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vendredi 18 octobre 2024

La Guerre des Boers et les camps de concentration en Afrique du sud (1880-1902)

 

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La Guerre des Boers, également connue sous le nom de Guerre d’Afrique du Sud, est un conflit qui a profondément marqué l’histoire du pays et de la colonisation britannique. Elle se compose de deux guerres principales : la Première Guerre des Boers (1880-1881) et la Seconde Guerre des Boers (1899-1902). Ces guerres opposèrent les Britanniques aux Boers, des descendants des colons hollandais installés en Afrique du Sud au XVIIe siècle. Les enjeux de ces conflits étaient multiples, mêlant lutte pour l’indépendance des républiques boers, enjeux économiques liés à la découverte de ressources minières, et volonté britannique de renforcer son empire colonial.

Les causes des Guerres des Boers

Les tensions entre les Britanniques et les Boers sont apparues dès l’annexion du Cap par les Britanniques en 1806. Les Boers, qui avaient établi deux républiques indépendantes – le Transvaal et l’État libre d’Orange –, cherchaient à préserver leur autonomie face aux ambitions impérialistes britanniques. La Première Guerre des Boers éclata en 1880 lorsque les Britanniques tentèrent d’annexer le Transvaal, mais elle se solda par une victoire boer et la reconnaissance de l’indépendance de la république. Cependant, la découverte de riches gisements d’or et de diamants dans le Transvaal raviva l’intérêt britannique, conduisant à la Seconde Guerre des Boers en 1899.

La Seconde Guerre des Boers : Un conflit brutal

La Seconde Guerre des Boers fut un conflit beaucoup plus long et plus violent que le premier. Les Boers, bien que moins nombreux et moins bien équipés, menèrent une guerre de guérilla efficace contre les forces britanniques. Cependant, la supériorité numérique et technologique des Britanniques finit par avoir raison des forces boers, qui durent capituler en 1902. Ce conflit marqua un tournant dans l’histoire militaire en raison de l’utilisation de nouvelles stratégies, mais il est également tristement célèbre pour l’introduction des camps de concentration.

Pendant la Seconde Guerre des Boers, les Britanniques mirent en place une politique de la terre brûlée pour affaiblir la résistance boer. Les fermes furent incendiées, les récoltes détruites, et les familles boers, principalement des femmes, des enfants et des personnes âgées, furent déportées dans des camps de concentration. Ces camps, établis par Lord Kitchener, commandant en chef des forces britanniques, étaient destinés à couper le soutien logistique aux combattants boers.

Les conditions de vie dans ces camps étaient épouvantables. Plus de 116 000 Boers furent enfermés dans ces camps, où ils souffraient de malnutrition, de maladies, et d’un manque d’hygiène. Les rations alimentaires étaient insuffisantes et mal adaptées, et les infrastructures sanitaires étaient quasiment inexistantes. Les épidémies de typhoïde, de rougeole et de dysenterie se propagèrent rapidement, entraînant la mort de près de 28 000 personnes, dont une majorité d’enfants.

Les camps de concentration utilisés par les Britanniques durant la guerre des Boers sont souvent cités comme les premiers de l’histoire moderne. Leur utilisation suscita une vive indignation, non seulement en Afrique du Sud, mais aussi en Grande-Bretagne, où des voix s’élevèrent pour dénoncer ces pratiques inhumaines. Emily Hobhouse, une militante britannique des droits de l’homme, joua un rôle crucial en révélant les conditions horribles dans ces camps, ce qui conduisit à une commission d’enquête et à des réformes tardives.

La guerre des Boers et les atrocités commises dans les camps de concentration laissèrent une cicatrice profonde dans l’histoire de l’Afrique du Sud. Ce conflit, symbole de la brutalité coloniale, est aujourd’hui commémoré dans les musées et les mémoriaux du pays. La mémoire des victimes est honorée, et cet épisode tragique continue de résonner comme un avertissement contre les excès du pouvoir colonial et les horreurs de la guerre.

Les grandes figures historiques de la Guerre des Boers

Paul Kruger (1825-1904)

Paul Kruger, surnommé « Oom Paul » (Oncle Paul), est sans doute la figure la plus emblématique de la résistance boer. Président de la République sud-africaine du Transvaal de 1883 à 1900, Kruger fut un leader charismatique et un fervent défenseur de l’indépendance des républiques boers face à l’impérialisme britannique. Son leadership pendant la Seconde Guerre des Boers a galvanisé les forces boers, même si la défaite finale l’obligea à s’exiler en Europe, où il mourut en 1904 .

Louis Botha (1862-1919)

Louis Botha fut un brillant commandant militaire boer et l’un des principaux chefs de guerre pendant la Seconde Guerre des Boers. Il s’est distingué par sa tactique de guérilla, infligeant des pertes sévères aux troupes britanniques. Après la guerre, Botha devint le premier Premier ministre de l’Union sud-africaine en 1910, jouant un rôle crucial dans la réconciliation entre les Afrikaners et les Britanniques .

Jan Smuts (1870-1950)

Jan Smuts est une autre figure centrale de la guerre des Boers, connu pour son intellect et sa stratégie militaire. Smuts a dirigé plusieurs campagnes militaires réussies contre les Britanniques et est devenu un éminent homme d’État sud-africain. Après la guerre, il a œuvré aux côtés de Louis Botha pour construire une nouvelle Afrique du Sud unifiée et a joué un rôle majeur sur la scène internationale, notamment en tant que membre de l’Empire britannique durant les deux guerres mondiales .

Lord Kitchener (1850-1916)

Du côté britannique, Lord Horatio Herbert Kitchener est l’une des figures les plus controversées de la guerre des Boers. Commandant en chef des forces britanniques à partir de 1900, Kitchener est connu pour sa stratégie de la terre brûlée et pour la mise en place de camps de concentration, où des milliers de civils boers furent détenus dans des conditions déplorables. Bien que ces méthodes aient contribué à la défaite des Boers, elles ont terni la réputation de Kitchener et sont restées un sujet de controverse historique .

Emily Hobhouse (1860-1926)

Emily Hobhouse, une militante britannique des droits de l’homme, a joué un rôle crucial en révélant au monde les atrocités commises dans les camps de concentration britanniques. Ses rapports détaillés sur les conditions de vie horribles dans ces camps ont provoqué un scandale en Grande-Bretagne et ont conduit à des réformes, bien que tardives. Hobhouse est aujourd’hui reconnue comme une figure héroïque pour son combat humanitaire durant la guerre .

Christiaan de Wet (1854-1922)

Christiaan de Wet fut un autre commandant boer de premier plan, célèbre pour ses tactiques de guérilla efficaces. Il a mené de nombreuses batailles contre les Britanniques, réussissant à échapper à plusieurs tentatives d’encerclement. De Wet est considéré comme l’un des chefs militaires les plus talentueux des Boers et un symbole de la résistance afrikaner contre l’oppression britannique .

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

https://www.breizh-info.com/2024/08/14/236533/la-guerre-des-boers-et-les-camps-de-concentration-en-afrique-du-sud-1880-1902/

jeudi 14 septembre 2023

Afrique du Sud : Pourquoi l’Apartheid fut un échec ou l’importance de la démographie

 

Grand remplacement

Nous portons à la connaissance de nos lecteurs, ce texte publié par le média en ligne sud-africain : Maroela Media. Analysant les causes de l’échec de l’Apartheid et ses conséquences pour la communauté afrikaner et, plus globalement blanche en Afrique du Sud, l’auteur, Arthur Kemp, aborde des questions brûlantes pour l’Europe actuelle : l’importance du défi démographique, la question de la dépendance envers une main-d’oeuvre immigrée à bas coût (problème crucial dans l’agro-alimentaire breton) et le choix de la Sécession créatrice comme recours pour les populations blanches sont autant de thèmes abordés ici.

Arthur Kemp est né en Rhodésie (l’actuel Zimbabwe) et connaît bien ces questions pour les avoir vécu. Aujourd’hui, Arthur Kemp défend la vision d’un “ethno-état européen” pour les Blancs.

Nous sommes de plus en plus nombreux à penser en Europe que l’Afrique du Sud est, malheureusement, le reflet possible de notre avenir. Fatalement. Loin de défendre l’Apartheid et les injustices raciales et sociales qui allaient avec, chaque communauté ethnique doit pouvoir se développer selon ses normes. Diverses communautés aux cultures aussi éloignées ne peuvent, hélas, pas vivre ensemble. Entre vivre ensemble, il faut choisir, dit Renaud Camus et cette boutade n’est que le reflet d’une cruelle vérité.

C’est en ce sens que nous proposons, ici, le résumé d’un long texte explicatif sur les leçons à tirer de l’échec de l’Apartheid et de ses paradoxes. Que ces leçons servent aux personnes lucides sur les conséquences de l’immigration de masse et sur les changements démographiques qui se trament actuellement en Europe.

C’est l’une des ironies les plus amères de l’Afrique du Sud : la politique d’apartheid – à laquelle les Afrikaners se sont accrochés pendant des décennies comme étant leur seul espoir et leur seul salut contre la domination [noire]- était en réalité un système irréel et inapplicable qui a conduit directement à la chute des Afrikaners.

Le pouvoir politique découle de l’occupation physique : pas de droits historiques, pas de titres de propriété, pas de “droit moral” – seulement l’occupation. Les personnes qui occupent une zone déterminent la nature de la société qui s’y trouve.

(C’est en ce sens que nous pensons que la Seine Saint-Denis n’est plus en France -NdR)

Deux exemples prouvent cette réalité :

  • les Indiens d’Amérique, dominants puis submergés
  • L’Etat d’Israël qui n’est devenu une réalité qu’après que les sionistes aient veillé à ce que les Juifs deviennent la majorité démographique de la population en Palestine.

Alors, qu’en est-il de l’Afrique du sud ?

En 1904, le premier recensement officiel du Transvaal (une province de l’actuelle Afrique du Sud -NdR) fût réalisé par les autorités britanniques. Il y avait alors 297 277 Blancs et 937 127 non-Blancs. Parmi les Non-Blancs, il y avait 135 042 Noirs étrangers, donc titulaires de permis de travail temporaires. Au final, il n’y avait donc que 802 085 Noirs indigènes.

55 ans plus tard, en 1960, il y avait 1 355 472 Blancs et 4 769 680 Noirs dans le même Transvaal ! Pour l’ensemble du pays, les chiffres étaient encore plus affolants avec 4,5 millions de Blancs pour, environ, 35 millions de Noirs, plus quelques 3 millions de métis et un million d’indiens.

Qu’est-ce qui a provoqué ce changement massif de population en, à peine, 50 ans ?

La réponse est simple: le recours à une main d’oeuvre bon marché ! Les Afrikaners et les Anglophones d’Afrique du Sud étaient devenus dépendants du recours à une main d’oeuvre noire à bas coûts. Dans chaque maison, il y avait des domestiques. Dans chaque jardin, il y avait un jardinier. Tous Noirs.

Des travailleurs étrangers étaient utilisés dans la construction. Des Noirs étaient employés dans les mines, dans l’industrie et aucun agriculteur ne pouvait exploiter sa ferme sans des dizaines d’ouvriers non-Blancs à l’aider.

En résumé, l’utilisation massive de cette main d’oeuvre bon-marché a permis à la population noire de submerger démographiquement “l’Afrique du Sud” blanche, prospère et organisée selon des standards européens.

Cette augmentation repose sur le fait que les Noirs ont pu profiter des avantages de cette société moderne : médecine, écoles, prestations de service ordonnée, Etat moderne et fonctionnel. Parmi ces services, le système médical qui a permis une réduction spectaculaire de la mortalité des enfants noirs, le taux de fécondité restant, quant à lui, identique.

Ce sont bien les emplois qualifiés, l’argent et les infrastructures modernes fournis par les Blancs qui ont permis cette augmentation massive de la population noire.

L’Apartheid n’a jamais essayé de résoudre ce problème. Au contraire ! Le recours à la main d’oeuvre noire faisait partie intégrante du système.

Le plan de l’Apartheid était d’imposer la ségrégation sociale en plus de “l’intégration économique” (les groupes raciaux devaient être séparés spatialement mais atteindre ensemble un niveau de vie et un niveau de développement économique satisfaisant ou “intégration économique” -NdR). Cette politique reposait sur un mensonge flagrant, à savoir que le travail des Noirs pourrait maintenir les rouages d’une société sous domination blanche.

C’était ainsi le grand mensonge de l’Apartheid : penser qu’il était possible, grâce à la ségrégation, que les Noirs ne puissent pas gouverner un pays dans lequel ils étaient pourtant majoritaires !

De nombreux citoyens blancs sud-africains ont cru à ce mensonge, d’où le proverbe : “Un blanc sud-africain c’est quelqu’un qui préfère être tué dans son lit plutôt que de le faire lui-même.”

En fait, les Blancs du temps de l’Apartheid étaient possédés par le “syndrome de la tondeuse à gazon” : la tondeuse à gazon, reste tranquillement dans son rangement jusqu’à ce qu’on en ait besoin. Quand c’est le cas, on la sort, on coupe l’herbe avec et ensuite on la remet “à sa place”.

Le Blanc pensait ainsi que le Noir, une fois le travail fait, allait tranquillement rentrer “à sa place” dans son bantoustan, son “pays” et ne demander aucun droit politique.

[Au temps du “Grand Apartheid”, l’état sud-africain avait créé en Afrique du Sud et en Namibie jusqu’à 20 “bantoustans” ou “homelands” qui étaient réservés aux populations noires. Ceux-ci jouissaient à des degrés divers d’une certaine autonomie, quatre d’entre eux ont même été indépendants. NdR)

Un autre mensonge de l’Apartheid était de croire que l’armée sud-africaine allait maintenir le régime en place.

Or, à son apogée, la population blanche était de 5 millions de personnes contre 30 millions de Noirs (plus les Métis et les Indiens NdR) !

Sur ces 5 millions de Blancs, moins de 800 000 étaient en âge de servir sous les drapeaux, et encore il n’était même pas envisageable de les appeler en même temps !

L’Etat a donc dû s’appuyer sur une force de 120 000 militaires aidés par 60 000 policiers (dont la majorité était Noirs) pour maintenir l’ordre dans une population de plusieurs millions d’habitants !

Compte tenu de cette réalité démographique, il était donc évident que l’Apartheid n’était pas viable par des moyens militaires.

Concernant ce Grand Apartheid, c’est à dire la création patries noires indépendantes. Bien entendu, les homelands (bantoustans) ont été installés sur des territoires appartenant auparavant à des tribus noires, mais l’offre de travail des Blancs et, partant, la hausse du niveau de vie qui en découlait pour les Noirs, faisait que les Noirs préféraient fuir les homelands pour s’installer en ville, près des Blancs et près de la prospérité [que de rester dans des homelands poussiéreux et miséreux et… gérés par des Noirs -NdR]

Cette situation a conduit au paradoxe que si l’apartheid avait été conçu pour “préserver” les Blancs du style de vie et de la culture noire, les homelands étaient 100% noirs (les Blancs n’avaient pas le droit d’y entrer -NdR), alors que les territoires blancs étaient remplis de Noirs, eu égard au nombre de domestiques et travailleurs noirs ! L’Apartheid a donc plutôt préservé… les Noirs !

En un mot, l’Apartheid a refusé d’accepter la réalité démographique fondamentale : ceux qui occupent un espace déterminent la nature de la société dans cet espace. Indépendamment de l’appartenance initiale de cet espace.

Le sort funeste de “l’Afrique du Sud blanche” a donc été scellé le jour où la division territoriale n’a pas été ajustée pour tenir compte des réalités démographiques. Le recours à la force de travail des Noirs a été le principal moteur de cette erreur.

Alors la question se pose : au regard de la situation actuelle, les Afrikaners peuvent-ils être sauvés ?

La réponse est simple : dans une Afrique du Sud unie, où ils constituent une infime minorité (60% des 8,9 % de Blancs (les autres blancs étant les anglophones) selon le recensement de 2011 soit 5,34%. Au cours du XXè siècle, ils ont représenté jusqu’à 20% de la population totale d’Afrique du Sud -NdR), la réponse est NON. Dans une région plus petite où ils constitueraient la majorité, la réponse est OUI.

Si, par exemple, 500 000 Afrikaners décidaient de s’établir dans la région d’Orania, cette région deviendrait du jour au lendemain, de facto, et plus tard, inévitablement, de jure, un état afrikaner.

C’est le seul moyen d’éviter aux Afrikaners le sort de toutes les minorités d’Afrique. Ils doivent dire adieu à leur dépendance à l’égard du travail des Noirs et accepter de vivre dans une zone plus petite où ils constitueraient une majorité démographique.

Orania est une communauté afrikaner, chrétienne et afrikaanophone établie dans le désert du Caroo. Pensée comme l’embryon du Volkstaat afrikaner, Orania est habitée uniquement par des Blancs qui “ramassent eux-mêmes leurs poubelles et tondent eux-mêmes leur pelouse” selon la définition de certains habitants. En clair, Orania ne dépend en aucune manière du travail des Noirs et cherche même à ne dépendre en aucune manière de l’Etat sud africain, que ce soit pour l’approvisionnement en vivres, en eau ou même en électricité. A ce jour, Orania compte 2000 habitants mais est en croissance constante.

Le projet d’Orania et la vision d’Arthur Kemp ne sont nullement utopiques en Afrique du Sud car la constitution reconnaît le droit à l’autodétermination des communautés. Une Orania viable économiquement dans le futur pourrait donc légalement se séparer de l’Etat sud-africain.

Cette description détaillée des erreurs de l’Apartheid et des enjeux qui ont conduits à l’Apartheid doivent servir de base de réflexion en Bretagne et en France où la dépendance à la main d’oeuvre immigrée est régulièrement mis en avant par les partisans de l’immigration. De surcroît, ce recours massif a une main-d’oeuvre étrangère à bas coût et corvéable à merci est aujourd’hui une réalité dans beaucoup d’entreprises de l’agro-alimentaire breton. Entraînant, par la même, l’établissement de communautés entières d’étrangers dans certaines portions du territoire (notamment dans le Centre-Bretagne).

Loin de la réalité démographique sud-africaine mais tendant petit à petit à la rattraper, la question démographique devrait également alerter l’opinion publique : dans un pays où la population de souche ne fait plus d’enfants alors que les populations immigrées sont fertiles et alors que le robinet ininterrompu de l’immigration est intarissable, il apparaît certain que, sans mesure forte, le “basculement démographique” ou “Grand Remplacement” est inéluctable.

Ce qui a tué l’Afrique du Sud blanche, risque très probablement de nous tuer à moyenne échéance.

 Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2023, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

https://www.breizh-info.com/2023/09/11/224268/afrique-du-sud-pourquoi-lapartheid-fut-un-echec-ou-limportance-de-la-demographie/

mercredi 1 décembre 2021

La révolte de Maritz et De Wet en 1914, annonce la revanche des Boers sur l’Angleterre 2/2

  

Botha décide de déclarer la loi martiale le 12 octobre, deux jours après que Maritz, à la tête d'un régiment sud-africain, ait déserté pour rejoindre les troupes allemandes en proclamant son intention d'envahir la province du Cap. Les partisans inconditionnels de la cause boer estiment que l'Allemagne est capable d'infliger une défaite définitive à l'Angleterre, ce qui leur offre une occasion unique de prendre leur revanche sur les vainqueurs de 1902 et de rendre l'Afrique du Sud aux Afrikaners. Mais le mouvement est désordonné: les "kommandos", organisés à la hâte, mal armés, mal aimés par une partie de la population qui vient de panser les plaies de 1899-1902, ne sont pas en mesure d'affronter les unités de l'armée régulière. Les derniers rebelles se rendent le 2 février 1915.

Ainsi, la campagne contre le Sud-Ouest africain allemand peut commencer. Londres avait fait savoir qu'elle serait considérée comme un service rendu à l'Empire, et que par conséquent l'Empire en bénéficierait politiquement au moment du traité de paix.

La disproportion des forces est telle que les Allemands n'ont d'autre choix que d'essayer de retarder une défaite inévitable. Ils disposent de 1600 hommes, renforcés par 6000 réservistes mobilisables sur une population blanche de 6000 personnes. Le colonel Heydebreck ne peut empêcher la manœuvre sud-africaine: Botha débarque à Swakompund avec 12.000 hommes, Smuts à Lüderitz avec 6000, et plus de 30.000 hommes traversent le fleuve Orange. Le 5 mai 1915, Windhoek, la capitale de la colonie allemande, est occupée; une résistance sporadique se poursuit, aidée par l'immensité de la steppe, jusqu'au 9 juillet 1915, date à laquelle la reddition des troupes du Reich est signée à Otavi. La campagne avait été courte et les pertes humaines limitées: Botha a ainsi donné à l'Union le protectorat sur le sud-ouest de l'Afrique.

Lors des élections générales d'octobre 1915, Botha est confronté à une opposition croissante du Parti national de Hertzog. Les nationalistes afrikaners rejettent toute nouvelle forme de participation sud-africaine à la guerre, et s'opposent en particulier à l'envoi de contingents en Afrique orientale. Afin d'exprimer et de défendre les intérêts des Afrikaners pendant la campagne électorale, le parti national a lancé son propre journal, "Die Burger".

Botha conserve la majorité au parlement avec 54 sièges, auxquels s'ajoutent les 40 sièges gagnés par les unionistes qui soutiennent la politique militaire du premier ministre. Toutefois, le Parti national, avec 27 sièges, a pu faire entendre sa voix.

En 1916, une force de 15.000 Sud-Africains est envoyée au Tanganyika pour renforcer l'armée britannique qui, bien que nombreuse, ne parvient pas à vaincre les troupes allemandes du général Lettow-Vorbeck. En août 1914, ce dernier - alors colonel - n'avait à sa disposition que 3000 Européens et 16.000 ascaris pour la défense de toute l'Afrique orientale allemande: mais avec ces très maigres forces et sans recevoir aucun ravitaillement de la mère patrie, il résista à plus de 250.000 soldats britanniques, belges, sud-africains et portugais jusqu'en novembre 1918. Dans la guerre d'embuscades dans laquelle les Alliés et les Allemands se sont affrontés dans le sud du Tanganyika, le contingent sud-africain, commandé d'abord par le général Smuts, puis par le général Van Deventer, a joué un rôle de premier plan.

La 1st South African Brigade débarque à Marseille le 15 avril 1916. Incorporée à la 9ème division écossaise, elle est envoyée sur le front de la Somme en juin, où, entre le 14 et le 19 juin, les volontaires se distinguent dans les combats du bois de Delville, tenant leurs positions au prix de lourdes pertes: 121 des 126 officiers et 3032 des 3782 soldats tombent au combat. Reconstituée avec l'arrivée d'autres volontaires, la brigade participe aux batailles de Vimy et d'Ypres en 1917, et à la bataille d'Amiens en 1918, où elle perd 1300 des 1800 hommes engagés dans les combats. Elle a été reconstituée pour la troisième fois et a pu participer aux dernières étapes de la guerre.

Au total, l'Union sud-africaine a fourni aux Alliés un contingent de 200.000 hommes, dont 12.452 sont tombés au combat. De plus en plus d'Afrikaners ne veulent plus être obligatoirement appelés à se battre pour la Grande-Bretagne et sont déterminés à obtenir une plus grande autonomie, voire une indépendance totale. Sur ce point, Hertzog n'obtient aucune satisfaction à Versailles, car les Alliés confirment la situation existante tout en offrant à l'Union un mandat sur le sud-ouest de l'Afrique.

Paradoxalement, la présence même d'un protectorat germanique sur la rive nord du fleuve Orange, aux frontières de la province du Cap, avait joué un rôle important dans le renforcement des liens entre l'Union et la mère patrie britannique, car la composante anglaise de la population blanche sud-africaine avait vécu cette proximité avec malaise, voire avec un réel sentiment de danger.

En 1878, la colonie du Cap avait obtenu l'accord mitigé de Londres pour occuper Whale Bay, une enclave stratégique dans ce qui n'était pas encore la colonie allemande du sud-ouest de l'Afrique; mais lorsqu'en 1884, presque du jour au lendemain, le chancelier Bismarck a proclamé le protectorat du Reich, prenant le Foreign Office complètement au dépourvu, ce sentiment de menace s'est matérialisé presque à partir de rien et a certainement joué un rôle important dans le renforcement de la loyauté du Dominion envers l'Angleterre, avant et pendant la guerre mondiale de 1914-18.

Une situation similaire s'était produite, au cours de ces mêmes années, avec le Dominion d'Australie (et, dans une moindre mesure, la Nouvelle-Zélande): la présence allemande dans l'océan Pacifique, notamment dans le nord-est de la Nouvelle-Guinée, dans l'archipel de Bismarck et dans les îles Marshall, dans les Mariannes, à Palau et à Caroline, ainsi que dans une partie des Samoa, habilement exploitée par la propagande britannique, a généré une sorte de psychose dans l'opinion publique australienne qui, à la recherche d'une protection contre une éventuelle menace germanique, est amené à chercher un bouclier contre les Allemands dans le renforcement des liens moraux et idéaux avec la mère patrie (la même chose se répétera en 1941, cette fois contre la menace japonaise beaucoup plus concrète et immédiate).

Quant à la révolte boer de Maritz et De Wet, son échec rapide est dû à la faible adhésion de la population boer: un faible soutien qui était l'effet non pas d'un sentiment de solidarité ou d'une "gratitude" problématique envers la Grande-Bretagne, tous deux impossibles et pour diverses raisons, mais plutôt, comme le souligne Bernard Lugan, de la fatigue due à la dure épreuve de 1899-1902 et du désir de ne pas rouvrir trop tôt ces blessures et de ne pas mettre en péril, et dans des circonstances pour le moins incertaines, ces marges d'autonomie que, bon gré mal gré, le gouvernement britannique avait reconnues aux Boers.

Il s'agissait, comme nous l'avons vu, de marges d'autonomie qu'ils étaient décidés, surtout par l'action politique des nationalistes de Hertzog et de Malan, à étendre pacifiquement, mais avec une extrême détermination, jusqu'aux dernières conséquences, en prenant soin, toutefois, de bien jouer leurs cartes et de ne pas s'exposer, par une manœuvre imprudente, à une nouvelle défaite, avec tous les effets politiques négatifs que cela aurait inévitablement entraînés.

En ce sens, le fait que ce n'est qu'avec une extrême difficulté, et seulement deux ans après le début de la guerre, que l'Union sud-africaine a accepté d'envoyer un corps expéditionnaire substantiel contre l'Afrique orientale allemande (la brève campagne contre l'Afrique du Sud-Ouest allemande en 1915 n'avait été que le corollaire naturel de l'échec de la révolte boer); et que, en 1917-18, une seule brigade a été envoyée pour combattre en dehors du continent africain, alors que des forces canadiennes, australiennes et néo-zélandaises beaucoup plus importantes combattaient ou avaient déjà combattu aux côtés de la Grande-Bretagne en Europe et au Moyen-Orient (campagne de Gallipoli), témoigne de la faible perception de la population sud-africaine de la "sécurité" au sein du système impérial et du manque de fiabilité des troupes sud-africaines, en particulier des Boers, dans une campagne militaire qui se déroulait loin des frontières de l'Union et qui n'avait donc pas un caractère clairement défensif.

Même le "mandat" sur l'ancien Sud-Ouest africain allemand, en fait, doit être lu principalement comme un palliatif conçu par le gouvernement de Londres qui, grâce à ses bons offices à la Société des Nations, avait l'intention de donner un bonbon au nationalisme afrikaner, toujours dans l'illusion qu'il pourrait repousser l'épreuve de force avec le parti de Hertzog et Malan et la perte de toute souveraineté effective sur l'Afrique du Sud et ses immenses richesses minérales.

Il s'agissait au contraire d'un calcul à courte vue, qui n'a pas servi à détourner l'attention des nationalistes afrikaners de la poursuite de l'indépendance totale et qui, au contraire, a créé les conditions d'une nouvelle complication internationale: car, comme on le sait, le gouvernement sud-africain a considéré le mandat sur le Sud-Ouest africain comme une simple fiction juridique et le Parlement sud-africain a légiféré dans le sens d'une véritable annexion de ce territoire et certainement pas dans la perspective de le lancer vers l'indépendance.

Il ne faut jamais oublier que l'Empire britannique, en 1914, comprenait un quart de la masse continentale de la Terre et un ensemble de territoires, comme l'Inde, habités par des centaines de millions de personnes, avec des richesses matérielles incalculables. L'historien du vingtième siècle et, en particulier, l'historien des deux guerres mondiales, ne devrait jamais méconnaître la volonté ferme et tenace des gouvernements britanniques, surtout des conservateurs, de défendre par tous les moyens cet immense patrimoine, dans la conviction qu'ils pouvaient trouver la formule politique pour desserrer, peut-être, l'étau, mais pour préserver la substance de cette situation, extrêmement enviable pour la mère patrie.

Les dirigeants britanniques étaient tellement convaincus de pouvoir réussir dans cette entreprise que même Churchill, en signant avec Roosevelt, en 1941, la Charte de l'Atlantique qui sanctionnait l'engagement solennel anglo-américain en faveur de la liberté et de l'autodétermination des peuples, était loin de se douter que six ans plus tard seulement, l'Angleterre devrait reconnaître l'indépendance de l'Inde et du Pakistan, le cœur et la fierté de cet Empire.

Ils craignaient l'effet domino de tout renoncement colonial sur le reste de l'Empire et c'est pourquoi ils ont si férocement réprimé le soulèvement de Pâques de 1916 à Dublin, pour n'accorder à l'Irlande, mais seulement après la guerre, une indépendance mutilée, préservant cet Ulster où, entre nationalistes protestants et indépendantistes catholiques, la même dynamique destructrice qu'Afrique du Sud, divisée entre Blancs d'origine anglaise et Blancs d'origine boer, se reproduirait, mais avec des parties inversées, après la victoire militaire britannique de 1902.

L'histoire nous montre que ceux qui gagnent militairement ne gagnent pas toujours politiquement à moyen et long terme.

C'était également le cas de l'Afrique du Sud, après la conquête britannique de 1902 ; et en ce sens, même l'insurrection boer ratée de 1914 doit peut-être être considérée davantage comme la première annonce de la future indépendance de l'Afrique du Sud vis-à-vis de l'Angleterre, que comme le dernier souffle de la précédente guerre anglo-boer.

http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2021/11/27/la-revolte-de-maritz-et-de-wet-en-1914-annonce-la-revanche-d-6351730.html

mardi 30 novembre 2021

La révolte de Maritz et De Wet en 1914, annonce la revanche des Boers sur l'Angleterre 1/2

Francesco Lamendola

Ex: https://www.centrostudilaruna.it/rivolta-di-maritz-e-de-wet-sudafrica.html

La République d'Afrique du Sud, comme on l'appelle, avait quitté le Commonwealth britannique en 1949 et n'a été réadmise qu'en 1994, après la disparition de l'objet du litige avec le Royaume-Uni, c'est-à-dire après le démantèlement de la législation sur l'apartheid.

C'est la composante boer de la communauté européenne, installée au Cap de Bonne Espérance au 17ème siècle qui, pendant les guerres napoléoniennes (1797), fut repoussée à l'intérieur des terres par les Britanniques et qui a créé au 19ème siècle les deux fières républiques indépendantes du Transvaal et de l'Orange.

La grande migration des Boers au-delà du fleuve Orange, ou Great Trek, comme on l'appelle dans les livres d'histoire sud-africains, a eu lieu à peu près en même temps que l'arrivée des tribus bantoues du nord qui, originaires de la région des lacs d'Afrique orientale, repoussaient à leur tour les Bushmen et les Hottentots. Les Boers, et les Sud-Africains blancs en général, ont toujours nié la validité de l'affirmation selon laquelle une minorité blanche dans leur pays s'était imposée à une majorité noire, arguant au contraire qu'ils avaient atteint et colonisé les régions intérieures avant les Bantous, et non après.

Quoi qu'il en soit, les Boers ont mené deux guerres contre l'impérialisme britannique: une victorieuse en 1880-81, et une beaucoup plus dure en 1899-1902, qui s'est terminée par la défaite complète de la courageuse résistance boer, dirigée par le légendaire président Krüger. Le conflit avait été rendu inévitable non seulement par les projets expansionnistes grandioses de l'impérialisme britannique, incarné en Afrique par des hommes comme le financier Cecil Rhodes et par son célèbre slogan "du Caire au Cap" (de Bonne-Espérance), mais aussi et surtout par la découverte de riches gisements d'or et de mines de diamants sur le territoire des deux républiques boers.

Cette dernière n'était pas une victoire dont l'immense Empire britannique pouvait être fier: il n'a réussi à vaincre la résistance de ces petits paysans tenaces qu'après avoir déployé toutes les ressources humaines, matérielles et financières dont il disposait sur les cinq continents et qu'après que ses commandants aient eu recours à la tactique de la terre brûlée, en détruisant les fermes et les cultures, et surtout en transférant et en internant la population boer dans des camps de concentration, où des milliers de personnes sont mortes de privations et de maladies.

Il est vrai que la paix, signée à Pretoria le 31 mai 1902, et le traité ultérieur de Veereniging, qui sanctionne la souveraineté britannique sur les deux républiques, accordent des conditions relativement douces, voire généreuses, aux vaincus. Le gouvernement britannique a notamment pris en charge la dette de guerre du gouvernement du président Krüger, qui s'élevait à l'époque à 3 millions de livres, et a accordé un statut juridique spécial à la langue néerlandaise, ne reconnaissant pas encore la spécificité de la langue afrikaans.

Il convient de noter que le traité stipulait explicitement que les Noirs ne se verraient pas accorder le droit de vote, à l'exception de ceux résidant dans la colonie du Cap, où les colons britanniques constituaient la majorité blanche; car, dans l'Orange et le Transvaal, les Boers n'auraient jamais accepté une telle éventualité, même à moyen ou long terme.

L'intention du gouvernement britannique était d'intégrer progressivement les Boers dans leur propre culture, en commençant par l'éducation et la langue; mais le projet d'anglicisation des Boers par la scolarisation s'est avéré infructueux et en 1906, avec l'arrivée du parti libéral au gouvernement à Londres, il a été abandonné. De plus, les autorités britanniques ont dû reconnaître l'afrikaans comme une langue distincte du néerlandais, ce qui a constitué un premier pas vers le renversement du rapport de force au sein de la communauté blanche sud-africaine entre les colons d'origine britannique et ceux d'origine boer.

Une autre étape est la naissance, le 31 mai 1910, de l'Union sud-africaine, grâce à l'union des quatre colonies du Cap, du Natal, d'Orange et du Transvaal : Huit ans seulement après la conclusion d'une guerre extraordinairement sanglante et cruelle, caractérisée par des pratiques inhumaines typiquement "modernes", telles que la destruction des cultures, le déplacement forcé de populations entières et leur internement dans de véritables camps, l'Afrique du Sud devient un Dominion autonome au sein de l'Empire britannique, à majorité afrikaner; un processus qui culminera en 1931 avec la conquête de la pleine indépendance, votée par le Parlement de Londres avec le "Statut de Westminster".

Manie Maritz (1876-1940)

Un épisode peu connu du public occidental est celui de la révolte anti-britannique qui a éclaté dans l'Union sud-africaine en 1914, sous la direction des généraux boers Manie Maritz (tableau, ci-dssous) et De Wet, coïncidant avec le début de la Première Guerre mondiale, à laquelle l'Union elle-même a participé aux côtés de la Grande-Bretagne, notamment pour le fort soutien apporté à la cause britannique par des hommes prestigieux de la communauté afrikaner tels que Louis Botha et Jan Smuts.

En effet, toutes les blessures du dernier conflit n'avaient pas été cicatrisées et une partie de la population afrikaner, animée par de forts sentiments nationalistes, n'ignorant pas la sympathie (bien que seulement verbale) manifestée par le Kaiser Wilhelm II Hohenzollern pour la cause boer, pensait que l'heure de la rédemption avait sonné et se désolidarisait du gouvernement de Pretoria, appelant, en effet, à la lutte ouverte contre les Britanniques aux côtés de l'Allemagne.

De l'autre côté du cours inférieur de l'Orange, depuis 1884, la colonie allemande du Sud-Ouest africain (aujourd'hui la Namibie) était établie et les chefs insurgés afrikaners espéraient que de là - ou, plus probablement, d'une victoire rapide des armées allemandes en Europe - viendrait l'aide nécessaire pour vaincre les forces britanniques et hisser le drapeau de l'indépendance boer sur les terres de l'Orange et du Transvaal.

C'est ainsi que l'historien français Bernard Lugan, "Maître de Conférences" à l'Université de Lyon III, spécialiste de l'histoire africaine et professeur pendant dix ans à l'Université du Rwanda, a rappelé cet événement dans son livre Histoire de l'Afrique du Sud de l'Antiquité à nos jours (Paris, Librairie Académique Perrin, 1986 ; traduction italienne par L. A. Martinelli, Milan, Garzanti, 1989, pp. 195-99) :

"Lorsque la guerre éclate le 4 août 1914, l'Union sud-africaine se trouve automatiquement engagée, en tant que dominion britannique, du côté des Britanniques, c'est-à-dire dans le camp de l'Entente. La cohésion entre les deux composantes blanches de la population a été immédiatement affectée. Les anglophones acceptent l'entrée en guerre comme un devoir envers la mère patrie, tandis que les Afrikaners se divisent en deux groupes: le premier, suivant les vues de Botha et Smuts, proclame sa solidarité avec la Grande-Bretagne, le second, mené par Hertzog, propose que l'Union reste neutre jusqu'à une attaque directe. Le fondateur du parti nationaliste a rejeté toute obligation directe, et a affirmé le droit de l'Afrique du Sud à décider librement dans des situations dramatiques comme celle d'aujourd'hui. Lorsque, en septembre 1914, le Parlement du Cap accède à la demande de Londres d'enrôler un corps militaire dans l'Union pour l'occupation du Sud-Ouest africain allemand, une grande partie de l'opinion publique afrikaner réagit violemment. Une insurrection, menée par les anciens généraux boers Manie Maritz et De Wet, se propage rapidement parmi les officiers supérieurs de l'armée sud-africaine : douze mille hommes, principalement originaires d'Orange, prennent les armes contre leur gouvernement. Une guerre civile entre Afrikaners semblait imminente, et le risque était grand car les rebelles avaient proclamé la République sud-africaine :

    "PROCLAMATION DE LA RESTAURATION DE LA RÉPUBLIQUE D'AFRIQUE DU SUD

    Au peuple d'Afrique du Sud :

    Le jour de la libération est arrivé. Le peuple Boer d'Afrique du Sud s'est déjà soulevé et a commencé la guerre contre...

     LA DOMINATION BRITANNIQUE détestée et imposée.

    Les troupes de la Nouvelle République d'Afrique du Sud ont déjà commencé à se battre contre les troupes du gouvernement britannique.

    Le gouvernement de la République d'Afrique du Sud est provisoirement représenté par MM. Général MARITZ, Major DE VILLIERS, Major JAN DE WAAL-CALVINIA

    Le gouvernement rendra au peuple d'Afrique du Sud l'indépendance que l'Angleterre lui a volée il y a douze ans.

    Citoyens, compatriotes, vous tous qui souhaitez voir l'Afrique du Sud libre,

    NE MANQUEZ PAS DE FAIRE VOTRE DEVOIR ENVERS LE BIEN-AIMÉ

    ET BEAU DRAPEAU de quatre couleurs (le "Vierkleur") !

    Unissez-vous jusqu'au dernier homme pour restaurer votre liberté et votre droit !

    LE GOUVERNEMENT ALLEMAND, DONT LA VICTOIRE EST DÉJÀ ASSURÉE, A RECONNU LE DROIT D'EXISTENCE DE LA RÉPUBLIQUE SUD-AFRICAINE, et a ainsi montré qu'il n'a pas l'intention d'entreprendre la conquête de l'Afrique du Sud comme MM. Botha et Smuts l'ont prétendu au Parlement de l'Union.

    Kakamas, République d'Afrique du Sud, octobre 1914.

    LE GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE D'AFRIQUE DU SUD

    (Signé) MARITZ, DE VILLIERS, JAN DE WAAL".

À suivre

mardi 12 janvier 2021

Passé-Présent n°290 : L’audacieux Cecil Rhodes

 La naissance du Parti communiste français

Philippe Conrad remonte aux années qui précédèrent la scission de la SFIO (parti politique créé en 1905 par Jean Jaurès) qui donna lieu à la naissance du Parti communiste français le 30/12/1920, à l’issue du Congrès de Tours. L’attitude à adopter vis à vis de la révolution russe, la contestation par les pacifistes de l’Union sacrée, la répression des grévistes de la CGT comptèrent parmi les événements qui fractionnèrent les responsables de la gauche française. Aux fidèles de la SFIO s’opposa une majorité de congressistes qui fit allégeance au pouvoir bolchévique moscoutaire.

L’audacieux Cecil Rhodes
C’est à un ambitieux affairiste, autodidacte de génie, que s’intéresse aujourd’hui Philippe Conrad en nous retraçant le parcours de Cecil Rhodes (1853-1902) grand bâtisseur, esprit universel, parvenu à une aisance financière lui permettant d’exploiter le potentiel économique de l’Afrique australe. Député dès 1881 (mandat qu’il conservera toute sa vie), premier ministre de la colonie du Cap, il réalisera l’implantation britannique en Afrique du Sud.

https://www.tvlibertes.com/passe-present-n290-laudacieux-cecil-rhodes

dimanche 27 décembre 2020

Passé-Présent n°290 : L’audacieux Cecil Rhodes

 La naissance du Parti communiste français

Philippe Conrad remonte aux années qui précédèrent la scission de la SFIO (parti politique créé en 1905 par Jean Jaurès) qui donna lieu à la naissance du Parti communiste français le 30/12/1920, à l’issue du Congrès de Tours. L’attitude à adopter vis à vis de la révolution russe, la contestation par les pacifistes de l’Union sacrée, la répression des grévistes de la CGT comptèrent parmi les événements qui fractionnèrent les responsables de la gauche française. Aux fidèles de la SFIO s’opposa une majorité de congressistes qui fit allégeance au pouvoir bolchévique moscoutaire.

L’audacieux Cecil Rhodes
C’est à un ambitieux affairiste, autodidacte de génie, que s’intéresse aujourd’hui Philippe Conrad en nous retraçant le parcours de Cecil Rhodes (1853-1902) grand bâtisseur, esprit universel, parvenu à une aisance financière lui permettant d’exploiter le potentiel économique de l’Afrique australe. Député dès 1881 (mandat qu’il conservera toute sa vie), premier ministre de la colonie du Cap, il réalisera l’implantation britannique en Afrique du Sud.

https://www.tvlibertes.com/passe-present-n290-laudacieux-cecil-rhodes

vendredi 19 juillet 2019

Mandela et l’Afrique du Sud ? Parlons-en !

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La guerre froide entre deux blocs, OTAN et pacte de Varsovie, avait longtemps gelé toute évolution planétaire : bousculer un crucial sujet stratégique ou géopolitique, c’était risquer le feu nucléaire. Après la chute du mur de Berlin, le dégel finit par faire tomber l’Afrique du Sud de l’apartheid, avec d’autres dominos politiques hérités d’un autre âge.
Cette inévitable mise à jour déclencha alors une incroyable Mandela-manie. Libre, l’Afrique du Sud (RSA) verrait exploser d’immenses capacités jusqu’alors brimées. Sous la démocratique houlette du sage Mandela, le pays arc-en-ciel deviendrait une grande puissance. Pourquoi pas ?
Or, vingt-cinq ans après, la RSA va mal : ravageuse insécurité, insolentes inégalités – ses propres experts officiels le clament haut et fort, on le verra plus bas. Mais désormais payés pour vanter la mondialisation heureuse et le mélangisme sans frontières, les médias d’« information » français camouflent ces graves échecs et persistent à vanter un mirage arc-en-ciel – dont les Sud-Africains noirs eux-mêmes se détournent avec dégoût ou colère.
Cet échec, le voici.
Les inégalités. CNN (média libéral, citant la bienséante Banque mondiale) accuse : après 25 ans de démocratie, et autant d’années au pouvoir pour le parti de Mandela, l’ANC (African National Congress), l’Afrique du Sud est devenue le pays le plus inégalitaire du monde. Plus inégalitaire, même, qu’en 1994 !
Arc-en-ciel ou pas, le revenu des ménages riches (Blancs) est dix fois plus élevé que celui des ménages pauvres (Noirs). La fragile classe moyenne – cruciale pour le développement du pays – stagne depuis 2008. Les élites (5 % du haut de la pyramide sociale) restent quasiment blanches.
La sécurité. Violence, gangs, stupéfiants, le chaos criminel ravage la RSA. Depuis 2015, le taux d’homicide du pays est le cinquième pire du monde (dit l’ONU). 20.300 homicides en 2018, record sur quinze ans, +3.000 victimes sur 2017. Seule baisse réelle : le taux d’élucidation par la police de ces homicides.
Les provinces et métropoles les plus criminalisées, Gauteng, KwaZulu-Natal, Cape Town, ont les taux d’homicide d’une zone de guerre. Déjà en 2017, le nombre d’homicides augmentait de 7 % sur 2016. Taux d’homicide en RSA : ±36/100.000 habitants. 57 morts violentes par jour en moyenne !
Comparons : ce taux est-il usuel en Afrique ? La RSA subirait-elle une sorte de fatalité criminelle continentale ? Non, car voici les taux d’homicide d’autres grands pays africains : Nigeria : ±10/100.000, Kenya : ± 6/100.000.
De fait, juge la BBC, le taux d’homicide de la RSA approche celui de la Somalie (38,4/100.000), pays d’Afrique subissant une longue et sanglante guerre civile.
Le ravage criminel de la RSA est d’autant plus inacceptable que le problème – très localisé – paraît plutôt aisé à résoudre, selon d’officielles statistiques :
– 50 % des homicides adviennent sur le ressort de 13 % des 1.144 commissariats du pays, d’usage situés dans les bidonvilles (townships) hors contrôle ;
– Ces townships sont connus pour leurs extravagants taux d’homicide :
. le pire de la province du KwaZulu-Natal : 177/100.000 ;
. le pire de la Eastern Cape province : 215/100.000 ;
. le pire de la banlieue de Cape Town : 322/100.000 ! (record du monde pour une simple localité).
Or, durant la lutte anti-apartheid, les townships furent les durables bastions de l’ANC. Paralysés politiquement et aussi fort corrompus, les dirigeants de la RSA ne font donc rien pour juguler cette ravageuse criminalité des bidonvilles.
De ce fait, l’insécurité qui irradie de ces dangereux foyers criminels touche désormais les parties plus calmes du pays, centres-villes, campagnes.

mardi 14 août 2018

vendredi 1 mai 2015

Pourquoi l'Afrique du Sud est-elle en proie à des émeutes xénophobes ?

Depuis les années 2000, en Afrique du Sud, les émeutes xénophobes constituent un phénomène récurrent[1], inscrit dans un contexte de crise économique, de chômage, d'insécurité, de crise sociale et de flux migratoires incontrôlés.
Les actuelles émeutes débutèrent fin mars 2015 dans la région du Natal, encouragées par le roi des Zulu. Elles s'étendirent ensuite aux townships (zones urbaines réservées aux non-Blancs) de la région de Johannesburg, où les immigrés africains, Malawites, Mozambicains, Somaliens, Zimbabwéens, Soudanais ou encore Nigérians, furent pris pour cible, lynchés ou forcés à se réfugier dans les camps militaires, pendant que leurs maigres biens étaient pillés. Pour tenter de mettre un terme à ces violences, l'armée fut déployée dans les townships, comme dans les années 1980-1990, aux pires moments de la lutte contre le régime blanc.
Au début du mois d'avril, ces violences "xénophobes" prirent une telle ampleur que le Malawi décida d'évacuer ses ressortissants, pendant que le Mozambique demandait fermement aux autorités sud-africaines d'assurer la protection de ses nationaux.
Les Zulu, une des principales ethnies d'Afrique du Sud, apparaissent en pointe dans ces tragiques événements pour trois grandes raisons:
1) C'est par le port de Durban que débarquent nombre de clandestins. Et, la région du Natal a une frontière commune avec le Mozambique, pays d'origine de nombreux immigrés et relais pour ceux venus d'autres régions d'Afrique.
2) Nombreux dans les mines et les industries de la région de Johannesburg, les Zulu dénoncent la concurrence à l'embauche exercée par les immigrés. 
3) Dans la perspective des prochaines élections présidentielles auxquelles le président zulu, Jacob Zuma, ne pourra pas se représenter car la Constitution interdit de briguer un 3e mandat. Certains extrémistes zulu craignent des naturalisations massives qui feraient pencher le vote vers un non Zulu.
La xénophobie n'est cependant pas l'apanage des Zulu puisque la région du Cap, où la population zulu est quasiment inexistante, est également touchée.
L'émigration vers l'Afrique du Sud s'explique car le pays a longtemps fait figure d'eldorado. De plus, après 1994, année qui vit l'accession d'une majorité noire au pouvoir, l'idéologie de la nouvelle Afrique du Sud post-raciale fut l'ouverture et le multiculturalisme. Il est également important de rappeler qu'ayant très largement participé à la lutte contre le régime blanc, le Zimbabwe et le Mozambique estimaient qu'en retour, leurs propres ressortissants avaient, en quelque sorte, droit aux fruits de la libération.
Selon les chiffres officiels, les immigrés légaux et illégaux vivant en Afrique du Sud seraient plus ou moins 5 millions pour une population de 45 millions de citoyens. Ces chiffres sont cependant à la fois invérifiables et peu fiables; d'autant plus qu'en 2008, les étrangers vivant dans le pays étaient alors estimés à 8 millions au moins dont 3 à 4 millions de clandestins. Cependant, que ces chiffres soient réels ou fantasmés, la réalité est que la population sud-africaine ressent une forte pression étrangère et comme la machine économique est en panne, des tensions éclatent car le pays est incapable de donner à la fois du travail à ses chômeurs et aux immigrés. Nous sommes là au coeur du problème.
Bien que totalisant un quart du PIB de tout le continent, l'Afrique du Sud est en effet en crise. L'état des lieux de son économie a été dressé dans le "Rapport économique sur l'Afrique" pour l'année 2013, rédigé par la Commission économique de l'Afrique (ONU) et l'Union africaine. Pour la période 2008-2012, l'Afrique du Sud a ainsi été classée parmi les 5 pays "les moins performants" du continent, devançant à peine les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland, quatre pays en faillite...
Alors qu'en 2000, il avait été acté par 189 Etats signataires que les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ne pourraient être atteints sans un minimum de croissance annuelle de 7% durant plusieurs années, pour l'année 2014, la croissance du PIB sud-africain ne fut que de 1,8% (1,9% en 2013, 2,6% en 2012 et 3,5% en 2011).
Toutes les branches du secteur industriel sont en crise, à commencer par les industries de main d'œuvre (textile, vêtement, chaussures), qui n'ont pu résister aux importations chinoises. Quant aux secteurs de la mécanique dans lesquels, avant 1994, l'Afrique du Sud produisait la majeure partie des pièces dont ses industries avaient besoin, ils sont aujourd'hui frappés de plein fouet, car ils ne sont plus compétitifs en économie ouverte.
Les mines qui représentent 10% du PIB sud africain, qui emploient 8% de la population active et qui sont le premier employeur du pays avec 500 000 emplois directs, traversent elles aussi une très grave crise. Elles ont ainsi perdu prés de 300.000 emplois au cours des dix dernières années. Les pertes de production et de revenus, qui se conjuguent avec des coûts d'exploitation en hausse constants, ont pour conséquence la fermeture des puits secondaires et la mise à pied de milliers de mineurs. Or, dans les zones d'extraction, toute l'économie dépend des mines.Pour relancer la production, il est urgent d'investir des sommes colossales, mais le climat social décourage les investisseurs au point que la question se pose désormais d'un glissement d'activité vers les pays émergents dans lesquels le monde syndical est inexistant. Le chômage va donc encore augmenter. L'agriculture a elle aussi perdu plusieurs centaines de milliers d'emplois, car les interventions et les contraintes de l'Etat-ANC au sujet de la main d'oeuvre ont eu pour résultat d'inciter les fermiers blancs à mécaniser, ce qui a amplifié le mouvement de migration des zones rurales vers les villes, essentiellement vers les régions de Johannesburg et du Cap.
Le climat social est donc lourd car, au lieu de se combler, comme l'ANC le promettait en 1994, les inégalités se sont au contraire davantage creusées, nourrissant les sentiments hostiles à l'égard des étrangers. En 2014, 65% des familles noires vivaient ainsi en dessous du seuil de pauvreté. Quant au chômage, il était officiellement de 25% de la population active alors que les agences indépendantes parlaient de plus de 40% avec des pointes à 80% dans certaines régions.
Tout cela a fait dire à Julius Malema, le bouillant leader noir "qu'en Afrique du Sud, la situation est pire que sous l'apartheid. La seule chose qui a changé, c'est qu'un gouvernement blanc a été remplacé par un gouvernement de Noirs". En dépit de ses outrances, Julius Malema dit, en partie vrai, car économiquement et socialement, un abîme s'est en effet creusé entre une minorité de privilégiés noirs les Blacks Diamonds, et des millions de chômeurs, d'assistés[2] et de travailleurs sous-payés qui paralysent le pays avec de continuels mouvements de revendication. N'étant pas entendus par les dirigeants, ces derniers n'ont que la violence pour s'exprimer. L'Afrique du Sud est ainsi quotidiennement secouée par des mouvements sociaux de plus en plus fréquents, qui prennent régulièrement un tour quasi insurrectionnel[3]. Les immigrés en sont les premières victimes.
Notes : 
[1] Au mois de mai 2008, le township d'Alexandra près de Johannesburg a connu de véritables scènes de chasse à l'étranger et 62 personnes y furent tuées. Parmi les victimes: 21 Sud-africains appartenant aux ethnies Shangaan et Venda et qui avaient été pris pour des étrangers, car ils ne parlaient pas l'isiZulu, la langue des Zulu. Les grandes cités noires de Pretoria et de Durban s'embrasèrent ensuite ainsi que le township de Milnerton au nord du Cap. Le 22 mai 2008, le bilan des violences était de plusieurs dizaines de morts et de 15 à 20.000 déplacés réfugiés dans les commissariats de police ou dans des zones sécurisées par l'armée. En 2010, les mêmes régions furent touchées par de nouvelles flambées xénophobes.
[2] Environ 17 millions de Sud-africains reçoivent des prestations, cependant que plus 13 millions ne survivent que grâce au versement d'une allocation (Social Grant) qui leur assure le minimum vital.
[3] Pour les années 2011-2013, le Ministre de la Police Nathi Mthetwa, a donné les chiffres suivants:
2010/2011: protestations pacifiques 11.843 contre 974 protestations violentes
2011/2012: protestations pacifiques 10.832 contre 1226 protestations violentes
Source : 
Huffingston post :: lien

dimanche 24 février 2013

La guerre du Zoulouland (1879) (partie 2)

Au pied du kopje d’isandhlawana restent en position d’attente, sous les ordres du lieutenant-colonel Pulleine, 5 compagnies du 1er bataillon et une compagnie du 2ème bataillon du 24th, deux pièces d’artillerie, des unités du NNC. Des centaines de chariots sont là aussi, avec leurs conducteurs boers. C’est toute la logistique de la colonne centrale d’invasion du Zoulouland. La logique, et l’intelligence des expériences boers voudraient que l’on fasse de ces chariots un énorme laager. Mais c’est impossible pour plusieurs raisons : d’abord la colonne et ses éléments en projection se veulent en mouvement : le temps de positionner un laager de près de 300 chariots représenterait une perte de temps inacceptable. Ensuite, l’ennemi ne semble pas à proximité. Pas à proximité …
Dans la matinée rejoignent le colonel Durnford et ses cavaliers, plus de 300, composés essentiellement de Sikhalis, de cavaliers basoutos, et d’éléments des milices frontalières. Des deux unités, celle la plus exposée est sans conteste celle de Lord Chelmsford, qui s’avance par échelons dégradés, son artillerie de quatre pièces n’arrivant pas à suivre le rythme général de marche en raison des nombreux dongas à traverser. Mais le danger n’est pas en plein nord, là ou vont le général et ses troupes. Il va arriver d’une direction imprévue, de l’est et du sud-est du kopje. Le grand Impi, fort de 20.000 à 25.000 guerriers, a accompli une progression magistrale par sa rapidité.
Il a contourné par la droite la ligne de pénétration anglaise, et se rabat brutalement, depuis le plateau Nkutu, sur le camp principal. Vraisemblablement, les uns et les autres se cherchaient. Les britanniques n’avaient pas pris en compte que, comme eux, les Zoulous auraient comme réflexe stratégique d’aller au contact, au lieu d’attendre l’offensive ennemie. Tout aussi vraisemblablement, les Zoulous ne pensaient pas avoir la chance inouïe de tomber sur le camp principal de la colonne centrale, n°3 dans l’organigramme, dégarnie de la moitié de son effectif. Face à toute l’unité, ils auraient de toute manière chargé, au risque de subir ce qui leur adviendra plus tard à Ulundi.
Toujours est-il que, le destin faisant, ce matin du 22 février, le camp d’Isandhlwana, regroupant plus de 300 chariots et des centaines de tentes, se trouve défendu par une troupe réduite d’environ 1000 britanniques, 600 noirs du NNC, et les conducteurs de chariots boers. Cette force, voulant défendre la totalité du périmètre, se disloquera de manière mortelle. Si au pied du kopje trois compagnies anglaises prennent position en restant relativement proches, ce qui est déjà une erreur grave, les trois autres compagnies, en équerre, sont carrément séparées les unes des autres par plusieurs centaines de mètres.
L’articulation est constituée des deux pièces d’artillerie, protégée en avant par des compagnies du NNC qui, terrifiées, ne tiendront pas face à la charge général du « poitrail ». Car l’Impi développe sa tactique classique, du poitrail et des deux cornes. Durnford et ses cavaliers partent en avant vers le plateau N’Kutu : ils sont les premiers à découvrir le gigantesque impi qui se déploie à toute vitesse par les vallées encaissées, les « dongas », qui environnent le camp.
Le colonel fait mettre pied à terre : ses hommes, regroupés au bord d’une crête de donga, lancent alors un feu nourri sur les impis qui s’avencent face à eux. Mais le tir de moins de 300 hommes ne peut arrêter plusieurs milliers de guerriers, d’autant plus que dans le même temps d’autres impis déploient leur propre progression et commencent à dépasser les cavaliers basoutos. Il faut en catastrophe remonter en selle et repartir vers le camp principal.
Les tirs, sporadiques puis de plus en plus soutenus, ont mis en alerte le lieutenant-colonel Pulleyne et ses officiers : les compagnies du 24th sont mises sous les armes, puis rapidement reçoivent l’ordre de se déployer afin de protéger le camp, ses chariots et son hôpital de campagne. Les deux pièces d’artillerie servent de pivot de tir général. Une unité de lance-fusées est positionnée en avant de la 3ème compagnie du 1er bataillon. Le tir des Anglais est précis et meurtrier : les premières lignes des impis sont fauchées et l’ensemble du dispositif zoulou se met à flotter. Mais, au centre de la position de défense, ce sont les noirs du NNC, dramatiquement sous-équipés, et terrorisés par leurs ennemis ancestraux, qui sont déployés pour constituer la charnière entre les compagnies anglaises. Cette charnière se désintègre littéralement face à la charge zoulou. Les compagnies du 24th se retrouvent isolées, trois d’un côté, les autres de l’autre côté du camp.
Trop sûrs d’eux, les officiers ont déployé certaines unités à plusieurs centaines de mètres les unes des autres. Dans ces intervalles, les Zoulous, par dizaines puis par centaines, se précipitent. Chaque compagnie est comme un môle de résistance, et tant que les munitions sont disponibles, inexpugnable à près de deux cent mètres. Mais les cartouches viennent à manquer. Les clairons des compagnies sont envoyés dans le camp pour réapprovisionner, mais ne parviennent pas, pour la plupart, à retrouver leurs chariots de compagnies dans la cohue. D’autres seront repoussés par ce qu’ils ne sont pas au chariot de leur compagnie. Et puis il faut ouvrir les caisses. Ces caisses de munitions, marquées de la flèche du WD, le War Department, nécessitent des tournevis pour les ouvrir : pas de tournevis dans les chariots.
Il faut, au deuxième bataillon, qu’un capitaine revenu à cheval, donne l’ordre d’éventrer les caisses à coup de baïonnettes. Le sergent-major, horrifié, injurie les troupiers : qui lui signera les bons de transfert des cartouches dont il est responsable ? Trop tard, les Zoulous sont déjà dans les intervalles et arrivent en courant dans le camp. C’est un massacre. A chaque fois qu’une compagnie cesse son feu par manque de munitions, elle est immédiatement chargée par plusieurs centaines de guerriers et est anéantie sur place.
Face à cette marée humaine qui attaque de partout, aucune unité ne parvient à se replier. Le temps mis à mettre la baïonnette au canon est déjà mortel : les Zoulous sont au contact et, à coup d’Iklwa, éventrent les habits rouges. De part et d’autre, quelques dizaines de combattants parviennent à se replier dans le camps principal : c’est pour y trouver d’autres centaines de zoulous qui ont débordé les positions de tous les côtés. L’encerclement de part et d’autre de l’Isandhlwana ne laisse aucune chance, ou très peu, aux fuyards.
De cette bataille, deux témoignages permettent de se rendre compte de l’effet qu’elle eut. Un guerrier zoulou dira des années plus tard : « quel courage ces casques blancs : aucun n’a tourné les talons ! ». Lord Chelmsford, pour sa part, revenant sur le lieu du désastre au soir du 22 janvier, dira, effondré : « je ne comprends pas, j’avais laissé plus de 1 000 hommes ici »

mercredi 20 février 2013

La guerre du Zoulouland (1879) (partie 1)

Dans la seconde moitié du XIXème siècle, l’empire britannique était implanté en Afrique Australe, et à l’origine plus particulièrement au Cap, récupéré sur les hollandais à l’occasion des guerres napoléoniennes. Au nord de la nouvelle colonie du Cap se trouvaient des régions colonisées depuis déjà longtemps par des émigrants hollandais, protestants, et d’ailleurs profondément biblistes, bien connus sous le nom de « Boers ».
Dans les années 1840, les Boers, population d’agriculteurs, ressentirent à ce point la pression des anglais s’installant de plus en plus, qu’ils quittèrent la pointe australe, et commencèrent à remonter vers le Nord-Est au cours de ce qui fut connu sous le nom de « grand Trek ». Cette migration, qui resta dans l’esprit collectif de ces gens comme une sorte de nouvelle fuite d’Egypte (toujours l’imprégnation bibliste) les amena géographiquement jusqu’aux rivières Tugela et Blood river (la bien nommée …) et humainement au contact d’un peuple qui avait développé depuis les années 1807 une formidable puissance locale : les Zoulous. Le contact en question fut chaleureux, c’est le moins que l’on puisse dire, d’où par exemple le nom de la fameuse blood river, que nous verrons évidemment jouer un rôle lors la guerre de 1879.
Les boers ne faisaient pas que passer leur temps à lire la bible ; ils avaient aussi des fusils et savaient s’en servir, et ils avaient bien l’intention de protéger les femmes et les enfants. Ils développèrent rapidement, face au danger zoulou, une technique de protection efficace : le laager, cercle de chariots permettant de créer une zone défensive. En cela les Boers, comme les pionniers américains de la même époque, avaient été amenés à mettre au point avec les moyens du bord, en l’espèce leurs moyens de transports, une tactique de défense s’avérant tout à fait valable. L’habitude en resta en cas de souci ; elle fut conseillée aux officiers anglais en 1878/1879, entendue par Lord Chelmsford, mais pas mise en pratique pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons.
Au milieu des années 1870, l’empire britannique est en pleine période expansionniste. En Inde, les Anglais ont subi un épouvantable désastre en 1842. En Egypte, le contrôle du royaume est dorénavant acquis. La présence française est chassée de facto suite à la guerre de 70. A la suite d’un accord financier avec le Khédive, l’Angleterre prend en 1875 le contrôle du canal tout neuf, essentiel pour elle, puisqu’il permet de créer une liaison beaucoup plus rapide vers le Raj (l’empire des Indes) qu’en passant par le Cap. En Afrique du Sud, les Anglais remontent irrésistiblement vers le Nord.
D’Egypte vers le sud, du Cap vers le Nord : la route du Cap au Caire, permettant de contrôler à terme toute la façade orientale de l’Afrique face à l’océan indien entre dans les esprits de White Hall. L’objectif est fondamentalement géostratégique au sens le plus global et mondialisant du terme, comme quoi nous n’avons en réalité rien inventé. Mais deux obstacles vont se présenter rapidement. Au Soudan se développe à l’orée des années 1880 un phénomène étrange et encore très mal appréhendé, qui est à bien des points de vue l’ancêtre direct de l’islamisme moderne.
Au sud, au-delà des Boers alors quelque peu anesthésiés, se trouvent les zoulous et leur royaume, qui bloquent toute progression vers l’actuelle Tanzanie. Ces deux bouchons devront sauter, d’une manière ou d’une autre. Le reste sera une question de patience, de courage et de détermination. Le hasard y aura aussi sa part, puisque l’apparition imprévue des allemands en afrique orientale recréera un bouchon que seule la guerre de 14 permettra de faire sauter à son tour.
Au sud de l’Egypte, l’apparition brutale des armées mahdistes provoquera une situation de crise intense, dont l’apogée sera la mort de « Chinese » Gordon à Khartoum en 1884, et qui ne verra son terme qu’en 1897, lorsque Kitchener descendra le Nil à la tête de son armée anglo-égyptienne. Mais ceci est une autre histoire … Au nord de la colonie du Cap se trouvent trois territoires : les républiques boers d’Orange et du Transvaal, et le territoire du Natal, qui tombe pour sa part sous contrôle anglais à la fin des années 1870.Un lieutenant-gouverneur est nommé.
En Angleterre, les aléas de la politique amènent aux affaires Lord Carnavon en qualité de ministre des affaires étrangères (secretary of state), convaincu du bien-fondé de la politique d’expansion impériale. Il dépêche comme gouverneur général, au Cap, sir Henri Bartle Frere. Ce dernier, compétent et rassis, ayant oeuvré aux Indes, appelle à lui Frederick Thesinger, plus tard Lord Chelmsford, officier général d’expérience, ayant également servi aux Indes. Ces deux hommes vont sceller le sort du royaume zoulou et, bien involontairement, mettre en péril celui du gouvernement qui les a nommé … Le courage et l’efficacité des guerriers zoulous, dont l’organisation militaire et sociale est bien connue, ont parfois pu faire penser que les anglais avaient réagi face à ce qui pouvait sembler un danger.
Mais revenons un instant sur cette organisation, unique en son genre en Afrique. La société zoulou a été totalement militarisée entre 1807 et les années 1830 par un chef de guerre exceptionnel, Shaka. Shaka a littéralement « spartiatisé » le peuple de son royaume, dont la population pratique l’élevage et la chasse … puis la chasse à l’homme. Le peuple zoulou est constitué d’éléments sous le contrôle de barons locaux, à cette différence que les « indunas » sont nommés par le roi et révocables à merci. Cette population, regroupée dans des villages ou « kraals », est sur-militarisée. Les tranches d’âge sont scindées en fonction de leurs capacités militaires pour les hommes, et les femmes connaissent la même classification. Aucun jeune guerrier ne peut se marier s’il n’a pas d’abord tué un ennemi. Les mariages, qui sidèreront les missionnaires, sont des mariages de masse au cours desquels plusieurs centaines de combattants épousent les mères de leurs futurs … successeurs au combat.
Les hommes sont répartis par régiments, ou « impis », reconnaissables sur le champ de bataille par les couleurs des boucliers. Les régiments sont formés par tranche d’âge, les jeunes formant la seconde ligne de bataille et attendant l’ordre de charger en restant assis, le dos au combat, pour leur éviter le stress du combattant. Les indunas sont de véritables généraux, commandant chacun plusieurs impis. La tactique de bataille est d’une efficacité extrême, et se nomme « les cornes du bufle », équivalent zoulou des « ailes de la grue » des armées chinoises et japonaises médiévales : pendant que le centre bloque l’ennemi, les ailes prononcent très rapidement un mouvement enveloppant et l’encerclement se termine par l’anéantissement de l’adversaire.
Les zoulous ont détruit ou repoussé toutes les populations africaines qu’ils ont affronté. Seuls les Boers, à la Blood river, sont parvenus à stopper leur charge, s’attirant alors autant d’hostilité que de respect de la part des Indunas. Ces impis ne sont donc pas a priori à prendre à la légère, d’autant qu’ils représentent une masse de l’ordre de 40 000 hommes, et l’on comprendrait que le Haut-Gouverneur, à Pietermartizburg, en ait conçu une inquiétude légitime.
Les textes d’époque, rapports et correspondances, donnent pourtant une vision un peu différente. En effet, au-delà de l’intérêt géostratégique évident que j’ai évoqué, ce sera moins la puissance potentielle des impis zoulous qu’un comportement jugé complètement sauvage, et donc dangereux de ce fait, qui constituera essentiellement le cadre du discours britannique. En d’autres termes, face aux violences que les Zoulous font subir à leurs voisins, et accessoirement à leur propre peuple, l’empire se devra d’agir, dans le cadre d’une ingérence humanitaire. Pas de chance pour Bernard Kouchner, lui non plus n’a rien inventé … les Anglais, déjà dans les années 1870, lançaient des opérations de projection militaire dans le but de mettre fin à des gouvernements jugés illégitimes parce que immoraux.
J’évoque les rapports et correspondances : la lenteur des communications amènera aussi une situation aujourd’hui invraisemblable : Lord Carnavon, dans sa correspondance avec Sir Bartle Frere, sachant qu’il est toujours en retard de plusieurs semaines sur la situation du terrain, n’ose plus au bout d’un moment donner le moindre ordre politique. La situation va s’en ressentir pendant tout l’été et l’automne 1878 : Bartle Frere et Chelmsford, son bras armé, finissent par ressentir l’impression que c’est à eux de créer l’évènement. Pourtant Londres les met en garde, mais pas spécifiquement contre une intervention potentielle en zoulouland : la seconde guerre anglo-afghane est en gestation. Dans quelques mois, les colonnes expéditionnaires anglaises vont s’engager dans les passes de Kyber, d’où une situation endémique de crise internationale avec l’Empire russe. L’Angleterre ne désire pas a priori voir se créer deux crises simultanées sur deux continents différents, nécessitant la dispersion des forces dans des conditions de transports qui sont celles de l’époque.
Au cours de l’été 1878, Lord Chelmsford et son état-major commencent à préparer intensivement la concentration des unités nécessaires à l’opération d’invasion. Des demandes pressantes de renforts sont adressées au War Office, qui enverra deux bataillons en renfort. L’on fera appel à la fin de l’année à la marine : un navire fournira une brigade navale de 160 hommes. L’on fait aussi appel aux contingents locaux. Ils sont assez nombreux, mais d’effectifs réduits. Tous ne répondront pas à l’appel, et Lord Chelmsford aura fort à faire pour compléter une cavalerie trop peu nombreuse pour éclairer ses colonnes. Pourtant le danger zoulou n’est pas qu’une légende. Lorsque l’offensive anglaise apparaitra certaine, les Boers du Transvaal enverront un petit commando de 40 hommes, mais surtout armeront les milices frontalières, car eux savent à qui l’on va s’adresser. Les officiers impériaux, eux, l’ignorent presque totalement, ou sont intoxiqués par leur propre expérience africaine lors des guerres cafres. Ils envisagent certes la masse humaine que peuvent représenter plus de 20 000 guerriers et plus, mais n’en imaginent pas un seul instant, et la rapidité de déplacement, et surtout la capacité tactique.
Comment ces gens équipés de sagaies, si nombreux soient-ils, pourraient-ils constituer un danger réel pour une armée moderne ? Or, les impis zoulous, équipés de leurs boucliers et de leur « iklwa » qui est plus un glaive à la romaine qu’une sagaie, sont d’une rapidité de déplacement phénoménale : ces guerriers n’avancent au moins qu’au trot en pleine savane, et sont capables de parcourir près de 40 km par jour quand les lourdes colonnes anglaises, accompagnées de leurs chariots de ravitaillement, auront du mal à en faire six … Cette sous-estimation va amener des décisions tactiques fatales de découplage des colonnes impériales, se séparant au lieu de rester groupées.
Pourtant Lord Chelmsford et ses officiers ne sont pas des imbéciles. Ils prennent des renseignements, étudient pendant plusieurs mois ce que l’on sait de l’armée zouloue, et prennent leurs dispositions en conséquence, a priori. Il est donc décidé d’envahir le Zoulouland selon trois axes de progression. Cependant que deux colonnes latérales entreront dans le territoire, chacune forte de près de 2 000 hommes, Chelmsford s’engagera avec une colonne centrale de près de 2 500 hommes au coeur du Zoulouland.
Lord Chelmsford a trop confiance en ses fusiliers et ses canons. Il disperse son armée d’invasion et, pire, va disloquer volontairement sa propre colonne. Fondamentalement, si l’on reprend à tête reposée les évènements qui vont amener à la bataille d’Isandhlwana, l’on constate tout simplement … la supériorité tactique des Indunas zoulous sur le général anglais. Le nombre et la détermination fera le reste. Un Induna, après la guerre, dira : « à Isandhlwana, vous nous avez donné la bataille, vous vous êtes séparés par paquets ».
Divine surprise pour le commandement zoulou, qui va alors attaquer du très fort au très faible, mais n’épiloguons pas !
Contre l’avis du lieutenant-gouverneur Bulwer, au Natal, qui refuse toute mise en défense du territoire et veut éviter à tout prix des prises de position que les zoulous pourraient juger hostiles, Sir Bartle Frere et Lord Chelmsford vont de l’avant. Fin décembre 1878, Bartle Frere envoie un premier ultimatum au roi Cetshwayo, suite à une violation au demeurant mineure de la frontière du Natal, dans le cadre d’un règlement de compte au sein du Kraal de l’Induna Sihayo. Début janvier, le pas est franchi par un second et dernier ultimatum, dont les termes sont simples : l’armée zouloue doit être démobilisée. Autant briser net l’armature sociale du royaume. Cetshwayo ne répond même pas. Il avait réagi fort intelligemment au premier mémorandum anglais en faisant remarquer qu’il était curieux de vouloir de l’extérieur lui imposer ses méthodes de gouvernement. Avec un grand sens de l’à propos, le roi zoulou avait demandé pour quelle raison lui-même irait à Londres dire à la reine Victoria comment gouverner ses peuples. Il a aussi réagi en mobilisant les impis, et il n’a pas eu tort…
L’ultimatum était clair : sans réponse positive le 12 janvier, les hostilités étaient déclarées. Les trois colonnes d’invasion s’ébranlent. Chelmsford, en quelque sorte, est en train d’enserrer la totalité du royaume en pratiquant la tactique zouloue des cornes et du poitrail. La différence majeure est que ses cornes sont si éloignées qu’en aucun cas elles ne pourront soutenir son poitrail, la colonne centrale qu’il commande personnellement, avec directement sous ses ordres le colonel Glynn et le lieutenant-colonel Pulleyne. En théorie, tout est prévu, puisque deux colonnes supplémentaires ont été créées, l’une pour protéger les abords du Transvaal, et l’autre, sous le commandement du colonel Durnford, formée de cavaliers, a pour rôle de protéger le Natal et accessoirement les arrières de la colonne centrale. L’ensemble du dispositif regroupe plus de 14 000 hommes. Si cette masse de combattants, avec son artillerie, s’était trouvée en un seul lieu et un seul moment face aux impis, la messe eut été sans doute rapidement dite pour les zoulous.
Mais Chelmsford et ses officiers ont voulu trop bien faire, parce qu’ils voulaient aussi protéger les territoires frontaliers. Le 20 janvier, depuis la mission de Rorke’s Drift, la colonne principale traverse la Tugela et entre en Zoulouland. Des combats périphériques sont menés vers le kraal de Sihayo, déserté de ses combattants. L’absence de ces derniers n’attire pas l’attention de l’état-major anglais. Dans la matinée du 21, la colonne prend position, une excellente position en soi, au pied du fantastique Kopje d’Isandhlwana.
Il se prête aussi parfaitement au déploiement d’un camp militaire composé d’environ 2 500 combattants, et de plus de 300 chariots. Dans la foulée, des unités du Natal Native Corps sont poussées plus loin vers le nord. Elles vont rencontrer des zoulous épars mais combatifs. Leurs commandants vont en prévenir Lord Chelmsford, qui décidera alors de partir les soutenir avec la moitié des unités dont il dispose à Isandhlwana. La batterie d’artillerie qui l’accompagne est scindée en deux unités : quatre canons suivent, deux restent au camp.
Chelmsford fait aussi parvenir l’ordre au colonel Durnford, à Rorke’s drift, de venir conforter la position d’Isandhlwana avec ses cavaliers. L’opération est « en tiroir » et bien conçue en soi, mais le problème fondamental est que, depuis trois jours, le général anglais n’a plus aucune visibilité quant au déploiement des impis zoulous. Plus aucune information ne lui est parvenue depuis celle lui indiquant un regroupement général des zoulous en direction d’Ulundi, le kraal royal. Le drame sera court. Tout s’est passé, selon les témoignages des officiers anglais, entre 10h00 du matin et 15h00. Dans ce laps de temps, l’armée de la reine va connaître l’un de ses plus grands désastres, et aussi l’un de ses plus grands combats.
Des années plus tard, des survivants zoulous se souviendront encore avec émotion, de combattant à combattant, du courage formidable des casques blancs, qui se feront tuer sur place pour la plupart. Il y aura des tentatives de repli, mais pas d’effet de panique des malheureux fantassins totalement surclassés, et massacrés comme « effacés de la surface de la terre » par la charge zouloue. Mais nous sommes en début de matinée, et Lord Chelmsford rejoint le colonel Glynn, qui s’avance vers le nord.