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samedi 21 mai 2011

et si la révolution...

Vous comprendrez facilement en voyant la carte postale qui suit la jubilation qu'il peut y avoir à la découverte de ce type de document et à ce type d'architecture.


Vous conviendrez qu'il s'agit là d'une carte postale superbe, d'un bâtiment superbe, certainement l'une des plus remarquables de ma collection bien qu'elle soit... un rien plus contemporaine.
Nous sommes à Moscou devant l'extraordinaire et constructiviste Club ZUEV de Monsieur Golossov architecte.
Tout dans son image nous dit la révolution de ce type de construction. La prise de vue sur l'angle faisait "travailler" la perspective en accentuant la volumétrie puissante et un rien surjouée. Nous sommes juste avant les années trente (1928) et Golossov s'inscrit alors pour le dixième anniversaire de la Révolution dans l'esthétique de ce bouleversement. Mais cette radicalité formelle comme le souligne très justement Anatol Knopp dans son remarquable ouvrage "ville et révolution", cette radicalité formelle donc ne doit pas être confondue avec un fonctionnalisme exacerbé, elle agit bel et bien également comme une image nouvelle.
Car si la forme signe à n'en point douter une nouveauté, un choc, le fonctionnement interne, le plan, finalement, l'est bien moins.
Ce Club est en fait une sorte de maison de la culture mélangée à une maison des jeunes, lieu de spectacles, de rencontres et de transformation sociale. Il s'agit aussi d'une certaine manière de compléter le logement social en offrant une nouvelle forme de culture et ce club est cette réponse. Comme il s'agit de changer l'image de la culture, son fonctionnement même, le bâtiment doit avoir un nouvel aspect qui n'aura rien de commun avec ceux connus jusqu'à ce jour.
Le livre de Monsieur Anatol Knopp date de 1966 et nous offre des vues prises à cette époque. Et le Club ZUEV (Zouïev pour Mr Knopp) est si caractéristique qu'il apparaît dès les premières pages de l'ouvrage.



On retrouve dans les points de vue de l'auteur la fascination pour un cadrage offrant une géométrie forte. Cela révèle également une photogénie moderniste inépuisable du bâtiment, sa fascination en quelque sorte... esthétique qui fait fonctionner le vocabulaire du triangle, du cube, du cylindre (un escalier) et de la grille.
Malheureusement on y voit aussi par petites touches l'état dégradé de la construction en 1966. Mais plus extraordinaire encore, Monsieur Knopp nous offre des images de l'intérieur prises lors de la visite du Club par l'auteur. Alors visitons :


Pour finir nous dirons que l'objet éditorial est aussi assez étonnant. La carte postale en véritable photographie est imprimée sur un papier extrêmement mou dont l'image ne nous épargne pas des poussières et des défauts de développements.
voici des détails de la carte postale :




Quelque chose comme une photographie faite à la va-vite, par un amateur dans... un club-photo.
Je vous donne le verso. Si, parmi vous des traducteurs du russe ont du courage...


vendredi 1 octobre 2010

Melnikoff contre (tout contre) Häusermann...

Parfois le hasard des réceptions et découvertes de cartes postales met des architectes très différents par leur époque et leur pensée l'un contre l'autre, tout serrés.
c'est le cas aujourd'hui avec cette réunion improbable dans une enveloppe d'une carte postale représentant le pavillon de la Républiques Soviétique par Konstantin Melnikoff (Melnikov) et une photographie un peu abîmée d'une maison de Monsieur Häusermann.
Commençons par Monsieur Melnikoff :


Cette superbe carte postale est due aux éditions Papeghin, Paris. L'architecte est nommé mais nous n'avons pas de date.
Nous retrouvons le point de vue sur ce splendide et moderne pavillon que nous avions déjà vu ici.
La carte est en héliogravure dans un état de fraîcheur incroyable et dans un beau ton sépia très chaud superbe.
Quel document !
On devine le très beau jeu formel de l'escalier qui monte le long de la construction sous des auvents brisés et le logo de L'U.R.S.S.

Puis Monsieur Häusermann :


Il ne s'agit certes pas d'une carte postale mais comment résister à un tel document ? Il s'agit là d'une petite photographie, mal développée d'ailleurs dans laquelle on devine sur une butte une maison coque de l'architecte, enfin je ne crois pas me tromper...
Julien tu en penses quoi ?
Mais où sommes-nous ?
On devine un chemin bien neuf, une sorte de foire exposition. Les jeunes gens sont bien des années soixante et je devine même la silhouette familière d'un Araucaria.
La coque est encore en construction et une bâche plastique tente de protéger l'intérieur.
Cette maison bulle existe-t-elle encore ou bien fut-elle détruite après la démonstration du talent de notre architecte sur cette manifestation ?
Entre les deux architectures je ne saurais choisir.
J'aime chacune pour la réponse exacte à leur époque, leur programme. Chacune aussi propose une certaine économie.
Oui.
Incapable de choisir, alors juste souhaiter toujours entre deux proposition se réjouir des richesses et ne pas regretter aimer. Jamais.

mercredi 20 août 2008

Constantin Melnikov à Paris





Vous savez que mon goût est orienté entre autres vers les architectures brutalistes et disons de la seconde moitié de notre XXème siècle. Mais quand il vous arrive deux belles cartes postales d'architecture de l'avant-garde soviétique on ne doit pas résister.
Voici donc :
une carte postale éditée par A.N. Paris qui nous présente l'Exposition des Arts Décoratifs, le pavillon des Républiques Soviétiques. Pas de nom d'architecte ni de date mais une superbe image. Les travaux ne sont pas terminés et des messieurs regardent le photographe de la carte postale. Qui sont-ils ? l'architecte Melnikov ? J'aimerais bien je l'avoue mais il doit plus sûrement s'agir des constructeurs ou des entrepreneurs. Mais les grands chapeaux, les casquettes généreuses et les imperméables donnent à tout cela une belle ambiance. On regardera aussi les échelles encore sur le signal.
L'autre carte postale est une édition S.P n°60. Un peu plus d'informations ici. Nous avons la date, 1925, le nom de l'architecte orthographié avec deux F et c'est l'U.R.S.S qui est aussi nommée. On admirera l'escalier en oblique avec son toit constructiviste en diable donnant tant de dynamisme à l'ensemble. C'est somptueux, fragmenté, dessiné et complexe. C'est l'oblique qui domine et cela grâce aussi au point de vue qui rend tout pointu et fuyant. J'aime ça.
Voici des extraits du texte qui est consacré à cette construction dans l'excellent ouvrage "Ville et révolution, architecture et urbanisme soviétiques des années 20" par Anatole Kopp aux éditions Anthropos 1967 :
Tout est neuf dans le pavillon de Melnikov. La conception même qui n'est pas destinée à présenter des marchandises encore inexistantes, qu'à présenter la révolution elle-même ; on peut presque dire, à la faire sentir. La technique adoptée (en collaboration avec l'ingénieur Gladkov) utilise le bois à l'extrême limite de ses possibilités de l'époque et affirme le matériau au lieu de le camoufler sous le plâtre et le staff comme dans tous les autres pavillons de l'exposition. Le dynnamisme des formes suggère d'une manière frappante l'élan révolutionnaire, leur simplicité est suggestive de l'austérité de L'U.R.S.S sans pour autant exprimer la pauvreté.
On trouve dans ce pavillon cette interpénétration des espaces intérieurs et extérieurs qui marquera tout le courant de l'architecture moderne et qui, chez Melnikov est obtenue par le passage oblique de l'escalier à travers le pavillon ; on y trouve de grands pans de verre d'une expression quasi industrielle, tout ce qui plus tard deviendra la recette de toute architecture d'exposition : la circulation obligée suivant un itinéraire qui correspond aux thèmes illustrés à l'intérieur, les graphismes et les photomontages dus à Rotchenko, les textes explicatifs écrits par Maïakovski, etc.
J'ajoute des images tirées de cet ouvrage et un lien superbe sur you tube.
http://fr.youtube.com/watch?v=AeMHI7CJkXM