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dimanche 12 mars 2023

Le droit du sol (Etienne Davodeau)


[...] Tout ça est peut-être une idée à la con.

    L'auteur, l'album (210 pages, 2021) :

Etienne Davodeau est un peu notre dessinateur fétiche et l'on ne pouvait manquer son dernier album : Le droit du sol, un journal de voyage où il raconte et dessine son périple (à pied) depuis la grotte préhistorique de Pech Merle dans le Lot jusqu'au site d'enfouissement des déchets nucléaires de Bure dans la Meuse.

    On aime beaucoup :

❤️ L'humilité de l'auteur, dans ses dessins comme dans ses textes, sa modestie, son autodérision, tout ce qui cache son humanité, sa généreuse culture et son engagement.
Son talent de scénariste et dessinateur.

      Le contexte :

Le voyage de Davodeau est le prétexte à quelques rencontres et à de nombreuses réflexions sur l'espèce Homo Sapiens. 
Une sorte de chemin de Compostelle à rebours ...
[...] Les pèlerins qui descendent vers Saint-Jacques-de-Compostelle. [...] Que cherchent-ils sur ce chemin ? Pourquoi marche-t-on ? Sans doute est-il important de ne pas tenter de répondre à ces questions. 
Les Sapiens du Paléolithique (dessinateurs eux aussi) ont laissé dans la grotte un magnifique héritage rupestre à leurs descendants. 
Au fond du site de Bure, que vont léguer les Sapiens du XXI° siècle à leur descendance ?
Les curieux d'images animées pourront jeter un œil sur le premier épisode (le reste de la série n'est guère intéressant) de la série suédoise White Wall (le vrai site se trouve à Forsmark au nord de Stockholm) ; cela donne un aperçu de ces fameux sites d'enfouissement (et de leurs enjeux économiques).

      La BD :

Quelle idée saugrenue de dessiner un album à partir d'une marche depuis une grotte préhistorique jusqu'à la ZAD de Bure !! ??
[...] Et je me dis surtout que tout ça est peut-être une idée à la con.
Mais c'est compter sans les talents de dessinateur et de scénariste de l'auteur qui réussit là un de ses meilleurs albums et une histoire passionnante, oui.
L'astuce de Davodeau consiste à "convoquer" dans ses dessins, tout au long de sa randonnée, des professeurs, des chercheurs, qu'il a réellement rencontrés mais avant ou après son voyage : ces accompagnateurs virtuels sont l'occasion d'éclairer le chemin, un peu sur les Sapiens du Paléolithique mais surtout sur ce qui se prépare à Bure sous haute tension policière.
On remarquera entre autres le personnage édifiant de Bernard Laponche, ancien syndicaliste CFDT (vous avez dit syndicat ?) du CEA.
[...] Ce récit , au fond, c'est une tentative d'évoquer notre absolue dépendance à cette planète et à son sol.

Pour celles et ceux qui aiment réfléchir en marchant.
D’autres avis sur Babelio.

mardi 12 janvier 2016

BD : Cher pays de notre enfance


[...] Un lieu où les non-dits se portent bien.

Il y a des livres qu'on préférerait oubliés au fond de la hotte du Père Noël, qu'on laisserait bien enfouis dans les esprits brumeux de leurs auteurs. 
Le dernier album d'Etienne Davodeau est de ces livres-là. 
Des livres qu'on aimerait ne pas avoir à lire.
Davodeau est l'un de nos auteurs de BD préférés et certainement l'un des auteurs français des plus originaux : il réussit à effacer la ligne de démarcation entre ses albums et la vraie vie, il se met en scène dans ses cases, lui et ses rencontres avec les vrais gens, lui et ses histoires-reportages.
Avec Cher pays de notre enfance, il renouvelle la recette qui avait fait la réussite et le succès des Ignorants : la BD met en page le travail commun du dessinateur Davodeau avec un ami qui fait un tout autre métier. Et l'on apprend plein de choses et sur le travail de l'un et surtout sur celui de l'autre.
Mais cette fois le partenaire de Davodeau est Benoit Collombat reporter à France Inter et si Les Ignorants nous faisaient découvrir le monde chaleureux de la viticulture, le nouveau tandem nous fait visiter cette fois les égouts nauséabonds de notre République.
L'art de Davodeau nous permet de partager le travail d'enquête rigoureux et minutieux des journalistes d'investigation (on pense un peu à L'enquête, le film sur l'affaire Clearstream) : les témoins qui veulent rewriter leurs déclarations, les témoins qui ne veulent pas se faire dessiner (le coup de crayon inquisiteur ferait-il plus peur que l'appareil photo ?).
[...] Tout au long de la réalisation de ce récit, nous envoyons à chacun de nos témoins les pages où ils s’expriment. Leurs réactions nous permettent de vérifier que nous ne trahissons pas leur parole.
On sait que les journalistes publient régulièrement de gros pavés qui détaillent le résultat de leurs enquêtes et qui font la une des médias pendant quelques jours : des bouquins trop épais, trop rébarbatifs, trop peu lus ...
Mais cette BD se lit comme un polar et Davodeau sait parfaitement comment nous prendre par la main et nous guider pas à pas, tout au long de la visite (nul besoin de connaître l'Histoire de cette période, juste de s'y intéresser).
Un résultat remarquable et une alchimie très réussie entre le travail du dessinateur et celui du journaliste. Entre le poids des mots et la force des dessins.
Ok, mais ça parle de quoi ?
Depuis seulement deux ou trois ans, les dossiers concernant le SAC, le Service d'Action Civique, sont peu à peu déclassifiés. Enfin : certaines pages de certains de ces dossiers.
Les derniers protagonistes disparaissent également (Charles Pasqua est décédé en juillet 2015).
Le 30 juin 1971, le Gang des Lyonnais braquait l'Hôtel des Postes à Strasbourg.
Le 3 juillet 1975, le juge Renaud était assassiné à Lyon.
Le 30 octobre 1979, le ministre Robert Boulin était suicidé dans quelques centimètres d'eau.
Le 18 juillet 1981, le responsable marseillais du SAC Jacques Massié et sa famille étaient massacrés, ce fut la tuerie d'Auriol.
Le SAC, milice gaulliste qui prend ses racines dans la Libération puis la Guerre d'Algérie, est le fil conducteur qui relie toutes ces affaires, toujours étouffées, jamais élucidées : quelques assassins courent encore, beaucoup ont disparu, certains y ont été aidés.
Pour les auteurs, le SAC est en quelque sorte inscrit dans l'ADN de notre République.

[...] Le SAC c'était cette zone grise de la V° République dont on aime pas vraiment se souvenir.
Le temps a passé. Mais de nombreux membres du personnel politique français, d'une façon ou d'une autre, ont été formés par cette histoire et y ont gardé des attaches, plus ou moins avouées.
Le gaullisme de la deuxième guerre mondiale, celui de la guerre d'Algérie, celui de 1968, et ce qu'il est devenu après l'alternance de 1981 portent en eux l'histoire du SAC.

[...] Vous le voyez, presque 35 ans après la dissolution du SAC, son histoire reste un lieu où les non-dits se portent bien.
L'album évoque toutes ces affaires et les auteurs établissent les connexions entre elles, les cadavres s'empilent comme dans un mauvais polar.
On regrette juste que les chapitres s'enchaînent parfois sans lien véritable (autre que le SAC à l’œuvre bien sûr) comme ces pages sur l'histoire ouvrière des usines PSA : des pages instructives et réussies mais sans connexion directe avec les autres affaires. Les auteurs semblent avoir hésité entre une 'petite' histoire du SAC et le décorticage des 'grandes' affaires Renaud et Boulin.
Cette lecture est passionnante, effarante et obligatoire.


Pour celles et ceux qui aiment savoir (un peu).
D’autres avis sur Babelio.

lundi 18 février 2013

BD : Les ignorants


Du vin ou des bulles ?

On a déjà dit tout le bien qu'on pensait d'Etienne Davodeau et de ses BD, humbles et touchantes.
Le voici qui récidive avec Les ignorants, sans doute la meilleure de ses oeuvres avec Lulu femme nue.
La recette est connue : un dessin tout en douceur, une profonde humanité et une histoire ordinaire de gens ordinaires.
Sauf que là, les deux personnages ne sont pas tout à fait tout à fait ordinaires : l'un est viticulteur en Anjou, élevant avec amour et professionnalisme ses vignes et son vin blanc.
L'autre, c'est Etienne Davodeau lui-même.
Le viticulteur ne connaît rien à la BD.
Le dessinateur ne connaît rien à la vigne.
Alors pendant un an ils vont se faire découvrir, l'un l'autre, leurs deux univers (ah encore une histoire vraie !).
Et c'est cette découverte réciproque que raconte l'album.
Avec eux, on apprend plein de choses sur la vigne et le vin.
Avec eux, on apprend plein de choses sur les albums de BD.
Et on apprend plein de choses sur la profonde humanité qui relie ces deux amis.
>Comme d'habitude la magie Davodeau opère : qu'on soit fan ou ignorant de BD, qu'on soit amateur ou néophyte en oenologie, tout le monde tombe sous le charme de cette histoire ordinaire.
Un très bel album à conseiller à ceux qui aiment le vin, la BD ou qui sont ignorants.
On vous livre deux planches : ici et .
Et une citation :

La dégustation d'un livre est peut-être plus solitaire que celle d'un vin. Mais ils ont ceci de commun que leur goût se déploie et s'affine à la discussion.

Décidément, après Les gouttes de dieu, il est clair que le vin s'accompagne volontiers de bulles  ...


Pour celles et ceux qui aiment les vrais gens.
Lorraine en parle et d'autres avis sur Babelio.

dimanche 5 juillet 2009

BD : Chute de vélo


La vie ordinaire des gens ordinaires.

On a découvert il y a peu, le destin (enfin, la première partie du destin) de Lulu femme nue d'Étienne Davodeau.
De quoi nous inciter à découvrir d'autres BD de cet auteur, comme cette Chute de vélo.
Encore une histoire ordinaire de gens ordinaires : à la fin de cet album, on peut lire une interview de l'auteur qui explique justement ses partis pris en matière de scénario composé de scènes vues, entendues ou vécues.
Avec cette chute de vélo, on retrouve une famille et des amis (ambiance proche de Lulu) en semi-vacances dans la maison de la mamie. La vieille mamie souffre d'Alzheimer, il faut remettre en ordre la maison avant la vente.
D'autres personnages, des vrais gens, entrent en scène, on devine quelques secrets, ...
Comme dans Lulu, un beau portrait de femme (ici, Jeanne la fille de la mamie).
Comme dans Lulu, un montage dynamique qui fait s'entrecroiser les histoires, les moments et les personnages, comme pour nous tenir en haleine.
C'est tout. Une histoire qui aurait pu être celle de votre belle-sœur l'été dernier.
C'est tout mais c'est tout le charme de ces histoires simples d'Étienne Davodeau.
Dont on va continuer d'explorer les albums : Les mauvaises gens entre dans la PAL.
Une planche de la Chute de vélo.


Pour celles et ceux qui aiment les vrais gens.
Le site officiel. PlaneteBD en parle.

mercredi 10 juin 2009

BD : Lulu femme nue


La vie ordinaire des gens ordinaires.

Qu'est-ce donc qui fait le charme prenant de cette BD qui, mis à part son titre un peu racoleur, ne paie pas de mine ?
Des dessins pas tape-à-l'oeil pour deux ronds, une histoire ordinaire de gens ordinaires, ... mais alors qu'est-ce donc qui fait qu'une fois en mains, on ne peut plus la lâcher ?
Même à l'occasion d'une petite relecture par ci ou par là, nous voici happés par le destin de Lulu femme nue
Mystère et surtout magie de l'auteur-dessinateur, Etienne Davodeau.

L'histoire de Lulu est pourtant des plus banales : délaissant la recherche d'emploi, le mari un peu beauf (ouais, beaucoup), les enfants, les amis et sa vie ordinaire, Lulu plaque tout son petit monde et s'offre une escapade ...
L'astuce du scénario consiste à nous raconter cela par bribes, qu'on découvre peu à peu au cours d'une soirée qui réunit les amis de Lulu : petit à petit, se reconstitue la fugue de Lulu et peu à peu, on découvre qui se cache derrière Lulu.
Le dessin est doux mais l'histoire est amère, on lit et on relit ce premier épisode et on ne sait toujours pas ce qui peut faire le charme prenant de cette BD !
Vivement la suite ...
En attendant, une autre BD de cet auteur, Chute de vélo, est entrée dans la Pile À Lire !

Pour celles et ceux qui aiment les vrais gens. 
Le site officiel. PlaneteBD en parle.