passeront les jours… et passeront les nuits…
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— À l’approche de la fin du voyage,
Il nous faudra affronter les dangers du fourbe mascaret,
Ultime piège tendu et destiné à nous faire échouer.
— Ses vagues contre nature remonteront le courant
Faisant tanguer notre esquif sous leurs assauts,
Happant au passage, dans un sursaut de rage, les imprudents fascinés,
Penchés par-dessus le bastingage avec l’espoir de les toucher.
— Le calme revenu, après la peur et les pleurs,
Le fleuve ouvrira un large bras.
— Nous devinerons alors, dans le lointain,
Sous le ciel immense d’azur, la venue de l’océan,
Invisible et pourtant si présent.
— Le vent, venant à notre rencontre, portera ses effluves
Comme des promesses de liberté.
— Des dauphins joyeux, en meute bruyante,
Sautant hors de l’eau pour mieux être vus et se faire admirer,
Nous ouvriront la voie.
— Ils seront nos amis et afficheront un sourire perpétuel.
— Nous les entendrons se réjouir et rire aussi.
— L’un d’eux viendra près de notre coque,
Il s’agira du messager.
— Nous ne comprendrons pas son langage,
Mais nous devinerons dans ses cliquètements des mots de bienvenue.
— Enfin, après des jours d’espérance,
Sous le soleil au midi,
La mer nous accueillera.
— Alors, ivres de son incommensurabilité,
Nous pousserons plus loin,
Pour ne jamais revenir.
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D.R.K
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Vers de terre
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Je suis un vers de Terre
Je n'ai pas de molaires
Pas d'os, de maxillaire
Je ne suis que viscères
.
Je suis un vers de Terre
Mon hobby c'est de faire
Des trous dans un gruyère
Sans pelle ni paille de fer
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Je suis un vers de Terre
Ce n'est pas pour vous plaire
Qu'en circulant j'aère
Vos jardins en jachère
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Je suis un vers de Terre
Je parcours éphémère
Un curieux univers
Dépourvu de lumières
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Je suis un vers de terre
Des autres je ne diffère
Qu'importe la stratosphère
Et le calcul binaire
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Je suis un vers de Terre
À chacun son calvaire
Je creuse et je m'affaire
Du pré jusqu'au cimetière
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Je suis un vers de Terre
Tunnelier solitaire
Des moins que rien sur Terre
Au syndicat j'adhère
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D.R.K
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Le long voyage
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— En arrivant au port,
Nous découvrirons sur le quai une multitude de gens :
Hommes à casquette, femmes en foulard, enfants turbulents,
Monde bigarré dans l’éclat d’un jour de printemps.
— Lorsque notre péniche aura abordé,
Que par de solides attaches elle sera amarrée,
L’on jettera en travers du bastingage
Une planche reposant à l’autre bout sur les pierres du quai
Et qui fera usage de passerelle.
— Plein de fierté de nous avoir mené à destination
Notre capitaine se lancera dans un bref, mais beau discours
Dans lequel il n’oubliera pas de louer notre courage
Et de vanter ses mérites.
— Puis, il nous embrassera chacun comme l’un de ses enfants.
L’œil humide et le visage marbré d’une secrète tristesse
Pourtant visible malgré le burinage de sa peau de loup des mers
Qui lui conférait un masque habituellement si impassible.
— Viendra l’instant de l’adieu et de celui où il nous tournera le dos
Avant de disparaître englouti par une écoutille.
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— Sur le quai, serrés en troupeau, nous déambulerons à pas hésitants,
Entre les pêcheurs bruyants et les acheteurs loquaces
Eux-mêmes regroupés au milieu de caisses entassées emplies de poissons.
— Ceux-ci, aux écailles encore brillantes, nous regarderons de leur œil rond
Sans même un frémissement de barbillon.
— En s’apercevant de notre présence, l’on s’en étonnera.
— Et quand on viendra à nous poser la question sur l’endroit d’où nous venons,
Et que nous aurons répondu sans mentir,
Un murmure parcourra l’assistance.
— Les monts, ici, pays plats à l’infini seront mystères,
Matières à contes, lieu que l’on gravit en rêves.
— Cependant, la surprise passée, nous redeviendrons de simples voyageurs.
— Alors, chacun retournera à ses mercantiles occupations,
Nous abandonnant à l’indifférence.
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— Là, surgissant d’on ne sait où,
Apparaîtra un gros bonhomme à vareuse portant galons d’or.
— Il nous saluera et montrant du doigt un grand navire à hauts mâts
Ensommeillé au centre de la rade,
Il nous révèlera en être le pompeux amiral
Et que son vaisseau et lui étaient en attente de notre venue.
— Des chaloupes menées par des matelots nous porteront à bord.
— Aussitôt, se mettant à la barre, l’amiral donnera ses ordres.
L’ancre remontera des profondeurs avec un bruit de raclements de chaîne
Et les voiles seront déployées donnant au bâtiment toute sa majesté.
— Alors, poussé par un vent de terre, il s’avancera vers l’horizon fuyant
Pendant que notre cœur battra d’excitation.
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— Laissant derrière nous la côte,
Nous n’en verrons bientôt plus qu’un mince liseré
Avant qu’elle ne se noie sans se débattre dans la masse de l’océan.
— Commencera le voyage
Dans le bruit des clapotis de l’eau fendue par la proue,
Les craquements du bois, le claquement des voiles, le murmure du vent.
— De grands oiseaux blancs, intrépides et criards
Nous escorterons encore un temps avant de décider d’un demi-tour.
— Dès ce moment, nous serons seuls.
— Notre fier navire deviendra alors si étroit au regard de l’immensité
Que nous ne pourrons nous empêcher de tressaillir d’inquiétude.
— Surtout lorsque les vagues se creuseront
Et hisseront leurs crêtes au-dessus de nos têtes.
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—Passeront les jours, passeront les nuits,
Parfois calmes, parfois houleux, parfois déchirés par la tempête.
— De temps à autre, nous croiserons la route d’un troupeau de baleines.
— Elles souffleront et de larges jets d’eau s’échapperont de leur évent
Peut-être pour signifier l’exaspération que notre vue engendre
À moins que ce ne soit une façon de nous saluer.
— Un matin, plat comme une feuille de papier posée,
Perché, l’homme de vigie, de son nid-de-pie lancera un cri.
— Sous la carène, une ombre de jais menaçante se profilera
Insufflant la peur dans notre âme.
— Serpent de mer géant ondulant avec lenteur.
— Par chance, il n’aura pas d’appétit et poursuivra son chemin
Sans un regard pour notre coquille de noix.
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— Enfin, après longtemps de voyage, nous toucherons au but.
—Annoncés par le vol d’un banc de poissons volants aux reflets argentés,
Apparaîtront à nos yeux les rivages d’or et d’émeraude noyés d’azur,
Éblouissants sous la lumière du soleil au zénith,
— Nous y ferons escale le temps de chanter, de rire et d’aimer,
Le temps de boire et de brûler nos années,
Le temps d’un aperçu de bonheur,
Le temps de graver d’onctueux souvenirs pour les jours à venir.
— Puis, viendra l’heure de regagner le vaisseau.
— L’amiral, sur le pont, en tenue d’apparat fera tirer le canon.
Ce sera comme un grondement de tonnerre
Et sur la plage à la blancheur d’opale, il résonnera comme un glas.
— Nous regagnerons le bord l’esprit morne,
Mais nous n’aurons pas un regard en arrière en nous éloignant de la côte.
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— L’océan à nouveau et son immensité accapareront notre attention.
— Bien d’autres rivages nous aborderons, tous captivants,
Pour autant aucun ne remplacera les pays ensoleillés à la douce moiteur.
— Dans notre esprit, ils demeureront, telles de lumineuses diapositives
Projetées à la surface d’un drap immaculé.
— Souvent, Baleines et dauphins seront nos compagnons de route ;
Oiseaux de mer, nos vigies annonciatrices de terres ;
Etranges créatures sous-marines rôdant à la surface, notre terreur.
— Longtemps, longtemps nous errerons, de côte en côte,
De lendemain en lendemain,
Jusqu’aux eaux froides des falaises de glace,
Des montagnes blanches dérivantes,
Nous approchant de plus en plus du bord du monde à la nuit profonde.
— Enfin viendra le jour où s’arrêtent les jours.
—Alors, sans plus de temps à compter,
Nous basculerons dans l’oubli
Et nos souvenirs doux des tendres pays aussi.
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D.R.K
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?
..
Elle
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Longtemps, mon chemin se fit sans croiser le sien.
J'existais sans elle et je ne la savais point.
Nous errions dans ce monde, ignorants et sans liens;
Entités étrangères à l'avenir incertain.
D'autres avant elle avaient tendu vers moi la main,
Mais je n'étais pas prêt à défier les : " demain..."
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Ma jeunesse fut emplie de vains questionnements.
Les « qui suis-je ?» suivaient les « pourquoi un maintenant ? »
Du plus petit mystère à l'infiniment grand,
Tout dans mon univers causait l'étonnement,
De mes lignes de la main au puits du firmament,
Comme l'énigme de mes rires précédant l'abattement.
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Puis la vie vint, féroce, détruisant la candeur.
C'était donc cela vivre ? La fatigue, les douleurs ?
La folie des adultes couvrait tout de noirceur.
Mes amis un à un s'en allaient côté cœur,
M'abandonnant au vide, je n'étais plus des leurs.
Je découvrais l'ivresse, la solitude ma sœur.
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Vint le temps de la mort, des torpeurs à épices,
Des fous rires d'artifices, des rêves étranges, factices.
Je m'étais égaré au palais des délices.
Qui n'avance point recule, aurait dit La Palice.
Je sombrais, me prenais pour nouvel aruspice,
Inventant le destin, déchiffrant la notice.
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L'illuminé est un aveugle sur la terre,
Usant de ses chimères, il construit son enfer.
Tel j'étais au milieu de la fête, insulaire,
Avec la conviction de dominer le tonnerre.
Je me pensais d'acier, j'étais fragment de verre.
Ainsi altère les sens la démence ordinaire.
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Très longtemps impuissant à quitter ce décor,
Je refermais un jour la porte du corridor.
Grand, j'ouvrais ma fenêtre aux clartés de l'aurore
Redécouvrant le geste et les plaisirs du corps,
M'adonnant à nouveau au jeu de Philidor.
Je savais la méthode pour redevenir fort.
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Je voulais faire rimer le mot félicité,
Mais fragile je restais, facile à persuader.
Une sorte de pythie plus que moi illusionnée
Fit entrer dans ma vie foi et divinité.
J'avais beaucoup failli. Je devais être sauvé.
Il fallait se courber, invoquer et prier.
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Quand les certitudes passent, au soupçon elles font place.
Je m'interrogeais, cherchais ce Dieu dans ma glace,
Ne voyais qu'un reflet hasardeux et fugace.
Je renonçais à croire, ôtais ma carapace.
J'acceptais d'être humain, assumais ma carcasse.
« Ressentir et savoir » seraient ma dédicace.
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Alors, elle arriva, parfumée de lilas.
Patiente, elle attendait tout comme moi l' « eurêka ! »
Un matin de printemps, elle accepta mon bras.
Depuis, chaque jour naissant nous trouve sous le même drap.
Parfois je la regarde et m'étonne qu'elle soit là,
Mais si vous lui faites mal, je sors mon coutelas !
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D.R.K
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