Affichage des articles dont le libellé est Rohmer. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Rohmer. Afficher tous les articles

mardi 28 avril 2020

Caméos subliminaux


Isabelle Huppert et Gérard Depardieu sont cachés dans ce plan de La Femme de l'aviateur (Eric Rohmer 1980). Ca, c'est du caméo !

(Amusant de trouver cette trace, quand Pialat et la Nouvelle Vague se sont continuellement regardés en chiens de faïence, quand bien même A nos amours est un héritier plus que légitime du cinéma de Renoir, et Godard n'a jamais caché son admiration pour Van Gogh.)


Quand les caméos de Clint Eastwood, Henry Fonda, Lee Van Cleef et Eli Wallach dans La Maman et la Putain seront plus reconnaissables, cela voudra dire qu'enfin sera arrivée la copie restaurée du chef d'oeuvre d'Eustache.   

vendredi 20 juillet 2012

Pastilles


Le générique des Parapluies de Cherbourg (Jacques Demy 1964), c'est quand même la plus belle synthèse entre la musique jouée (par Michel Legrand) et écrite (les parapluies comme des notes de couleur qui ont l'air de se mouvoir sur une partition sans portée). Qu'est-ce que l'on voit au juste? Un simple ballet de parapluies? Ou l'incarnation d'un exact intermédiaire entre des "notes" de musique et des "touches" de peinture en mouvement. Un peu de tout cela à la fois, surtout un pur morceau de cinéma qui emprunte aussi bien au théâtre (le violent panoramique vertical descendant du début donne l'impression que la vue sur Cherbourg est tombée comme un vieux rideau de scène escamoté et que nous sommes désormais sur le plateau nu), à la peinture, à la musique et à la chorégraphie. Une véritable, même si elle est très modeste, oeuvre de synthèse, qui quelque part se paye aussi le luxe de remettre en cause les idées reçues sur les différentes disciplines. Qu'est-ce après tout que la peinture, si ce n'est de la couleur qui bouge , et la musique si ce n'est des notes jamais fixées ? Foin d'une telle interrogation, cette impeccable scénographie abstraite, avec sa science des croisements, des frôlements et des rendez-vous manqués, paraît condenser toute l'intrigue du film à venir, et invite même les amoureux dudit film à la décrypter rétroactivement, pour voir si tout, à l'image du fatum, était déjà écrit.


C'est marrant, parce que ce générique, si ça se trouve, c'est aussi une "réponse" à celui de James Bond contre Docteur No (Terence Young 1962) conçu par Maurice Binder.



Et tant que nous sommes dans le syncrétisme entre géométrie, jeux de compas, rythme des couleurs et de la musique, je mets aussi cette animation conçue par Philip Glass pour l'émission Sésame Street en 1979.



Si l'on enlève tout les dialogues d'un Rohmer (Pauline à la plage en l'occurrence), mais que l'on cherche à en restituer graphiquement la progression dramatique ? Il en reste cette planche, qui elle aussi, figure en quelques pastilles les attractions, les attirances et les stratégies de contournement de la dynamique rohmérienne.

C'est le travail d'une jeune graphiste, Mathilde Lesueur (voir son travail sur "lire le cinéma", une analyse de l'espace et du mouvement dans divers films, retranscrits de manière uniquement graphique). J'aime assez ce que produit cette condensation visuelle, donnant à voir comment la rigueur scientifique des scénarios de Rohmer génère de la complexité. La signalétique ne donne du film que le squelette, la chair étant amenée par les mots et la lumière. Mais ce que j'aime aussi, c'est de voir, quand on s'approche des différentes "cases", comment chacun des personnages occupe un territoire affectif, voire mental, qui transforme le marivaudage en jeu de go solaire et littéraire.  




Tout cela invente l'exact intermédiaire entre le roman-photo et le schéma de navigation sur la Carte de Tendre..., ce qui je pense, aurait été loin de déplaire à Rohmer... (même si je m'avance en disant cela)....


lundi 15 février 2010

Quand Gene Hackman rend hommage à Rohmer


"Regarder un Rohmer, c'est comme regarder de la peinture sécher". (extrait de Night moves Arthur Penn 1975)

Hum, hum, Gene, si tu veux voir de la peinture sécher (disons, plus précisément, de la gouache s'écailler), regarde plutôt ça :


Chairlift - Evident ustensil (clip de Ray Tintori 2009)

Sur le premier extrait qui m'a toujours intrigué (on trouve aussi des jugements vachards sur des films contemporains chez Moretti, Woody Allen, Skorecki ou Apatow, tous dotés d'un degré d'acidité plus ou moins virulent, mais on ne s'attend guère à trouver un jugement aussi péremptoire dans un polar), vous pourrez lire Kent Jones en page 22 des Cahiers et sur la seconde vidéo, la futile contribution de votre serviteur en page 68 de cette même revue.

vendredi 8 janvier 2010

Sortir du désert...





... et voir le rayon vert.

C'est sans doute mieux de voir la confrontation Gerry (Gus van Sant 2002) / Le rayon vert (Eric Rohmer 1986) en mouvement. Je vous invite donc à cliquer , pour apprécier autrement ce travelling infini, mais étonnamment immobile et méditatif, mon rayon vert de spectateur durant cette décennie.

mardi 8 décembre 2009

L'esprit tordu

Bon, allez, il faut que je revienne à ce fameux questionnaire érotique... et que je me dévoile un poil plus, tout de même. En attendant, je me demande si c'est mon esprit qui est tordu ou si cette bande-annonce (qui en plus, n'est même pas un re-cut trailer) :



... pourrait aussi annoncer un film interdit aux moins de 18 ans.

C'est vrai que l'avantage avec Rohmer, ("You know, that french director. He was last summer at Lincoln Center for an hommage. We saw all his films. Those movies, oh, all so wonderful... They all have a je-ne-sais-quoi of so witty and so sensual too..."), c'est que la science de son découpage nous permet de combler assez aisément les ellipses. Et même si Libé (je crois) avait sorti à propos de Conte d'automne (1998) que le film ressemblait à un montage des scènes non sexuelles d'un film X ("Rohmer, il y a toujours un je-ne-sais-quoi de... si... mal joué"), cela ne veut pas dire pour autant que ses films seraient ceux "qui m'ont toujours semblé manquer d'une ou plusieurs séquences érotiques". A cette question, j'ai d'autres réponses. A bientôt, donc, pour de nouveaux aveux sortis de mon esprit tordu.

dimanche 8 novembre 2009

Let's dance

Le documentaire :

La fiction :

Ô madness... Deux extraits du même auteur, Joao Nicolau. Le premier extrait, un montage d'images documentaires, lui aurait donc permis de préparer le second : la danse de Rapace, son court-métrage de 2006 qui avait fait pas mal parler de lui à l'époque. Certes unis par la musique et le rythme, les deux extraits restent assez dissemblables et sont le prétexte rêvé pour s'amuser à pointer les différences et ressemblances dans les gestes et attitudes des danseurs.
Aussi conceptuelle que paraisse la "rapace dance" (entre ses ailes le souffle et l'esprit d'Hal Hartley battraient-ils ?), elle ne sort donc pas tout à fait de nulle part. Quelque chose de pédagogique se joue aussi entre ces deux extraits. Comme si les danseurs du second montraient ce qu'ils avaient retenu des images du premier. C'est moins habile, moins vif mais pas moins entraînant. Il y a là des danseurs ordinaires, pas des virtuoses qui donnent naissance à une danse conceptuelle mais pas abstraite de fondement. Leurs gestes sont répétitifs et minimaux mais personnalisés, juste ce qu'il faut pour qu'ils n'appartiennent qu'à eux. L'exact intermédiaire entre la chorégraphie de troupe amatrice et la "captation de soirée" -mais dénuée de tout naturalisme- où chacun danse comme il peut. Et quand on sait que les ambiances de fêtes demeurent l'une des choses les plus difficiles à saisir au cinéma... sauf, entre autres dans ce montage de -triste- circonstance :

vendredi 28 décembre 2007

Mon année érotique (Rétro 07 # 3)

Zoe Bell étendue sur le capot vrombissant de la Dodge de Boulevard de la mort (Quentin Tarantino), amazone à la fois alanguie et rugissante, c’est l’image la plus étonnamment érotique de l’année… mais d’un érotisme paradoxal : « non dénudé » et cependant puissamment évocateur, si ce n’est provocateur. Ravages de la suggestion et du contact des textures : le métal hurlant de la monture contre le corps ardent de la cavalière.
Cette juxtaposition et ces contrastes de postures languides et de sensations ardentes, je le trouve assez proche de l’érotisme que l’on rencontre dans la peinture de Balthus…
… et quand on dit Balthus, on pense à son disciple cinématographique Eric Rohmer…
La Marquise d’O (1975)

Rohmer, justement, dont son dernier opus Les Amours d’Astrée et Céladon, explore avec autant de vice languide que de délice alangui cette fausse innocence des drapés et des étoffes masquant les chairs pour mieux révéler leur potentiel érectile. Innocence (vraiment ?) et perversion (involontaire vraiment ?) toujours dans ce petit jeu consistant à aiguiser le mauvais esprit du spectateur par la marc-dorcelisation de la production (jeunes filles v vêtues de linges diaphanes dans les vieilles pierres du château) ou par plus d’un sous-entendu grivois glissé dans le dialogue. Si l’on ajoute à cela, la fausseté calculée du jeu des comédiens (c'est donc ça, la Rohmer’s touch ?), il y a plus que jamais le frisson de croire que décidément, un film de Rohmer, ce n’est pas loin d’un film porno sans les scènes de cul. Plutôt que de regretter cette pensée, plutôt que d’en être effrayé, peut-être peut-elle nous mettre sur la piste de ce qu’il y a de si précieux dans l’histoire d’Astrée et Céladon : le danger que les cœurs purs courent à se masquer à eux-mêmes leurs désirs qui affleurent en le recouvrant d’un voile aussi hypocrite qu’une feuille de vigne sur du Michel-Ange. L’obscénité demeure sans doute dans le déni plutôt que dans le kitsch dont ses détracteurs affublent Rohmer. Et l’œuvre de l’immense Eric (de grandes chances que ce soit son dernier film) de se conclure sur un chassé-croisé où la chambre des amants filmée comme un pur labyrinthe de rideaux et de désirs devient le théâtre de charnelles retrouvailles.

Enfin, parmi mes visions DVD de l’année, souvenir ému de La guerre est finie (Alain Resnais 1965) au cours duquel on trouve une étonnante scène d’amour, où plutôt de fantasme de scène d’amour, engendré par une simple et innocente caresse (là encore « vraiment ? » s’interroge le censeur)…
… scène d’amour quasi abstraite, toute entière basée sur des réminiscences tactiles et épidermiques. Une scène qui comme, rarement au cinéma, associe contact superficiel de la peau, la persistance mémorielle et l’incontrôlable du fantasme. Là encore, pas de nu « apparemment désirable » à l’image et pourtant vertige devant cet érotisme qui touche à l’ascèse.
Possible d’ajouter à ces exemples deux autres « scènes d’amour tout habillé » : la scène de première fois cadrée sur le flot des cheveux blonds recouvrant le visage de l’adolescent de Paranoid Park (Gus van Sant) ainsi que les rapprochements et caresses d’une gaucherie assumée entre Emmanuel Mouret et Virginie Ledoyen dans Un baiser s’il vous plaît (Emmanuel Mouret). Autant d’exemples pour dévoiler une part du secret du réel érotisme cinématographique. D’abord, proposer un éventail de textures et de matières (métal de la carrosserie, drapé volage, cheveux, derme, épiderme, pull angora…) pour bien exacerber les sensations tactiles et surtout, surtout : à la chair, préférer le cutané.

mercredi 20 juin 2007

Dernières lueurs de printemps

Dans quelques heures, l’été….

Pour fêter dignement son arrivée et pour souhaiter à chacun, durant les trois prochains mois, des heures radieuses, des siestes réparatrices et des moments de pur rafraîchissement, trois réminiscences cinématographiques pleines de chaleur, trois films impressionnés par la lumière d’été et les regards gourmands de leurs auteurs :
La Collectionneuse (Eric Rohmer 1966)
Empty Quarter, une femme en Afrique (Raymond Depardon 1985)
Va et Vient (Joao Cesar Monteiro 2002)

Surtout trois films célébrant la lumière et les mots comme premiers matériaux de l’érotisme.