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mardi 1 octobre 2024

Leo (Deon Meyer)


[...] Cela restera une équipée sauvage. Très sauvage.

Le maître du "polar sudaf" se renouvelle avec un scénario de braquage !
"Leo" est le thriller le plus "cinéma" de la série avec un minutage ultra-précis et parfaitement maîtrisé par un scénariste dopé à l'adrénaline !

❤️❤️❤️🤍🤍

L'auteur, le livre (624 pages, octobre 2024, 2023 en VO) :

Rentrée littéraire 2024.
Avec ses thrillers récurrents dont il nous gratifie tous les ans ou tous les deux ans (un rythme qui fait qu'on garde plaisir à le retrouver), Deon Meyer est une valeur sûre du polar sudaf et même du rayon polar en général. 
Leo est un épisode de la série "Griessel et Cupido", les deux flics des Hawks, dans la suite de Cupidité ou La proie mais qui bien sûr peut se lire indépendamment.

♥ On aime beaucoup :

 Ouvrir un polar comme Leo c'est comme s'asseoir devant un bon film d'action. On est assuré d'un exotisme dépaysant (c'est l'Afrique du Sud), d'un scénario original (c'est l'Afrique du Sud), de retrouver des acteurs qu'on aime bien (Benny Griessel et le métis Vaughn Cupido, deux Sud-Africains), et c'est l'un de nos réalisateurs préférés qui est à la mise en scène (Deon Meyer, un Africain du Sud).
 L'afrikaaner essaie même de se renouveler et après nous avoir emmenés jusqu'à Bordeaux (La proie), après nous avoir intéressés à la peinture (La femme au manteau bleu) - hollandaise la peinture, bien entendu - le voici qui s'essaie au scénario de hold-up, carrément. 
Et attention les yeux : un braquage peut en cacher un autre et ils sont menés par Christina Jaeger (la chasseuse) dite Chrissie, une actrice à la Lara Croft, jolie comme Angelina ! 
Une comme on n'en fait qu'au cinéma !
[...] C’est une hyène brune, une femelle alpha, une solitaire. C’est une briseuse de cœurs. Son côté brut de décoffrage, protestataire, dur à cuire.
 Tout comme dans les derniers épisodes, Deon Meyer s'en prend à la corruption et à la "captation de l'état" pratiquées par les mafieux qui ont gouverné le pays : Jacob Zuma et les frères indiens Gupta (qui sont présentés dans le livre sous les noms de code de Joe Zaca et Chanda !).
Les lingots et les millions de la corruption sont au cœur de l'intrigue et vous allez être très surpris d'apprendre d'où ils viennent ...

Le canevas :

Tout débute par un bon braquage très pro, un plan minuté, une équipe entraînée, une préparation d'enfer : bref, tout est réuni pour que, bien sûr, ça tourne mal !
Pendant ce temps, nos amis Griessel et Cupido (qui attendent toujours de réintégrer l'équipe des fameux Hawks dont ils se sont fait virés pour avoir mis leur nez là où il ne fallait pas), nos amis donc, enquêtent sur la mort suspecte d'une jeune femme "attaquée" par des chiens aux environs de Stellenbosch.
[...] C’est une Blanche, jeune, très probablement une étudiante. Ce n’est peut-être pas un accident. Quand la nouvelle sera rendue publique, les réseaux sociaux vont se mettre à bourdonner. Avec la police sud-africaine dans leur viseur.
Et bien vite voilà le meurtre du propriétaire des chiens. Il a été assassiné, la gorge étouffée par de la mousse expansive (!) et les chiens n'aboieront plus.
[...] — Cause du décès ?
— Suffocation, je dirais. Mais d’un genre particulier.
« C’est de la mousse expansive. Dans la gorge.
— De la mousse ?
— Oui, de la mousse expansive.
Le propriétaire des chiens serait un ancien des fameux commandos des Forces Spéciales.
L'enquête difficile de Griessel et Cupido les rapproche lentement du pot aux roses mais Deon Meyer maîtrise parfaitement son timing et tout va s'accélérer quand un second braquage se met en place !
[...] Il est donc impératif que l’opération réussisse. Beaucoup de choses peuvent foirer en cours de route. Au moins, si l’affaire échoue, cela restera une équipée sauvage. Très sauvage.
[...] — OK. Eh bien, pourquoi t’es-tu embarquée dans cette affaire, Christina Jaeger ?
— À cause d’Héraclès.
— Héraclès ?
— Putain, il n’y a rien de plus excitant que de rester debout face au lion qui te charge, Igen. Rien. »
À ce rythme d'enfer, pas facile pour l'ami Benny de se préparer pour son mariage !
[...] Griessel essaie son costume de mariage. Les points de bâti sont encore visibles, mais l’ensemble lui va bien. Huit jours avant les noces. Carla l’examine des pieds à la tête.
« Très beau, papa, mais il faut passer chez le coiffeur.
— Jeudi.
Ah mais non, Benna, nous on sait que jeudi ça va pas le faire, tu verras, tu vas finir par être en retard à ton mariage ! Et d'ici là, impossible pour le lecteur de refermer ce "page-turner" !

Pour celles et ceux qui aiment les films de hold-up.
D’autres avis sur Bibliosurf et Babelio.
Livre lu grâce aux éditions Gallimard (SP).
Ma chronique dans les revues ActuaLitté, 20 Minutes et Benzine.

mardi 2 janvier 2024

13 Heures (Deon Meyer)

[...] Et la journée était encore loin d’être finie.

●    L'auteur, le livre (461 pages, 2010, 2008 en VO) :

On ne présente plus Deon Meyer, une valeur sûre du polar sudaf et même du polar en général.
C'est avec ses polars que l'on peut découvrir les différentes facettes d'un pays façonné par une histoire douloureuse et tourmentée qui aura laissé des traces profondes et de multiples cicatrices.
13 heures est un épisode de la série "Benny Griessel" qui date de 2008/2010.

●    L'intrigue :

La journée de Benny Griessel commença par un coup de fil a 5h37.
[...] Un coup de fil à une heure pareille, ça sentait les mauvaises nouvelles, voilà ce qu’il se disait.
[...] C’était un pressentiment. Comme si la journée apportait le mal avec elle.
Treize heures plus tard, à 18h37, les différentes affaires d'une dure journée seront classées.
L'une des deux enquêtes concerne deux jeunes touristes américaines en voyage en Afrique : l'une d'elles vient de se faire égorger en pleine rue. L'autre est en fuite, poursuivie par d'affreux jojos. C'est une véritable course contre la montre qui attend Benny Griessel et son équipe, pour tenter de sauver la jeune américaine. Est-ce que les filles jouaient les mules pour des trafiquants ? Est-ce que le deal a mal tourné ? Autre chose ?
[...] On a un… corps. 
– Où ça ? 
– St. Martin, l’église luthérienne en haut de Long Street. 
– Dans l’église ? 
– Non, elle est dehors. 
– J’arrive.
[...] Elle était blanche. Autant dire que les ennuis n’allaient pas tarder.
[...] Je vous en prie, se dit-il, faites que ce ne soit pas une touriste. Si c’était le cas, la situation allait leur échapper complètement.
Dans le même temps, Benny est appelé sur une scène de crime plus classique : un riche et influent personnage du show-biz vient d'être retrouvé poignardé chez lui, sa femme complètement ivre à ses côtés (madame était alcoolique). Une enquête qui nous apprend plein de choses sur le milieu du show-biz, des disques et de la chanson.
[...] Il y a de l’argent en jeu dans l’industrie du disque.
[...] Les intrigues sont légions. Les scandales comme les divorces, le harcèlement sexuel, les affaires de pédophilie…
[...] Ils se bagarrent pour tout… les accompagnements musicaux, les contrats, les crédits artistiques, les droits d’auteur.
[...] Quand la gloire et l’argent sont en jeu… c’est toujours la même chose.

●   On aime un peu :

❤️ Les polars de Deon Meyer sont toujours l'occasion de découvrir de nouvelles facettes de la nation arc-en-ciel et cet épisode ne déroge pas à la règle, d'autant que l'Afrique du Sud est à l'aube de nouveaux changements : le bouquin date de 2008 et Jacob Zuma s'apprête à prendre bientôt les rênes du pays. Zuma est un zoulou et les xhosas tenaient jusqu'ici les commandes ...
[...] Les quotas raciaux qui changent tous les ans, tout est politisé. Et si Zuma devient président, ils vont virer les Xhosas et coller des Zoulous partout, et tout va changer une fois de plus, nouvelle hiérarchie, nouvelles priorités, nouveaux problèmes.
😕 Pour autant, ce n'est sûrement pas le meilleur bouquin de cet auteur : les deux enquêtes, menées en parallèle selon l'alternance des chapitres, sont très différentes l'une de l'autre et surtout sont conduites à des rythmes bien différents. Du coup, le lecteur peine un peu à passer de l'une à l'autre, à se concentrer tantôt sur le monde du show-biz, tantôt sur la course poursuite, ... et la lecture s'en trouve pénalisée même si bien sûr on s'attend à ce que les deux histoires finissent par se rejoindre. Juste un peu avant18h37 !

Pour celles et ceux qui aiment la nation arc-en-ciel.
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vendredi 11 novembre 2022

Cupidité (Deon Meyer)

[...] Mais la cupidité nous unit.

Avec ses thrillers, Deon Meyer est une valeur sûre du roman sudaf et plus largement du rayon polar.
Le revoici avec un nouveau roman, Cupidité, qui nous emmène dans la ville chic de Stellenbosch non loin du Cap, pour épingler la corruption et la "captation de l'état" [clic] qui rongent le pays arc-en-ciel, un thème habituel de cet auteur.
Les super flics Benny Griessel et Vaughn Cupido, pris dans la guerre des polices, ont été rétrogradés et sont mis au placard à Stellenbosch. Un placard doré, bien trop doré d'ailleurs : ça sent la manipulation ...
En parallèle, une jeune agent immobilière monte une transaction pour un magnat devenu encombrant, une aubaine financière pour cette jeune femme : ça sent la manipulation ...
Et dans le même temps, Griessel et Cupido se retrouvent en charge d'une enquête sur un étudiant disparu. Un hacker surdoué du clavier qui vivait au-dessus de ses petits moyens : ça sent ...
Bref, tout cela ne sent pas vraiment la rose mais plutôt les âcres relents des affaires de corruption qui gangrènent le pays.
[...] Son optimisme indécrottable la rend souvent aveugle à la pagaille qui règne dans le pays.
[...] On a perdu confiance dans le gouvernement sud-africain. La corruption, le pillage des institutions publiques, la lente décomposition des réseaux de chemin de fer, d'eau et d'électricité.
[...] Personne n'a le courage d'affirmer que le gouvernement est un nid de kleptomanes corrompus qui pille le pays jusqu'à la moelle.
[...] Y a tant de choses qui nous divisent dans ce pays. Mais la cupidité nous unit.
❤️  Les différentes intrigues finiront bien sûr par se croiser et le roman est un véritable page-turner très réussi, peut-être un peu moins sudaf que les précédents mais plus polar. Suspense addictif garanti.
[...] Il s'agit dans cette affaire de disputes conjugales au mieux, et au pire d'un escroc en fuite. Ou d'un savant mélange des deux. Pendant ce temps, il aurait aimé chercher un jeune étudiant, un gamin qui n'est probablement plus en vie.

Pour celles et ceux qui aiment l'Afrique du Sud.
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mardi 30 novembre 2021

La femme au manteau bleu (Deon Meyer)

[...] Vous avez déjà entendu parler de Rembrandt ?

Avec ses gros thrillers, Deon Meyer est une valeur sûre du roman sudaf et plus largement du rayon polar.
Le voici qui nous offre un petit (moins de 200 pages) interlude.
La femme au manteau bleu nous emmène toujours en Afrique du Sud, au Cap, où le duo d'enquêteurs habituels, les "Hawks" Cupido et Griessel, hérite du cadavre d'une femme blanche retrouvée nue au bord d'une route et lavée à l'eau de Javel.
Les premiers éléments de l'enquête montre que la dame était une britannique, spécialiste du marché de l'art, venue au Cap pour un tableau d'un peintre hollandais du XVII°, Carel Fabritius, élève de Rembrandt et plus tard maître de Vermeer, le peintre du célèbre Chardonneret (oui, celui de Donna Tartt).
[...] - Qui ? demande Cipido.
- Fabritius, dit le professeur, légèrement déçu.
- Nous ne savons pas de qui il s'agit, reconnaît Griessel.
- Le Chardonneret ?" insiste Wilke encore plein d'espoir.
Ils secouent la tête.
"Donna Tartt ?" murmure le professeur, dont le ton suggère qu'il s'attend à leur réaction.
Leurs visages indiquent que ce nom ne leur dit rien.
"Vous avez déjà entendu parler de Rembrandt ?
- Naturellement." La mine de Cupido s'éclaire. "Tout le monde connaît Rembrandt.
- Eh bien ! Carel Fabritius était un de ses élèves. A vrai dire, c'est le seul de ses élèves à avoir développé un style propre. Si vous me posez la question, je vous dirais que c'était le meilleur des élèves de Rembrandt.
Les héros de Deon Meyer, Cupido et Griessel, étaient plutôt coutumiers jusqu'ici des luttes fratricides et des corruptions galopantes qui gangrènent la nouvelle nation arc-en-ciel d'aujourd'hui : le monde de l'art n'est pas vraiment leur tasse de thé, l'histoire des colons hollandais non plus mais une enquête reste une enquête et ils mèneront rapidement celle-ci à son terme.
Deon Meyer s'offre une petite récréation sympathique et sans prétention.

Pour celles et ceux qui aiment la peinture hollandaise.
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samedi 19 décembre 2020

La proie (Deon Meyer)

[...] Le crime du Rovos Express.

Le sudaf Deon Meyer n'est pas un inconnu [clic], avec des polars toujours très pros même si la plume reste simple.
Et puis il y a toujours le plaisir de découvrir depuis son canapé, cette fascinante Nation Arc-en-Ciel. 
[...] J'ai appris une chose sur ce pays, Vaughn. Ça ne va jamais aussi mal qu'on le craint. Et ça ne va jamais aussi bien qu'on le voudrait. 
La proie nous propose de commencer le voyage en train avec le Rovos, un train touristique de luxe, version sudaf de l'Orient Express.
Bon, on est en Afrique du Sud, hein : un cadavre est bientôt retrouvé sur les voies, balancé du fameux train ...
L'intrigue nous promènera dans la région du Cap bien sûr où l'on va suivre un duo d'enquêteurs des fameux Hawks, un tandem plutôt bien décrit et auquel on s'est attaché au fil des polars de Meyer.
Un autre volet (qu'on a trouvé moins réussi) se déroule à Bordeaux, clin d'œil de l'auteur à son fan club français, une ville qu'il semble bien connaître jusqu'à la librairie Mollat !
Un thriller sur fond de corruption, de rivalités géopolitiques et de règlements de comptes post-ANC.
[...] Il faut que tu comprennes, il y a de grandes puissances en jeu. La Chine qui monte, l'Amérique qui décline. Au milieu un vide qui ne demande qu'à se remplir. Un nouvel ordre mondial est en route. Et Poutine ... Tu peux dire de lui ce que tu veux, il est malin. Il joue sur le long terme, il se positionne, il place son pays.
Mais en dépit de l'épisode français, Deon Meyer se renouvelle peu et sans nous avoir vraiment ennuyé, il n'a pas réussi non plus à nous happer totalement avec ce thriller comme on pouvait l'espérer. On suit tout cela avec un peu trop de détachement.

Pour celles et ceux qui aiment les snipers.
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vendredi 13 février 2015

7 jours (Deon Meyer)


On s'était pourtant promis de ne pas abuser de Deon Meyer, un auteur qu'il vaut mieux savourer à petites doses sous peine de trouver ses polars un peu trop répétitifs et indigestes.
Mais quelques semaines seulement après l'excellent Kobra (qu'on vous recommande), le hasard et le cirque des inconstances ont fait que nous voici avec 7 jours entre les mains.
Un bon polar de bonne facture avec une bonne histoire à raconter : une enquête savamment et patiemment construite. Et comme d'habitude une galerie de personnages bien dessinés, c'est la marque de fabrique de Deon Meyer et le principal atout de ses bouquins.
La police du Cap est en train de laisser pourrir deux affaires d'assassinats. Deux jeunes femmes de la bonne société, trucidées, deux meurtres sans aucun rapport entre eux.
Un sniper mystérieux entreprend de réveiller les enquêteurs : chaque jour qui passe (il y en aura 7 pour ceux qui ont suivi), le sniper tire sur un flic. La pression monte. On reprend les enquêtes à zéro. On repart des rapports et des interrogatoires. Un lent et minutieux travail d'investigation, intelligemment décrit, ponctué chaque jour par les tirs du sniper.
Toute l'équipe des Hawks, menée par Benny Griessel que l'on connait bien et ses accolytes Mbali Kaleni et Vaughn Cupido, se met en chasse.

[...] Cupido sortit son badge de sa poche, l'abattit sur le comptoir en disant :
- Lis et pleure.
L'homme se pencha prudemment en avant et lut.
- C'est quoi ton nom ? demanda Cupido.
- Affonso ? répondit-il avec une hésitation étrange, en courbant ses épaules étroites.
- Affonso qui ?
- Affonso Britos ?
- Tu me le demandes ou tu me le dis ?
- Je vous le dis ?
Cupido regarda l'homme d'un air sévère. Ça devait être la nervosité qui provoquait les points d'interrogation.
- Capitaine Vaughn Cupido. Tu connais la Direction des enquêtes criminelles prioritaires, Affonso Britos ?
- Désolé. Je ne suis pas sûr. (Ton d'excuse respectueux.)
- Les Hawks.
- Ouais. Je connais les Hawks.
- Génial, Affonso. Qu'est-ce que tu sais des Hawks ?
- Ils foutent la trouille ?
- C'est la bonne réponse.

Une belle et bonne enquête, du stress et de la pression, une course contre la montre et le calendrier du sniper. C'est devenu son habitude, Deon Meyer épice son bouquin de quelques nouveautés high-tech : téléphonie et internet sont appelés à la rescousse. Mais ce côté branché est un peu moins réussi que le même volet dans Kobra.
Ses collègues considèrent Benny Griessel comme un 'vieux renard'.
Mais le trop modeste Benny considère que seul le côté 'vieux' est véridique et que le côté 'renard' laisse à désirer !

[...] - Benny, s'il te plaît. Que s'est-il passé ?
- Tout s'est passé. Fanie Fick est mort parce que je suis un imbécile. Mes collègues ont dû résoudre l'affaire Sloet parce que je suis nul comme enquêteur. Je ne sais plus interprêter les réactions des gens. J'ai perdu Carla, la seule personne ... la seule femme qui voulait encore avoir affaire à moi. Elle est amoureuse du Chaînon Manquant. Mon fils veut se faire tatouer "Parow Arrow" sur le bras et je n'ai aucun moyen de l'en empêcher, parce que j'ai besoin qu'il me donne des leçons sur les bornes Wi-Fi et Twitter et Facebook et les modems cellulaires, afin que je ne me ridiculise pas d'avantage.

Comme d'habitude, et c'est bien sûr tout l'intérêt des polars de Deon Meyer, on entrevoit de nouveaux aspects de ce qu'est devenue la nation Arc-en-ciel après Madiba.
Les problèmes de couleur sont toujours très prégnants et l'on découvre quelques travers du BEE (Black Economic Empowerment), le programme qui vise à repeindre en couleurs plus foncées le pouvoir économique : la discrimination positive appliquée au monde des affaires.
Avouons que l'on se perd un peu dans les méandres de cette excursion économique (corruption, blanchiment, main-mise étrangère, OPA, ...) : Deon Meyer explique à la fois trop et trop peu et se fourvoie un peu dans le dosage.
Mais pas suffisamment pour nous gâcher le plaisir de ce bon gros polar, nerveux et efficace, que l'on dévore en bien moins de 7 jours.
Un Deon Meyer sans surprise mais presque sans fausse note.
Mais tout de même un cran en-dessous du récent Kobra.


Pour celles et ceux qui aiment l'Afrique, même du Sud.
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samedi 15 novembre 2014

Kobra (Deon Meyer)

Le principe de Spider Man

Habituellement on n’est pas trop fan des polars de Deon Meyer [1] dont on sait qu’il est parfois capable de vraiment bâcler son écriture et malheureusement certains passages le prouvent encore :

[…] Il se prépara un café instantané. Avala des Weet-Bix avec du lait et du sucre. Se brossa les dents, prit sa douche, se rasa et s’habilla.

Mais inexorablement l’Afrique du Sud et les séquelles douloureuses de son Histoire chaotique nous fascinent … alors de temps à autre, on replonge.
Notre ordonnance : un Deon Meyer par an, ne pas dépasser la dose prescrite.
Cette fois, nous voici aux prises avec Kobra.
Kobra c’est le surnom d’un tueur à gage beaucoup trop efficace qui, sur son chemin, sème des morts joliment exécutés entre les deux yeux et autant de douilles gravées d’un serpent.

[…] Ce foutu serpent sur la cartouche avait retenu son attention et ne cessait de lui trotter dans la tête. Quel genre de dingue fabriquait un poinçon avec un cobra en train de cracher son venin et en marquait ensuite ses munitions ? Ça devait prendre un sacré temps. Et dans quel but ? Les laisser sur la scène de crime comme une carte de visite …

Visiblement, le mystérieux Kobra n’en serait pas à son coup d’essai et aurait déjà Interpol aux trousses. Il aurait débarqué au Cap. Hécatombe dans une riche villa où se cachait un ressortissant britannique, mathématicien réputé, auteur d’un savant algorithme financier.
Pas mal de cadavres ce soir-là, ceux des gardes du corps bien sûr, mais point de matheux : disparu, enlevé ?
Tous les services sont sur la brèche y compris le MI6 anglais et les différentes officines plus ou moins secrètes du pays : et l’on sait l’Afrique du Sud trop bien lotie de ce côté …
L’inspecteur Benny Griessel et ses collègues essaient tant bien que mal de garder le contrôle de l’enquête et de naviguer dans ces eaux troubles et agitées qui feraient peur même aux requins, pourtant féroces dans cette région.

[…] – Vous connaissez le principe de Spider-Man ?
– Le quoi ?
– Le principe de Spider-Man. Plus on a de pouvoir, plus on a de responsabilités. De telles informations donneraient un pouvoir considérable à notre gouvernement, capitaine. Et je le pense incapable d’assumer d’aussi grandes responsabilités.

Au milieu de ces engrenages impitoyables, un grain de sable : un petit pickpocket maigrichon mais teigneux qui aura piqué le portefeuille de trop, à la mauvaise personne au mauvais moment …
Sans doute pour détendre une atmosphère tendue et rythmée comme un film américain, Deon Meyer réussit à distiller pas mal d’humour dans son roman et, une fois n’est pas coutume, il réussit même à placer quelques amusantes figures sur le thème casse-gueule et désormais éculé de la branchitude technologique en opposant les vieux de la vieille et les jeunes geeks connectés.

[…] – Je faisais un break avec Angry Birds. Je veux dire, si on peut pas lever le pied de temps en temps …
– Qui est Angry Birds ?

Comme on est très très difficile sur ce sujet précis (la branchitude techno), pointilleux jusqu’à l’intolérance, autant dire que si l’on a apprécié, c’est que soit une sénilité bienveillante nous guette, soit que c’est plutôt bon !
Et pourtant Deon Meyer en fait des tonnes sur ce thème et vous saurez bientôt tout sur ce qu’il faut faire (et ne pas faire !) avec son téléphone portable.
Autre détail pittoresque, l’inspecteur Benny Griessel sort à peine de ses séances aux Alcooliques Anonymes. Jusque là rien de bien nouveau dans la profession policière où nous sommes coutumiers des enquêteurs imbibés. Donc lorsque le matin Benny se pointe la gueule défaite, les yeux froissés et la chemise douteuse, tous les collègues et le lecteur sont prêts à jurer que l’inspecteur Griessel a fatalement replongé dans la bouteille.
Sauf que non, c’est pas ça, c’est même pire, du moins selon Benny qui ne veut rien avouer à personne (il faudra plusieurs chapitres avant de découvrir de quoi il retourne mais on ne vous dit rien car on a juré à Benny de garder le secret, et ça ne se répète pas ces choses-là).
Cerise sur le gâteau au boer, les dialogues sont truffés d’expression locales (zoulou, afrikaans, argot du Cap …) qui amusent et intriguent sans gêner la compréhension (y’a même un petit lexique pour les plus curieux).
Sans doute un des meilleurs Deon Meyer avec un scénario relevé et épicé, une galerie de personnages peinte d’un trait épais et soigné (un des meilleurs atouts de ce bouquin(1)), une course poursuite foisonnante et trépidante, … tout est prêt pour le cinéma.
Alors si vous voulez savoir qui est vraiment Kobra, savoir ce qui empêche Benny de dormir, savoir si le pickpocket échappera aux affreux (et à la police !), savoir pour qui tournait le fameux algorithme financier mis au point par l’anglais … direction Le Cap !

(1) - seule fausse note dans la galerie de portraits, l’improbable couple occidental que composent le trop naïf matheux anglais et sa trop jolie assistante de recherche - faut dire que le problème avec l’Afrique du Sud, c’est que c’est plein de noirs et le cahier des charges réclamait sans doute des rôles pour des stars hollywoodiennes blanches et bankables - visiblement Deon Meyer ne s’intéresse pas trop à ces deux personnages (et nous non plus) qui fort heureusement sont assez peu présents


Pour celles et ceux qui aiment l’Afrique, même du Sud.
D’autres avis sur Babelio


vendredi 30 novembre 2007

L'âme du chasseur (Deon Meyer)

Après Mandela.

Après Les soldats de l'aube, lu il y a quelques années (c'était avant l'éclosion de la blogoboule), voici L'âme du chasseur du même auteur sud-africain : Deon Meyer.
C'est écrit à l'américaine, vite fait bien fait, comme un scénario pour Hollywood.
On est donc bien loin des polars littéraires comme ceux que nous avons pu découvrir avec Mankell, Connelly, Indridason et d'autres, et le style relève plutôt du roman de plage ou de TGV.
Mais tout l'intérêt de ce bouquin (et il est d'un grand intérêt) vient du contexte dans lequel se déroule l'intrigue : l'Afrique du Sud d'après Mandela, l'Afrique du Sud d'aujourd'hui, celle d'après le 11 septembre 2001.
Les services de renseignement du nouveau régime (un nouveau régime qui peine encore à se mettre en place) livrent bataille alors que les plaies de la guerre civile sont encore bien loin d'être refermées.
[...] Miriam dévisagea Janina d'un air glacial, ses yeux, sa bouche, ses mains. 
- Je ne vous crois pas. 
Janina soupira. 
- Parce que je suis blanche ? 
- Oui. Parce que vous êtes blanche.
Et l'on devine derrière tout ça que d'autres (CIA, extrémistes islamistes, ...) éprouvent un malin plaisir à souffler sur les braises.
L'intrigue de base est plutôt simple (pour Hollywood sans doute !) : pour aider un ancien ami, un grand black, ancien militant (doux euphémisme) désormais rangé, se trouve embringué dans le convoyage de renseignements explosifs. Il se retrouve vite pourchassé par divers rapaces et enfourche une BMW GS avant de traverser tout le pays et le roman raconte cette course-poursuite à moto (l'auteur n'a peut-être pas une âme de chasseur mais assurément une âme de motard).
Mais P'tit (c'est l'ancien nom de guerre du héros) n'aime pas qu'on le chatouille quand il veut rendre service et il va vite retrouver ses anciens réflexes (c'était un ancien tueur à la solde du KGB).
Même si c'est plutôt bien ficelé, il n'y a pas là de quoi se triturer les méninges.
Du moins de ce côté.
Car ce n'est pas tout et au fil des pages et des flash-backs on découvre tout un monde : celui d'une Afrique du Sud plutôt méconnue, les accointances entre les services secrets d'ici ou d'ailleurs, les luttes raciales d'hier (Boers, Anglais et Xhosas) auxquelles répondent les intrigues intestines d'aujourd'hui.
Et ça, c'est passionnant.

Pour celles et ceux qui aiment la moto, les voyages et l'Histoire. 
Bleu et noir et l'Actu du Noir en parlent.