[...] La marchandise appelée « survie ».
L'auteur, le livre (160 pages, mars 2024, 1967 en VO) :
On aime :
• Les hôtes se retrouvent "confinés" dans leur hôtel-bunker avec une "direction" qui ne semble pas faire preuve d'une totale transparence : toute ressemblance avec une situation récente serait vraiment fortuite puisque le bouquin date de 1967 !
• Avec une prose distante, froide et un peu désuète, l'auteur profite de ce huis-clos monté comme une pièce de théâtre, pour questionner nos réactions, nos comportements. Comment réagissons nous au confinement, au règlement arbitraire, à l'arrivée des étrangers, à la contamination, ... Les sujets ne manquent pas, on le sait maintenant.
Le pitch :
[...] Lorsque je me suis inscrit à l’institution il y a quelques années, pour « une garantie d’aide », c’était en raison de l’isolement de l’hôtel, du stockage souterrain des aliments, de l’accès à des sources d’eau sûres, et à des abris, et de l’assurance d’avoir un service de sécurité et des éclaireurs.
[...] Ce qui comptait au moment de l’inscription, c’était l’accès à une chambre protégée, à un hôtel doté d’un personnel formé, à des médecins et à un yacht à moteur prêt à éloigner les hôtes de la terre si celle-ci devenait inhabitable pendant une période prolongée.
[...] Quatre personnes ont été retrouvées mortes sur l’escalier principal de l’hôtel.Apparemment, les hôtes n’étaient pas censés en être informés, mais l’un des agents de sécurité a vendu la mèche. Il a raconté qu’il était présent lorsque les cadavres ont été emportés et enterrés. Quand ils ont soulevé le dernier corps, les cheveux sont tombés sur les marches, comme s’il s’agissait d’une perruque. C’était une jeune femme, son visage était boursouflé et son corps recouvert de petites plaies purulentes. Les trois autres étaient des hommes, ils n’étaient pas blessés, mais l’un d’eux avait les mêmes petites plaies sur la poitrine que la femme.
Ils avaient sûrement cru pouvoir trouver de l’aide à l’hôtel et s’étaient allongés dans l’escalier, personne n’ayant réagi à leurs coups sur la porte. Ils venaient sans doute de l’un des villages voisins, situés à une dizaine de kilomètres à l’intérieur des terres. Ils étaient tous morts des suites du syndrome d’irradiation aiguë.
[...] Nous nous étions attendus à trouver un monde complètement anéanti. C’était ce contre quoi nous nous étions assurés en nous inscrivant à Termush.
Personne n’avait pensé à se prémunir contre les survivants et leurs exigences à notre égard. Nous avions payé pour continuer à vivre comme si nous avions payé une assurance maladie, nous avions acheté la marchandise appelée « survie » et, selon tous les contrats existants, personne n’avait le droit de nous la reprendre ou de nous la réclamer.
Et voilà que des étrangers arrivaient et s’attendaient à partager notre protection.
Pour celles et ceux qui aiment les confinements.
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Livre lu grâce aux éditions Robert Laffont.
Mon billet dans 20 Minutes.