Affichage des articles dont le libellé est Lucien Hervé. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Lucien Hervé. Afficher tous les articles

dimanche 25 novembre 2012

Le Corbusier : trois photographes

Trois cartes postales qui vont nous permettre encore d'interroger les points de vue de photographes sur l'œuvre de Le Corbusier.
On commence avec Eveux et son couvent des dominicains :


La carte postale fut expédiée en 1960 par Guy pour les vœux de l'année 1961. Il indique aussi qu'il y a séjourné pour se reposer et qu'il a beaucoup apprécié le lieu. On est heureux pour lui.
La photographie nous donne à voir un espace vide seulement scandé par les ombres et les lumières produites par le pan de verre à gauche, dont le dessin est de Iannis Xenakis. 


Toute la puissance plastique de cette photographie de Monsieur  A. Caillon est construite sur cette lumière totalement structurée et composée par ce travail. Les fins observateurs auront remarqué que le lieu n'est pas terminé car à droite de l'image il est encore ouvert.


 L'image pourrait ainsi dans le vide de ce lieu le faire apparaitre un rien fruste et sévère. Mais c'est bien un couvent... La beauté doit être perçue comme un don difficile mais solide dû à une jubilation de peu, un engouement des simplicités. La référence à l'art roman est pour moi dans ce type d'images une évidence et sa brutalité aussi.
Retrouvons Lucien Hervé :


Cette carte postale des éditions de la Société Immobilière Notre-Dame du Haut est bien une photographie du célèbre Lucien Hervé. Elle porte l'étrange et mystérieuse référence E. III. 184 dont il est bien difficile de décrypter le sens...
Très bas sur le sol, depuis la pyramide dont on devine les gradins à droite Lucien Hervé cadre franchement la Chapelle de Le Corbusier sans trop d'effets ni d'ombres ni de cadrage. Rien vraiment ne permet en voyant cette image rapidement de faire tomber la photographie dans un sens plus artistique ou plus original qu'une carte postale d'un autre photographe. Sans doute que seule cette "morsure" du premier plan par les gradins vient contrecarrer cette impression. Pourquoi diable n'avoir pas fait un pas de côté pour éviter cette intrusion ? Simplement parce qu'elle est volontaire... Répondant aux fragments géométriques de l'autel extérieur, les gradins dialoguent avec cet agencement en faisant un écho mais aussi, Lucien Hervé sans aucun doute se place là, assis sur ces marches comme n'importe quel pélerin et délivre ainsi une image juste, celle non pas d'un artiste composant son image pour, en quelque sorte s'approprier le lieu, mais laisse ce dernier jouer son rôle, être à l'exact de l'échelle de sa fonction. Vu les ombres, le soleil est haut, nous ne sommes pas loin de midi.
Entrons :


On retrouve le photographe Marcel Blanc avec cette carte postale de l'intérieur de la Chapelle de Ronchamp. L'édition est la même que celle de Lucien Hervé ce qui confirme que la Société Immobilière a bien fait travailler et éditer des images de plusieurs photographes pour les diffuser. Comment furent-ils choisis ? Par Le Corbusier lui-même, désireux de tenir en confiance l'image de son architecture ? Si cela est bien possible avec Lucien Hervé comment le savoir pour Maurice Blanc ? Et surtout, comment Corbu pouvait-il maîtriser ainsi les choix de photographes pour l'édition de cartes postales ?
Mais revenons à cette photographie. Le point de vue est assez rare car nous tournons le dos à l'autel pour regarder vers le confessionnal. Maurice Blanc fait descendre dans son image la courbe du toit au tiers de celle-ci en laissant franchement onduler la ligne de raccord entre les murs et ce ciel de béton presque noir. L'étagement des bancs permet également de saisir un sol en pente et nous donne à réfléchir sur le vide qui semble immense entre ces bancs et le mur de droite. Pourquoi ce vide ?
Le crépi du mur est sensible, la lumière pourtant dure arrivant à droite n'arrive pas à le gommer. Là aussi l'austérité encore accentuée par le noir et blanc donne à l'ensemble une image sévère dont la jubilation proviendrait d'un recueillement, d'une attention délicate aux détails des matériaux, des formes et des jeux d'espaces. Aucune place dans cette photographie comme dans les deux autres à ceux qui utilisent, visitent, font vibrer ces lieux de leur présence. Aucun visiteur ne viendra donner l'échelle, faire de son corps l'objet même de toutes les attentions de l'architecte sauf peut-être avec Lucien Hervé le corps même du photographe révélé par son cadrage, la hauteur de son œil. Est-ce suffisant pour défendre et raconter une architecture ?
Je n'en suis pas certain. Mais ce vide qui fait l'essence même d'une école photographique germanique contemporaine est souvent au service bien plus d'un espace que d'une humanité. Le silence y est vénéré comme une présence. C'est bien là le paradoxe de l'objectivité.

mercredi 25 avril 2012

un moine à l'équerre

















Sur cette carte postale du couvent des dominicains d'Eveux, on ne voit pas le couvent.
Non.
On voit sa maquette.
Cette maquette fut réalisée par le Père Sage et fut photographiée par Recamier de Lyon. On s'y croirait.
La carte postale servait en fait de moyen de communcation pour réaliser les travaux et demander des fonds au public.
On y trouve même le nom du Père Provincial pour lui envoyer les dons.
Entièrement calculées sur le Modulor, nous avions eu l'occasion de voir un cliché mettant en avant les... dispositions spatiales des cellules des dominicains et notamment leur largeur. Je vous propose un nouveau cliché pris dans la foulée (c'est le cas de le dire !) par le photographe de l'agence Lynx :




















La démonstration est frappante, la pose du dominicain incroyable ! Il serait bien le Modulor en personne, touchant ainsi, bras écartés et levés, le plafond et le mur de sa cellule. A-t-il été choisi pour cela ? Car, Diable, il devait bien y avoir parmi ces moines des plus grands et des plus petits. Il y a eu, j'imagine, en quelque sorte, casting de Modulor, casting de moine par le photographe.
On pourra ainsi constater qu'entre la carte postale d'un projet (imaginaire) qui ne dit rien des échelles des espaces et une photographie (réalité) de ce même espace confronté à un vrai corps, les représentations de l'architecture soient bien différentes.
Il ne fait pour moi aucun doute que les images du moine de dos mesurant son lieu de vie, sont des images accusatrices. D'ailleurs le plus frappant c'est bien ce dos... On aurait tout aussi bien pu mesurer cet espace avec un moine de face, souriant, heureux de ce lieu. Certes, les bras ainsi écartés auraient sans doute ajouté une image christique un peu forte à ces clichés.
Dans toute ma collection de cartes postales sur Eveux, il n'y en a qu'une seule où un moine est présent et il l'est également de dos et de loin. Finalement il est réduit à un signe comme la maquette du couvent,  ce moine fait office de preuve qu'il s'agit bien d'un lieu religieux comme un "habitant", un utilisateur de cette machine à prières. Sans doute également que le règlement de vie des moines ne pousse pas à la démonstration mais pourtant on trouve facilement des clichés sur lesquels la vie au Monastère d'Eveux ou d'ailleurs n'a pas de secret... Mais aussi, les photographies de Lucien Hervé pour ce même couvent de la Tourette et publiées dans Architecture d'Aujourd'hui (juin 1961) nous montrent également très peu  (et de loin) les moines. Comme si l'architecture et son fonctionnement pouvaient par la représentation seule de ses murs être comprises. Comment se fait-il que dès lors que l'on perçoive ainsi un moine dans son espace, nous ayons cette sensation étrange qu'il s'agit de le dénoncer ?
Le Corbusier aurait-il eu peur de la réalité figurée des proportions de son Modulor ?

mardi 2 novembre 2010

Le Corbusier, Dark Vador et Xénakis

Je me décide à faire un article fourre-tout (j'adore cette expression) avec des cartes postales dont Le Corbusier serait le point commun.
Parfois je n'ai pas d'idée pour orienter ou justifier un article, disons que dans ce cas cela me permettra une fois pour toutes de ranger ces cartes postales dans le classeur adéquat.
Alors un peu rapidement mais surtout pour jouir de la belle architecture et des belles images voici une promenade corbuséenne (oh... c'est beau aussi ce mot...)


Cette carte postale je l'aime tout particulièrement. Pourquoi ?
J'aime l'évident et construit contraste entre l'architecture du couvent et l'architecture de la bure du dominicain qui pose là, c'est certain.
Tout est en contrastes et cela fonctionne parfaitement comme si on avait posé une peinture de Zurbaran devant une peinture de Ozenfant.
La carte postale Combier nous donne beaucoup d'informations, le Corbusier est bien nommé, on sait que nous sommes devant l'angle sud-ouest du couvent des dominicains d'Eveux et que nous sommes en 1964 !
Mais on voit aussi très bien comment le couvent est accroché au dénivelé du terrain.
Le dominicain est comme un témoin, un personnage qui nous introduit au point de vue. C'est un peu comme si nous avions fait la visite avec lui.
Bien évidemment la rigueur du dessin, le jeu des pleins et des vides, la simplicité relative des détails sans effets sculpturaux, la matière même du béton, son naturel, tout cela concorde à faire de cette construction l'un des actes de création du brutalisme finalement ici assez proche d'une construction romane.
Pareil et tout à fait différent :


Cette carte postale Combier assez incroyable ne nous montre pas l'intérieur de la Chapelle de Ronchamp mais bien l'extérieur de nuit !
Cela nous permet une nouvelle fois de voir la ligne d'espace entre le toit et le mur, faire monter les trois matières du béton et des ombres incroyables semblant dessiner à leur tour des formes inédites.
Je vous rappelle que cet espace sert à faire des messes à l'extérieur lors des pèlerinages.
Qui décida de l'emplacement de ces éclairages qui redessinent finalement le lieu ?
le Corbusier lui-même ?
Je m'amuse à mettre cette image en négatif : on pourrait presque se croire à l'intérieur !


Toujours Ronchamp :


Ici on se retrouve devant une carte postale dont le photographe est Lucien Hervé dont nous avons évoqué le travail ici déjà.
Le point de vue est étrange, presque malhabile.
La petite guérite d'entrée ressemble à un bunker, le panneau de sens interdit est au milieu de la ligne de sol, le blanc trop dur de l'image cuit la ligne de la chapelle qui semble presque artificielle.
Vraiment étrange...
On trouve bien au dos le nom de l'architecte et celui du photographe ainsi que la référence E. 111.227. Que cela signifie-t-il ?
Encore :


Cette carte postale de Ronchamp bien que plus classique semble plus... juste.
Le cliché est de Freytag (?) et l'éditeur reste la Société Immobilière de N.D du Haut.
Des animations sont sympathiques et on peut même croire que Dark Vador lui-même est en visite, si si, regardez là !


Le bassin de récupération des eaux de pluie semblent très intéressant !

Parfaite lumière égale, parfait cadrage, tout ici est au service de cette architecture-sculpture.
Je reste toujours perplexe devant la difficulté à comprendre la forme du toit !
La carte est datée de 1962.
Bien moins photographiée :


Cette carte postale de l'immeuble de Le Corbusier (sic) possède sur son verso une curieuse correspondance : "je pense que, avec un bâtiment comme celui-ci nous n'aurions plus besoin de travailler n'est-ce pas ?"
Curieux non ?
Travailler à quoi ?
La photographie est floue, ne possède pas de profondeur, ne semble vouloir que verdir la façade avec quelques arbres.
Il s'agit d'une édition Aris.
Une autre cité radieuse :


La carte postale Chapeau pour Rosy nous emmène cette fois à Rezé les Nantes devant la cité "le Corbusier" c'est comme cela que c'est écrit.
L'immeuble serait bien en cours de finition, un portique est encore visible et ce n'est pas un jeu pour enfants.
Les spécialistes s'amuseront des différences entre le traitement du toit de Rezé et celui de Marseille.
Nous nous contenterons de voir à quel point la photographie ici tasse le bâtiment, le ramasse et l'installe là aussi dans un parc verdoyant.
Le sapin maigrelet au premier plan joue parfaitement le contraste avec la masse. Et le jeu des gris nous rappelle les jeux de polychromie de la façade.
Un peu de polémique :


On sait que ce Pavillon Philips de la foire internationale de Bruxelles en 1958 est autant dû à Iannis Xénakis qu'à Le Corbusier.
On pourrait même dire qu'il est un peu plus de Monsieur Xénakis...
Mais l'histoire continue de l'attribuer à Le Corbusier. Alors...
Surtout il est d'une grande beauté. Et il pourrait bien être l'œuvre d'ingénieurs capables, eux, de produire dans le réel les enthousiasmes des deux hommes !
Dans le numéro d'Architecture d'Aujourd'hui de mai 1958, on retrouve des images de Lucien Hervé et le nom de Xénakis apparaît dans l'article mais pas dans les collaborateurs...








samedi 2 octobre 2010

Lucien Hervé par le Corbusier





Une belle série de cartes postales de Ronchamp qui ont toutes en commun d'être des photographies de Lucien Hervé dont on sait l'importance pour l'architecture moderne.
Nous avons déjà évoqué son travail sur ce blog.
Il est aisé de trouver toutes informations nécessaires sur la relation exceptionnelle que les deux artistes entretenaient.
Je vous propose donc surtout de voir et mieux de regarder.
On s'attachera à l'unité lumineuse de l'ensemble de la série au ciel gris léger, aux ombres peu marquées.
On remarque aussi qu'il y a peu d'effets abstraits, de cadrages audacieux mais une mise au service du bâti, une forme de discrétion photographique.
Lucien Hervé ne fait pas une œuvre photographique mais il est au service d'une œuvre architecturale. C'est une approche modeste, voire timide.
Seule une carte postale propose ici un risque.
Genou à terre, butte de terre fraîche à gauche, la plongée fait monter la pointe du bâtiment et étire ainsi dans une image assez évocatrice (oui oui regardez bien) les courbes du toit.
Suis-je le seul à voir ce que je vois...
ici :


Les cartes postales sont des éditions de la Société Immobilière de Notre-Dame du Haut. L'architecte Le Corbusier est nommé tout comme le photographe Lucien Hervé. On trouve également une nomenclature qui fait rêver à une multitude d'images E.III.129, E.III.122, E.III.132...
Peut-on raisonnablement penser qu'il exista au moins 129 références ?
Cela serait aussi le signe de l'impossibilité de réduction de Ronchamp à une image et prouverait l'incroyable complexité formelle de l'ensemble obligeant à chaque instant à croire qu'on tient là dans le cadre de son objectif l'image de la chapelle.
Je vous donne le texte au verso de cette carte postale expédiée en 1955 :
"Cher Vieux,
Je m'attendais à trouver "Ronchamp" bien, mais j'ai vraiment été soufflé par la réussite d'ambiance et la foule d'astuces. Tout est vraiment baisant (sic!) et j'espère que tu ne tarderas pas trop à venir juger sur pièces, car aucune carte ou illustration n'est à la hauteur. Je rentre à Paris le 15 septembre après un petit voyage en Alsace.
B. Michaud."

C'est adressé à Ivry sur Seine à un certain Peillien.
Des architectes ? Des séminaristes ?
En tout cas, on peut à la fois lui donner raison sur le fait qu'aucune image ne puisse rendre compte mais je crois que Lucien Hervé peut lui au moins inventer une manière de regarder.
On peut aussi dire que la carte postale peut ainsi permettre d'accéder à la fois au travail d'un immense photographe et d'un immense architecte.
Un rêve modeste.

dimanche 8 août 2010

légèrement flou, tremblant

Je reçois parfois de mes lecteurs de belles surprises que j'aime à vous faire partager.
Le généreux donateur aujourd'hui est Monsieur Perreaudin de la Bibliothèque de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine.
(oui).
Et je reçois pour commencer cela :


Cette carte postale Iris pour Théojac nous montre ce qui est encore un chef-d'œuvre de la ville la plus belle du Monde : Royan.
Non, je ne me lasserai pas de le dire, oui vous devrez donc encore l'entendre, Royan est la plus belle ville du Monde avec sa grande sœur latino-américaine Brasilia.
Et c'est grâce à ce type de construction qu'elle porte ce titre.
Le Palais des Congrès offrait une volumétrie superbe jouant totalement de la lecture de son plan et de sa projection en façade.
Un parfait parallélépipède, une boîte ouverte sur le devant, se creusant, se sculptant en suivant les utilités de ses fonctions et dégageant ainsi un espace ne sachant s'il est interne ou externe.
Aujourd'hui occulté par un an de verre qui enferme ce trésor spatial, nous espérons tous, dans un rêve fou de considération architecturalle qu'on rouvre cette façade. Mais c'est une autre histoire.
Ici, le photographe fait fuir dans une perspective accélérant la construction. On peut tout de même saisir le jeu de claustra percée de la salle oblongue avec son alternance de panneaux bleus et blancs.
J'aime aussi les beaux drapeaux, les deux personnages qui donnent l'échelle. On peut aussi remarquer que le bâtiment n'est pas posé sur le sol mais dégagé par le bas. La boîte est ainsi comme flottante et l'ombre sur son socle dit bien comment l'architecte a su ainsi alléger la masse.
On admirera la gémellité des 4cv Renault.
La carte postale fut envoyée en 1960. Les architectes sont messieurs Ferret, Bruneau, Courtois et Marmouget.
Autre merveille :


Ici deux grands personnages se retrouvent. Le premier c'est facile c'est l'architecte Le Corbusier.
Le second c'est moins facile...
Le photographe... alors... cherchez bien... on en a déjà parlé...
Il s'agit de Lucien Hervé.
Effectivement le grand photographe a aussi été publié en carte postale. Au moins pour ce qui est de Ronchamp. Je n'ai effectivement pas encore trouvé de cartes postales signées du photographe représentant d'autres bâtiments.
Pris à ras du sol pour faire monter le bâtiment, l'élancer, le photographe sert la construction dans son cadre et laisse ainsi le dessin parler tout seul, sans effet photographique, sans finalement tirer l'architecture vers la photographie plus personnelle. Lucien Hervé se met directement au service de l'objet et tente, réussit simplement, à le donner à voir. On remarquera le choix de l'éclairage doux mais tout de même accentué qui détermine des valeurs de gris et d'ombres sculptant la construction.
Il faut aussi l'avouer c'est légèrement flou, tremblant.

Merci Monsieur Perreaudin.

mercredi 14 juillet 2010

le dessin laid et la belle photographie

Une belle architecture peut (ou pas) inspirer de beaux documents.
Elle peut aussi faire naître des choses moins... intéressantes.
Voyez par exemple le superbe Palais de l'Unesco à Paris.
Voici une carte postale dite du premier jour :


On doit cette carte postale aux éditions "Bourgogne" 3, rue du Mersy-St-Denis à Dijon. C'est tamponné derrière !
Le lavis est de L. Bourgeois d'après... la maquette !
Ceci explique sans doute cela.
L'ensemble est un rien pâteux et épais mais on remarquera tout de même la précision du détail avec le mobile de Calder fidèlement (!) représenté.
Il semble que la façade ait donné beaucoup de mal au dessinateur car même le graveur du timbre a eu du mal.
Pourtant la maquette est assez claire et on voit que dans le numéro 58 de février 1956 d'Architecture d'Aujourd'hui, le grand photographe Lucien Hervé se penche lui aussi sur cette dernière.
Je trouve d'ailleurs qu'il s'agit là pour un photographe d'architecture de cette envergure d'un bien drôle d'exercice que de photographier une maquette.
Alors voici quelques images :





Mais finissons avec une autre carte postale :


Cette merveille des éditions Cap est en Real-Photo. Cet éditeur fait bien son travail car il nous donne également le nom des architectes Marcel Breuer, Pier Luigi Nervi, Bernard Zehrfuss et date la construction de 1955-1958.
Mais quelle image !
D'abord le parking rempli de nostalgie automobile. Des Simca, des Peugeot, des Renault...
Puis le bâtiment lui-même parfaitement éclairé, presque scintillant et vibrant sous un ciel nuageux remarquablement habité. Le travail de la façade est vraiment incroyable. On dirait que la construction veut avaler le monde, s'ouvrir complètement.
Quelle volumétrie !
J'aime tout particulièrement les dégagement dans le dernier niveau et l'auvent superbe dont nous avons parlé ici.

mercredi 31 décembre 2008

en lisant Claude Parent, Ronchamp


Je poursuis l'exercice de lecture.
C'est aussi pour moi l'occasion de m'apercevoir que j'ai peu publié sur Le Corbusier. Il ne s'agit pas d'un manque d'intérêt mais c'est un peu le hasard des publications. J'ai surtout parlé du Maître au travers des autres architectes essayant ainsi de mesurer une influence.
Mais voici que Claude Parent en parle directement et je le suis. Il s'agit ici de Ronchamp car il n'est pas difficile d'y voir une influence pour Nevers.
Il s'agit du même programme, une église, il s'agit aussi d'un tournant important pour les deux architectes et formellement il s'agit aussi de magnifiques roches fracturées posées là indifférentes et fortes.
Monsieur Claude Parent nous apprend que grâce à son frère il a pu à quinze ans rencontrer le travail du Maître au travers de ses livres.
Il nous dit aussi qu'il a dû rompre avec l'héritage d'une manière dure mais vraie en n'oubliant jamais l'influence de ce dernier. (C'est avant tout peut-être avec les héritiers qu'il a dû rompre).
Mais comment ne pas faire le chemin de Ronchamp à Nevers ?
Comment ne pas voir dans la complète et totale compréhension des programmes et leur réinvention, comment ne pas sentir dans la masse protectrice formant à elle seule le site, comment ne pas saisir dans le cheminement même de l'extérieur vers l'intérieur et dans sa révélation lumineuse comment ne pas être troublé par l'inquiétude que procure une forme lorsqu'elle n'est pas immédiatement identifiée à son programme, comment donc ne pas voir le rapprochement strident entre Nevers et Ronchamp ?
L'un, sculpteur cherchant l'imitation obscure d'une coque de crabe, comme si le réel devait l'expliquer et l'autre sur une pression amicale trouvant sa référence dans l'impossible rachat d'une architecture de guerre, ces deux monuments profondément autres, se refusant totalement à tous rapprochements identitaires (faire "église") trouvent une expression formelle grâce également au lyrisme du verbe. Il s'agit aussi d'œuvre du langage.
La grotte sert d'abri au crabe et ici l'histoire nous dit le crabe sert d'abri à la grotte. Des carapaces.
Il faut dire que j'aime aussi de Sainte-Bernadette-du-Banlay sa manière de tenir et l'image qu'elle propulse. Cette église n'est pas un bunker. C'est une image de bunker. Il s'agit, je crois, d'un point de vue constructif de deux coquilles de béton séparées l'une de l'autre et formant une épaisseur pour les yeux, des fentes pour les corps et la lumière et une fragilité bien cachée. Je me délecte de cette idée. Faire masse, abri avec si peu de matière et leurrer l'œil c'est réjouissant.
J'ai arpenté des pentes et des obliques chez Le Corbusier à la Villa Savoye et à la Villa La Roche par exemple. Des promenades courtes mais où le corps fléchit sous l'angle. La promenade y est belle parce qu'on y redécouvre sa pesanteur sous l'inclinaison plane désespérément d'aile. Je l'ai redécouvert chez Libeskind dans l'incroyablement touchant petit musée juif de Copenhague où le sol et les murs se penchent, vous penchent...
Mais de Monsieur Libeskind nous en reparlerons plus tard.



Voici donc la grotte corbuséenne.
Cette photographie de Marcel Blanc éditée en carte postale nous montre des courbes tombant du toit vers le visiteur, une vague lourde retenue on ne sait comment, la blancheur des murs contrastant avec les gris du ciel et la modestie des ouvertures ressemblant à des portes de buffets massifs. Il fait jour à l'intérieur et la matière granuleuse accroche ce jour. Les bancs d'une si grande simplicité sont des reposoirs à peine équarris mais parfaitement dessinés sur le corps.



Retournons-nous et laissons nous prendre par la soudaine luminosité en faisceaux. Surtout voyons comment la fente entre le toit et le mur du fond semble un coup de rasoir produit par l'énergie lumineuse. Quelle idée ! Tout semble si lourd et tout flotte pourtant sur un rai de lumière ! L'incision dit bien soudain la légèreté du béton en voile, c'est comme une tenture posée sur de minuscules plots.
Regardez bien le sol, regardez bien sa pente douce infléchie. Rien ici ne dérange l'impétueuse nécessité de conduire le pélerin vers l'autel. Il glisse.
Mais il devra remonter légèrement sans violence pour atteindre l'autel. Tout doucement. Monsieur Parent a pratiqué cette pente c'est certain, il l'a vécue, l'a suivie. Il s'agit là d'une carte postale éditée par N.D. du Haut et une photographie des Studios Hubert.
Sortons de là, et sous l'œil de Lucien Hervé à ras du sol, le ciel égal donne toute la force à ce toit que j'ai toujours trouvé très... évocateur.
J'ai déjà proposé un cliché de Lucien Hervé sur ce blog. Il fait toujours venir le sol. J'aime le tas de terre à gauche, petite colline inévitable au cadrage ?
Non, affirmation des volumes, respect d'un état du lieu.
La carte est éditée par la société immobilière de N.D. du Haut et fut expédiée en 1957.
Au dos du numéro 1-2 de "l'Art Sacré" consacré à Ronchamp une photographie nous montre un homme arpentant le toit. Il est sur une colline douce et descend cette pente, sentant sûrement le poids de son corps le précipitant vers le sol. Dynamisme retrouvé du pélerin grimpant la butte vers l'église, oblique finale celle de la couverture...
C'est avec celui de l'église de Royan, l'un des toits que je rêve de pratiquer !



samedi 28 juillet 2007

Lucien Hervé photographe


Voici donc une de mes cartes postales signée de Lucien Hervé.
Il s'agit d'une édition de la Société Immobilière de ND du Haut.
Modèle E-111-168-Chapelle de notre-dame du Haut
RONCHAMP- Architecte Le Corbusier.
Pas de date lisible.