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mercredi 14 juin 2017

Nouveau scandale. Oui...Encore !

Si vous êtes de ceux qui aiment une forme subtile et joyeuse de l'architecture, de ceux qui croient que ne rien céder de l'intelligence ne veut pas dire construire seulement pour une élite, de ceux qui savent que le verbe habiter est le plus beau, que l'urbanité est faite de voisinage, de partage, mais aussi de cachettes, que la végétalisation n'est pas un décor pour faire une démagogie écologique, qu'enfin vivre dans son architecture est toujours le signe chez une architecte d'une fidélité à ses utopies et à ses théories, alors vous allez signer la pétition ci-dessous pour sauver La Maladrerie, œuvre géniale car humaniste de Renée Gailhoustet.
Une fois encore, l'aveuglement est total. Le pragmatisme sert la bêtise. L'absence de pensée fait le jeu du faux-semblant. Toucher à la végétalisation de La Maladrerie ce n'est pas seulement croire résoudre un problème c'est éradiquer toute sa qualité, c'est ne rien avoir saisi de la leçon architecturale et surtout d'un Patrimoine architectural pourtant observé, copié, jalousé par les plus grands noms de l'Architecture Contemporaine. Je sais que Rem Koolhaas vient là.
Mais comment en France en est-on arrivés là ?
Comment a-t-on pu ainsi laisser dans des mains aussi peu éclairées le devoir de pérenniser des œuvres aussi importantes ? Après le scandale de la Cité des Poètes à Pierrefitte-sur-Seine, voilà qu'est attaquée l'une des plus belles réalisations du logement social en France. Il suffit d'avoir la chance de parcourir et de visiter les constructions de Madame Gailhoustet pour saisir l'incroyable chance de vivre là.
Signez, partagez, diffusez cette pétition. Rendez-vous dès que vous le pourrez dans les architectures de Madame Gailhoustet, racontez votre visite et votre espoir d'une France qui, enfin, se rappellera qu'elle a su, à une époque pas si lointaine, produire pour tous une architecture sociale de qualité.
Je vous donne quelques extraits du livre Éloge du Logement, renée Gailhoustet, SODEDAT 93 et Riposati éditeurs, 1993.
Signez ICI  !




































































lundi 7 juillet 2014

Jean Renaudie : trois portraits.


Je l'ai déjà maintes fois déclaré mais, pour moi, en France, l'un de nos plus éminents architectes fut Jean Renaudie. On ne peut guère faire mieux que sa réflexion sur le logement dont on peut même, et c'est bon signe, oublier l'adjectif social tant son travail déborde, tout en la prenant en compte, cette notion.
On a déjà vu sur ce site de nombreuses images et cartes postales de ses réalisations dont Ivry-sur-Seine avec Madame Gailhoustet ou Givors qui restent parmi les plus percutantes et les plus justes encore aujourd'hui.
Je ne me priverai d'aucune occasion de rendre hommage à Jean Renaudie et de défendre le plus possible l'intégrité de son œuvre.
En voici trois fois l'occasion.
D'abord par ce qui nous concerne en premier lieu ici, par des cartes postales. Nous allons en regarder deux, en tentant par leur représentation, d'évoquer l'architecture de Jean Renaudie.


Il va de soi qu'une telle carte postale d'emblée se met à l'extérieur du tout venant de la carte postale, tout venant que nous tentons en fait de briser. L'image de l'architecture de Givors, puisque c'est bien là que nous sommes, est composée d'une photographie en longueur dégageant un bord blanc, presque un cadre immense autour d'elle. Difficile de définir ce qui coupe aussi l'image en deux, difficile de dire si cela est déterminé par l'architecture même (ce que je crois) ou par un montage de deux prises de vues réalisées par Bernard Plossu, le très grand photographe.
Car, oui, cette carte postale est une image de Bernard Plossu dont, il y a peu, nous avons pu nous régaler du très beau voyage au Mexique dans une exposition saisissante au Musée Malraux du Havre. Pour comprendre comment un aussi grand photographe fait des cartes postales, il faut lire le verso de celle-ci. Il s'agit bien d'une édition Cart Com qui fait la promotion d'une exposition dédiée à Jean Renaudie à l'Institut Français d'Architecture en 1992. Nul doute qu'il s'agit donc d'une commande faite au photographe et donc d'une image frappée par un regard obligé qui n'a rien de négatif mais qui dit quelque chose du rapport du photographe avec le lieu.


Que vise Monsieur Plossu de l'œuvre de Monsieur Renaudie ? Si on se contente de cette seule image, on voit que Givors est visée de face, en voisin j'ai envie de dire. C'est d'ailleurs ce qui me laisse penser que Bernard Plossu fabrique son diptyque avec l'architecture même, en quelque sorte, derrière sa fenêtre. On observe alors comment les fameuses pointes vont depuis notre regard vers le lointain, se répétant dans les obliques, construisant l'image, couvertes de lierres et de végétaux, imitant le romantisme d'une architecture noyée sous les plantes. Seul le clocher de l'église rappelle que derrière, une ville ancienne est attentive à ses changements. Et si la sensation d'une image fermée pourrait prédominer, Bernard Plossu, dans son noir et blanc sévère mais juste, au ciel gris égal, nous permet de comprendre comment nous sommes pris dans un jardin suspendu, dans une colline construite, comment d'un rocher de béton habité, nous en regardons un autre. C'est un village en terrasses que Bernard Plossu photographie. Il faut sans doute imaginer d'autres clichés du photographe et mon imagination est grande aux rêves possibles d'autres photographies aussi belles. Ici, Bernard Plossu ne joue pas à une objectivité inutile, ne dit pas la froideur d'un regard faussement intellectualisé, il fait document autant qu'œuvre car simplement il nous laisse de la place en nous mettant... à la sienne. C'est sensible comme on dit, c'est photo-sensible. Y-a-t-il eu une belle publication en livre de ses photographies ?
Mais voici un autre portrait de Givors :


Cette superbe image est bien une carte postale. Il s'agit même d'une carte postale produite par l'un des grands éditeurs français : Combier.
Saurez-vous reconnaître le photographe de cette carte postale ?
Ce qui pourrait nous étonner déjà c'est le noir et blanc. À l'époque de la construction de Givors, il y a bien longtemps que la carte postale est en couleur et le maintien du noir et blanc ne peut que signifier immédiatement une particularité, une hauteur artistique. C'est bien le cas. Autre indice si l'on compare à la photographie de Bernard Plossu, la végétation sur les terrasses de Givors sont bien moins débordantes... Alors ?
Alors il s'agit d'une carte postale dont la photographie est due à rien moins que Robert Doisneau ! Rien pourtant dans cette image ne peut permettre de reconnaître le style du photographe : pas d'enfants rieurs, pas d'amoureux parisiens, rien d'une poésie de l'instantané. Doisneau n'aurait-il rencontré aucun habitant dans les étoiles toutes neuves de Givors ? Il nous donne à voir par le dessus l'architecture superbe de Monsieur Renaudie avec une image même un peu dure dont la force graphique est accentuée par un tirage très contrasté. Doisneau rend l'ensemble très abstrait, serré, voir étouffant. Mauvais signe d'un regard un rien... étonné ?


Ou, au contraire, volonté de faire passer devant le réalisme poétique de son habitude, une forme spectaculaire qui le saisit ? Difficile à dire. Mais l'image est d'une grande beauté, d'une belle rigueur et pousse à bout les particularités des jeux de terrasses, des espaces publiques et privés. Autre particularité de cette carte postale, c'est qu'il s'agit d'une carte maximum avec tampon et timbre à l'unisson. En effet, la Poste Française, à cette époque, savait rendre hommage à l'architecture contemporaine en éditant des timbres et des oblitérations "premier jour". C'est donc très précis : 20 avril 1985. On notera au dos que l'éditeur Combier titre sa carte postale ainsi : "Les Étoiles Renaudie des pièces en plein air"
Cette appellation qui compile le nom de l'architecte et le nom du lieu est assez rare et on se demande qui indiqua à l'éditeur cette particularité architecturale de pièces en plein air ?
Sans doute que la communication autour de cette architecture de Monsieur Renaudie mettait en avant cette particularité en en laissant derrière elle plein d'autres : perfection du plan, conscience du paysage, mixité du privé et du public, promenade architecturale, humanisme total...
N'oublions pas que Jean Renaudie ne connut pas ce jour particulier ni cette carte postale. Il disparut en 1981.
Mais le voici :


Ce document n'est pas une carte postale mais une photographie venant d'archives. Il s'agit d'une émotion parfaite.
On y voit l'architecte posant devant une table à dessin dans ce que l'on reconnaît comme son atelier à Ivry-sur-Seine. Son expression est superbe, celle d'un homme faisant l'image en se pliant au genre tout en se demandant si cela est bien... nécessaire. Cette retenue à sa propre image est aussi sans doute, le signe d'une timidité d'image voulant sans doute que l'on évoque plus son architecture que sa figure.





J'aime tout particulièrement que ses mains ne touchent pas les plans et les dessins. Ce petit espace, je veux le considérer comme une humilité au métier. La veste me fait penser à celle que Claude Lothier possède et qui avait appartenu à Jean Widmer.
Les plantes vertes occupent l'espace et mes papyrus dans mon appartement sont heureux de savoir qu'ils auraient bien pu venir de là. Mais ce beau dessin ? Qui saura lui redonner son origine, son projet ? Qui est ce bébé punaisé sur le mur ? Et j'aimerais comprendre de quel mot viennent les dernières lettres formant un NEUSE sur le bord de l'image...Villetaneuse ?
Sans aucun doute !


Il pourrait donc bien être question ici des dessins du projet pour cette ville. Au dos de la photographie figurent des notations écrites à la machine à écrire : TF1, mardi 3 mars 1981 20h30, Des lendemains pour l'homme, "le 31ème millénaire N°2, un futur sur mesure avec l'architecte Jean Renaudie, créateur des immeubles de la ville d'Ivry. Photo Interpress, 142, rue Montmartre à Paris.
J'ai cherché à retrouver ce film. Il faudrait voir ce documentaire pour entendre à nouveau (et enfin !) les opinions et idées de Monsieur Renaudie sur l'architecture.
Nul doute que sa parole serait pour notre aujourd'hui encore une leçon d'architecture, une de celles qui place l'architecture comme un outil du progrès social, qui place l'homme comme point absolu à tout tracé du construit.

Et n'oubliez pas le Volume 2 de votre blog, avec son feuilleton de l'été ! C'est par ici !

samedi 31 mars 2012

AG DOCOMOMO

Pour la première fois, je me suis rendu à l'assemblée générale de DOCOMOMO, une association de défense du patrimoine architectural moderne et contemporain dont je fais partie.
Merci à Olivier Nouyrit et Agnès Cailliau pour cette invitation.
J'ai donc pu pour l'occasion expliquer la démarche de ce blog mais surtout comprendre une fois de plus que ce combat que nous menons est aussi fait de chaleur humaine, d'énergie passionnée et d'un réseau qui semble, eu égard au trop petit nombre d'adhérents, d'une grande efficacité.
Alors, je sais que vous êtes nombreux à venir ici vous régaler des images de l'architecture que nous aimons mais sachez bien que ces architectures ne sont pas que des images, elles sont dans le réel et parfois (souvent) menacées même pour celles qui, vu leurs auteurs, pourraient sembler à l'abri.
C'est même sidérant de penser que des personnalités comme Zehrfuss, Prouvé ou encore Freyssinet ne suffisent pas, malgré leur noms qui résonnent comme des formules magiques, à prémunir leurs constructions contre les menaces de démolition.
Si vous chercher un moyen de me remercier pour ce blog gratuit et sans publicité, adhérez à DOCOMOMO !
Alors, je m'autorise à vous demander de participer à ce mouvement, de faire preuve de votre attachement à cette architecture : rejoignez par votre adhésion DOCOMOMO France !
Nous avons, vous avez besoin d'une telle structure pour pouvoir encore vous régaler des espaces superbes des créateurs et des architectes que vous aimez.
Pour plus d'informations sur l'action de DOCOMOMO France allez ici sur son site :
L'autre chose très émouvante pour moi ce fut de rencontrer des lecteurs de ce blog.
Je ne peux pas tous les citer mais j'avoue mon plaisir d'avoir rencontré Bénédicte Chaljub qui a écrit avec Renée Gailhoustet l'un des plus beaux livres sur l'architecture qui soit.

La Politesse des maisons
Renée Gailhoustet, architecte
Bénédicte Chaljub
L'impensé
ACTES SUD
isbn 978-2-7427-8227-7
22 euros

Je ne plaisante pas, lisez (et achetez) ce livre ! Vous verrez comme c'est humain l'architecture, comme c'est poétique, comme c'est plastique et comme c'est social.
Bénédicte Chaljub travaille également à la sauvegarde de l'école d'architecture de Nanterre de Jacques Kalisz que nous avons vu ici. Lisez son article dans la revue AMC N°203.
Il faut défendre ce bâtiment !
Et cerise sur le gâteau, voici que Jérôme Daudel m'offre dans une enveloppe cette série de cartes postales sur le siège du Parti Communiste à Paris par Oscar Niemeyer. Merci Jérôme ! Et même si j'ai déjà eu l'occasion de vous en montrer quelques-unes, je vous montre la série dans son ensemble. Toutes les photographies sont de Michel Moch.
Vive l'architecture !




jeudi 15 septembre 2011

Jean Renaudie : le modèle

Il vous suffira un jour de prendre votre voiture vers Ivry-sur-Seine ou vers Givors et d'aller arpenter les chemins entre les pointes des constructions de Monsieur Jean Renaudie pour, comme moi (et bien d'autres !), affirmer qu'il est sans aucun doute un modèle pour toute construction de logements sociaux.
La leçon qu'il nous donne, leçon que nous donne également Madame Gailhoustet est l'une des plus humanistes, des plus sensibles mais aussi des plus plastiques.
Ici la forme naît de la réflexion sur l'usage tout en suivant une radicalité architecturale des plus remarquables.
Avoir ainsi construit non pas seulement de l'habitat mais également du paysage est rare.
Nous avons la chance en France que de telles personnalités, il y a peu de temps finalement pouvaient construire de telles œuvres.
Curieusement, il semble que cela fasse bien trop peu école.
Alors nous allons voir et un peu sans doute, visiter Givors grâce à deux cartes postales Combier d'une très grande qualité photographique.
Il s'agit d'une édition spéciale si j'en crois cette très haute qualité, le timbre du premier jour au dos des cartes mais aussi la personnalité de l'un des deux photographes.
Voyez :



Cette carte postale Combier est superbe, le cliché est de Michel Durand. D'abord par son point de vue qui permet de lire la manière dont l'ensemble de Monsieur Renaudie est accroché à la falaise mais aussi par sa lumière qui frappe durement le centre de l'image.
Le chantier vient d'être livré si j'en crois le vide dans les appartements et les terrasses qui ne sont pas encore très plantées. Le béton est encore blanc.
Pourtant ici des habitants font déjà usage de leur terrasse en faisant sécher le linge...



On remarque aussi la pancarte qui annonce la disponibilité des appartements.



Dans la même collection "impression Combier Macon " :



Cette photographie nous permet une lecture plus directe des étoiles.
Le choix du noir et blanc vous semble curieux ?
Alors...
Alors sachez que c'est Robert Doisneau lui-même qui a fait le cliché de cette carte postale !
D'ailleurs il s'agit d'un noir et blanc très dur qui dessine bien plus qu'il n'informe. Ce qui est troublant pour un photographe que l'on dit humaniste c'est qu'il fut bien lui aussi totalement intrigué par les formes caractéristiques des constructions de Jean Renaudie.
A moins qu'il ait eu du mal à cadrer un gamin descendant les escaliers avec une bouteille de vin ou des amoureux se bécotant sur les parapets...
En tout cas, voici une carte postale qui croise l'architecture moderne et contemporaine et la photographie artistique (ou comme on dit aujourd'hui plasticienne).
Il est donc évident qu'il ne s'agit sans doute pas de cartes postales pour les tourniquets de bureaux de tabac mais bien des cartes postales pour collectionneurs, sans doute à tirage restreint et diffusées le premier jour de l'oblitération du timbre.
C'est, en tout cas, l'occasion d'évoquer le travail de Monsieur Renaudie et cela suffit à faire mon bonheur.
Quelqu'un sait-il si d'autres grands photographes ont fait un safari à Givors ?

mercredi 16 mars 2011

Depuis Jean Renaudie, Renée Gailhoustet

Voici un belle et intéressante carte postale :


Certainement l'une de celles qui tiendra ma collection, nous devons cette image des nouveaux quartiers d'Ivry aux toujours formidables éditions de cartes postales Raymon.
Comment dire mon contentement ?
Depuis l'une des terrasses des constructions de Jean Renaudie nous visons les très belles et expressives tours de Madame Gailhoustet.
La proximité est un rien amoureuse.
On notera que le photographe très habilement fait couper sa photographie en son milieu par la verticale puissante d'une des tours.
Regardez également comment le point de vue s'égare dans le canyon un rien étroit sur l'image, canyon laissé entre les deux tours.
On est là, sur l'une des terrasses dont on voit clairement la végétalisation.
Et puis mon œil regarde aussi le tout petit édicule que nous avons déjà évoqué ici et qui fut repris par l'artiste Julien Pastor.


Une fois de plus, dans l'anonymat des architectes et l'anonymat du photographe, une carte postale nous offre l'opportunité de découvrir, voir et aimer l'un des plus beaux endroits de France et l'une des plus convaincantes expériences urbaines et architecturale du XXème siècle.


samedi 13 mars 2010

Ivry, des briques

Pendant une de mes promenades à Ivry-sur-Seine il y a un an, j'avais vu de très beaux immeubles en briques.
Gardant ce souvenir bien inscrit, à mon retour j'avais jubilé de reconnaître dans l'une de mes cartes postales ces immeubles, toujours et encore surpris de cette résistance de la mémoire et aussi de l'incroyable coïncidence d'avoir une carte postale de ce lieu.
Je me demande même si finalement ce n'est pas, à rebours, le souvenir de la carte postale qui me fit regarder les immeubles bien plus que le contraire. Enfin... Vous me suivez ?
Bref, sachant que j'allais séjourner à nouveau quelques jours à Charenton, je m'étais promis carte postale en main de retrouver les immeubles et dans un jeu que vous connaissez bien, surtout Julien Donada, de reposer l'image contre le réel.
Mais voilà, alors que je chante mes capacités de mémoire, il se trouve que... j'ai oublié la carte postale !
Donc sur les lieux j'ai dû tenter de me remémorer la carte postale pour retrouver le point de vue.
1 la carte postale :



Celle-ci nous indique qu'il s'agit d'habitations H.L.M, du groupe Robespierre. L'éditeur est "Guy" en exclusivité pour Lyna-Paris.
Pas de date.
Le point de vue est superbe et dans mon souvenir je voyais très bien ce chemin plaçant l'œil au dessus mais j'avais complètement oublié la cheminée pourtant si présente et le vide avant les immeubles.
J'ai donc placé mon point de vue entre les immeubles :



2 les photos :





Il semble que l'architecte soit Monsieur Chevallier qui a construit beaucoup de logements sociaux à Ivry.
Ce groupe appartient bien à cette architecture de la fin des années trente qui perdurera parfois jusqu'aux années cinquante, la guerre agissant comme un creux stylistique évident.
En tout cas, il s'agit d'un très bel ensemble aux détails remarquables et à la qualité de construction superbe. Un bel espace aussi offrant une rue intérieure créant ainsi de l'espace urbain ouvert et aéré.
Il ne faut pas manquer d'aller les voir lorsque l'on va à Ivry voir les étoiles de Monsieur Renaudie ou les beaux ensembles de Madame Gailhoustet.

mercredi 14 octobre 2009

premier jour de Givors

Il existe chez les collectionneurs des cartes postales qui ne sont éditées que pour permettre un entier philatélique, une carte maximum.
Cela veut dire que le timbre, la carte postale et l'oblitération "premier jour" (premier jour d'émission du timbre) sont à l'unisson sur un même document.
Voici un exemple :



La carte postale Combier porte le même titre que le timbre "Architecture contemporaine Givors" sans d'ailleurs nommer l'architecte !
On trouve le nom de Monsieur Renaudie sur le timbre et sur l'oblitération datée du 20 avril 1985.
La carte postale est belle, met bien en avant l'architecture spectaculaire de Monsieur Jean Renaudie. Le point de vue place les étoiles dans la ville à la même hauteur que son environnement. On sent bien le creux sur le devant et les balcons sont déjà bien verts et plantés.
Il s'agit donc bien du premier jour du timbre et non du premier jour de l'architecture !
Mais pourquoi la Poste avait-elle pris le pari d'un timbre représentant ce bâtiment ? Etait-il suffisamment fort pour que l'établissement public fasse ce choix ? Appartient-il à une série sur l'architecture contemporaine ?
Le timbre est très beau et son dessin sobre reflète bien la construction. On le doit au graveur de timbres Monsieur Gauthier.
Sur cette autre carte postale du même type on voit cette fois une représentation picturale !



L'image est vraiment étrange et les effets d'aquarelle un peu déplacés. Mais c'est aussi une manière de lancer l'image certainement dans une tradition du pittoresque au sens étymologique du terme : qui mérite d'être peint.
Je crois que Givors comme Ivry méritent la peinture !
Mais peut-être pas celle-ci.
Finalement elle n'est pas si mal cette représentation, elle est signée de Gauthier, l'auteur du timbre, une édition CEF cette fois.
On peut comparer avec la seule "vraie " carte postale de Givors que je possède, une carte multiple aux éditions Cellard.




Pas de nom d'architecte, ni même de mention de ce que chaque image propose. Un choix en double diagonale, le Givors moderne, le Givors ancien et le blason qui dit la lignée et l'histoire de la ville. On s'ennuie un peu mais finalement les étoiles de Renaudie sont là, acceptées comme faisant intégralement partie de la cité comme le reste et au même niveau. Chaque habitant de la ville y trouvera la représentation de son quartier.
C'est je crois une modestie qui aurait plu à Monsieur Jean Renaudie, celle d'une intégration du modèle sans pastiche. Un quartier qui a trouvé sa place et son image. Cette carte postale fut expédiée en 1984.
A noter, dans le numéro de septembre de la revue AMC un excellent article de Bénédicte Chaljub sur Givors et Jean Renaudie.
Vous pouvez aussi vous souvenir ici.


dimanche 27 septembre 2009

La belle politesse de la maison Gailhoustet


Disons qu'il y a des moments dans la vie où l'on traverse le miroir.
Samedi, vers 10h du matin je prenais ce chemin en suivant Jeanne Gailhoustet.
Elle m'a guidé avec beaucoup de générosité et avec amitié dans la ville d'Ivry-sur-Seine dessinée en grande partie par Renée Gailhoustet sa mère et bien entendu par Jean Renaudie dont j'ai déjà chanté mon admiration.
D'abord en haut de la tour Raspail viser le merveilleux panorama et l'accueil chaleureux de Areski Aoun qui y occupe un atelier logement. Monter sur le toit-terrasse c'est un moment extraordinaire. La ville y est superbe. Nous sommes alors dans un espace qui, à l'origine, était un grand atelier pour les enfants. Jeanne me raconte alors comment les enfants occupaient joyeusement l'espace, montant dans les étages comme dans les rues d'un village. Et son regret de la vue depuis ce lieu où elle passa une partie de son enfance.
Il est très difficile de dire à quel point ce lieu est incroyable. Seule l'expérience de la Cité Radieuse est équivalente même si ici l'espace est moins grand. C'est un espace d'émotion simple, celle des espaces ouverts : montagne mer avion et aussi jardin.
Nous redescendons laissant Areski et un arbre pour Renée. Vite allons voir chez Andrea Mueller un appartement dans les "Renaudie". Une fois de plus l'accueil est chaleureux. On m'explique tout, même les trous d'aération dans le châssis des fenêtres !
Les terrasses sont plantées et belles. Andrea m'indique que finalement si elle ne s'y installe pas réellement c'est simplement parce que les ouvertures sont si grandes qu'on a le sentiment même à l'intérieur d'être dehors, il suffit de faire coulisser les fenêtres et hop !
Le cheminement dans l'appartement pallie ce qui pourrait apparaître comme un manque d'espace. Certes les chambres sont petites mais l'agencement du plan produit des perspectives et des trajets toujours renouvelés. Partout la verdure et le silence aussi.
Il faut reconnaître que Andréa a su (elle est architecte) tirer un bon parti du logement en dégageant certaines cloisons. Vivre là...
Puis enfin le Liégat.
Visite cette fois d'un grand appartement-atelier qui devait à l'origine servir pour une activité artisanale ou de commerce. C'est immense, sur trois niveaux. J'essaie de me repérer, de trouver le plan vu dans les ouvrages et l'organisation par hexagones de Renée Gailhoustet. Mais je n'y arrive pas tant les formes paraissent libres, ouvertes.
A nouveau on circule, glisse et toujours on est surpris de saisir ici une terrasse, là un autre niveau un peu comme dans une maison de campagne. Bien loin de ma machine à habiter Phénix avec son couloir central et les pièces de chaque côté !
Là aussi la porte s'est ouverte très gentiment. On nous laisse regarder, on nous parle de sieste à hauteur d'herbe... Car, oui c'est une découverte pour moi, en fait le niveau du sol des appartements est très sensiblement en dessous (25 cm ?) du niveau des terrasses. Ce qui produit une marche assez haute pour y accéder et donc couché dans son lit, oui, l'œil glisse sur la végétation...
Puis enfin, Jeanne m'emmène vers l'appartement de Renée. C'est un moment toujours toujours à la fois émouvant et drôle lorsque on peut ainsi rencontrer des personnes qu'on ne connaît et admire que par photographies, textes ou même la voix.
On arrive par le niveau 1, niveau avec chambre et terrasse et il faut encore quelques marches pour trouver Renée qui nous reçoit.
C'est, pour moi, un beau moment.
Mais vite, on me met à l'aise. Vite on me fait comprendre qu'ici c'est simple. J'évoque ma lecture de l'excellent La Politesse des maisons (vous ne l'avez pas lu ? Mais dépêchez-vous !)
Nous nous asseyons à la grande table et nous discutons de quelques petites notes soulignées dans mon exemplaire.
Marcel Lods, Team 10, Faugeron, et Claude Parent.
Et puis le repas s'organise, les invités arrivent et nous dévorons un saumon entier, l'œil blafard finissant ainsi sa vie sous une décoration de fleurs dans une ambiance chaleureuse.
L'appartement de Renée est exactement comme la description qu'elle en fait dans le livre. Je suis étonné d'être là mais pas surpris des espaces que finalement je n'avais pas eu autant de mal à comprendre en regardant le plan. Oui, on retrouve bien là aussi cette sensation de longueur et de cheminement. Oui, partout l'appartement est entouré de terrasses ou de vues sur celles des voisins. On oublie totalement que nous sommes en ville, en banlieue parisienne. Partout des percées et des points de vue.
Le jardin est superbe. Sauvage et ordonné. Libre. J'oublie qu'il est le toit d'un appartement en dessous. Incroyable.
Mais il faut reprendre le train.
Je m'aperçois alors que je n'ai pas fait de photographies de ce moment. C'est bon signe. Pas le temps. Il y aura mieux à faire que de se plonger dans des clichés et il me faudra plonger dans mes souvenirs. C'est bien mieux.
Merci à Jeanne pour l'organisation sans faille de ma promenade, pour cette disponibilité. Merci encore aux habitants, tous heureux de montrer leurs lieux. Merci à Benedicte Chaljub pour son ouvrage.
Et Merci Renée pour votre gentillesse et simplicité et surtout, surtout pour votre travail remarquable. J'aime apprendre ainsi.
Et puis totalement par hasard, ce matin en allumant la radio, j'ai le plaisir de reconnaître votre voix dans l'émission vivre sa ville. http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/vivre_ville/
Une nouvelle fois, la chance nous est donnée de comprendre qu'il est possible de faire du logement social intelligent.
Je conseille à tous (vous me suivez les étudiants ?) de télécharger cette émission et de lire La Politesse des maisons.
Alors, je n'ai pas de cartes postales à mettre sur ce blog. Juste quelques photographies que voici mais c'est si simple de prendre le métro jusqu'à Ivry et d'ouvrir très grands les yeux.

La Politesse des maisons
Renée Gailhoustet, architecte
Bénédicte Chaljub
L'impensé
ACTE SUD
isbn 978-2-7427-8227-7
22 euros












samedi 29 août 2009

un signe

J'ai acheté un lot de cartes postales.
Un peu à l'aveugle, un peu aussi pour faciliter les échanges avec mes rabatteurs auxquels je n'ai malheureusement pas toujours quelque chose à donner.
J'ai trié et si je n'ai pas découvert de raretés dans ce lot, il y a tout de même quelques petites choses amusantes.
En voici deux.
Il s'agit de cartes postales un peu étranges dans leur édition car imprimées sur un papier inhabituel, un peu léger. Elle sont en noir et blanc alors qu'à l'évidence elles sont d'une période où elles pourraient bien être en couleur. Il est donc ici question d'un choix photographique et graphique. Peut-être un rien nostalgique. Le photographe est nommé et c'est bien la seule chose avec la localisation qui le soit. Il se nomme Monsieur Marc Grosvalet. Les deux images semblent détachées d'un carnet ou d'un dépliant et furent envoyées pour... un concours en 1991.
Nous sommes à Villejuif dans les deux cas.

Ici au quartier du Lion d'Or qui semble un quartier pavillonnaire de banlieue assez banal comme on imagine la banlieue de Tardi. Petites maisons, petits jardins et le reste. Les ombres bien longues sur le chemin, le squelette de l'arbrisseau nous donnent l'hiver ou l'automne. Un début de printemps ?
C'est charmant mais le noir tire l'image vers une forme d'inquiétude, de menace aussi accentuées par la courbe se fermant en haut de l'image bloquant le regard.
Nous voici maintenant à la Z.A.C Paul-Bert.

Image très dure dans son contraste avec un premier blanc d'un noir profond qui se brise sur un cylindre de béton brut de décoffrage. Tiens tiens...
Au fond une architecture moderne organisée en cellules alternant balcons et loggias. On devine une placette avec des bancs et un arbrisseau là aussi un peu esseulé.
Il est difficile d'apprécier l'architecture, l'image ne tente pas de le faire mais joue avec comme un ensemble de valeurs et de géométries. Un désir d'abstraction ?
Il faut dire que l'architecte pourrait bien aider ce genre de vision car il s'agit là d'une œuvre de Madame Gailhoustet.
Si l'originalité de l'image et de son point de vue ne font aucun doute, on peut se demander si une lisibilité plus grande, une dureté moins affirmée et un cadrage moins radical n'auraient pas permis de saisir un peu mieux le talent très grand de cette architecte.
Il semble bien là que le désir de faire "image" ait pris le dessus sur une objectivité relative mais habituelle de la carte postale au profit de la tentation d'une œuvre plus personnelle et plus plastique. Il n'est pas ici question donc d'architecture mais de photographie.
Peut-être que Monsieur Grosvalet pourrait nous en dire plus sur ses objectifs et nous dévoiler le reste de ses images de Villejuif et l'origine de ce projet éditorial.

mercredi 15 juillet 2009

la politesse des maisons

La politesse des maisons est le titre d'un très beau livre de Bénédicte Chaljub qui nous parle de Renée Gailhoustet et de son travail d'architecte.
C'est simplement merveilleux de lire ça.
Si vous avez envie de lire un livre sur l'architecture, comment on la vit, comment on la conçoit et pour qui on la conçoit vous devez lire ce livre.
Ici pas d'idéologie forcenée mais l'expérience de l'habitat, de son espace et de son déploiement. Notre imagination remarquablement aidée par une iconographie à la fois riche et pas écœurante, nous permet de comprendre les lieux, leurs formes et la manière dont on peut, on pourrait, on devrait faire du logement social, du logement collectif.
Combien de temps encore va-t-on ignorer cette expérience et ce chemin de vie ?
Pourquoi perdre encore si souvent ce qui a été si formidablement pensé par Madame Gailhoustet et Monsieur Renaudie ?
Lorsque j'ai reposé le livre sur ma table j'ai eu envie d'aller vivre là-bas. Et, ainsi de rejoindre l'architecte au Liégat. Car, voyez-vous, il y a bien des architectes qui vivent dans leur construction et qui en parlent avec un détachement surprenant.
C'est vraiment un livre indispensable.
Il faut noter également la très belle qualité éditoriale de l'ensemble, qualité du papier, des reproductions et de la typographie.
Il pourrait manquer la liste des réalisations de Madame Gailhoustet mais c'est tout. Tout cela pour seulement 22 euros.
Quittez tout et allez chez votre libraire.

la politesse des maisons
Renée Gailhoustet, architecte
par Bénédicte Chaljub
collection l'impensé chez Acte Sud
ISBN 978-2-7427-8227-7





dimanche 5 juillet 2009

pour Justin


Un de mes étudiants m'a confié récemment que suite à notre visite du quartier des étoiles à Ivry, il souhaiterait y vivre.
Je le comprends bien.
Alors un peu pour lui et beaucoup pour nous qui je le crois aimons tous le travail exemplaire de Monsieur Renaudie et de Madame Gailhoustet voici une carte postale des nouveaux quartiers.
Sur cette carte postale des éditions Raymon expédiée en 1986 pour un concours (mais comment diable ces cartes postales reviennent-elles sur nos foires ?) l'expéditrice a écrit :
arrêter de fumer oui mais que faire ?
C'est une question dont la réponse est simple : vivre.
 Et vivre à Ivry. A noter, cette expéditrice était une habitante d'Ivry. Mais si j'en crois Google map la carte postale nous montre l'avenue Daniel Casanova et non l'avenue Georges Gosnat lieu de villégiature de notre correspondante, ce n'est pas grave tout communique !
Justin, quand tu seras installé, j'irai boire un coup sur la terrasse que tu auras planté généreusement de fleurs et de légumes. Nous regarderons tes dessins.

mercredi 24 décembre 2008

Merci ArchiGuide

Parfois l'œil glisse sur la carte postale et déchiffre au loin une vibration, une géométrie, un frémissement qui permet de se dire que peut-être, là au fond de l'image se cacherait quelque chose d'intéressant. Mais comment savoir ? Comment reconnaître et entamer des recherches sur une construction représentée sur une carte postale par seulement deux ou trois centimètres carrés ?
Souvent je m'en sors grâce à un site internet génial pour tout ce qui est de l'architecture contemporaine et très contemporaine. Il s'agit d'ArchiGuide.
Les accès par pays, villes, architectes permettent rapidement et grâce également à la richesse iconographique de trouver ce que l'on cherche. C'est encore le cas aujourd'hui.

Voyez cette carte postale de Villejuif.
Au premier plan la verdure d'un parc municipal Pablo Neruda, puis au second l'Hôtel des impôts. C'est la carte postale qui nous renseigne, carte postale la Cigogne expédiée en 1986. Mais derrière cette institution, je remarque des jeux de façades à gauche et à droite qui me semblent particulièrement intéressants. C'est dynamique, sculpté et articulé avec un jeu de volumes en saillie et de vides.
Est-ce vraiment digne d'intérêt ?
Je vais sur Google Earth : rien. Je cherche en tapant Villejuif et architecture contemporaine mais rien. Alors je pense que dans ma liste de favoris figure le site ArchiGuide. En trois coups hop ! Madame Renée Gailhoustet ! Oui !
Il s'agit de logements dessinés par Madame Gailhoustet en deux temps.


Ici à droite construit en 1981.


Ici à gauche en 1988. Petit problème, ma carte est expédiée en 1986 donc soit la construction n'était pas achevée soit notre guide se trompe légèrement, peu importe à ce point-là car les images ne trompent pas elles et c'est bien la même construction.
Voilà donc une carte postale qui du classeur "boring postcard" passera à celui de cartes postales d'architectes et quelle architecte !
Madame Gailhoustet dont j'ai admiré les magnifiques barres à Ivry en compagnie de mes étudiants et de ma collègue.
Il est important de remercier ArchiGuide et la personne qui s'en occupe. Il reste anonyme et c'est encore plus généreux de sa part. Alors merci à vous pour ce travail gigantesque.
Je vous invite tous à aller y voir et à l'encourager.
www.archi-guide.com
pour en savoir plus sur Madame Renée Gailhoustet :
http://www.perspectivesurbaines.com/IMG/pdf_Renee_Gailhoustet_AMC.pdf